Lionel Hampton - Live in Paris
Lionel Hampton - Live in Paris
Ref.: FA5911

1956-1961 

Lionel Hampton

Ref.: FA5911

Direction Artistique : Gilles Pétard et Michel Brillié

Label :  FREMEAUX & ASSOCIES

Durée totale de l'œuvre : 2 heures 14 minutes

Nbre. CD : 2

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Présentation

Ce coffret réunit deux concerts parisiens légendaires, enregistrés en 1956 et 1961 qui capturent toute l’énergie explosive et l’enthousiasme communicatif d’un “Lion” au sommet de sa gloire. Ces performances, détonantes témoignent de la générosité sans borne de l’un des plus formidables entertainers de l’histoire du jazz, capable de transformer un simple concert en un véritable show. L’auditeur est transporté par l’enthousiasme communicatif de Hampton et par la puissance du swing de son big band. Le jazz de danse au firmament.
Patrick FRÉMEAUX

La collection Live in Paris, dirigée par Michel Brillié, permet de retrouver des enregistrements inédits (concerts, sessions privées ou radiophoniques), des grandes vedettes du jazz, du rock & roll et de la chanson du XXe siècle. Ces prises de son live, et la relation avec le public, apportent un supplément d’âme et une sensibilité en contrepoint de la rigueur appliquée lors des enregistrements studios. Une importance singulière a été apportée à la restauration sonore des bandes, pour convenir aux standards CD tout en conservant la couleur d’époque.
Patrick FRÉMEAUX & Gilles PÉTARD



CD1 : ALBUQUERQUE SPECIAL • PAULETTE’S BOOGIE • PANAMA • GLADYS • FLYING AT THE OLYMPIA • MEMORIES OF YOU • HALLELUJA • BATTLE OF SAXES • BLUES FOR SACHA • ONE O’CLOCK JUMP • PATRICIA’S BOOGIE • PERDIDO • DRUMS FIGHT • ROCKING AT THE OLYMPIA • BLUES ONE • CLOPIN, CLOPANT.

CD2 : 10 RUE CAUMARTIN • HEY-BA-BA-RE-BOP • THE BIRTH OF THE BLUES • UNTITLED • MIDNIGHT SUN • TENDERLY • ALEXANDER’S RAGTIME BAND • ROLL’ EM PETE • FLYING HOME • HEY-BA-BA-RE-BOP • ON THE SUNNY SIDE OF THE STREET • HAMP’S BOOGIE WOOGIE • SPLANKY (NEAL HEFTI) • WHEN THE SAINTS.

