Frankenstein, D'après Mary Shelley
Frankenstein, D'après Mary Shelley
Ref.: FA845

ROBIN RENUCCI & DENIS LAVANT

Ref.: FA845

Direction Artistique : OLIVIER COHEN

Label : Frémeaux & Associés

Durée totale de l'œuvre : 1 heures 13 minutes

Nbre. CD : 1

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Présentation

Peu de personnages de fiction connaissent un succès tel que Frankenstein. Adaptations, imitations, représentations… Qui n’en n’a jamais entendu prononcer le nom ? Qui, en revanche, connaît réellement le Frankenstein de Mary Shelley ? Retrouvez la saveur originelle de l’œuvre mythique de Shelley dans une adaptation respectueuse servie par 12 comédiens. La dimension humaniste et pédagogique d’une œuvre, somme toute romantique, est ici privilégiée pour dispenser aux enfants une morale de tolérance et d’acceptation des différences. La délicatesse de l’œuvre est mise en relief par une composition musicale de Marie-Hélène Fournier pour quatre musiciens. Dix comédiens complètent une distribution des plus soignées où Robin Renucci incarne le gracile et désabusé docteur Victor Frankenstein, aux prises avec sa créature, animée par un hargneux au cœur tendre Denis Lavant.
Olivier Cohen & Claude Colombini

Auteur d'aprés l'oeuvre de Mary Shelley et réalisateur : Olivier Cohen
Production : Frémeaux & Associés avec soutien de la Sacem.
Coédition musicale : © Kos & Co - Frémeaux & Associés

Droits : Groupe Frémeaux Colombini sas.



