Swing Manouche
Swing Manouche
Ref.: FA5092

ANTHOLOGIE 1933-2003

Ref.: FA5092

Direction Artistique : FRANCIS COUVREUX

Label : Frémeaux & Associés

Durée totale de l'œuvre : 1 heures 22 minutes

Nbre. CD : 2

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Présentation

Swing Manouche est un panorama en 2 CD avec livret de 36 pages de l’ensemble des enregistrements de jazz gitans produits ou réédités par les labels La Lichère et Frémeaux & Associés entre 1933 et 2003.  A panorama of the gypsy jazz recordings.
Patrick Frémeaux

Droits audio : Frémeaux & Associés en coédition avec Label La Lichère (Cessionnaire : Groupe Frémeaux Colombini SAS) et en accord avec Claude Bolling, Partenariat avec Etudes tziganes.

CD 1 Patrimoine 1933/1947 • Brise napolitaine Guérino 1933 • Dinah Quintette du Hot Club de France 1934 • Cette chanson est pour vous madame Jean Sablon (Django, gt) 1935 • Stardust Coleman Hawkins/Grappelli/Django 1935 • My sérénade (DR) Quintette du Hot club de France 1937 • Improvisation n°2 (DR) Django Reinhardt (solo) 1938 • Black and white (DR) Quintette du hot club de France 1938 • Valse de minuit Orchestre musette Victor (G.Viseur, acc/O.Aleman, gt) 1939 • I’ll see you in my dreams Django Reinhardt en trio 1939 • Nuages (DR) Quintette du HCF avec H.Rostaing 1940 • Swing 39 Gus Viseur 1941 • Passion Tony Muréna 1942 • Man of mine Oscar Aleman 1942 • Maria Tony Muréna 1942 • Douce ambiance (DR) Quintette du HCF 1943 • Artillerie lourde (DR) Django’s music (big band) 1944 • Danse norvégienne Quintette du HCF 1947 • Belleville (DR) Quintette du HCF 1947 - CD 2 Héritage 1989/2003 • Paris-musette Jo Privat • La belle et le manouche Les Primitifs du futur • Jeannette Escoudé/Capon • Mari Okay Temiz • Tears Galliano/Capon • La supplique Rodolphe Raffalli • Flambée montalbanaise Varis/Minvieille • A Matelot Didier Roussin • Panique Azzolla/Galliano • La bande des trois Boulou et Elios Ferré • Un swing à deux Annie Papin • Mr Grappelli Mlle Swing • La roulotte Louis Corchia • Roses de Picardie Rodolphe Raffalli/Christian Escoudé • Nany Jean Corti • De partout et d’ailleurs Claude Bolling/Stéphane Grappelli • Rue de la Chine Marcel Azzolla/Didi Duprat • Passez la monnaie Les Primitifs du futur.



CD 1 Patrimoine 1933/1947 • Brise napolitaine Guérino 1933 • Dinah Quintette du Hot Club de France 1934 • Cette chanson est pour vous madame Jean Sablon (Django, gt) 1935 • Stardust Coleman Hawkins/Grappelli/Django 1935 • My sérénade (DR) Quintette du Hot club de France 1937 • Improvisation n°2 (DR) Django Reinhardt (solo) 1938 • Black and white (DR) Quintette du hot club de France 1938 • Valse de minuit Orchestre musette Victor (G.Viseur, acc/O.Aleman, gt) 1939 • I’ll see you in my dreams Django Reinhardt en trio 1939 • Nuages (DR) Quintette du HCF avec H.Rostaing 1940 • Swing 39 Gus Viseur 1941 • Passion Tony Muréna 1942 • Man of mine Oscar Aleman 1942 • Maria Tony Muréna 1942 • Douce ambiance (DR) Quintette du HCF 1943 • Artillerie lourde (DR) Django’s music (big band) 1944 • Danse norvégienne Quintette du HCF 1947 • Belleville (DR) Quintette du HCF 1947 - CD 2 Héritage 1989/2003 • Paris-musette Jo Privat • La belle et le manouche Les Primitifs du futur • Jeannette Escoudé/Capon • Mari Okay Temiz • Tears Galliano/Capon • La supplique Rodolphe Raffalli • Flambée montalbanaise Varis/Minvieille • A Matelot Didier Roussin • Panique Azzolla/Galliano • La bande des trois Boulou et Elios Ferré • Un swing à deux Annie Papin • Mr Grappelli Mlle Swing • La roulotte Louis Corchia • Roses de Picardie Rodolphe Raffalli/Christian Escoudé • Nany Jean Corti • De partout et d’ailleurs Claude Bolling/Stéphane Grappelli • Rue de la Chine Marcel Azzolla/Didi Duprat • Passez la monnaie Les Primitifs du futur.

Liste des titres
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    VALSE DE MINUIT (VALSE)
    GUS VISEUR
    00:02:32
    1939
  • 2
    NUAGES
    00:02:39
    1940
  • 3
    SWING 39 (SWING)
    GUS VISEUR
    00:02:40
    1941
  • 4
    PASSION
    TONY MURENA
    TONY MURENA
    00:02:28
    1942
  • 5
    MAN OF MINE (FOX TROT)
    OSCAR ALEMAN
    OSCAR ALEMAN
    00:03:09
    1942
  • 6
    MARIA
    TONY MURENA
    R LUCCHESI
    00:03:06
    1942
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    PARIS MUSETTE
    PARIS MUSETTE
    00:03:03
    1997
  • 2
    LA BELLE ET LE MANOUCHE
    PRIMITIFS DU FUTUR
    PRIMITIFS DU FUTUR
    00:03:20
    1994
  • 3
    JEANNETTE
    JEAN CHARLES CAPON
    GUS VISEUR
    00:04:03
    2002
  • 4
    MARI
    OKAY TEMIZ
    00:06:00
    1989
  • 5
    TEARS
    RICHARD GALLIANO
    00:03:51
    1992
  • 6
    LA SUPPLIQUE
    RODOLPHE RAFFALLI
    00:02:44
    2001
  • 7
    FLAMBEE MONTALBANAISE
    PARIS MUSETTE
    00:02:29
    1990
  • 8
    A MATELOT
    PARIS MUSETTE
    00:02:34
    1990
  • 9
    PANIQUE
    PARIS MUSETTE
    00:02:48
    1990
  • 10
    LA BANDE DES TROIS
    FERRE
    00:03:25
    2002
  • 11
    UN SWING A DEUX
    ANNIE PAPIN
    ANNIE PAPIN
    00:03:21
    2001
  • 12
    MR GRAPPELLI
    FLORENCE FOURCADE
    00:05:15
    2001
  • 13
    LA ROULOTTE
    LOUIS CORCHIA
    00:02:38
    1993
  • 14
    ROSES DE PICARDIE
    RODOLPHE RAFFALLI
    00:05:25
    2003
  • 15
    NANY
    JEAN CORTI
    00:02:40
    1993
  • 16
    DE PARTOUT ET D AILLEURS
    CLAUDE BOLLING
    00:05:05
    1991
  • 17
    RUE DE LA CHINE
    MARCEL AZZOLLA
    00:02:04
    1997
  • 18
    PASSEZ LA MONNAIE
    PRIMITIFS DU FUTUR
    PRIMITIFS DU FUTUR
    00:05:17
    1994
Livret

Swing Manouche FA5092

SWING MANOUCHE
FRÉMEAUX & ASSOCIÉS - LA LICHÈRE
1933-2003


En 1988, j’avais 21 ans et Patrick Tandin me demandait de prendre la gé­rance du Label la Lichère qu’il allait fonder et son frère Jean-Pierre Tandin m’offrait un siège d’administrateur au conseil d’administration du Chèque Lire. Ce fut la découverte de voyages dans l’espace et le temps, en Turquie avec Okay Témiz, dans le monde entier avec Paris musette et les Primitifs du Futur. L’idée d’une intégrale Django Reinhardt devait rapidement faire son chemin. Ma rencontre avec Daniel Nevers allait pouvoir concrétiser ce rêve, comme celle naguère de Patrick Tandin avec Franck Bergerot pour la naissance de la trilogie Paris Musette. En juillet 2000, Patrick Tandin nous quittait, et Jean-Pierre Tandin reprit la gérance de La Lichère désormais partie intégrante de Frémeaux & Associés. Rencontre avec les frères Ferré, Annie Papin, Capon & Galliano,
Mlle Swing et Rodolphe Raffalli consacré comme une des meilleures ventes de Jazz en 2002 (tous labels indépendants confondus). Cet ouvrage sonore est l’histoire de deux maisons de disques témoins de la culture des gens du voyage.
Patrick Frémeaux



ÉTUDES TZIGANES

Depuis 1955, la revue Etudes Tsiganes apporte sur la situation des Tsiganes en France et dans le monde, des éléments d’analyse et de connaissance (index 1955-2002 sur le site internet).
Elle est semestrielle depuis 1993, et thématique :
Vol. 1 Tsiganes d’Europe • Vol. 2 Tsiganes : expressions d’une minorité • Vol. 3 Musiques ! (fac-similé) • Vol. 4 Jeux, tours et manèges. Une ethnologie des Tsiganes • Vol. 5 Culture et communication • Vol. 6 1939-1946. En France : L’internement des Tsiganes • Vol. 7 L’urbanité en défaut • Vol. 8 L’école sur le vif • Vol. 9 Littérature des Tsiganes/Tsiganes de la littérature • Vol. 10 Femmes tsiganes (fac-similé) • Vol. 12 Economie tsigane • Vol. 13 L’internement des Tsiganes (II) : des lieux de mémoire • Vol. 14 Tsiganes et santé : de nouveaux risques ? • Vol. 15 L’habitat saisi par le droit, les virtualités de la Loi Besson du 5 juillet 2000 • Vol. 16 Langue et culture
Retrouvez Etudes Tsiganes sur Internet :
www.etudestsiganes.asso.fr
• le répertoire des musiciens et des spectacles (théâtre, contes, etc.) • l’agenda culturel : spectacles à l’affiche à Paris et en régions, conférences, colloque…) • l’actualité discographique et bibliographique • sommaires de la revue Etudes Tsiganes à partir de 1993 et articles en ligne • index thématiques et par auteurs de la revue (1955-2002) et bon de commande • nos sélections : cinéma, vidéos, expositions, bibliographies
.