DIRECTION ARTISTIQUE : GILLES PÉTARD ET MICHEL BRILLIÉ

Liste des titres
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    Albuquerque Special 
    Lionel Hampton
    Lionel Hampton
    00:07:52
    1956
  • 2
    Paulette’s Boogie
    Lionel Hampton
    Lionel Hampton
    00:04:50
    1956
  • 3
    Panama 
    Lionel Hampton
    Carl Sigman 
    00:02:48
    1956
  • 4
    Gladys 
    Lionel Hampton
    Lionel Hampton
    00:05:47
    1956
  • 5
    Flying at The Olympia 
    Lionel Hampton
    Lionel Hampton
    00:06:14
    1956
  • 6
    Memories of You 
    Lionel Hampton
    Eubie Blake
    00:04:13
    1956
  • 7
    Halleluja 
    Lionel Hampton
    Lionel Hampton
    00:04:06
    1956
  • 8
    Battle of Saxes 
    Lionel Hampton
    Lionel Hampton
    00:04:17
    1956
  • 9
    Blues for Sacha 
    Lionel Hampton
    Lionel Hampton
    00:04:31
    1956
  • 10
    One O’Clock Jump 
    Lionel Hampton
    Count Basie
    00:02:34
    1956
  • 11
    Patricia’s Boogie 
    Lionel Hampton
    Lionel Hampton
    00:05:23
    1956
  • 12
    Perdido 
    Lionel Hampton
    Juan Tizol
    00:02:48
    1956
  • 13
    Drums Fight 
    Lionel Hampton
    Lionel Hampton
    00:03:30
    1956
  • 14
    Rocking at The Olympia
    Lionel Hampton
    Lionel Hampton
    00:02:04
    1956
  • 15
    Blues One 
    Lionel Hampton
    Lionel Hampton
    00:01:53
    1956
  • 16
    Clopin, Clopant 
    Lionel Hampton
    Pierre Dudan
    00:03:13
    1956
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    10 Rue Caumartin 
    Lionel Hampton
    Lionel Hampton
    00:10:01
    1961
  • 2
    Hey-Ba-Ba-Re-Bop 
    Lionel Hampton
    Lionel Hampton
    00:04:34
    1961
  • 3
    The Birth of the Blues 
    Lionel Hampton
    Buddy de Sylva
    00:02:54
    1961
  • 4
    Untitled 
    Lionel Hampton
    Lionel Hampton
    00:05:06
    1961
  • 5
    Midnight Sun 
    Lionel Hampton
    Lionel Hampton
    00:05:13
    1961
  • 6
    Tenderly 
    Lionel Hampton
    Jack Lawrence  
    00:05:25
    1961
  • 7
    Alexander’s Ragtime Band 
    Lionel Hampton
    Irving Berlin
    00:03:23
    1961
  • 8
    Roll’ Em Pete 
    Lionel Hampton
    Big Joe Turner
    00:02:40
    1961
  • 9
    Flying Home 
    Lionel Hampton
    Sid Robin 
    00:07:57
    1961
  • 10
    Hey-Ba-Ba-Re-Bop 
    Lionel Hampton
    Lionel Hampton
    00:03:40
    1961
  • 11
    On the Sunny Side of the Street 
    Lionel Hampton
    Dorothy Fields 
    00:03:46
    1961
  • 12
    Hamp’s Boogie Woogie 
    Lionel Hampton
    Lionel Hampton
    00:02:00
    1961
  • 13
    Splanky 
    Lionel Hampton
    Neal Hefti
    00:02:52
    1961
  • 14
    When the Saints 
    Lionel Hampton
    Traditionnel
    00:08:28
    1961
Livret

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Lionel Hampton

1956-1961

Live in Paris

 

Par Michel Brillié

Le roi Hamp, le lion du swing

Le batteur de Dieu

Tout compte fait, Lionel Hampton n’était vraiment pas égocentrique. A deux reprises, il a rendu hommage aux personnalités qui lui ont donné les clés de sa réussite :

« Tout le succès que j’ai pu avoir dans ma vie, je le dois à Mama Louvenia » confie-t-il dans les premières pages de son autobiographie, Hamp[1].

Quelques pages plus loin, sérieux coup de chapeau à l’autre influence féminine de sa vie :

« Dieu m’a donné le talent. Gladys m’a donné l’inspiration. » [2]

Mama. Gladys. Dieu. 

Commençons par le début. Mama Louvenia. Il s’agit de sa grand’mère, la chef incontestable de la tribu Hampton. Elle décide de tout, de qui fait quoi, qui va dans telle école, qui suit tel cours par correspondance…

Et Mama Louvenia a la foi. Le petit Lionel la suit fidèlement à la messe de six heures, à celle de neuf heures, de onze heures… La vieille dame de Selma, Alabama, se donnait toute entière à la foi catholique.

Devenu membre à part entière de la Holiness Church de Birmingham, Alabama, Hampton attend chaque semaine avec impatience la cérémonie du dimanche. L’église alors va résonner au son d’un big band au complet, avec toutes sortes d’instruments.

« Mon truc favori c’était la grosse caisse » se souvient Hamp.[3] « La religieuse assignée à l’instrument tapait dessus pendant des heures, puis d’un seul coup l’esprit s’emparait d’elle. Dans mon imagination, son âme quittait son corps et montait vers Dieu. Il me semblait alors que la grosse caisse était le meilleur moyen d’arriver à Dieu. »

Sous la poigne de fer de Mama, le petit va suivre un chemin des plus pieux. Lecture quotidienne de la Bible, enrôlement dans une école catholique du Wisconsin, tenue par des sœurs dominicaines. Le showman le plus crazy de l’histoire du swing se retrouve même enfant de chœur. Avec un copain, Lionel va « adapter » la partie musicale de son service religieux en la rendant un peu plus « soul ».