Presse
"Le chef-d’œuvre fantastique de Mary Shelley connaît enfin une version audio très soignée comme toujours chez Frémeaux (musique originale à souhait) et un tel monument de littérature se devait de disposer d’une distribution à la hauteur de l’œuvre." LE JOURNAL DU MEDECIN
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"Cette mise en scène sonore est une adaptation particulièrement réussie du roman de Mary Shelley." VIRGULE
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(...) "La saveur originelle de l'oeuvre mythique de Mary Shelley dans une adaptation respectueuse." LE DAUPHINE
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Mary Godwin eu pour mère Mary Wollstonecraft, qui mourut quelques mois après la naissance de sa fille. Son père, William Godwin, grand lecteur des philosophes français, était romancier. Parmi ses œuvres, citons l’étonnante histoire de Caleb Williams, peu connue des lecteurs français. Connaissent-ils davantage The Wrong of Woman, écrit en 1798 par Mary Wollstonecraft, manifeste sur l’oppression que les femmes du XVIIIe siècle commencent à refuser ? Avec de tels parents, il n’est guère étonnant que Mary Godwin, devenue la seconde épouse du poète P.B. Shelley, se lançât dans l’écriture. L’origine de « Frankenstein » est un défi proposé par Byron, alors en villégiature avec le couple Shelley en Suisse : raconter une histoire de fantôme. Le roman bouleversant de cette jeune femme de dix neuf ans est remarquablement adapté par C. Colombini et B. Goldenstein, et servi à la perfection par tous les acteurs, au premier rang desquels R. Renucci et D. Lavant, la créature. Il ne faut pas craindre de faire entendre aux enfants, dès le CM1, cette adaptation. Les scènes horribles de la mort de William et de la pendaison ordonnée de la jeune Justine trouvent leur fatale explication par la bouche de la créature. Ces explications sont elles mêmes susceptibles de faire naître d’intéressantes réactions. Il ne s’agit pas seulement de dénoncer l’apprenti sorcier qu’est Frankenstein, en toute innocence (ou presque !). Les enfants comprendront de quelle étoffe est cette créature, par l’émouvant récit qu’elle fait, lorsqu’elle raconte son observation de la famille des bois, dont le père est aveugle. C’est là qu’elle atteint sa véritable humanité (cette incroyable sensation « moitié plaisir moitié chagrin »), acquérant le langage, apprenant les habitudes des hommes. Mais sa tentative sera ruinée par son apparence physique, si monstrueuse. Séquence après séquence, les enfants peuvent entrer dans cette histoire, émettant des hypothèses, se prononçant sur les issues, sur le juste et l’injuste, imaginant les réactions des uns et des autres. La leçon qu’ils en tireront, les émotions qu’ils connaîtront leur seront précieuses : à l’aune de celles-ci, le monde ne leur apparaîtra plus divisé simplement ; ils comprendront les enjeux de l’acceptation des différences.JOURNAL DES INSTITUTEURS
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“Tout le monde a entendu parler de Frankenstein, mais qui connaît vraiment le roman de Mary Shelley ? Pour combler cette lacune, il n’est qu’à écouter l’adaptation sonore qu’en ont faite Robin Renucci et Denis Lavant qui,avec une dizaine d’autres comédiens, ont su restituer la saveur originelle de cette oeuvre, soutenus par des compositions musicales originales. Auprès des enfants (à qui ce CD est avant tout destiné), on insistera sur la dimension pédagogique et romantique de cette histoire, qui délivre une morale de tolérance et d’acceptation des différences.” LA CLASSE
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Liste des titres
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    Frankenstein séquence 1
    Robin Renucci, Denis Lavant
    Mary Shelley, Olivier Cohen
    00:04:21
    2004
  • 2
    Frankenstein séquence 2
    Robin Renucci, Denis Lavant
    Mary Shelley, Olivier Cohen
    00:03:20
    2004
  • 3
    Frankenstein séquence 3
    Robin Renucci, Denis Lavant
    Mary Shelley, Olivier Cohen
    00:04:18
    2004
  • 4
    Frankenstein séquence 4
    Robin Renucci, Denis Lavant
    Mary Shelley, Olivier Cohen
    00:03:37
    2004
  • 5
    Frankenstein séquence 5
    Robin Renucci, Denis Lavant
    Mary Shelley, Olivier Cohen
    00:04:04
    2004
  • 6
    Frankenstein séquence 6
    Robin Renucci, Denis Lavant
    Mary Shelley, Olivier Cohen
    00:04:57
    2004
  • 7
    Frankenstein séquence 7
    Robin Renucci, Denis Lavant
    Mary Shelley, Olivier Cohen
    00:04:11
    2004
  • 8
    Frankenstein séquence 8
    Robin Renucci, Denis Lavant
    Mary Shelley, Olivier Cohen
    00:03:59
    2004
  • 9
    Frankenstein séquence 9
    Robin Renucci, Denis Lavant
    Mary Shelley, Olivier Cohen
    00:03:01
    2004
  • 10
    Frankenstein séquence 10
    Robin Renucci, Denis Lavant
    Mary Shelley, Olivier Cohen
    00:05:12
    2004
  • 11
    Frankenstein séquence 11
    Robin Renucci, Denis Lavant
    Mary Shelley, Olivier Cohen
    00:05:00
    2004
  • 12
    Frankenstein séquence 12
    Robin Renucci, Denis Lavant
    Mary Shelley, Olivier Cohen
    00:03:54
    2004
  • 13
    Frankenstein séquence 13
    Robin Renucci, Denis Lavant
    Mary Shelley, Olivier Cohen
    00:04:05
    2004
  • 14
    Frankenstein séquence 14
    Robin Renucci, Denis Lavant
    Mary Shelley, Olivier Cohen
    00:04:50
    2004
  • 15
    Frankenstein séquence 15
    Robin Renucci, Denis Lavant
    Mary Shelley, Olivier Cohen
    00:05:31
    2004
  • 16
    Frankenstein séquence 16
    Robin Renucci, Denis Lavant
    Mary Shelley, Olivier Cohen
    00:03:03
    2004
  • 17
    Frankenstein séquence 17
    Robin Renucci, Denis Lavant
    Mary Shelley, Olivier Cohen
    00:05:37
    2004
Livret

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Frankenstein fa845

F R A N K E N S T E I N
ROBIN RENUCCI & DENIS LAVANT
La véritable histoire de Frankenstein, d’après Mary Shelley