Médiathèque Etudes Tsiganes
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Site Internet : www.etudestsiganes.asso.fr



Anthologie swing manouche par Francis Couvreux
2003, année du cinquantième anniversaire de la mort de Django Reinhardt, fut l’occasion de multiples compilations, publiées souvent sans discernement et parfois sans cohérence. Avec cette valse anarchique des rééditions, difficile de se repérer dans la discographie de Django. Pour les inconditionnels et les passionnés, une seule référence, l’intégrale de chez Frémeaux. En 1996, l’éditeur indépendant s’est lancé dans la réédition exhaustive des enregistrements de l’illustre manouche, tant ceux qui parurent sous son nom que ceux publiés sous l’identité d’autres musiciens ; œuvre monumentale et définitive sous la direction avisée de Daniel Nevers : 18 doubles CDs sont parus à ce jour, comportant tous livrets copieux et précis ; Cette intégrale, qui permet de prendre conscience “de la dimension novatrice du génie de Django“ (Alain Antonietto) s’achèvera fin 2004 avec la parution du vol 20 comportant inédits et raretés découverts en cours de route. Réalisation indispensable, puisque Django fait incontestablement partie des quelques génies musicaux du XXème siècle.


Le swing manouche et son succès
Ce créateur de langage, ne devant qu’à lui même le style et l’univers musical qui étaient le sien, est aussi à l’origine d’un courant musical vivant, appelé swing manouche ou jazz gitan, dont le succès est aujourd’hui considérable; la djangomania a gagné le monde entier! Les groupes se sont multipliés et avec l’apparition du CD la production discographique a explosé : swing manouche mais aussi musiques tsiganes en général qui déferlent en Europe après la chute du mur de Berlin et l’ouverture à l’Est; Des flots de disques sont publiés souvent de manière anarchique ; Dans l’édition 98 de son livre consacré à Django (éditions Parenthèses), Patrick Williams, chercheur au CNRS et musicologue, recense 250 références de swing manouche ! On est passé de la pénurie à la pléthore ! Les disquaires ont maintenant un rayon jazz gitan, ce qui était impensable il y a 10 ou 15 ans. Des films à succès comme Accords et désaccords de Woody Allen , Le temps des gitans de Kusturica ou Gadjo Dilo, Latcho Drom et Swing de Tony Gatlif ont aussi favorisé la découverte de l’univers tsigane. Même la variété renoue avec ces sonorités passées : Sansévérino, Paris Combo, Marie kiss la joue, Enzo Enzo, Bruel ou Françoise Hardy qui enregistre Tears avec Babik et Thomas Dutronc aux guitares…sans parler de tous ces groupes javano rock parisiens intégrant accordéon, guitare manouche et violon tsigane. La pub et les défilés de mode s’en emparent aussi ; Tout le monde associe le nom de Django à une certaine musique ce qui ne veut pas dire que tout le monde connaît son œuvre ! Alors qu’il était marginalisé par la plupart des revues de jazz il y a encore 15 ans, le swing manouche est devenu l’objet d’études et d’articles et ces mêmes revues lui consacrent maintenant des numéros spéciaux. Les sites internet consacrés à Django sont légion.


Dans son livre sur Django, Patrick Williams avance quelques facteurs pour expliquer ce mouvement général de reconnaissance :
1/ L’évolution du jazz semblant se ralentir, de plus en plus de musiciens choisissent d’interroger des formes appartenant à l’histoire. Le Quintette du Hot Club de France suscite des vocations ; de plus en plus nombreux sont les jeunes musiciens non tsiganes attirés par cette musique et qui s’y consacrent.
2/ “L’effet Paris-Musette” ; Début des années 90, Patrick Tandin, directeur du label La Lichère, confie aux guitaristes Didi Duprat et Didier Roussin, hélas disparus aujourd’hui, la réalisation de plusieurs disques (trois paraîtront) avec la crème des accordéonistes pour rendre hommage aux pionniers de l’accordéon swing ; le succès de ces disques sera un élément non négligeable dans le retour en force du swing musette et dans l’émergence d’une diversité de groupes allant de la réplique fidèle des pionniers à une volonté d’émancipation visant à rejoindre les tendances les plus novatrices du jazz.
3/ L’engouement de notre époque pour les instruments acoustiques et pour tout ce qui représente un caractère ethnique (développement de la world music)
4/ Depuis 10 ans, concerts et festivals se multiplient pour célébrer la musique de l’illustre manouche et en développer les multiples aspects.
L’action d’une poignée de passionnés (Didier Roussin, Alain Antonietto, Jon Larsen, Hans Meelen, Bernardt Gierstl, Michel Lefort…) finit par porter ses fruits ; C’est d’ailleurs aussi l’intérêt que des gadjés ont porté à l’œuvre de Django qui a fait que les manouches, bien au-delà du cercle de famille, l’ont adoptée et cultivée au point de s’y reconnaître.
Pour ma part, j’ajouterai que le swing manouche est un jazz accessible (mélodie, rythme) et populaire (répertoire composé de standards, de valses ou de chansons que tout le monde connaît), une musique vivante qui n’a pas peur de la virtuosité, du brio et de l’émulation.


Django Reinhardt
Né le 23 janvier 1910 à Liberchies en Belgique au sein d’une famille manouche de musiciens et de saltimbanques, Jean-Baptiste Reinhardt (dit Django, “je réveille” en romanès), était promis, de par ses origines, à l’existence anonyme et nonchalante des gens du voyage.(1) Ses dons exceptionnels et une grande faculté d’adaptation vont donner une toute autre voie à sa destinée.
Très tôt attiré par la musique, Django apprend seul, dès l’âge de 12 ans à jouer du banjo-guitare et accompagne dès 15/16 ans les accordéonistes musette, enregistrant avec Marceau ou jean Vaissade (on y découvre un Django qui déjà éclate dans des ensembles assez lourds). Le 2 novembre 1928, c’est le drame ; Django est grièvement brûlé dans l’incendie de sa roulotte. Il se bat seul pendant un an et demi pour rééduquer sa main gauche mutilée (deux doigts restant à jamais inutilisables). A force de volonté et d’intelligence, il met au point une technique lui permettant de surmonter son handicap ; chaque position est étudiée, chaque accord est repensé ; avec ses trois doigts valides, il va pourtant devenir le plus grand guitariste du monde, conjuguant précision et vitesse sans effort apparent.
On ne retrouve Django en activité que 3 ans plus tard, en 1931 à Toulon où il fait la manche avec son frère Joseph. Emile Savitry, peintre et mélomane leur fait écouter des 78 tours de jazz : Louis Armstrong, Duke Ellington, le duo Venuti/Lang… C’est le choc ! Django a les larmes aux yeux ; il a trouvé le domaine d’expression dans lequel son génie va s’épanouir : le jazz ! un style de musique qu’il sent totalement en harmonie avec son aspi­ration à une certaine forme de liberté et de beauté.
Le premier concert du Quintette du Hot Club de France, petite formation à l’instrumentation originale (que des cordes) a lieu le 02 décembre 1934 à Paris et c’est un succès. Django est à la guitare solo, Stéphane Grappelli au violon, Joseph Reinhardt, le frère de Django, et Roger Chaput aux guitares d’accompagnement et Louis Vola à la contrebasse.. C’est une grande nouveauté car jazz rime alors avec cuivres, banjo et grosse caisse ! D’emblée le quintette atteint une sorte de perfection et d’équilibre miraculeux essentiellement grâce à l’entente magique et à la complémentarité de deux astres musicaux que sont Django et Stéphane Grappelli (pourtant si différents de caractère et d’éducation), - dont il ne faut pas négliger l’apport décisif dans la genèse du quintette -, et à la régularité et à la fermeté de la rythmique. La contrebasse et deux guitares d’accompagnement soutiennent le tempo et énoncent le strict canevas harmonique, permettant aux deux solistes les envols les plus fous ; Cette pompe des guitares, ce fameux poum tchak qui structure le temps, encadre et relance le soliste, deviendra un des signes distinctifs du swing manouche.
Le Quintette crée une musique originale qui ne ressemble à aucune autre, savant mélange de jazz américain, et des origines manouches de Django, avec un arrière plan européen (influence de la musique classique et de la musique française de l’époque, chansons, valse musette..) ; une musique sans concessions au swing impérieux qui pour la première fois en France donne  au jazz ses lettres de noblesse, en faisant la part belle à l’improvisation. Avant Django, la guitare était considérée comme purement rythmique ; il donne au solo de guitare sa véritable place : aucun effet gratuit, chaque note a un sens, fantaisie et imagination n’excluant jamais la logique et l’équilibre ; une impression d’aisance et d’évidence s’en dégage ; Cette virtuosité prodigieuse est d’autant plus incroyable que ses improvisations mélodiques sont l’œuvre de l’index et du médium; Stylistiquement, Django est un romantique, un lyrique passionné souvent mélancolique ; son jeu très expressif, très manouche (effets décoratifs, empreints de charme et de séduction, trémolos, vibratos, glissandos..) ira en s’épurant au contact des musiciens de jazz
Django n’est pas seulement un guitariste d’exception ; c’est un musicien de génie né compositeur de musique sans savoir ni la lire ni l’écrire, dictant sur sa guitare ses compositions à ses partenaires ; il est l’auteur d’une œuvre immense : quantité de créations originales inspirées qui touchent bien au-delà du cercle des amateurs de jazz..


Schématiquement, on peut distinguer 3 périodes dans la carrière de Django, dont l’évolution est d’une cohérence exceptionnelle.
1/ Le quintette à cordes  d’avant-guerre avec Stéphane Grappelli ; 1934/1939. Django enregistre beaucoup, multiplie les rencontres musicales, notamment avec les jazzmen américains de passage à Paris (Coleman Hawkins, Louis Armstrong, Bill Coleman, Eddie South, Benny Carter…), participe à de nombreuses sessions, démontrant qu’il est partout chez lui dans la musique.
2/ La période de la guerre. Grappelli étant resté à Londres en 1939, Django change la formule instrumentale de son orchestre ; le clarinettiste Hubert Rostaing lui donne la réplique et la section rythmique se compose d’une basse, d’une seule guitare d’accompagnement et d’une batterie ; c’est à la tête de cette formation qu’il grave Nuages en décembre 1940, sa plus célèbre composition qui devient un vrai tube. Django est alors une immense vedette. Il réunit un big band baptisé Django’s music avec lequel il présente des fresques sophistiquées.
3/ L’après-guerre
Début 1946, Django embarque pour l’Angleterre ; c’est l’heure des retrouvailles avec Grappelli ; les deux hommes improvisent sur La Marseillaise qu’ils enregistrent peu de temps après. Le quintette à cordes sera reformé mais la magie ne semble plus fonctionner si bien ; les temps ont changé ; imperméable au bop, Grappelli se replie sur sa virtuosité ; plus novateur, Django essaie d’intégrer le nouvel idiome dans son jeu. En novembre 1946, il part rejoindre l’orchestre de Duke Ellington aux USA ; Mais l’Américain présente le manouche comme une pièce rapportée aux allures d’attraction exotique ; Surtout, Django est absent lors du 2ème concert au Carnegie hall, l’un des plus importants de la tournée et les Américains ne lui pardonnent pas cette désinvolture. Désenchanté et amer, il rentre en France en février 1947 ; il électrifie alors son instrument en posant un micro Stimmer sur sa guitare Selmer. Le manouche ne rabâche pas de vieilles recettes. Paradoxalement si Django est à l’origine de ce qu’on va appeler le swing manouche, lui n’en a jamais joué ! Il a constamment cherché du nouveau en se situant toujours dans l’actualité du jazz de son temps, et son rayonnement ne se réduit pas à la seule période du quintette d’avant-guerre. En 1949, il retrouve Grappelli à Rome pour enregistrer 70 titres avec une section rythmique locale ; c’est la dernière fois qu’ils sont ensemble en studio. En février 1951, Django est engagé en ve­­-dette au club St-Germain, temple du be-bop où se produit une nouvelle génération de musiciens français, émules de Parker et Gillespie. Stimulé par la jeunesse, Django retrouve l’éclat du passé et démontre son aptitude à assimiler les apports les plus récents du jazz. En mars 1953, il grave 8 titres de toute beauté avec Maurice Vander, Pierre Michelot et Jean-Louis Viale ; c’est un homme neuf avec un son incroyable qu’on entend, un style pur aux lignes sinueuses( retenant le meilleur du be-bop), qui va influencer bon nombre de guitaristes de jazz moderne. Django Reinhardt meurt le 16 mai 1953 à Fontainebleau d’une congestion cérébrale. La légende commence…