Lionel a toujours sa Bible à portée de main. Cette image reste gravée dans la mémoire de Jean Paul Vignola, un français qui sera son « road manager » pendant presque deux décennies. « Il lisait la Bible tout le temps ; lors d’un passage à Pau, il a insisté pour faire un détour par Lourdes. Et là, il a acheté carrément une bonbonne de 5 litres d’eau de Lourdes ! »

« J’ai toujours été très croyant. J’ai ma Bible avec moi, j’en lis un passage chaque jour. Et c’est important pour moi de pouvoir visiter les lieux cités dans la Bible. »[4]

Lors d’une tournée en Israël, Hampton se rend sur la tombe du Roi David, ce qui lui inspire une œuvre d’inspiration classique, King David Suite, qui sera interprétée par les orchestres symphoniques de Boston, Cincinnati, Toronto, San Diego…

Mais si Mama Louvenia lui a donné une bonne et stricte éducation, si elle a été l’apport angélique dans la formation de Lionel Hampton, est-ce que c’est Gladys qui l’a dévoyé ? Hampton venait tout juste d’arriver à Hollywood pour trouver un orchestre avec lequel jouer lorsque sa future épouse lui est présentée.

Gladys à la barre

« Elle était très belle - grande, un teint clair, du maintien. Elle avait du sang indien, elle était plus âgée de trois ans. Très sûre d’elle. Une femme d’affaires – elle avait une activité de couture pour les studios de cinéma. Plus tard, je me suis rendu compte qu’elle ressemblait par beaucoup de points à ma grand-mère… »[5]

La rencontre Gladys-Lionel a lieu en 1929, et à partir de ce jour jusqu’à sa mort, c’est elle qui prendra toutes les décisions importantes. Lionel est tombé – enfin peut-être c’est le contraire, Gladys qui l’a repéré illico – sur une maitresse femme. Parfait. Il va faire le jeune homme, se concentrer sur sa musique, et elle, elle gère.

Et alors là, les exemples de bonne et stricte gestion abondent. Un premier plutôt amusant: en tant que couturière, Gladys fournissait les sous-vêtements de soie des grandes stars du cinéma. Et quand ces artistes s’en séparaient, au bout de quelques courts usages, Gladys les récupérait pour son homme. Ainsi, Lionel Hampton a pu enfiler les caleçons de Douglas Fairbanks ou Clark Gable, entre autres…

Mais là où elle était redoutable, c’était pour la gestion de l’orchestre. Tout les gens qui l’ont côtoyé traitent Hampton de radin ; mais cela n’avait rien à voir avec les pratiques de sa manageuse.

Quincy Jones a joué au début de sa carrière dans le big band de Hampton. « Sa femme lui a fait gagner des tonnes de fric » écrit Q dans son livre.[6] Quand il doit intégrer la formation pour la tournée européenne de 1953, il a des doutes : « Je savais comment ça marchait avec Lionel ici aux States. Si on se trouvait dans une ville, et un musicien du coin invité jouait mieux que toi, Hamp te virait, il engageait le type, et il retenait l’argent de ton voyage de retour sur le premier cachet du nouveau venu… Qui était de dix-sept dollars.»[7]

Gladys était son directeur financier, son attachée de presse, elle était partout. Elle n’avait pas peur de se confronter aux plus grands : Joe Glaser, l’agent de Armstrong ; Norman Granz, l’homme du J.A.T.P., ou encore Felix Marouani. Hamp la crédite de l’avoir incité à passer de la batterie au vibraphone, convaincue que cet instrument le rendrait célèbre. Gladys a offert à Lionel un vibraphone pour son anniversaire, dès l’époque du Cotton Club dans la formation de Les Hite.

Un duo parfait. D’un côté le formidable talent musical de Lionel, de l’autre le redoutable sens du business de Gladys. Ensemble, ils créent leur marque de disques – Glad-Hamp, et bien sûr, leur société d’édition musicale, Swing and Tempo. Les deux ont été également très actifs pour leur communauté. Gladys a été l’âme d’un projet immobilier de logements sociaux, les Lionel Hampton Houses. Après la mort de Gladys en 1971, Lionel Hampton a financé une autre extension, Les Gladys Hampton Houses. A l’entrée, il a fait inscrire la fameuse phrase “Dieu m’a donné mon talent, mais Gladys m’a donné l’inspiration. »

Quant à la gestion de l’orchestre, Gladys Hampton y mettait souvent son grain de sel. En 1954, elle refuse que Cannonball Adderley rejoigne la formation de Hampton. Son frère Nat y jouait déjà, et selon elle, deux frères dans un même orchestre, ça pouvait constituer une « clique »[8] . A l’inverse, elle réengageait la jeune chanteuse Betty Carter, que Hampton venait de licencier quand Carter lui a dit carrément qu’elle préférait l’ensemble de Gillespie à celui de Hamp… [9]