Frankenstein
RACONTÉ PAR ROBIN RENUCCI & DENIS LAVANT

Peu de personnages de fiction connaissent un succès tel que Frankenstein. Adaptations, imitations, représentations… Qui n’en n’a jamais entendu prononcer le nom ? Qui, en revanche, connaît réellement le Frankenstein de Mary Shelley ? Retrouvez la saveur originelle de l’œuvre mythique de Shelley dans une adaptation respectueuse servie par 12 comédiens. La dimension humaniste et pédagogique d’une œuvre, somme toute romantique, est ici privilégiée pour dispenser aux enfants une morale de tolérance et d’acceptation des différences. La délicatesse de l’œuvre est mise en relief par une composition musicale de Marie-Hélène Fournier pour quatre musiciens. Dix comédiens complètent une distribution des plus soignées où Robin Renucci incarne le gracile et désabusé docteur Victor Frankenstein, aux prises avec sa créature, animée par un hargneux au cœur tendre Denis Lavant.
Claude Colombini & Benjamin Goldenstein


Avec : Quentin Baillot, Jean Edouard Bodziak, Benoît Carré, Delphine Coignard, Florian Goetz, Régis Ivanov, Jean-Maris Lehec, Virginie Parrez, Bruno Pesenti, Yves Robert Viala.
Marie Hélène Fournier : Composition originale - Yukari Bertocchi : clavier - Serge Bertocchi : tubax Sylvain Lemêtre : percussions - Jérome Voisin : Clarinettes
Direction artistique : Olivier Cohen    
Dans une mise en scène sonore servie par 12 comédiens.
Composition originale de Marie-Hélène Fournier.  
Discographie
01. Je suis né à Genève…       4’23
02. Il n’y avait qu’une année de différence entre nous…      3’22
03. Il fallut pourtant quitter la maison…        4’20
04. Evidemment, je ne dormis pas de toute la nuit… 3’39
05. Ce fut pendant une sinistre nuit de novembre…  4’06
06. Je ne sais d’ailleurs ce qui se passa ensuite…      4’59
07. L’été s’écoula donc gaiement…   4’13
08. Le voyage fut affreusement triste…         4’01
09. Nous passâmes alors quelques heures pénibles…            3’03
10. Je crois que rien ne semble plus pénible…          5’14
11. Je ne me rappelle qu’avec difficulté…     5’02
12. Un matin, j’entendis un air mélancolique…         3’56
13. Je découvris même la littérature…           4’07
14. Je me souviens mal de ce qui suivit…      4’52
15. Lorsque le monstre cessa de parler…       5’33
16. Depuis, je n’ai cessé de le poursuivre…   3’05
17. Voici, ma sœur, voici ce que cet homme…          5’37      
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Qu’il soit fatal de connaître certains secrets… Qu’il soit fatal de vouloir égaler Dieu, le créateur… Voilà peut-être la vraie morale du roman de Mary Shelley. Sans doute, lecteur, connaissez-vous Frankenstein ? Cette créature inventée par un savant un peu fou grâce à une machine électrique. Vous devez même connaître plusieurs Frankenstein tant l’histoire a été reprise et adaptée en livres, films et dessins animés divers. Cette étrange créature nous est devenue familière : tantôt sympathique, comme une fausse brute au grand cœur – tantôt terrifiante, proche de son presque-cousin, le monstrueux Dracula. Mais je doute que vous connaissiez la véritable histoire de Frankenstein, celle qu’a écrite Mary Shelley. Je vais vous parler d’un Frankenstein qui vous surprendra. Vous découvrirez une créature bonne et non méchante – une créature qui souffre, avant de faire souffrir les autres. Vous êtes surpris ? Ça ne fait que commencer… Tout d’abord, saviez-vous que ce livre a été écrit au XIXe siècle, en 1818, il y a presque 200 ans ? Par une femme ? Une femme dont l’histoire est presque aussi incroyable que l’aventure qu’elle a inventée pour ce livre, son premier livre… Laissez-moi vous en dire quelques mots.

La vraie “mère” de Frankenstein : Mary Shelley
Mary Shelley est née à Londres, en Angleterre, en 1797. Sa mère était écrivain et son père, philosophe. Onze jours après lui avoir donné naissance, la mère de Mary meurt. Elle est alors élevée par un père rigoureux, qui lui transmet sa passion pour la lecture. A quinze ans, Mary suit son père en Ecosse, où ils vivront désormais. Alors, son histoire s’accélère et prend un vent de folie. Percy Shelley, célèbre poète romantique de Grande-Bretagne, vient rendre visite au père de Mary. Il tombe amoureux de sa fille et l’enlève ! Elle n’a guère que 17 ans, et va parcourir l’Europe avec son nouveau mari. Tous deux rejoignent la demie-sœur de Mary et son amant, qui n’est autre que l’un des plus grands poètes anglais de ce début de XIXème siècle : Lord Byron.  