L’Héritage
Du vivant de Django, son génie a fait de l’ombre à toute une génération de guitaristes qui ont pourtant su exprimer à ses côtés un style plus personnel qu’on ne croit ; Parmi eux, Joseph Reinhardt, le frère de Django (son rôle d’accompagnateur ne lui a pas permis de développer son propre lan­gage) le guitariste argentin Oscar Aleman ou les frères Ferret.
Après sa mort, la tradition manouche et gitane de la guitare reste vivace mais semble marginalisée;  citons Henri Crolla, musicien non tsigane mais très proche des manouches auprès desquels il a passé sa jeunesse, Joseph Reinhardt qui va pouvoir enregistrer et se produire en leader, Eugène Vees, le cousin germain de Django, membre un temps du Quintette du Hot Club de France, Piton Reinhardt, Lousson le premier fils de Django… Ces musiciens de grand renom au sein de la communauté mais quasi ignorés en dehors, car ne se lançant que très occasionnellement dans le métier,  vont ancrer la musique de Django dans la vie de la communauté manouche. Créateur de son propre univers, Django est donc dans le même temps ou presque l’initiateur d’une identité musicale pour les manouches, qui ont plus adhéré à Django qu’au jazz lui-même, amorçant par-là même une certaine folklorisation de son art.
Parmi les contemporains de Django qui ont souvent fait partie de son quintette à un moment ou à un autre, il faut citer les frères Baro, Sarane et Matelo Ferret, gitans d’origine catalane dont le rôle fut essentiel dans la genèse du swing musette, dont l’âge d’or se situe entre 1937 et la fin des années 40 ; outre Viseur, les plus originaux sont Tony Muréna, Emile Carrarra et Jo Privat.
Parmi les guitaristes de la première génération il faut citer aussi Jacques Montagne, Laro Solero, pionnier avec René Mailles d’une guitare jazz moderne (ils influenceront Escoudé et Babik Reinhardt), sans oublier les gitans du Sud Paul Pata, Tchan Tchou ou Bousquet qui cultivent dans les années 60 une djangophilie inventive, notamment dans les valses. La réédition de leurs disques serait la bienvenue.
A la même époque à Paris, une génération intermédiaire de musiciens, essentiellement des guitaristes gitans perpétuent le style à travers un répertoire plus populaire, qui va de Django à Jeux interdits en passant par La foule ou Brazil ; Citons Mondine et Ninine Garcia à la Chope des puces de St Ouen, lieu mythique qui verra défiler des générations de guitaristes et d’aficionados ou encore Maurice Ferret et Joseph Pouville au Clairon des chasseurs à Montmartre.
A la fin des années 50, une dizaine de LPs de Django couvrant la période 1935/1947 apparaît sur le marché, suivie en 1970 de la Djangologie (18 disques 33 tours suivant la chronologie). Beaucoup vont découvrir et “assimiler” Django grâce à cette diffusion discographique ; c’est le cas des musiciens tsiganes allemands dès la fin des années 60, à l’initiative du violoniste Schnuckenack Reinhardt, qui constitue un quintette à l’instrumentation identique à celui de Django avant-guerre, bientôt suivi par d’autres formations du même type (Hänsche Weiss, Titi Winterstein…)…cette Musik Deutscher sinti devenant un véritable courant avec enregistrements, passages radio et TV, concerts et tournées…; Au sein de ces formations, des liens de parenté (frères, oncles, cousins…) unissent les musiciens. La création d’un individu devient alors l’emblème d’une communauté, l’affirmation d’une appartenance ethnique : cette musique est leur musique. On assiste à une  folklorisation de la musique de Django, celle du quintette d’avant-guerre, alors qu’en son temps c’était une création originale, nouvelle, en phase avec l’actualité du jazz de son  époque ; mais tout cela n’est pas si simple car même en restant dans le cadre stylistique qu’avait défini Django, l’invention est possible ;  Ces orchestres revitalisent la tradition par l’apport de différents éléments (Bossa, chansons en romanès, folklore d’Europe centrale,, compositions originales…).Cet élargissement du répertoire contribue à accentuer l’écart entre swing manouche et férus de l’actualité du jazz.


Dans les années 80, ce courant va voir émerger quelques guitaristes de haut niveau, citons Boulou et Elios Ferré, Raphaël Fays, Hänsche Weiss, Bireli Lagrène, Christian Escoudé, Fapy Lafertin, Babik Reinhardt… L’école tsigane a aussi révélé d’autres instrumentistes que les prodiges de la guitare : les violonistes Schnuckenack Reinhardt, Wedeli Köhler ou Titi Winterstein, les accordéonistes Wilhelm Krause ou Marcel Loeffler…


Depuis le début des années 90, on l’a vu, le style a le vent en poupe ; plusieurs livres sur Django ou Grappelli paraissent ; les cours et les méthodes de guitare manouche se multiplient ; Dans le monde entier des guitaristes amateurs ou professionnels lui vouent une admiration sans bornes. De nouveaux talents s’affirment, comme Romane ou Rodolphe Raffalli par exemple. Chez les jeunes manouches, même si la TV et les consoles de jeu font des ravages dans les caravanes, la relève est assurée : Samson Schmitt, Timbo Mehrstein, Yorgui Loeffler, Dino Mehrstein, David Reinhardt… seront les grands de demain.


L’œuvre de Django Reinhardt, l’un des meilleurs musiciens que le jazz nous ait donné, a entraîné dans son sillage un foisonnement musical perçu maintenant comme un ensemble cohérent : le swing manouche. C’est une musique à part en­tière, au parfum instrumental immédiatement reconnaissable, riche d’une diversité de styles et d’approches, allant de l’orthodoxie la plus fidèle à l’émancipation créatrice.


Francis Couvreux, sept. 2003
Chroniqueur pour Etudes tsiganes


© 2004 FRÉMEAUX & ASSOCIÉS/GROUPE FRÉMEAUX COLOMBINI SA


(1) Les tsiganes sont divisés en plusieurs branches (Roms, manouches, gitans) mais ils descendent tous de populations ayant quitté le nord ouest de l’Inde vers le XXème siècle. Ce sont de grands itinérants et même si certains d’entre eux ont fini par se sédentariser (souvent sous la contrainte !), ils aiment à se désigner comme un peuple de voyageurs.



 


CD 1 Patrimoine 1933/1947
01. Brise napolitaine Guérino 1933  2’43
02. Dinah  
Quintette du Hot Club de France  1934  2’39
03. Cette chanson est pour vous madame  
Jean Sablon (Django, gt) 1935  3’04
04. Stardust  
Coleman Hawkins/Grappelli/Django 1935  3’10
05. My sérénade (DR)  
Quintette du Hot club de France 1937  3’04
06. Improvisation n°2 (DR)  
Django Reinhardt (solo) 1938  2’42
07. Black and white (DR)   
Quintette du hot club de France 1938  3’05
08. Valse de minuit Orchestre musette Victor  
(G.Viseur, acc/O.Aleman, gt) 1939  2’32  
09. I’ll see you in my dreams  
Django Reinhardt en trio 1939  2’34
10. Nuages (DR)  
Quintette du HCF avec H.Rostaing 1940  3’17
11. Swing 39 Gus Viseur  1941  2’40
12. Passion Tony Muréna 1942  2’28
13. Man of mine Oscar Aleman 1942  3’09
14. Maria Tony Muréna 1942  3’06
15. Douce ambiance (DR)  
Quintette du HCF 1943  2’21
16. Artillerie lourde (DR)  
Django’s music (big band) 1944  4’13
17. Danse norvégienne  
Quintette du HCF  1947  3’02
18. Belleville (DR) Quintette du HCF  1947  2’36
CD 2 Héritage 1990/2003
01. Paris-musette Jo Privat  3’03
02. La belle et le manouche Les Primitifs 3’20
03. Jeannette Escoudé/Capon 4’03
04. Mari O.Temiz 6’00
05. Tears Galliano/Capon 3’51
06. La supplique Rodolphe Raffalli  2’44
07. Flambée montalbanaise Varis/Minvieille    2’29
08. A Matelot Didier Roussin    2’34
09. Panique Azzolla/Galliano  2’48
10. La bande des trois Boulou et Elios   3’25
11. Un swing à deux A. Papin   3’21
12. Mr Grappelli Mlle Swing   5’15
13. La roulotte Louis Corchia   2’38
14. Roses de Picardie R. Raffalli/Escoudé   5’25
15. Nany Jean Corti   2’40
16. De partout et d’ailleurs Bolling/Grappelli   5’05
17. Rue de la Chine Azzolla/Duprat   2’04
18. Passez la monnaie Les Primitifs   5’17



 


Discographie
En ces temps où le swing manouche prend toute sa place dans la musique d’aujourd’hui, il était logique et normal que le label Frémeaux, qui s’est engagé dans la sauvegarde et la promotion du patrimoine sonore avec passion, sérieux et compétence, publie une anthologie à partir de ses différents catalogues, rappelant son rôle important d’une part dans la diffusion de la musique de Django Reinhardt et la reconnaissance maintenant internationale de son génie, mais aussi dans la redécouverte du swing musette avec la réédition d’enregistrements historiques et l’aventure Paris-musette, contribuant par là même à sortir l’accordéon de son ghetto culturel, et d’autre part dans la production de disques d’artistes se réclamant de près ou de loin de cet héritage.
Le CD 1 est historique et couvre les années 1933 à 1947 ; la figure centrale en est bien évidemment Django Reinhardt, puisque tout vient de lui ou presque. Il n’est pas facile de choisir quelques morceaux de Django dans une œuvre enregistrée des plus abondantes comportant nombre de chefs-d’œuvre. Les titres sélectionnés alternent quelques incontournables et morceaux moins connus car peu enregistrés, la plupart des compositions de l’illustre manouche couvrant les trois périodes de sa carrière et permettant de l’entendre au sein de différentes configurations orchestrales.
Le CD 2 illustre quant à lui la diversité et la richesse de l’héritage et n’a d’autre ambition que de donner envie d’aller voir plus loin. Des univers et des personnalités très différents s’y côtoient, mais tous reliés par des racines communes.