Selon le grand producteur de l’époque John Hammond, c’était Gladys le vrai « boss » de l’orchestre. Hampton l’avoue franchement lui aussi : « C’est Gladys qui pensait toujours à l’avenir. Je sais qu’il y avait beaucoup de gars qui ne comprenaient pas comment une femme pouvait mener la barque comme ça, mais si aujourd’hui je m’en sors bien mieux que la plupart d’entre eux, c’est grâce a à Gladys. »[10]

Tout pour le show

Là où Hamp était seul maître à bord, c’était pour tout ce qui faisait le spectacle. Le saxophoniste/flutiste Jerome Richardson joue dès 1951 avec Hampton : « Son seul but était l’entertainment , le fun, le divertissement. Et Il était prêt à tout pour ça. »[11]

Et parfois il piquait les « plans » de ses musiciens. Lors d’un concert plein à craquer, l’un de ses saxos a joué son solo au bord de la scène, et s’est carrément laissé tomber dans la foule compacte. Les spectateurs l’ont rattrapé, et remis sur scène. Quelque temps après, Hampton saisit un sax et se met à jouer lui aussi au bord de la rampe. Il souffle un riff dément, et d’un coup tombe à la renverse dans le public. Mais ce jour- là il y avait moins de monde, et les gens se sont écartés pour l’éviter. Hamp a atterri sur son dos… Tout son orchestre était mort de rire.[12]

Hampton faisait tout pour que ses gars fassent le show. Un jour, l’orchestre se produit à Washington. La prestation a lieu sur une péniche, au bord du fleuve Potomac. Le saxophoniste Illinois Jacquet avait joué avant Lionel, et avait fait un tabac incroyable. Hampton est passé en deuxième partie sans provoquer de réaction particulière du public. Donc pendant que l’orchestre joue un morceau, Hampton va voir le bassiste Monk Montgomery, et lui dit, « Coco, si au prochain chorus tu sautes dans le fleuve, je te file dix dollars de plus. »

Et au prochain crescendo de l’orchestre, alors que Hampton tape avec ses mailloches, Monk saute par dessus la balustrade. Le public est devenu dingue… L’orchestre a continué de jouer et quelques minutes plus tard, Monk, complètement trempé, est revenu sur scène. Hamp est alors allé vers lui et lui a glissé : « Dix de plus si tu recommences. »[13]

Toutes ces outrances exubérantes, ces contorsions, ces riffs persistants, tout ce que Hamp jouait, c’était en fait déjà du rock and roll. Les deux grands producteurs de la musique noire des années cinquante et soixante, Jerry Lieber et Mike Stoller résument la formidable originalité de l’orchestre : « Hampton avait tout à la fois un orchestre swing, bop, rock ‘n’ roll et R&B. »[14]

Aux yeux de Hampton, tout ça c’était du jazz : « Elle peut enfiler une nouvelle robe, mettre un nouveau chapeau, mais de toute façon c’est toujours la même gonzesse. »[15]

En parlant de vêtements, il fallait être blindé pour accepter les lubies du vibraphoniste. Quincy Jones a eu la honte de sa vie lors d’un passage à New York : « On jouait au Club Band Box, juste à côté du Birdland. Hamp nous a obligés à nous déguiser avec des vestes rouges pourpre, des shorts bermudas, et un chapeau tyrolien sur la tête… On défilait dans la rue derrière Hamp, qui lui tapait avec ses baguettes sur n’importe quelle matière. Lui n’en avait rien à cirer d’être cool. C’était un showman et il aurait fait n’importe quoi pour amener les gens à venir voir son orchestre dans un club. »[16]

Sur le site jazzwax.com, on peut encore avoir des témoignages visuels de cette frénésie qui régnait dans les prestations de Hampton. Dans le court métrage de 1953 tourné par Western Electric, c’est totalement fou. Les musiciens se lancent leurs instruments pendant le solo de trompette de l’un d’entre eux en tapant ensemble dans leurs mains… Soudain un sax ténor saute au dessus de la première rangée de trombones de l’orchestre pour entamer son solo… Il danse et se contorsionne comme un damné. Pour le final, Hampton revient au devant de la scène pour clore le morceau en jonglant avec ses baguettes de drums …Parfois il manipule cinq baguettes, qu’il bloque sous ses bras, son menton…Puis c’est le « drum fight », la bataille des drummers. On apporte à Hampton une batterie sur roulettes avec double caisse claire et toms de chaque coté de la grosse caisse. Hamp et son comparse Joe Adams essaient de se surpasser l’un l’autre, alors qu’arrivent de tous côtés danseurs de tous âges, aussi bien des gamins qu’une vieille grand-mère…[17]