Intermède romantique…

Romantisme… Voici un mot qui ne vous est pas très familier, non ? Le romantisme est un courant littéraire, c’est-à-dire une façon particulière d’écrire et de penser partagée par de nombreux écrivains d’une époque. Le romantisme est né chez des romanciers et poètes en Allemagne puis en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle (vers 1790). Son influence a été très importante en France au début du XIXe siècle (vers 1820-1830), chez des auteurs comme Lamartine ou Victor Hugo, par exemple. On le reconnaît à certaines particularités, notamment au style et aux thèmes employés. Connaissez-vous dans l’histoire de cette période des indices qui pourraient vous aider à comprendre le romantisme ? Voyons… la fin du XVIIIe siècle : c’est l’époque de la Révolution française. Voici un élément important. C’est aussi la fin d’un siècle que l’on appelle “le siècle des Lumières”, du nom que l’on donnait aux grands philosophes de ce temps, comme Voltaire ou Rousseau.

Dans les dernières années du XVIIIe siècle, la France a vécu des événements extraordinaires. Pensez à la Révolution Française, qui se prolonge avec la grande épopée de Napoléon. Que d’aventures, de défis, de passions ! Or, les grands écrivains romantiques français sont nés après ou pendant ces événements. Ils n’ont pas pu les vivre. Même si la Révolution est passée depuis peu, son esprit de révolte n’agit plus. Entre 1815 et 1830 par exemple, juste après la grande aventure de Napoléon, la France est de nouveau gouvernée par un roi – comme avant la Révolution. C’est la période qu’on appelle en Histoire la “Restauration”. Certains regrettent d’avoir raté ce grand moment historique qu’a été la Révolution et de vivre un temps où il ne se passe plus rien. Dans les livres romantiques de cette époque, les héros expriment souvent la déception de ces écrivains. Beaucoup se sentent inutiles, ou incompris. La vie même leur apparaît comme une punition,  la cause de toutes leurs souffrances. Seul l’amour, peut-être, pourrait donner un sens à leur vie.

Généralement jeunes, à l’âge des illusions, à l’âge où l’on veut changer le monde, les héros romantiques éprouvent des envies fortes de vivre pleinement de grandes émotions. Mais ils se trouvent face à un monde qui les déçoit, où ils ont l’impression de ne rien pouvoir faire. Dans la littérature du XIXe siècle, le mot est bien différent de ce qu’il est devenu aujourd’hui où “romantique” est synonyme d’amour et de douceur ! Voyez-vous maintenant dans l’histoire de Frankenstein en quoi on peut dire qu’elle est romantique ? Réécoutez par exemple la scène du vieil homme et des deux enfants dans la petite maison (chapitre 11 et 12).   En somme, la vie de Mary Shelley semble assez proche des histoires romantiques de son époque ! Voyez sa biographie (l’histoire de sa vie) : elle passe son enfance en retrait du monde, surtout occupée à lire, puis elle connaît une histoire d’amour soudaine qui l’oblige à quitter son pays, des envies d’aventures un peu folles avec de grands poètes, des défis, des jeux d’artistes… C’est d’ailleurs au cours d’un de ces jeux que Frankenstein est né… Qu’il est “né”, de façon imaginaire bien sûr, car toute l’histoire de Frankenstein est inventée, ne l’oubliez pas ! Mais je vous en dis trop pour l’instant… Revenons à l’écriture du livre.  