CD 1  PATRIMOINE
Titre 1   
Guérino et son orchestre de la boite à matelots
Brise napolitaine 10/03/1933    2’43
Extrait du CD “Les plus belles valses musette” Frémeaux FA 014.
Dès le début des années 30, l’accordéoniste Guérino Vetese, tsigane originaire de Naples, propose une version déjà moderne du musette, même s’il appartient encore à la vieille école. Il abandonne le registre à vibrations et remplace le banjo par deux voire trois guitares, modifiant du même coup la physionomie de la valse musette et ouvrant la voie à ceux qui allaient la mâtiner de jazz. Le guitariste Baro Ferret s’impose d’emblée comme un brillant soliste; les rafales de notes de l’intro, les superbes contre-chants et le court solo flamboyant furent d’ailleurs longtemps attribués à Django. 70 ans après, cette valse distille toujours la même émotion.


Titre 2 
Django Reinhardt et le Quintette du Hot club de France
Dinah 28/12/1934    2’39
Intégrale Django Reinhardt vol 2  Frémeaux FA 302.
Dinah est le premier morceau enregistré par le Quintette du Hot club de France, en souvenir du bœuf au Claridge qui préluda à la naissance du groupe. On dé­couvre pour la première fois le son neuf d’un jazz à cordes totalement original : Django, guitare solo, Stéphane Grappelli, violon, Joseph Reinhardt et Roger Chaput, guitares d’accompagnement et Louis Vola, contrebasse. Une voie nouvelle s’ouvre pour le jazz et elle ne vient pas des USA.


Titre 3    
Jean Sablon    
Cette chanson est pour vous madame           
 7/12/1935    3’04
Intégrale Django Reinhardt vol 4, Frémeaux FA 304.
Jean Sablon découvre Django en 1933 à la boite à matelots ; subjugué par le talent du manouche, il fait appel à lui pour des concerts, passages à la radio et enregistrements, comme cette chanson, version française de Life is a song, let’s sing it together. Le crooner français y est au mieux de sa forme mais surtout il y a Django, son drive in­croyable et son intelligence musicale ; fait plutôt rare pour l’épo­que, Sablon laisse Django prendre un chorus à la fin du morceau ; c’est alors un jaillissement, un véritable feu d’artifice.


Titre 4 
Coleman Hawkins/Stéphane  Grappelli/Django Reinhardt
Stardust  2/03/1935    3’10
Intégrale Django Reinhardt vol 2, Frémeaux FA 302.
Le saxophoniste Coleman Hawkins, l’un des plus grands solistes avec Louis Armstrong du jazz des années 30, vient se produire en Europe. Fortement impressionné par Django, il fait souvent le bœuf avec lui. Ici en trio avec Stéphane Grappelli au piano, l’illustre manouche se trouve confronté pour la première fois avec l’un des géants américains du jazz ; cette rencontre au sommet tient ses promesses, Django alternant accompagnement puissant et somptueux (coup de poignet unique) et chorus lumineux. Admirable !
Titre 5 
Django Reinhardt et le Quintette du Hot club de France
My serenade (DR) 14/12/1937    3’04
Intégrale Django Reinhardt vol 6, Frémeaux FA 306.
Cette ballade raffinée, composition de Django et Grappelli, n’a été enregistrée qu’une seule fois (ce qui explique peut-être qu’elle n’est jamais reprise par les héritiers). Le personnel est le même que sur Dinah, excepté Eugène Vees, guitare, à la place de R.Chaput. L’élégance de Stéphane Grappelli s’accorde parfaitement avec la sensibilité tsigane de Django.


Titre 6   
Django Reinhardt
Improvisation n°2 (DR) 10/08/1938    2’42
Intégrale Django Reinhardt vol 8, Frémeaux FA 308.
Au cours de sa carrière, Django a enregistré en studio à 13 reprises des improvisations en solo, dé­ployant un univers qui ne ressemble à aucun autre ; celle ci est la deuxième ; certains ont estimé qu’elle n’était pas aussi réussie que la première du 1er avril 37 ; elle est peut-être moins flamboyante, moins mystérieuse mais Django y développe toujours des paysages intérieurs d’une totale singu­larité ; ce n’est ni du jazz ni de la musique tsigane ni de la musique classique (même si l’on devine ici l’admiration de Django pour Bach et Debussy) mais du pur Django. Il développe son improvisation comme si tout était inscrit d’avance. Hugues Panassié a très justement écrit ; “on a du mal à croire que ces interprétations aient pu être improvisées, tellement elles sont cohérentes, homogènes, tellement il y a de continuité dans le développement mélodique et harmonique ”.


Titre 7 
Django Reinhardt et le Quintette du Hot club de France
Black’white    31/01/1938    3’05
Intégrale Django Reinhardt vol 7, Frémeaux FA 307.
C’est la première session londonienne du Quintette. La pompe (E.Vees/R.Chaput) est moins lourde et le swing exemplaire. L’équilibre établi entre chacun des solistes et leurs accompagnateurs atteint une sorte de perfection, la construction du chorus de Django étant là encore  remarquable. Cette composition de Django et Grappelli,  enregistrée une seule fois, est tout à fait représentative de la musique du Quintette d’avant-guerre, d’un style qui marquera pas mal d’héritiers.


Titre 8  
Orchestre musette Victor
Valse de minuit    9/03/1939    2’32
2*CDs Accordéon 1913/1941, DH 002.
L’accordéoniste Gustave Viseur (1916/1974), dit Gus, est le grand pionnier du swing musette. En 1934, il rencontre Django Reinhardt et adapte le vocabulaire du jazz à son instrument, créant loin de l’accordéon commercial un style propre qui allie une technique exceptionnelle aux figures complexes et au phrasé acrobatique, un sens aigu de l’improvisation et une inspiration féconde. C’est le grand créateur de la valse swing, avec Tony Muréna et Jo Privat. Tous les trois feront appel aux guitares gitanes des frères Ferret, dont l’apport novateur est décisif et trop souvent mésestimé dans la genèse du swing musette, ce blues de Paname chargé de nostalgie et d’âme tsigane.
Arrivés à Paris à la fin des années 20, les frères Ferret rencontrent Django en 1931 et subissent très vite son influence. Ils vont imposer chez les accordéonistes une nouvelle façon d’accompagner, en introduisant dans la cadence de l’ancien musette des accords inattendus et une bonne dose de swing et d’improvisation. C’est dans les valses que leurs soli, miracle d’équilibre et de sensibilité, sont les plus inspirés.
Cette Valse de minuit est un peu l’exception qui confirme la règle ; c’est une des rares fois où Viseur n’est pas accompagné par les Ferret mais par un guitariste argentin d’une rare qualité, Oscar Aleman : “peut-être est-ce lui qui lors de son séjour à Paris, suggéra à Viseur, en 1939, d’enregistrer Noche de Ronda sous le titre Valse de minuit. Aleman y prend un chorus flamboyant qui dut faire pâlir plus d’un guitariste du moment.”(Didier Roussin).Eddie Bruner est à la clarinette, Maurice Speilleux à la contrebasse et Tony Benford à la batterie.


Titre 9   
Django Reinhardt
I’ll see you in my dreams  30/06/1939    2’34
Intégrale Django Reinhardt vol 9, Frémeaux FA 309.
Ce thème fut écrit en 1924 par le compositeur et chef d’orchestre à succès Isham Jones mais Django se le réapproprie d’une manière telle qu’on le croirait composé par lui. En trio avec Emmanuel Soudieux, contrebasse et Baro Ferret (accompagnement magnifique à la gui­tare), Django développe un chorus d’anthologie à l’inspiration extraordinaire. Un pur moment de grâce ! Django ne l’a enregistré qu’une seule fois mais ce titre est très joué par ses héritiers qui le reprennent note pour note tant il est proche de la perfection.


Titre 10   
Django Reinhardt et le Quintette du Hot club de France
Nuages (DR)   13/12/1940    3’17
Intégrale Django Reinhardt vol 10, Frémeaux FA 310.
La plus célèbre mélodie composée par Django ne pouvait pas ne pas figurer dans cette anthologie. Il l’a enregistrée à plu­sieurs reprises ; une pre­mière version avait été mise en boite en octobre 40 avec une seule clarinette ; n’obtenant pas l’effet qu’il cherchait et malgré un chorus de guitare exemplaire, Django refait l’enregistrement en décembre avec deux clarinettes cette fois : Hubert Rostaing et Alix Combelle ; Joseph Reinhardt est à la guitare d’accompagnement, Tony Rovira à la basse et Pierre Fouad à la batterie. C’est cette version, éditée début 41 que nous proposons ici. Django, dont l’inspiration est intarissable y déploie un chorus totalement nouveau.


Titre 11  
Gus Viseur
Swing 39  9/04/1941    2’40
2 CDs Accordéon 1913/1941, DH 002.
Viseur eut plusieurs fois l’occasion de jouer avec Django et ne se priva pas tout au long de sa car­rière d’interprèter des thèmes du ma­nouche, comme ce Swing 39 avec Matelo Ferret à la guitare solo, Sarane à la guitare d’accompagnement, André Lluis à la clarinette et Maurice Speilleux à la contre­basse. Viseur démontre qu’il est aussi un vrai swingman au feeling monstrueux ; et toujours derrière l’enchantement des guitares gitanes.


Titre 12  
Tony Muréna
Passion 30/05/1942    2’28
CD Les plus belles valses musette Frémeaux FA 014.
Tony Muréna (1915/1971) est l’autre virtuose de l’accordéon qui connut un grand succès dans le genre swing musette. Né en Italie et arrivé à Paris à l’âge de 8 ans, il enregistre entre 1940 et 1946 près de 80 titres dans le style. S’il est l’auteur de certaines des plus belles valses du répertoire comme Indifférence ou Passion (co signée avec J.Colombo), sélectionnée ici, la couleur dominante de ses enregistrements tient davantage du swing américain, notamment par l’emploi du piano et de la clarinette (André Lluis, Maurice meunier ou Gérard Lévêque, trois compagnons de route de Django).
Chargée d’émotion et de nostalgie, Passion égale en beauté créatrice les grandes valses de Viseur (Swing valse, Flambée montalbanaise…). Le jeu délié de Muréna, d’une grande subtilité est plus aéré que celui de Viseur. Sarane est à la guitare d’accompagnement et Baro à la guitare solo ; il se fend d’un chorus merveilleux de construction et d’équilibre, dans son style caractéristique : notes roulées, sentimentalité, phrases fulgurantes conjuguant swing et légèreté.