Ambassadeur du Jazz

Dès 1953, les Hampton s’intéressent à l’Europe. Sur un plan pratique, ils y sont vierges de tout problème juridique, contrairement à leur situation compliquée aux USA. Sur le vieux continent, le jazz est très tendance, donc cette tournée européenne de l’automne 53 est un grand succès. Un parcours de quinze semaines et de quatre-vingt-sept concerts. Le big band – avec son nouveau jeune trompettiste, Quincy Jones- va s’arrêter en Scandinavie, Allemagne, Hollande, Suisse et France. A Paris, entre ses concerts au Palais de Chaillot, Hampton en profite pour enregistrer plusieurs sessions, avec Gigi Gryce, Art Farmer, Clifford Brown. Une pratique qu’il reproduira pratiquement à chacun de ses passages en France. De son côté, Gladys Hampton en tire parti pour faire un coup de pub, en demandant à Christian Dior de lui créer toute une garde robe.

Ce voyage est aussi l’opportunité de rencontrer Joséphine Baker, avec laquelle Gladys noue une amitié durable. Dans une lettre quelque mois plus tard, Joséphine écrira combien elle est « fière du succès de Lionel, c’est ce qui donne confiance à notre peuple. »[18]

Retour du showman en 54. Ça permet à Boris Vian de faire un constat lucide pour le magazine Arts de décembre 54 : « Oh! Ce n’est pas toujours du jazz cérébral et raffiné! Mais ça vit, c’est chaud, c’est dynamique, c’est du spectacle! »

Et nous voilà en Janvier 1956. Gladys Hampton a minutieusement organisé cette nouvelle tournée de son artiste préféré : 300 concerts dans treize pays pendant sept mois… La troupe arrive au Havre le 16 Janvier à bord de l’United States. Hampton, qui se remet d’une cheville cassée, est au meilleur de sa forme, bondissant comme un chat d’un bord à l’autre de la scène. Après un concert initial à Versailles, les voici qui prennent leurs quartiers d’hiver à l’Olympia, pour trois semaines. Jean Michel Boris a gardé un souvenir vibrant de cette période au music-hall du boulevard des Capucines :

Passage torride pour Lionel Hampton et son orchestre, du 19 janvier au 7 février. C’est le grand retour du vibraphoniste que le public de l’Olympia a découvert, il y a un peu plus de un an. Entertainer acharné, Lionel est réputé en France pour être aussi populaire que Gilbert Bécaud . Entourés d’une avalanche de filles... qu’il est bien difficile de calmer à l’heure du show, Lionel et son big band servent une prestation haletante, suivie par un public debout qui danse le be-bop jusqu’à tutoyer la transe.[19]

Le phénomène arrive jusqu’au Monde :

Lionel Hampton, qui connaît bien maintenant le chemin de l’Olympia, prend possession de la scène sans barguigner devant son instrument. À peine ses marteaux ont-ils effleuré les lames du vibraphone, le sortilège naît, ses musiciens se laissent faire comme des gosses, prêts à tomber, ravis, dans tous les pièges de la syncope. La salle suit, épanouie, accordée aussitôt aux mystères de l’envoûtement.

Alors tout est possible. Le cirque bat une heure durant comme un cœur monstrueux. Il suffit pour garder le sang chaud d’infuser de temps en temps ces petites cellules rythmiques qu’on appelle des riffs, grains d’énergie qui se ressemblent tous et dont l’efficacité a été éprouvée : basses d’un boogie, noyaux de trois notes, etc. On ne se fatigue pas de ces vieilles recettes.[20]

Et du spectacle, il en crée partout le gars Hamp. Le jour même de la première à l’Olympia, il participe à une jam session au club du « Vieux Colombier » à Saint-Germain-des-Prés en compagnie de Sidney Bechet et de Claude Luter. De retour à Paris en mai, encore une série de séances d’enregistrements, avec cette fois-ci quelques jazzmen français, Claude Bolling, Guy Lafitte. On le voit en juin à une émission spéciale de « Pour Ceux qui Aiment le Jazz » en direct du jardin des Tuileries, entouré des Lorientais reconstitués de Claude Luter, et avec Henri Renaud, Bill Coleman, René Urtreger…

1960, la fin d’une époque, les temps sont plus durs pour les grandes formations. Alors Hampton tourne en dehors des USA, en Amérique du Sud, en Europe… En outre, il trouve le temps d’affirmer sa position politique américaine pendant cette année de campagne présidentielle, en se produisant pour des réunions en faveur de…Richard Nixon. Hampton précise qu’il a toujours voté républicain parce que « c’était le parti d’Abraham Lincoln. ».