L’invention de Frankenstein

Un soir d’été, en 1816, Mary et son mari séjournent avec Byron et sa femme près de Genève, derrière le Lac Leman. Byron, poète inventif et un peu provocateur, propose un jeu : un défi littéraire. Beaucoup d’écrivains se sont prêtés à des défis, comme d’écrire un texte avec des contraintes, utiliser tels mots ou ne pas les employer, écrire avec des rimes (comme dans un poème quand toutes les lignes finissent par le même son)… Ce soir-là, Byron propose à chacun d’inventer une histoire de fantôme. La Suisse est proche de l’Allemagne. On sait que les écrivains allemands ont été très importants chez les romantiques. Byron propose donc que cette histoire de fantôme soit inspirée des contes allemands… C’est au cours de cette nuit d’été que Marie Shelley imagine l’histoire extraordinaire qui deviendra si célèbre qu’on oubliera bientôt d’où elle vient : Frankenstein ! Publié deux ans plus tard, le livre a pour titre Frankenstein ou le Prométhée moderne.

 
Une histoire fantastique ?

On entend parfois dire que l’histoire de Frankenstein est fantastique. “Fantastique”, “science-fiction”, “roman d’anticipation”, que veulent vraiment dire tous ces mots ? Quel genre de livre est Frankenstein ?  Vous savez que, lorsque l’on parle de littérature, on “classe” les livres en différents genre. Ceci permet, pour donner une image, de savoir à quelle famille ils appartiennent. Le romantisme, que nous avons vu ensemble, est un de ces genres, qui renvoie à une façon d’écrire particulière du début du XIXe siècle en Europe. Qu’en est-il du livre qui nous intéresse ? Le terme “littérature fantastique” désigne des histoires partant d’une base réelle (des hommes et des femmes comme vous et moi) où interviennent des éléments qui ne peuvent s’expliquer normalement. On rencontre ainsi des faits qui ne sont pas naturels : autrement dit, des faits surnaturels. Le lecteur ne sait jamais vraiment ce qui arrive. Il ne parvient pas à comprendre ce qui se passe, ce qui provoque un sentiment de malaise. Ce n’est pas tout à fait notre cas devant Frankenstein puisqu’on connaît le monstre : c’est un personnage visible et identifié dans le livre, même s’il n’est pas réel – s’il est surnaturel, lui aussi.

A l’époque où vit Mary Shelley, il existe un type de roman très à la mode qui s’approche plus de Frankenstein : le roman “ gothique ”, que l’on appelle aussi roman de terreur. Les histoires gothiques partent également d’un monde comme le nôtre, mais elles mettent en scène des monstres, des êtres magiques ou démoniaques – des loups-garous, des géants, des êtres légendaires, etc. Ce sont des histoires qui jouent avec les peurs déjà existantes des lecteurs. Le livre de Mary Shelley est différent des romans de terreur traditionnels car le monstre, ici, est une invention scientifique – ou plutôt, une invention qui se fait passer pour telle. L’histoire de Frankenstein se déroule dans une atmosphère savante, pour que le lecteur croie que la créature dont il est question n’est pas une invention totalement farfelue. Les composants du livres ne sont plus purement surnaturels, plus tout à fait irrationnels (que la raison ne peut pas comprendre). Ou plutôt : ils ne devraient pas être irrationnels. Car on sait bien que la créature est un être imaginaire. Pourtant l’auteur essaye de la présenter avec vraisemblance (avec l’air d’être réel) si bien qu’on a envie d’y croire un peu…

 

Justement, à cette époque, la science est en train de faire de grands progrès. La figure du savant devient plus fréquente dans la vie quotidienne, car on utilise de plus en plus ses inventions. On le ressent dans l’histoire de Mary Shelley comme, par exemple, lorsqu’il est question de l’électricité. Rappelez-vous le début de l’histoire : c’est la découverte de la foudre qui passionne Victor Frankenstein ; c’est par l’électricité qu’il va donner vie à sa créature. L’électricité est une découverte vraiment nouvelle en 1816, quand Mary Shelley écrit son roman. Le savant italien Ferma vient d’inventer la première pile (1800) mais on est encore loin de l’invention de l’ampoule (1880), et personne ne sait alors créer et utiliser l’électricité comme aujourd’hui. Les progrès de la science et des techniques fascinent certains écrivains. Mary Shelley est certainement l’une des premières à construire un roman autour d’une création scientifique ou pseudo-scientifique (c’est-à-dire qui ressemble à une invention scientifique, mais qui n’en n’est pas une). Cinquante ans plus tard, un autre écrivain utilisera cette technique avec beaucoup de succès. Voyez-vous de qui je veux parler ? Allez, je vous donne un indice. Qui est l’auteur du Voyage au centre de la terre ? Vous avez trouvé ? Un autre indice : il a écrit De la terre à la lune… Avez-vous lu ces romans de Jules Verne ? Les livres construits avec des éléments surnaturels sont très surprenants. Derrière leur apparence farfelue ou fantaisiste, ils permettent de faire passer des messages tout à fait sérieux sur notre monde. C’est bien le cas pour Frankenstein qui traite de thèmes très importants.