Titre 13   
Oscar Aleman y su quinteto de Swing   
Man of mine  Buenos Aires mi 1942    3’09
CD Oscar Aleman 1928/1943, Frémeaux FA 020.
Ce guitariste argentin (1909/1980) fut l’un des plus sérieux concurrents de Django, l’un des rares à s’affranchir de son em­prise ;  peut-être parce qu’il jouait du dobro (guitare métallique) et œuvrait dans un contexte plus typique que strictement jazz. Voici le portrait qu’en fait Charles Delaunay dans son livre Delaunay’s Dilemna : “musicien d’instinct et de tempérament explosif, son swing efficace faisait sérieusement tanguer les groupes dans lesquels il jouait. Son attaque sèche et tranchante, sa sonorité un peu métallique rappelait celle du banjo (…) Contrairement à Django qui usait d’un médiator, Aleman, lui, se servait de tous ses doigts avec une dextérité diabolique (…).”
A la déclaration de guerre, Aleman rentre en Argentine et monte un quintette qui durera 4 ans, avec l’excellent Hernan Oliva au violon, D.Quaglia, guitare, A.Alvarez, basse et R.Caravacca, batterie. Ce fox trot permet d’apprécier son lyrisme particulier, (dû pour une large part à sa connaissance des musiques populaires latines) ainsi que la décontraction naturelle et la sensibilité de son phrasé.


Titre 14 
Tony Muréna
Maria   juin ou sep 1942    3’06
2 CDs Accordéon vol 2, 1925/1942, Frémeaux FA 005.
C’est Tino Rossi qui, dans le film “fièvres”, fit un tube de cette composition de Roger Luchési. Cette version très sensible de Muréna permet d’apprécier l’extrème sensibilité de Muréna sur tempo lent et une fois de plus l’immense talent de Baro Ferret dont le chorus magnifique démontre qu’il était à côté de Django un soliste redoutable : attaque vigoureuse, traits fulgurants, effets décoratifs… la classe !


Titre 15 
Django Reinhardt et le quintette du Hot club de France
Douce ambiance (DR) 17/02/1943    2’21
Intégrale Django Reinhardt vol 12, Frémeaux FA 312.
Dans cette composition à la grâce légère et intimiste, Django utilise là encore deux clarinettes (André Lluis, Gérard Lévêque) afin de développer ses idées orchestrales. Eugène Vees est à la guitare d’accompagnement, Jean Storne à la contrebasse et Gaston Léonard à la batterie. Les stakhanovistes du manche feraient bien d’écouter ce solo de Django, modèle de construction, d’invention et d’inspiration.
Titre 16     
Django’s music
Artillerie lourde (DR)   3/11/1944    4’13
Intégrale Django Reinhardt vol 12, Frémeaux FA 312.
C’est en 1941 que Django peut réaliser son vieux rêve : diriger un grand orchestre afin de mettre en valeur ses compositions, non seulement en studio mais aussi en concert. Plutôt bien accueillie, l’expérience se renouvelle de 1941 à 1945, en compagnie des français et des belges, mais également avec les américains de l’ATC band à la libération. Cette nouvelle composition de Django, à la pesanteur et à la grandiloquence recherchée, est l’ultime face enregistrée avec la Django’s music, big band constitué ici d’une douzaine de musiciens avec Gérard Lévêque (clarinette, arrangements).


Titre 17   
Django Reinhardt et le Quintette du Hot club de France
Danse norvégienne  6/07/1947    3’02
Intégrale Django Reinhardt vol 13, Frémeaux FA 313.
Django a toujours manifesté un grand intérêt et une grande sensibilité pour la musique classique (Bach, Ravel, De­bussy…) ; ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il en adapte ; il a déjà enregistré Liebestraum 3 et le 1er mouvement du concerto en Ré mineur de JS Bach. Django nous donne ici une relecture et un arrangement superbes de la Danse norvégienne de Grieg avec une manière unique de poser les notes ; Hubert Rostaing est à la clarinette, Joseph Reinhardt à la guitare d’accompagnement, Ladislas Czabanyck à la contrebasse et André Jourdan à la batterie ; Django a , quant à lui adopté la guitare amplifiée.


Titre 18    
Django Reinhardt et le Quintette du Hot club de France
Belleville (DR) nov 1947    2’36
Intégrale Django Reinhardt vol 11, Frémeaux FA 311.
Belleville est un thème fétiche du répertoire de Django der­nière période ; dans cette version de no­vembre 47, sans doute la plus hot, il démontre qu’il n’a rien perdu de son inspiration et de sa fougue et déploie une improvisation éblouissante. Fred Sharpe écrivait très justement : “quand Django improvise, il exprime sur son instrument la partition qu’il élabore dans son esprit.”


CD N° 2  Héritage
Titre 1 
Jo Privat
Paris musette 3’03
CD Paris musette vol 3, La Lichère LLL 217.
Faire figurer Jo Privat (1919/1996) dans le CD “Héritage” peut sembler pour le moins paradoxal, puisqu’il est juste après Viseur et Muréna l’un des personnages historiques de la valse swing, auteur entre autres de Mysté­rieuse, Balajo, Rêve bohémien, Sa pré­férée…. Né en 1919 à Ménil­montant, il débute dans les cours et les lavoirs puis devient le partenaire d’Emile Vacher, créateur du genre musette, qui lui ouvre les portes du bal. En 36, il entre au Balajo où il restera un demi-siècle. Personnage haut en couleurs, Jo Privat était aussi un swingman accompli, ami des guitaristes manouches qu’il emploiera à peu près tous.
Si Paris musette figure dans ce CD 2, c’est parce qu’il est extrait de Paris musette, anthologie patrimoniale lancée par Patrick Tandin en 1990 pour son label La Lichère créé deux ans plus tôt. Quatre disques étaient programmés mais deux seulement verront le jour suite aux disparitions successives de Jo Privat, Didier Roussin et Didi Duprat, à moins d’un an d’intervalle. Ce Paris musette, l’une des dernières compositions de Privat (co-composé avec Roussin) figure sur le vol 3 que Tandin publia tout de même avant de nous quitter lui aussi prématurément. L’élégance naturelle, la générosité et le sens du tempo du grand Jo nous font oublier qu’il était déjà bien malade au moment de cet enregistrement.


Titre 2 
Les Primitifs du futur
La belle et le manouche 3’20
CD Les Primitifs du futur “trop de routes trop de trains”, La Lichère LLL 247.
Orchestre à géométrie variable, unique et décalé, Les Primitifs ont été créés il y a une quinzaine d’années par le guitariste Dominique Cravic avec Daniel Huck, saxo, scat, Robert Crumb, banjo et Didier Roussin, dobro, guitare, des musiciens d’horizon divers qui aiment à se retrouver régulièrement autour de leur amour commun du vieux jazz, du blues et du musette parisien, de toutes ces musiques populaires d’avant-guerre souvent tombées dans l’oubli. A partir d’un travail de recherche et d’archivage, Dom Cravic compose aussi dans un esprit festif des chansons réalistes imaginaires comme ce très réussi La belle et le manouche, swinguant à souhait ; Patrick Tandin et Alain Antonietto assurent la pompe et Didier Roussin se fend d’un chorus à la Matelot Ferret ; ça joue et c’est bourré d’humour !


Titre 3 
Escoudé/Capon/Boussaguet  acoustic trio
Jeannette 4’03
CD Paris ma muse, La Lichère LLL 307.
Guitariste gitan formé par son père et son oncle, (le légendaire Gusti Malha, auteur de la fameuse Valse
des niglots), Christian Escoudé s’est intéressé aussi à l’école américaine de guitare, tout comme avant lui Laro So­léro ou René Mailhes. S’il s’est frotté à toutes les musiques et à tous les musiciens (Eddy Louiss, Mc Laughlin’, Michel Graillier…) il n’a jamais oublié ses racines (cf en 89 le CD “Gypsy waltz”, relecture moderniste du répertoire swing musette). En excellente compagnie (Jean-Charles Capon, violoncelle et Pierre Boussaguet, contrebasse), il interprète Jeannette, très belle valse cosignée par Viseur et Ferrari en 1938, à la mélodie teintée de nostalgie. Jouer des valses avec un trio à cordes n’était a priori pas évident ; cette relecture personnelle s’impose tout naturellement, avec un violoncelle qui swingue, travaillé comme un violon jazz.           


Titre 4 
Okay Temiz
Mari 6’00
CD Fis fis tziganes, La Lichère LLL 107.
Le percussionniste virtuose Okay Temiz a passé son enfance dans les faubourgs d’Istambul où vivent les tsiganes ; Poussé par sa curiosité, il a exploré de par le monde des univers musicaux très différents (musiques sénégalaise, indienne, brésilienne, jazz.. . Avec Fis fis tziganes, il effectue un véritable retour aux sources avec une association instrumentale typique de la musique tsigane turque : violon (Nedim Nalbantoglu), clarinette (Hasan yarim Dunya), kanun, sorte de cithare turque (Ahmet Meter), le grand sorcier des peaux frappées étant au darbouka sur cette danse de Thrace, dont le titre, mari est aussi un nom féminin tsigane très répandu. Des musiciens redoutables pour un swing turc impressionnant !


Titre 5 
Galliano/Capon
Tears 3’51
CD Blues sur Seine, La Lichère LLL 177.
Début 90, la rencontre violoncelle/accordéon peut sembler étrange, le premier instrument étant connoté classique et le second populaire voire beauf ; mais avec deux personnalités musicales telles que Jean-Charles Capon, “le Lester Young du violoncelle” (dixit son camarade de jeu) et Richard Galliano, né en 50,  l’un des principaux artisans de la renaissance de l’accordéon dans les années 80 et de son explosion dans les années 90, la noblesse des deux instruments saute aux yeux ou plutôt aux oreilles. Si Galliano est un créateur investi dans d’autres aventures que le swing musette (jazz, new tango…), il est concerné par le sujet, comme en témoigne ses rencontres avec Bireli Lagrène ou cette reprise originale de Tears, composition de Django et grand succès du quin­tette du Hot club de France avant guerre.