Au fil du temps, il est devenu l’ami personnel de Dwight Eisenhower, et puis de Nixon, « que je connais depuis un bon bout de temps. Quand Nixon me demandait de venir l’aider dans sa campagne, je laissais tout tomber et accourais. »[21] En 1996, déçu par les positions des républicains, il changera de camp et soutiendra Bill Clinton .

Et c’est la sempiternelle ritournelle des tournées… Paris le 25 mars 1961, toujours à l’Olympia. Cette fois-ci il ne va pas tomber dans l’excès de coups de chapeau à la « famille » comme en 56. Pas de « Patricia » ou de « Paulette’s Boogie » (la fille et l’épouse de Bruno Coquatrix) ni de « 10 rue Caumartin » (l’entrée des coulisses du théâtre)…Retour à la tradition. « Flying Home » « Hey Ba-Ba-Re-Bop » « When the Saints »… Un repertoire cousu d’or.

Et toujours de l’ambiance…Comme l’a déjà écrit le Figaro, Les trompettes se balancent comme des palmes sous le vent. Les saxos se balancent comme des cruches qu’on rince. Hampton applaudit et tire la langue. D’énormes gouttes de sueur tombent du visage d’Hampton, inondant le vibraphone qui joue quand même juste.[22]

Cassoulet Blues

L’ambassadeur du jazz revient de plus en plus fréquemment en France. Dans les deux dernières décennies du 20e siècle, Il se produit dans tous les grands festivals, Juan les Pins, Marciac, la Grande Parade du Jazz de Nice. C’est dans cette ville qu’en 83, Hampton va participer à l’enregistrement d’un hommage jazz à Brassens, mort deux ans plus tôt. Avec lui se trouvent plusieurs légendes de la musique : Henri Salvador, Clark Terry, et Moustache, qui a initié cet album. De son côté, Hampton reçoit de multiples tributs à son talent : la médaille de la ville de Paris, remise par Jacques Chirac en 84 ; puis Philippe Léotard le fait commandeur des Arts et Lettres en 88. « Il aimait bien les honneurs, il était un peu cabotin », raconte son compère Jean Pierre Vignola.

Dans un autre registre, Il décroche deux distinctions de chevalier, d’abord des vins du Côtes du Rhône, et ensuite de l’un de ses plats préférés : le cassoulet. Vignola révèle qu’étant arrivé en retard à un concert à Carcassonne, pour se faire pardonner, il avait improvisé un « Cassoulet Blues ». La Confrérie du Cassoulet viendra alors spécialement à Paris pour lui remettre la distinction. Ca se passe en avril 99, alors qu’à bientôt quatre-vingt-onze ans, Hampton s’installe une fois encore « chez lui », au Jazz Club Lionel Hampton de l’hôtel Méridien, Porte Maillot à Paris. C’était Moustache, l’iconique batteur de l’époque de Saint- Germain- des-Prés, et Jean Pierre Vignola, qui avaient eu l’idée de donner son nom à ce club. L’endroit deviendra un des lieux privilégiés de la musique pendant quelques décennies. B.B. King, Fats Domino, Ike Turner, Solomon Burke, Cab Calloway vont marquer de leur prestation les habitués du lieu.

Pendant une semaine, le club est bourré à craquer de fans venus pour voir, sans doute pour la dernière fois, l’incroyable musicien. Claude Bolling, Sacha Distel, Manu Dibango, Nicole Croisille, Eddy Barclay, George Wilson… Ceux qui aiment Lionel Hampton viennent rendre hommage à cet artiste de dimension historique, qui fête à la fois son anniversaire et ses soixante-quinze ans de musique. Le Méridien a pour l’occasion créé un champagne « cuvée Lionel Hampton ».