 
Les grands thèmes de Frankenstein

Je ne sais pas si vous avez été comme moi, mais cette histoire de Frankenstein m’a beaucoup impressionné. Rendez-vous compte : c’est un livre hors-norme, très novateur dans la littérature européenne et il est écrit par une toute jeune femme de vingt ans qui n’avait encore rien publié ! N’oublions pas qu’à cette époque, il est encore très rare que les femmes écrivent. Surtout, Frankenstein pose des questions très intéressantes et très précises sur l’homme et la vie en so­ciété. Quelle est, d’après vous, la première question que pourrait poser le livre ? Pour moi, ce serait celle du créateur. Qu’est-ce qu’un créateur ? Qu’est-ce qu’un homme peut créer ? Qu’est-ce qu’un homme ne doit pas chercher à créer ? Jusqu’où peut-on aller avec la science ?

 
La création

Vous savez que dans les religions de notre monde moderne, il y a un créateur, Le Créateur, et qu’il s’agit de Dieu. Pour les croyants, Dieu a créé le monde ainsi que tout ce qu’il contient, notamment les hommes. Dans la Bible que lisent les chrétiens et les juifs, il y a cette phrase célèbre : “Dieu a créé l’homme à son image” - et le premier homme créé, dans la Bible, est Adam. Or, chez de nombreux savants, l’une des obsessions les plus fortes est l’énigme du vivant : rechercher les origines de la vie, tenter de percer les mystères de la création de vie. Cette obsession existe encore aujourd’hui. Demandez à vos parents ce qu’est le clonage, vous vous rendrez compte qu’il s’agit en partie de la même tendance. Victor Frankenstein éprouve cette même tentation : il veut comprendre la vie, savoir comment elle se forme. Cela devient son obsession et l’on voit qu’il n’en dort plus, qu’il en devient presque fou. Vous connaissez la suite de l’histoire : il réussit à créer un être vivant grâce à une invention scientifique. Cela veut dire que Victor Frankenstein est devenu un créateur, presque l’égal d’un dieu.  

Mais l’homme ne doit pas chercher à être un dieu. D’ailleurs, Victor Frankenstein n’a pas créé un homme, il a créé un monstre hideux, une créature affreuse qui n’a même pas de nom. Aviez-vous remarqué que “Frankenstein” est le nom de Victor, du professeur, et non de la créature ? Celle-ci n’a pas de nom, elle n’a rien qui la désigne comme un homme, en apparence. Le savant présomptueux va être durement puni de son audace à avoir voulu égaler le Créateur : sa créature tuera tous ceux qu’elle aime, et enfin le tuera lui-même, son propre créateur. On peut donc lire cette morale dans Frankenstein, ainsi que la mise en scène de l’un des plus vieux fantasmes de l’homme : comprendre le secret de la vie et créer l’homme pour devenir l’égal d’un Dieu. Mais on peut également lire qu’il est difficile d’être un homme ; Qu’il est difficile d’être accepté comme un homme parmi les autres hommes lorsque l’on n’appartient pas à la société.