Titre 6 
Rodolphe Raffalli
Supplique pour être enterré  
sur la plage de Sète 2’44
CD A Georges Brassens, La Lichère LLL 304.
Dès son premier disque, une relecture instrumentale poético-swing de l’œuvre de Georges Brassens, le talent du guitariste parisien d’origine corse Rodolphe Raffalli explose ; chaque titre de ce CD unanimement salué par la critique et plébiscité par le public, est un petit bijou mettant en lumière la richesse et le swing des mélodies de Tonton Georges, comme cette Supplique qui devient un vrai standard de swing ma­nouche ; propulsé par un trio rythmique très soudé (Doudou Cuillerier et Max Robin, guitares et Antonio Licusati, contrebasse), Rodolphe s’attache plus à la sculpture de la note, à l’élégance et au sentiment  qu’à une virtuosité gratuite comme c’est trop souvent le cas aujourd’hui.
 
Titre 7 
André Minvielle
Flambée montalbanaise 2’29
CD Paris musette vol 1, La Lichère LLL 137
En 1991, André Minvielle, le rappeur scatteur gascon, chanteur de la Compagnie Lubat, reprend pour Paris musette, en y ajoutant des paroles, Flambée montalbanaise, l’une des plus belles valses en mineur du répertoire, créée en 1940 par Gus Viseur. “Cet allumé fait flamber tout ce qu’il touche ; Flambée montalbanaise c’était pour lui. Traitant Gus Viseur comme Mimi Perrin traitait Basie, il a nommé chef du tempo Didi Duprat, cet autre allumé qu’il vénère et a fait se jeter la Marne dans le Mississippi”, est-il écrit très justement dans l’argumentaire du CD. Francis Varis, spécialiste de l’accordéon touches piano, avant tout jazzman mais qui a su garder un œil sur ses racines européennes, attise la flambée d’une façon royale. Une recréation magistrale et une charge émotionnelle qui traverse les décennies !


Titre 8 
Didier Roussin
A Matelot    2’34
CD Paris musette vol 1, La Lichère LLL 137.
Atteint du double virus du jazz et du musette, grand collectionneur et historien de l’accordéon, ce musicien talentueux trop tôt disparu (en 1996 à l’âge de 47 ans), fut de toutes les aventures accordéonistico-jazzistiques, collaborant avec les plus grands et promenant ses grattes dans à peu près tous les styles. Il fut le dernier guitariste de Jo Privat et le pivot avec Didi Duprat de l’aventure Paris mu­sette. Musicien de l’ombre, Didi Duprat (1926/1996) fait partie de cette race très spécifique de guitaristes au service des grands noms de l’accordéon (Viseur, Muréna, Privat, Azzola…) et de la variété (il succède à Crolla chez Montand puis accompagne Marlene Dietrich avec laquelle il fait le tour du monde).
Ces deux stylistes de la guitare sont réunis sur cette très belle composition de Didier en hommage au grand Matelot Ferret avec lequel il eut le plaisir de jouer à plusieurs reprises. Admirablement soutenu par l’accompagnement haut de gamme de Didi, Didier souligne de façon poétique et sensible l’importance de la guitare manouche dans ses racines musicales.


Titre 9 
Azzolla/Galliano
Panique 2’48
CD Paris musette  vol 1, La Lichère LLL 137.
Rencontre au sommet de deux as de l’accordéon. Né en 1927, actif depuis les années 40, Azzola a été le continuateur progressiste du piano à bretelles pendant la longue traversée du désert de l’instrument, accompagnant alors les plus grandes vedettes de la chanson (Montand, Gréco, Brel…). Sa culture, son ouverture et son exigence font autorité dans le monde de l’accordéon qu’il a su défendre avant tout autre. Cette superbe valse bop de Baro Ferret (enregistrée en 46 avec Jo Privat),  est interprétée ici comme un thème de jazz ; Azzola et Galliano dialoguent avec beaucoup de plaisir et de complicité, bien soutenus par une rythmique de rêve ; Didi Duprat, guitare, Yves Torchinsky, contrebasse et jacques Mahieux, batterie.


Titre 10 
Boulou et Elios Ferré
La bande des trois 3’25
CD Boulou et Elios Ferré invitent Alain Jean-Marie  “intersection”, La Lichère LLL 306.
Tout d’abord petit prodige de la guitare (on ferait bien de rééditer ses 45 tours des années 60), Boulou Ferré a ensuite tâté de la new thing, animé les nuits des cabarets russes avant de renouer, avec son frère Elios, avec le répertoire des grands jazzmen (C.Parker, L.Konitz..) ou des compositeurs classiques (Bach, Messiaen…). Retour aux sources ici : en compagnie du pianiste Alain Jean-Marie, les deux frangins rendent hommage à leur père, Matelot et à leurs oncles, Baro et Sarane, dans cette valse magistrale signée Boulou, que les trois aînés n’auraient pas reniée : sonorité et virtuosité impressionnantes, construction extrêmement dense, jeu sur le fil du rasoir ; des artistes incontournables !


Titre 11   
Annie Papin
Un swing à deux 3’21
CD De moi z’a vous, La Lichère LLL 299.
Chanteuse à la voix superbe, Annie Papin explore le répertoire (Tuba song autour des musiques de Kurt Weil, hommage à Yvette Guilbert, spectacle consacré aux poètes du XIXème siècle…) et écrit des chansons originales. Elle a eu la bonne idée de re­prendre, dans un pastiche avec paroles originales signées Syam et Viaud, ce méconnu Swing à deux, co-signé par Gus Viseur et Gino Bordin, guitariste de Tino Rossi, pionnier de la guitare hawaiienne en France dans les années 30 et hélas bien oublié aujourd’hui. Annie Papin est accompagnée avec complicité, attention et justesse par Apache Zazou, formation composée de Jacky Descamps, accordéon, Didier Sarrazin, contrebasse, Gérard Pompougnac, guitare et Stéphane Nossereau, batterie, chant.


Titre 12 
Mlle Swing Quartet
Mr Grappelli 5’15
CD Mlle Swing Quartet, La Lichère LLL 310.
Très inspiré par l’univers grappellien dernière période avec Marc Fosset, le quartet de la violo­niste Florence Fourcade propose un mixte savoureux de swing manouche (rythmique acoustique) et de jazz américain (guitare électrique tenue par l’excellent Marc Pérez, toujours très musical). La demoiselle possède un son très chaleureux, un phrasé souple et sensible qui n’oublie jamais le swing, ainsi qu’un indéniable talent de compositrice comme en té­moigne cette belle valse jazz dédiée à Stéphane Grappelli.


Titre 13 
Louis Corchia
La roulotte 2’58
CD Paris musette vol 2, La Lichère LLL 207.
L’imaginaire tsigane a inspiré une foule de titres aux accordéonistes de tous bords : Caravane rabouine, d’Emile Prud’homme, La rabouine de Louis Ferrari ou La roulotte, très belle valse de Louis Corchia qui témoigne de son admiration pour Viseur et Muréna. Voilà l’une des rares occasions d’entendre cet habitué des bals jouer du swing musette en bonne compagnie : Didi, guitare, Jean-Philippe Viret, contrebasse et Alain Bouchaux, batterie. On en redemande !


Titre 14 
Rodolphe Raffalli
Roses de Picardie 5’25
CD Gypsy swing guitar, La Lichère LLL 315.
Le nouveau CD de Rodolphe confirme tout le bien qu’on pense de lui. Il propose ici une version magnifique de Roses de Picardie, très beau thème appris sans doute à l’école de Mondine et Ninine Garcia qui le jouaient il y a plus de 20 ans à La Chope des Puces. Toujours soutenu de manière exemplaire par la même fine équipe (Doudou, Max et Antonio), Rodolphe se fend d’un premier chorus à la Crolla, à la sensibilité énorme ; le deuxième, très inspiré lui aussi mais plus strictement jazz, est signé Christian Escoudé, invité de marque pour cette session, tout comme Florin Niculescu, figure incontournable de la scène swing manouche d’aujourd’hui, très en verve lui aussi.


Titre 15 
Jean Corti
Nany      2’40
CD Paris musette
vol 2, La Lichère
LLL 207.
Joseph Colombo (1900/1973), d’origine italienne, accordéoniste de la vieille école, fit une seconde carrière de compositeur, signant ou co-signant près de 200 morceaux dont les célèbres Passion et Indifférence (co-signées avec Muréna), Ger­maine, Cœur vagabond ou ce méconnu Nany,  valse à la nostalgie très ritale qu’il dédia à Giovani Cortinovis, plus connu sous le nom de Jean Corti, compagnon de route de Jacques Brel pendant 7 ans et auteur en 2001 d’un CD de Toute beauté, “Couka”. Ca tombe bien car c’est lui qui l’interprète ici.


Titre 16 
Claude Bolling
De partout et d’ailleurs 5’05
CD Bolling/Grappelli First class, Frémeaux FA 451.
La rencontre sur disque entre Stéphane Grappelli et le big band de Claude Bolling eut lieu en dé­cembre 1991 ; ils enregistrent les standards et Django, bien sûr, mais aussi deux compositions de Bolling dont ce très beau De partout et d’ailleurs, un rien nostalgique voire mélancolique, dont le titre évoque sans doute les gens du voyage voire plus largement tous les musiciens, un jour ici et l’autre là. L’équilibre est parfait entre la puissance des cuivres et la fragilité et l’élégance du violon de Stéphane qui se glisse à merveille dans les moindres intervalles du big band pour distiller ses phrases uniques; avec en prime les arrangements léchés de maître Bolling !.


Titre 17 
Marcel Azzola/Didi Duprat
Rue de la chine 2’04
CD Paris musette  vol 3, La Lichère LLL 217.
Marcel Azzola et Didi Duprat sont tous deux nés dans cette rue de Paris, à quelques mois d’inter­valle, d’où le titre de cette superbe mazurka qu’ils ont co-signée : “bien dans la tradition virtuose entre racines populaires et discipline classique dont Médard Ferrero, professeur d’Azzola et de Joe Rossi, fut l’un des pionniers” (Franck Bergerot). Didi est un orchestre à lui tout seul (ligne mélodique, progressions harmoniques, verve du médiator) et la section rythmique est au diapason : Yves Torchinsky, contrebasse et jacques mahieux, bat­terie.


Titre 18 
Les Primitifs du futur
Passez la monnaie 5’17
CD Trop de routes trop de trains, La Lichère LLL 247.
Dans les bals musette, dont l’entrée était gratuite, les couples dansaient sous l’œil du “caissier”. A la fin de chaque danse, il réclamait “et passez la monnaie”, car danser se payait par l’achat préalable de tickets. Dans cette version des Primitifs, Daniel Huck chante et tient les saxes alto et basse, soutenu par un mini big band énergique, où chacun prend son chorus : Göran Eriksson, flute à bec, Jean-Jacques Milteau, harmonica, Florence Dionneau, accordéon. Dom Cravic et Marc Edouard Nabe sont aux guitares, Dédé Roussin au dobro, Robert Crumb au banjo et Gilles Chevaucherie à la contrebasse. Ca déménage, mon frère !
Francis COUVREUX, sept. 2003

© 2004 FRÉMEAUX & ASSOCIÉS/GROUPE FRÉMEAUX COLOMBINI SA


A la mémoire de Jo Privat, Didi Duprat, Didier Roussin, Patrick Tandin, Luc Moiseef et Jacques Bourgeois.