L’homme est quand même un peu diminué. Il a subi trois attaques cardiaques, dont l’une alors qu’il passait à Paris à Bobino, en 1992. Il ne se déplace plus qu’en chaise roulante, et sur scène, il ne joue plus que d’une main sur son vibraphone. Mais son ensemble assure toujours autant. Au journaliste du New York Times qui l’interviewe, Hampton sourit : « J’aime tellement la musique. Et je remercie le Seigneur de pouvoir toujours jouer. »[23]

Après sa mort, en août 2002, Frank Ténot écrira dans l’une de ses dernières Chroniques de Jazz pour Jazz Magazine : « Avec lui, c’est la mer qui improvise ».[24]

Michel Brillié

© Frémeaux & Associés 2025

Lionel Hampton Live in Paris 1956-1961

CD1

1 Albuquerque Special (Al Hayse / Lionel Hampton) 07’52

2 Paulette’s Boogie (Lionel Hampton) 04’50

3 Panama (Carl Sigman - William Henry Tyers) 02’48

4 Gladys (Lionel Hampton) 05’47

5 Flying at The Olympia (Lionel Hampton) 06’14

6 Memories of You (Eubie Blake) 04’13

7 Halleluja (Lionel Hampton) 04’06

8 Battle of Saxes (Lionel Hampton) 04’17

9 Blues for Sacha (Lionel Hampton) 04’31

10 One O’Clock Jump (Count Basie) 02’34

11 Patricia’s Boogie (Lionel Hampton) 05’23

12 Perdido (Juan Tizol) 02’48

13 Drums Fight (Lionel Hampton) 03’30

14 Rocking at The Olympia (Lionel Hampton) 02’04

15 Blues One (Lionel Hampton) 01’53

16 Clopin, Clopant (Pierre Dudan / Bruno Coquatrix) 03’13

Total Time 1:06’03’’

 

 

Recording Date

28 and 30 January, 1956

Recording Place

Olympia Theater, Paris, France

Produced by

Bruno Coquatrix & Norman Granz

Personnel

Alto Saxophone, Flute: Bobby Plater

Baritone Saxophone: Curtis Love

Bass: Peter Badie

Clarinet, Alto Saxophone: Scoville Brown

Drums: Albert “June” Gardner

Guitar: Billy Mackel

Piano: Oscar Dennard

Tenor Saxophone: Ricky Brauer

Trombone: Al Hayse, Larry Wilson,
Walter “Phatz” Morris

Trumpet: Billy Brooks, Dave Gonsalves,
Ed Mullens, Ed Preston

Vibraphone, Percussion, Drums, Vocals:
Lionel Hampton

CD2

1 10 Rue Caumartin (Lionel Hampton) 10’01

2 Hey-Ba-Ba-Re-Bop (Milt Buckner / Lionel Hampton) 04’:34

3 The Birth of the Blues (Buddy de Sylva / Lew Brown Ray Henderson) 02’54

4 Untitled (Lionel Hampton) 05’06

5 Midnight Sun (Johnny Mercer Sonny Burke / Lionel Hampton) 05’13

6 Tenderly (Jack Lawrence / Walter Gross) 05’25

7 Alexander’s Ragtime Band (Irving Berlin) 03’23

8 Roll’ Em Pete (Big Joe Turner / Pete Johnson) 02’40

9 Flying Home (Sid Robin - Benny Goodman / Eddie de Lange) 07’57

10 Hey-Ba-Ba-Re-Bop (Milt Buckner / Lionel Hampton) 03’40

11 On the Sunny Side of the Street (Dorothy Fields / Jimmy McHugh) 03’46

12 Hamp’s Boogie Woogie (Lionel Hampton / Milt Buckner) 02’00

13 Splanky (Neal Hefti) 02’52

14 When the Saints (Traditional) 08’28

Total Time 1:07’59’’

 

Recording Date

Mar. 25th, 1961

Recording Place

Olympia Theater, Paris, France

Produced by

Norman Granz, Frank Ténot & Daniel Filipacchi

Personnel

Alto Sax, Clarinet, Flute: Bobby Plater

Alto Sax, Clarinet: John Neely

Barytone Sax, Flute: Lonnie Shaw

Bass: Lawrence Burgan

Drums: Wayne Robinson

Guitar: Roland Faulkner

Piano: Harold Mayburn

Tenor Sax, Clarinet, Flute: Edward T. Parant

Tenor Sax, Clarinet: Andrew Mc Ghee

Trombones: Vincente Prudente, Harlan Rasheed

Trumpets Dave Gonzales, Floyd Jones,
Andrew Wood, Virgil Jones

Vibraphone, Drums: Lionel Hampton

Vocals: Beatrice Reading, Pinocchio James
and Lionel Hampton

Dedicated to Claude Boquet, Bill Dubois, Jean Claude, Philippe Moch, Raymond Treillet and the gang.