Devenir un homme

Une des autres questions posées par le livre est celle de l’intégration à la vie sociale. La créature de Victor Frankenstein est affreuse, son apparition fait fuir tous les hommes et suscite chez eux une telle peur qu’ils essayent tous de la tuer. Le monstre est pourtant doté d’un cœur bon et des meilleures intentions du monde. Mais, partout, on le rejette à cause de son apparence. Il reste donc seul au monde et ne peut connaître ni amour, ni amitié avec quiconque. Il est même trahi par son propre “père” puisque Victor Frankenstein l’abandonne. Cela ne vous rappelle rien ? Voyons… mais ce sont des idées très romantiques, comme on l’a vu plus haut ! Ici l’on retrouve l’esprit du temps où l’histoire a été inventée, la mode romantique du début du XIXe siècle. La créature imaginée par Mary Shelley pense tout à fait comme les héros romantiques traditionnels. C’est un être doué d’une sensibilité très aiguisée, qui souffre d’un sentiment d’abandon et de rejet de la société mais qui aspire à faire le bien autour de lui et se plait dans la contemplation des belles choses et des valeurs nobles.
Dans son roman, Mary Shelley montre bien que c’est ce rejet des autres hommes qui a rendu le monstre mauvais. C’est la douleur qui le rend méchant. Pourtant, on voit qu’il éprouve naturellement un besoin d’amour et d’affection, mais que la société des hommes ne sait pas y répondre. L’auteur oppose ainsi deux tensions distinctes dans son récit. Les penchants naturels de la créature sont d’aller vers le bien : de rechercher l’amour et l’affection des autres hommes, d’admirer les beautés de la nature. C’est un être qui n’hésite pas à plonger dans l’eau pour sauver une petite fille qui va se noyer. Dans ses actions et ses pensées, la créature ressemble tout à fait à un homme, et même plus : à un héros romantique. Face à ce désir, une tension opposée est présentée par l’auteur : le rejet social, l’opposition culturelle des autres hommes. La créature de Frankenstein ne sera jamais acceptée par les hommes, même lorsqu’elle leur veut du bien. S’il n’est pas accepté par les autres hommes, lui-même ne peut pas devenir un homme. C’est à ce moment précis qu’il devient vraiment un monstre.


Devenir un monstre

Comment donc l’histoire peut-elle finir aussi tragiquement, alors que la créature semble si gentille, si humaine ? On sent au fur et à mesure de l’avancée dans l’histoire, que la créature bascule dans le mal. On voit également que c’est à cause du rejet des hommes qu’elle devient mauvaise. On comprend qu’elle n’avait pas le mal en elle, mais qu’elle est devenue méchante par vengeance. Car personne ne prend la peine de voir qui est vraiment ce monstre hideux. Personne ne lui donne l’amour qu’il a envie de donner aux autres. De toute part, on le rejette. Il est contraint de vivre seul et sans soutien, ce qu’aucun être humain ne peut supporter. Quels que soient les efforts qu’il fournit, jamais il ne deviendra un homme. Jamais il n’aura de nom, de foyer, d’histoire, d’origine… C’est pourtant tout ce qu’il demande : être comme tout le monde. Son seul souhait lorsqu’il retrouve Victor Frankenstein est que son créateur forme une femme à son image, un monstre comme lui avec qui il pourrait vivre.

En définitive, toute l’histoire de Frankenstein est celle d’un individu qui cherche à être normal ; celle d’une créature qui cherche à devenir homme et à s’intégrer à la société. C’est aussi, de l’autre côté, l’histoire d’une société qui n’accepte pas d’accueillir un être trop différent, un être non naturel qui n’aurait jamais dû venir au monde. Mais l’auteur de Frankenstein voulait-il vraiment nous laisser tirer comme conclusion qu’il ne faut pas prétendre créer la vie et égaler Dieu ? On a tendance à réduire son livre à cette seule morale. Ne doit-on pas croire également que son histoire nous appelle à nous méfier des apparences physiques des gens ? A regarder, comme dirait le Petit Prince, avec le cœur, et non pas seulement avec les yeux ? D’après vous, si Frankenstein avait été recueilli par la famille qu’il voulait aimer, serait-il devenu nécessairement le monstre qu’il s’est avéré être à la fin ?
Benjamin Goldenstein
© 2005 Frémeaux & Associés

     
Denis LAVANT

Acteur à l’inimitable trogne, Denis Lavant voue à la comédie une passion précoce. Théâtre de rue puis Conservatoire lui ont conféré un savoir faire qu’il met depuis au service du cinéma tout autant que du théâtre. Il acquiert ainsi sur les planches une notoriété qui culmine au cinéma par sa collaboration régulière avec Léos Carax, de Boy meets girl (1984) aux Amants du Pont-Neuf (1991). Si le cinéma le courtise alors (Claire Denis, Jean-Pierre Jeunet), Denis Lavant ne délaissera jamais le théâtre. On le retrouve d’ailleurs en ce moment même en haut de l’affiche d’Homme pour homme de Bertold Brecht, présenté au dernier Festival d’Avignon.
A découvrir : Denis Lavant interprète Robert Desnos, Anthologie poétique, Frémeaux & Associés (FA 8021).