SWING MANOUCHE
FRÉMEAUX & ASSOCIÉS - LA LICHÈRE
1933-2003


In 2003, fifty years after Django Reinhardt’s death, numerous compilations have been released, many of which were inexplicit and sometimes incoherent.  With such a vast variety of reissues, Django’s discography can appear somewhat confused.  For the true enthusiasts, there is but one reference - Frémeaux’ complete series covering the Gypsy.  In 1996, this independent publisher set its teeth into the unlimited reissues of recordings made by this illustrious Gypsy, both those made under his name and those released under the name of other musicians - a gigantic task sagaciously directed by Daniel Nevers :  18 double CDs have been released so far, each including comprehensive booklets.  The series will be completed in late 2004 with Volume 20 and comprises previously unpublished works and rarities.  An achievement of the utmost importance as Django was most definitely one of the few musical geniuses of the twentieth century.
Django created a new language and was wholly responsible for the style and musical universe surrounding him, and was also behind a musical movement, that known as Manouche swing or Gypsy jazz, immensely popular today - Djangomania has swept the entire world.  After the demolishing of the Berlin wall and the opening of Eastern Europe, Tsigane music in general hit Europe.  In the 1998 issue of his book dedicated to Django, musicologist Patrick Williams totalled 250 Manouche swing references !  Record stores now boast a Gypsy jazz counter, which would have been out of the question ten or fifteen years ago.  Some successful films have also contributed to the discovery of this world, and even certain variety stars have dipped into past sounds.
In his book on Django, Patrick Williams made several suggestions as to how this reconnaissance came about :
1. The evolution of jazz has seemed to have slowed down, and an increasing number of musicians have become interested in older musical genres.
2. The ‘Paris-Musette effect’ :  In the early nineties, Patrick Tandin, heading the La Lichère label, demanded guitarists Didi Duprat and Didier Roussin to record several discs (three were released) with choice accordionists to pay tribute to the pioneers of swing accordion music.  The discs’ success added to the return of the swing-musette style and the creation of a variety of groups attempting to mirror this style or to reunite with the most innovating modes of jazz expression.
3. The current fad for acoustic instruments and ethnic style (the development of world music).
4. Over the last ten years, there has been an increasing number of concerts and festivals to cele­brate Django’s music.


We can also add that Manouche swing is available to all (melody, rhythm) and is popular (repertory comprising standards, waltzes or well-known songs), a living form of music which doesn’t shy away from virtuosity, spirit or emulation.


Born on 23 January 1910 in Liberchies in Belgium, Jean-Baptiste Reinhardt (otherwise known as Django, meaning ‘I awake’) was a member of a Manouche family of musicians and showmen.  His destiny may have intended him to become an anonymous traveller but his exceptional gifts led to much more.
His love for music was apparent when very young and, alone, twelve-year old Django learnt to play the banjo and guitar and as from 15/16 he accompanied musette accordionists.  On 2 November 1928, Django was seriously injured when his caravan caught fire.  For a year and a half, he worked on his mutilated left hand (two fingers remained unusable) and perfected a technique whereby his three remaining digits were to make him a world-famous artist, combining both precision and velocity.
He resumed his activities three years later in 1931 in Toulon where he was busking with his brother Joseph.  The painter Emile Savitry introduced them to some jazz records : L. Armstrong, Duke Ellington, the Venuti/Lang duo etc.  Shaken by these sounds, Django realised that his artform was to truly take form through jazz !
The first concert of the Quintet of the Hot Club of France was held on 2 December 1934 in Paris and was successful.  Django was on the solo guitar, Stéphane Grappelli on the violin, Joseph Reinhardt and Roger Chaput on the accompanying guitars and Louis Vola on the bass.  This created quite a sensation as jazz was then associated with brass, banjos and drums.  The Quintet immediately attained a form of perfection and miraculous balance, particularly due to the magical understanding and complementarity between the two luminaries - Django and Stéphane.  The Quintet’s music was original, resembling no other, being a judicious blend of American jazz and Django’s gypsy origins, with a European background (influenced by classical music and French music of the period).  Previously, the guitar had been considered as a purely rhythmic instrument, but thanks to Django, it was elevated to become a solo instrument in its own rights.  Yet Django was not only an exceptional guitarist, he also composed, despite his illiteracy, and signed an impressive number of titles.


Schematically, Django’s career can be divided into three periods.
1. The pre-war string quintet with Stéphane Grappelli ;  1934/1939.  Django recorded in quantity, encountered many other musicians, particularly American jazz artists during their Parisian sojourns (Coleman Hawkins, Louis Armstrong, Bill Coleman, Eddie South Benny Carter etc.) and participated in numerous sessions.
2. During World War II.  Grappelli stayed in London in 1939 and Django changed the instrumental formula of his band - he played opposite clarinettist Hubert Rostaing and the rhythm section included a bass, one accompanying guitar and drums.  Heading this set-up, he cut Nuages in December 1940, his most celebrated composition which became a true hit.  Django was now a veritable star.  He founded a big band which he named Django’s Music.
3. The post-war period.  In early 1946, Django set off for England where he met with Grappelli once again.  The two accomplices made an improvised version of La Marseillaise which they recorded shortly after.  The string quintet was again set up but the magic of before had disappeared, times had changed.  Snubbing bop, Grappelli fell back on his virtuosity whereas Django, more innovating, tried to integrated the new genre in his playing.  In November 1946, he left for the US and Duke Ellington’s orchestra.  However, the American presented the Gypsy as an exotic attraction.  Moreover, Django failed to turn up for the second concert in Carnegie Hall, one of the most important features of the tour.  Disillusioned, Django returned to France in February 1947 and electrified his Selmer guitar.  Paradoxically, although Django was behind what was to be called Manoughe swing, he never played it himself !  In 1949 he found Grappelli in Rome to record 70 titles with a local rhythm section - this was the last time they played together in the studios.  In February 1951, Django was top of the bill in the Club St Germain, a be-bop temple which welcomed a new generation of French musicians, disciples of Parker and Gillespie.  Boosted by his youthful entourage, he demonstrated how he was capable of assimilating the most recent aspects of jazz.  In March 1953, he cut wonderful 8 titles with Maurice Vander, Pierre Michelot and Jean-Louis Viale, and his style was to influence a good number of modern jazz guitarists.  Django Reinhardt passed away on 16 May 1953 in Fontainebleau, but his legend lived on.


During Django’s lifetime, his genius cast a shadow over a whole generation of guitarists, including his brother Joseph Reinhardt, the Argentinean guitarist Oscar Aleman and the Ferret brothers.
Following his death, the gypsy guitar traditions were still thriving but seemed somewhat marginalised.  Take Henri Crolla, for instance, a non-Gypsy musician who had nevertheless spent his youth surrounded by the Manouche race, Joseph Reinhardt who could subsequently record and perform as a leader, Eugène Vees, Django’s cousin, Piton Reinhardt and Lousson, Django’s first son.  As the creator of his own world, Django was also (or almost) the initiator of a musical identity for the Manouches.
Among Django’s contemporaries who often joined his quintet at some point, we must mention the Baro brothers, Sarane and Matelo Ferret and, apart from Viseur, the most originals artists were Tony Meréna, Emile Carrarra and Jo Privat.
The first generation guitarists also included Jacques Montagne, Laro Solero, a pioneer along with René Mailles of the modern jazz guitar, without forgetting the Gypsies from the South - Paul Pata, Tchan Tchou and Bousquet who, during the sixties, worked on an inventive form of Djangophilia.
During the same period in Paris, an intermediary generation of musicians, mainly comprising gypsy guitarists, perpetuated the style, dipping into a more popular repertoire covering Django to Jeux interdits.  Let us, for instance, quote Mondine, Ninine Garcia, Maurice Ferret and Joseph Pouville.
In the late fifties, almost a dozen of Django’s LPs were released, covering the 1935-47 period, followed in 1970 by the Djangologie (18 LPs).  Thus many artists discovered Django and assimilated his style.  Such was the case with the German Tsigane musicians in the late sixties, initiated by violinist Schnuckenack Reinhardt who founded a quintet with an identical instrumentation to that of Django before the war, and this was shortly followed by similar bands (such as Hansche Weiss, Titi Winterstein).  The music of Django’s pre-war quintet became a part of folklore, although during its day it was quite unique.  These bands revitalised tradition, adding other elements (Bossa, songs in Romany, Central European folklore, original compositions etc.).
In the eighties, this movement threw light on a few highly talented guitarists such as Boulou and Elios Ferré, Raphaël Fays, Hansche Weiss, Bireli Lagrène, Christian Escoudé, Fapy Lafertin and Babik Reinhardt..  The Tsigane school also boasted other instrumentalists - violinists Schnuckenack Reinhardt, Wedeli Kohler and Titi Winterstein and the accordionists Wilhelm Krause and Marcel Loeffler.
Several books on Django and Grappelli have been published, and a large number of Gypsy guitar manuals are now on the market.  Fresh talent has emerged such as Romane and Rodolphe Raffalli and promising newcomers - Samson Schmitt, Timbo Mehrstein, Yorgui Loeffler, Dino Mehrstein and David Reinhardt - will take over in the future.