La collection Live in Paris :

Collection créée par Gilles Pétard pour Body & Soul et licenciée à Frémeaux & Associés.

Direction artistique et discographie : Michel Brillié, Gilles Pétard.

Coordination : Augustin Bondoux / Conception : Patrick Frémeaux, Claude Colombini.

Fabrication et distribution : Frémeaux & Associés.[1]

[1]. Lionel Hampton, Hamp, Warner Books, 1989, p6

[2]. Lionel Hampton, op. cit. en dédicace de l’œuvre

[3]. Lionel Hampton, op. cit. p8

[4]. Lionel Hampton, op. cit. p119

[5]. Lionel Hampton, op. cit. p 33

[6]. Quincy Jones, Q , Doubleday, 2001 ,p 81

[7]. Quincy Jones, op.cit.p 86

[8]. Cary Ginell, Walk Tall, Hal Leonard Books, 2013, p8

[9]. Bill Crow, Jazz Anecdotes, Oxford University Press, 1990, p59

[10]. Lionel Hampton, op. cit. p61

[11]. Quincy Jones, op.cit.,p 73

[12]. Bill Crow, op cit, p293

[13]. Bill Crow, op cit, p296/97

[14]. Jerry Lieber & Mike Stoller Hound Dog, Omnibus Press, 2009 p46

[15]. https://www.azquotes.com/author/21146-Lionel_Hampton

[16]. Quincy Jones, op.cit.,p 83

[17]. https://www.jazzwax.com/2019/08/10-lionel-hampton-videos.html

[18]. Lionel Hampton, op. cit. p101

[19]. J.M. Boris, J.F. Brieu, E. Didi, Olympia Bruno Coquatrix, Editions Hors Collection 2003 ,p 25

[20]. Philidor, Le Monde, 23 janvier 1956

[21]. Lionel Hampton, op. cit. p132

[22]. Le Figaro, Janvier 1956

[23]. Mike Zwerin, Packing the House at 91 : Lionel Hampton Is Still Swinging , New York Times, 7 avril 1999

[24]. Frank Ténot, Frankly Speaking, Editions du Layeur, 2004 p283Frank Ténot, Frankly Speaking, Editions du Layeur, 2004 p283

[25]. Lionel Hampton, Hamp, Warner Books, 1989, p6

[26]. Lionel Hampton, op. cit. Book dedication

[27]. Lionel Hampton, op. cit. p8

[28]. Lionel Hampton, op. cit. p119

[29]. Lionel Hampton, op. cit. p 33

[30]. Quincy Jones, Q , Doubleday, 2001 ,p 81

[31]. Quincy Jones, op.cit. p 86

[32]. Cary Ginell, Walk Tall, Hal Leonard Books, 2013, p8

[33]. Bill Crow, Jazz Anecdotes, Oxford University Press, 1990, p59

[34]. Lionel Hampton, op. cit. p61

[35]. Quincy Jones, op.cit., p 73

[36]. Bill Crow, op cit, p293

[37]. Bill Crow, op cit, p296/97

[38]. Jerry Lieber & Mike Stoller, Hound Dog, Omnibus Press, 2009 , p46

[39]. https://www.azquotes.com/author/21146-Lionel_Hampton

[40]. Quincy Jones, op.cit.,p 83

[41]. https://www.jazzwax.com/2019/08/10-lionel-hampton-videos.html

[42]. Lionel Hampton, op. cit. p10

[43]. J.M. Boris, J.F. Brieu, E. Didi, Olympia Bruno Coquatrix, Editions Hors Collection 2003 , p 25

[44]. Philidor, Le Monde, 23 janvier 1956

[45]. Lionel Hampton, op. cit. p132

[46]. Le Figaro, Janvier 1956

[47]. Mike Zwerin , Packing the House at 91 : Lionel Hampton Is Still Swinging , New York Times, April 7 , 1999

[48]. Frank Ténot, Frankly Speaking, Editions du Layeur, 2004 p283

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