Robin RENUCCI

Né en 1956, Robin Renucci, entre à 22 ans au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique. Trois ans durant, il forge son art dans les classes de Jean-Paul Roussillon, Marcel Bluwal, Pierre Debauche et Antoine Vitez. Son importante carrière théâtrale l’a conduit à jouer sous la direction des plus grands metteurs en scène français : Patrice Chéreau pour Hamlet ; Roger Planchon dans Où boivent les vaches ; Antoine Vitez dans le Soulier de Satin qui lui vaut le prix Gérard Philippe ; Marcel Bluwal pour trois pièces : Le Petit Mahogonny,  En attendant Lefty et Le Grand Retour de Boris S.; Citons encore François Truffaut Correspondance mis en scène par Marie-Paul André, qui lui vaut une nomination aux Molières. Robin Renucci a su mener de front une carrière cinématographique non moins abondante en références et distinctions. Il y commence sa carrière en 1981 dans Eaux profondes de Michel Delville – avec qui il tournera également deux ans plus tard La Petite bande. Le grand public apprendra à mieux le connaître avec Les Misérables de Robert Hossein et Fort Saganne d’Alain Corneau. Puis, c’est la prestation dans Escalier C de Jean-Charles Tachella qui lui vaut, en 1986, une nomination au César du meilleur acteur.
On le retrouvera par la suite sous la direction de Claude Chabrol, dans Masques – jusqu’à Diane Kurys et ses Enfants du siècle. Son importante activité ne diminue pas, bien au contraire, et on l’a vu à l’affiche  en 2003 dans Les Innocents de Bernardo Bertolucci, Le Furet de Jean-Pierre Mocky et Arsène Lupin de Jean-Paul Salomé. Mais ce Corse d’origine est également fidèle à ses premières amours, et n’a délaissé ni son île ni son théâtre. C’est à ce dessein qu’il a fondé l’Association des Rencontres Internationales Artistiques (L’ A.R.I.A.). Située au cœur du Parc Régional de Haute Corse, elle représente un pôle d’éducation et de formation par la création théâtrale dans la tradition de l’éducation populaire. Chaque été, depuis 1998, l’association organise le grand événement qui a fait sa réputation : les “Rencontres Internationales de Théâtre en Corse” - dont 2004 sera la 7e édition.

Ecouter Frankenstein (livre audio) © Frémeaux & Associés / Frémeaux & Associés est l'éditeur mondial de référence du patrimoine sonore musical, parlé, et biologique. Récompensés par plus de 800 distinctions dont le trés prestigieux "Grand Prix in honorem de l'Académie Charles Cros", les catalogues de Frémeaux & Associés ont pour objet de conserver et de mettre à la disposition du public une base muséographique universelle des enregistrements provenant de l'histoire phonographique et radiophonique. Ce fonds qui se refuse à tout déréférencement constitue notre mémoire collective. Le texte lu, l'archive ou le document sonore radiophonique, le disque littéraire ou livre audio, l'histoire racontée, le discours de l'homme politique ou le cours du philosophe, la lecture d'un texte par un comédien (livres audio) sont des disques parlés appartenant au concept de la librairie sonore. (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, cours sur CD, entretiens à écouter, discours d'hommes politiques, livres audio, textes lus, disques parlés, théâtre sonore, création radiophonique, lectures historiques, audilivre, audiobook, audio book, livre parlant, livre-parlant, livre parlé, livre sonore, livre lu, livre-à-écouter, audio livre, audio-livre, lecture à voix haute, entretiens à haute voix, parole enregistrée, etc...). Les livres audio sont disponibles sous forme de CD chez les libraires  et les disquaires, ainsi qu’en VPC. Enfin certains enregistrements de diction peuvent être écoutés par téléchargement auprès de sites de téléchargement légal

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