CD N° 1
1. Guérino et son Orchestre de la Boite à Matelots
Brise napolitaine
In the early thirties, accordionist Guérino Vetese, a Gypsy from Naples, came out with a modern musette style of music, despite his traditional roots.  Baro Ferret stands out as a brilliant soloist.  Seventy years later, this waltz remains as moving as ever.
2. Django Reinhardt and the Quintet of the Hot Club of France 
Dinah
This was the first piece recorded by the Quintet of the hot club of France.  Here, we can discover Django on the solo guitar, Stéphane Grappelli (violin), Joseph Reinhardt and Roger Chaput (accompanying guitars) and Louis Vola (bass).
3. Jean Sablon 
Cette Chanson est pour Vous Madame
Jean Sablon discovered Django in 1933 and spellbound, he called him along for certain concerts, radio slots and recording sessions.  This is the French version of Life is a Song, Let’s Sing it Together.  The French crooner is on form and Django’s participation is astounding.
4. Coleman Hawkins/Stéphane Grappelli/Django Reinhardt 
Stardust
Saxophonist Coleman Hawkins, one of the greatest jazz soloists in the thirties crossed the Atlantic to play in Europe.  Much impressed by Django, he often jammed with him.  Here, in a trio, the illustrious Gypsy found himself in front of one the American giants of jazz for the first time and the results were admirable.
5. Django Reinhardt and the Quintet of the Hot Club of France 
My Serenade (DR)
This refined ballad, composed by Django and Grappelli was only recorded once.  We can find the same members as in Dinah, except Eugène Vees on the guitar replaces R. Chaput.
6. Django Reinhardt 
Improvisation N° 2 (DR)
During his career, Django recorded 13 solo improvisations.  This is the second, though some reckon it was bettered by the first take in April 37.  It is perhaps less flamboyant and less mysterious, but it is nevertheless pure Django.
7. Django Reinhardt and the Quintet of the Hot Club of France 
Black’White
This piece came from the Quintet’s first London session.  The balance between the soloists and their accompanists is perfect.  This composition by Django and Grappelli, recorded just once, is typical of the Quintet’s pre-war music.
8. Orchestre Musette Victor 
Valse de Minuit
Accordionist Gustave Viseur (1916-1974) was a grand pioneer of swing musette.  In 1934, he met Django Reinhardt and adapted the language of jazz to his instrument.  This waltz is one of the rare titles where Viseur is not accompanied by the Ferret brothers, but by a worthy Argentinean guitarist, Oscar Aleman as well as Eddie Bruner on the clarinet, Maurice Speilleux on the bass and Tony Benford on the drums.
9. Django Reinhardt 
I’ll See You in my Dreams
This tune was written in 1924 by band leader Isham Jones, but Django adapted it in a way that one can believe it is his own composition.  Played in a trio with Emmanuel Soudieux on the bass and Baro Ferret on the accompanying guitar, it was only recorded once, but was subsequently borrowed by others.
10. Django Reinhardt and the Quintet of the Hot Club of France 
Nuages
Django’s most celebrated tune had to be included in this anthology.  He recorded it on several occasions.  The first version was cut in October 1940 with one clarinet.  This did not give the desired effect, so Django re-recorded it in December with two clarinets :  Hubert Rostaing and Alix Combelle, with Joseph Reinhardt on the accompanying guitar, Tony Rovira on the bass and Pierre Fouad on the drums.  Here, we may appreciate this second version.
11. Gus Viseur 
Swing 39
Viseur played with Django on many occasions and often interpreted the Gypsy’s tunes, including this Swing 39 with Matelo Ferret on the solo guitar, Sarane on the accompanying guitar, André Lluis on the clarinet and Maurice Speilleux on the bass.
12. Tony Muréna 
Passion
Along with Gus Viseur Tony Muréna (1915-71) was an accordion virtuoso.  Born in Italy, he arrived in Paris at the age of 8 and between 1940 and 1946 recorded almost 80 titles in the swing musette style.  Although he wrote some beautiful waltzes such as Indifférence and Passion (co-signed by J. Colombo), most of his recordings lean towards American swing.
13. Oscar Aleman y su Quinteto de Swing 
Man of Mine
This Argentinean guitarist (1909-1980) was one of Django’s greatest rivals.  When was was declared, Aleman returned to Argenina and founded a quintet which lasted four years with the excellent Hernan Oliva on the violin, D. Quaglia on the guitar, A. Alvarez on the bass and R. Caravacca on the drums.
14. Tony Muréna 
Maria
This composition by Roger Luchési was a hit for Tino Rossi.  In this sensitive version by Muréna we can again appreciate Baro Ferret’s immense talent.
15. Django Reinhardt and the Quintet of the Hot Club of France 
Douce Ambiance (DR)
In this composition, Django calls upon two clarinets (André Lluis and Gérard Lévêque) in order to develop his orchestral ideas.  Eugène is on the accompanying guitar, Jean Storne is on the bass and Gaston Léonard is on the drums.
16. Django’s Music 
Artillerie lourde (DR)
In 1941, Django’s dream came true - to head a large orchestra.  He renewed this formula until 1945, accompanied by French and Belgian artists and also with Americans from the ATC band when Liberation came along.  This composition was the final side recorded by Django’s Music.
17. Django Reinhardt and the Quintet of the Hot Club of France 
Danse norvégienne
Django had always been interested in classical music (Bach, Ravel, Debussy etc.) and this was not the first time he adapted classical works.  Here, we may discover a superb arrangement of this piece by Grieg, with Hubert Rostaing (clarinet), Joseph Reinhardt (accompanying guitar), Ladislas Czabanyck (bass) and André Jourdan (drums). 
18. Django Reinhardt and the Quintet of the Hot Club of France 
Belleville (DR)
Belleville was a choice tune in Django’s repertory in the last period.  In this version dating from November 47, he proves he is as inspired as ever.


CD N° 2
1. Jo Privat 
Paris Musette
Born in 1919 in Ménilmontant, Jo Privat became the partner of Emile Vacher, the creator of the musette genre.  In 1936, he joined the Balajo where he stayed for fifty years.  Privat was also an accomplished swing musician and often played with gypsy guitarists.  This piece is taken for ‘Paris Musette’, an anthology proposed by Patrick Tandin in 1990 for his label ‘La Lichère’.
2. Les Primitifs du Futur 
La Belle et le Manouche
This group was founded some fifteen years back by Dominique Cravic with Daniel Huck, Robert Crumb and Didier Roussin, musicians from various walks of life who enjoyed getting together to share their love for old jazz, blues, Parisian musette music and all pre-war popular music.  Dom Cravic also composed some tunes such as this very swinging number.
3. Escoudé/Capon/Boussaguet Acoustic Trio 
Jeannette
The Gypsy guitarist, Christian Escoudé, was also interested in the American guitar school, but if he rubbed shoulders with all kinds of music and musicians, he never forgot his roots.  Along with Jean-Charles Capon on the cello and Pierre Boussaguet on the bass he interprets Jeannette, a beautifully nostalgic waltz co-signed by Viseur and Ferrari in 1938.
4. Okay Temiz 
Mari
Percussionist Okay Temiz spent his childhood in the outskirts of Istanbul where the Gypsies lived.  Out of curiosity, he explored music from the world over, but then with Fis Fis Tzignaes he returned to his origins with a typical instrumental combination of Turkish Tsigane music :  violin (Nedim Nalbantoglu), clarinet (Hasan Yarim Dunya) and a kanun (Ahmet Meter).  Impressive Turkish swing !

5. Galliano/Capon 
Tears
In early 1990, the combination of a cello and accordion can seem a little strange as the first instrument is associated with classical music and the second is sometimes considered as old hat.  But with Jean-Charles Capon ‘the Lester Young of the cello’ and Richard Galliano, who held one of the leading roles in the accordion’s renaissance in the eighties, the nobleness of the two instruments is remarkable.
6. Rodolphe Raffalli 
Supplique pour être enterré sur la Plage de Sète
Rodolphe Raffalli’s debut disc, an instrumental and swinging interpretation of Georges Brassens’ music, was explosive, highly rated by both critics and the general public.  Backed by a solid rhythm trio (Doudou Cuillerier and Max Robin on the guitars and Antonio Licusati on the bass) Rodolphe concentrates on the form of each note, on elegance and feeling.
7. André Minvielle 
Flambée montalbanaise
In 1991, this specialist of rap and scat from Gascony, a singer with the Compagnie Lubat came out with this majestic and moving Flambée montalbanaise.
8. Didier Roussin 
A Matelot
This lover of jazz and musette was also a talented musician who left us when only 37.  Teaming up with Didi Duprat, the two artists pay tribute to Matelot Ferret in this composition by Didier.
9. Azzolla/Galliano 
Panique
The reuniting of accordion experts.  Born in 1927, Azzola had accompanied some of the greatest singers (Montand, Gréco, Brel etc.).  This superb piece by Baro Ferret (recorded in 46 with Jo Privat) is interpreted here using a jazz style.  Azzola and Galliano are well-backed by Didi Duprat (guitar), Yves Torchinsky (bass) and Jacques Mahieux (drums).
10. Boulou and Elois Ferré 
La bande des trois
Boulou Ferré debuted on the guitar, then was billed in Russian cabarets before, along with his brother Elios, attacking the repertory of jazz icons (C. Parker, L. Konitz etc.) or classical composers (Bach, Messiaen etc.).  Here, they return to their origins, and with pianist Alain Jean-Marie, the brothers pay tribute to their father and uncles Baro and Sarane, in this waltz signed by Boulou.
11. Annie Papin 
Un Swing à deux
Here, we can delight in Annie Papin’s superb voice in this little-known song, co-signed by Gus Viseur and Gino Bordin.  She is well-accompanied by Apache Sasou, a group comprising Jacky Descamps (accordion), Didier Sarrazin (bass), Gérard Pompougnac (guitar and Stéphane Nossereau (drums, vocals).
12. Mlle Swing Quartet 
Mr Grappelli
Inspired by the Grappellian world with Marc Fosset, violinist Florence Fourcade’s quartet offers a tasty blend of Manouche swing and American jazz.
13. Louis Corchia 
La Roulotte
Gypsies have inspired a host of accordionists.  This waltz by Louis Corchia shows his admiration for Viseur and Muréna and finds Didi on the guitar, Jean-Philippe Viret on the bass and Alain Bouchaux on the drums.
14. Rodolphe Raffalli 
Roses de Picardie
Rodolphe’s new CD can but add to his reputation, and is again backed by worthy musicians.
15. Jean Corti 
Nany
Joseph Colombo (1900-1973), of Italian origin, was a traditional accordionist and also composed, signing or co-signing almost 200 titles including Nany.  This nostalgic waltz was dedicated to Giovani Cortinovis, better known as Jean Corti, whose talent can be appreciated here.
16. Claude Bolling 
De partout et d’ailleurs
In December 1991, Grappelli and Claude Bolling’s big band got together on disc, recording some of Django’s standards and also two of Bolling’s compositions, one being the lovely De partout et d’ailleurs.
17. Marcel Azzola/Didi Duprat 
Rue de la Chine
Azzola and Duprat were both born in this street in Paris which gave its name to this superb mazurka, also finding Yves Torchinsky on the bass and Jacques Mahieux on the drums.
18. Les Primitifs du Futur 
Passez la Monnaie
This title takes us back to the old bals musette.  In this version, Daniel Huck sings and plays the saxes and is backed by a mini big band finding Goran Eriksson (recorder), Jean-jacques Milteau (harmonica), Florence Dionneau (accordion), Dom Cravic and Marc Edouard Nabe (guitars), Dédé Roussin (dobro), Robert Crumb (banjo) and Gilles Chevaucherie (bass).  Amazing !


Adapted by Laure WRIGHT from the French text of Francis COUVREUX


© 2004 FRÉMEAUX & ASSOCIÉS/GROUPE FRÉMEAUX COLOMBINI SA



Swing Manouche est un panorama de l’ensemble des enregistrements de jazz gitans produits ou réédités par les labels La Lichère et Frémeaux & Associés entre 1933 et 2003.
Swing Manouche presents a panorama of the Gypsy jazz recordings released by the labels La Lichère and Frémeaux & Associés covering the 1933 - 2003 period.



 

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