Claudine S'En Va - Colette Et Willy
Claudine S'En Va - Colette Et Willy
Ref.: FA8094

Lu par ODETTE JOYEUX

ODETTE JOYEUX

Ref.: FA8094

Label : Frémeaux & Associés

Durée totale de l'œuvre : 2 heures 59 minutes

Nbre. CD : 3

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Présentation

« Claudine s’en va est le quatrième et dernier volet d’une “Tétralogie” retraçant, de l’enfance au mariage (Claudine à l’école, Claudine à Paris), et du mariage au divorce (Claudine en ménage, Claudine s’en va), la vie romancée de Colette. C’est ce qu’elle reconnaît de mauvaise grâce. Ainsi, à la question de savoir si Claudine s’en va reflète le moment où elle pense se séparer de son mari Willy, Colette répond : « Oh ! si peu. Je veux bien vous dire qu’il y a dans ce mince volume une coïncidence avec des circonstances de ma vie personnelle, mais elles sont de peu de poids, du moins de peu de poids littéraire ».
Odette Joyeux ne fait pas la lecture d’un texte; elle le transmue en parole, retrouvant dans Claudine s’en va, le don pour la conversation de Colette. » Claude Colombini-Frémeaux


Droits : Frémeaux & Associés (livre audio) en accord avec l'INA, Albin Michel, Mr Pierre Brasseur ayant droit de Mme Odette Joyeux, et Mr Foulque de Jouvenel.

Presse
 L'institut national de l'audiovisuel L’Institut national de l’audiovisuel (INA) est un établissement public français à caractère industriel et commercial, responsable de l’archivage des productions radiophoniques et audiovisuelles françaises à l’instar de la bibliothèque nationale de France (BNF) pour le livre.Pour financer ses activités l’Ina commercialise son fonds auprès des médias et perçoit une partie de la redevance audiovisuelle. La phonothèque de l’Institut national de l’audiovisuel conserve, restaure et met en valeur les archives de la radio publique depuis 1933. Ces archives constituent la mémoire sonore de l’histoire radiophonique contemporaine.L’INA (dirigé depuis 2001 par Emmanuel Hoog) et Frémeaux & Associés assurent en partenariat, une politique de sauvegarde patrimoniale et de mise à disposition du public des lectures, entretiens, œuvres sonores, dont l’intérêt culturel et historique dépasse l’histoire de la radiophonie pour révéler celle de l’oralité.Claude Colombini-FrémeauxDes cylindres aux CDDès qu’il en a eu la possibilité technique, l’homme a adoré s’enregistrer ! Sur un cylindre de 1891, Gustave Eiffel a saisi les pépiements de ses enfants. L’universitaire Ferdinand Brunot (1860-1938), lui, s’est consacré aux anonymes : en 1911, il crée les Archives de la parole et, financé par Emile Pathé, projette de constituer un atlas linguistique phonographique. Sillonnant les routes de France dans une limousine de 30 CV, il s’arrête dans les villages des Ardennes, du Berry ou de Bretagne pour recueillir ce qui doit être gardé : voix de paysans ; expressions de patois, récits de vie, musiques traditionnelles et sons des terroirs. Ce sont les plus vieux enregistrements de terrain effectués sur des disques plats de 25 centimètres de diamètre. Le disque 78 tours connaîtra une deuxième génération dans les années 20, bénéficiant des bienfaits de la « fée électrique ». Les labels et les répertoires peuvent alors se multiplier. Les initiatives aussi. La firme Pathé invite les hommes politiques à venir  enregistrer leurs grands discours devant le micro. Paul Deschanel, président de la Chambre des députés en 1914, grandiloquent comme ce n’est plus permis, est au bord de l’apoplexie quand il salue les soldats de 1914 qui « offrent leur vie gaiement. A la française ! ». Les années 30 constituent un tournant : une quinzaine de stations de radio peut être enregistrée à partir de 1933. L’INA conserve 276 000 de ces disques d’enregistrements radio effectués entre 1933 et le seuil des années 50. Mais c’est après guerre que les améliorations seront les plus spectaculaires, et permettront le développement et la diversification des genres phonographiques. Au mitan du siècle, la bande magnétique encourage l’archivage et, en 1953, les journaux parlés font l’objet d’enregistrements réguliers. Ce ne sont pas forcément les documents les plus anciens qui sont les plus fragiles. Des cylindres de 1910 sont parfois plus lisibles que des bandes magnétiques deuxième génération des années 80. » Télérama.« Le tout-archives auguré par l’ère numérique est à double tranchant. (…) Aujourd’hui, la technologie incite à tout garder, quelle que soit la nature de l’objet concerné. Jadis fruit d’un effort, de nos jours évidente et presque automatique, la conservation ne vient plus consacrer une valeur établie par ailleurs ; à la limite, elle prétend même la lui octroyer après coup par son geste. (…) Puisque tout est conservable, tout est à conserver. (…) Tout est archives. Tout fait mémoire. » Emmanuel Hoog, Mémoire année zéro, 2007, Paris, Le Seuil.
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C’est une toute autre initiative que de republier l’enregistrement historique, de 1954, d’un livre presque méconnu de la formidable bourguignonne Colette, écrit encore avec son mari Willy, extraordinaire profiteur de tout ce qui l’entoure et donc déjà de sa femme. Enregistrement où l’on ne retrouve l’accent qu’elle n’a jamais perdu et qui n’est bien sûr pas dans l’interprétation d’Odette Joyeux. Est-ce un mal ? Je ne le crois pas, car après tant d’années, ce qui reste de Colette correspond très peu à la vie mondaine qu’elle menait avec Willy. Claudine s’en va, dernier volet des Claudine qui ne sont pas encore la grande Colette, correspond à la Parisienne un peu snob répandue dans tous les milieux du tout-Paris des années 1900. Ce n’est pas encore son style inimitable : trop de Willy encore !L'INEDIT
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« Elle ne cessera jamais de déconcerter son public, se faisant élire présidente de l’Académie Goncourt malgré toute une vie de non-conformiste. A sa mort, en 1954, elle sera la première femme à recevoir des funérailles nationales, mais l’Eglise catholique refusera d’accorder une cérémonie religieuse à cette mécréante qui s’était exhibée quasi sur la scène dans sa jeunesse. Or, si Colette n’a jamais cessé de scandaliser, cela n’a pas toujours été pour des motifs sexuels. L’un des aspects les plus surprenants de sa carrière est sa est sa revendication d’une absence totale de vocation littéraire, son insistance sur l’écriture en tant que métier comme un autre — au même titre que le music-hall. Elle a toujours prétendu qu’elle n’aurait jamais écrit si Willy ne l’y avait pas poussée et par la suite s’il ne lui avait pas fallu gagner sa vie. En 1932, au sommet de sa gloire, elle ouvre un institut de beauté rue Miromesnil, avec des cartes publicitaires portant la légende provocatrice : « Que pensez vous du « second métier » de l’écrivain ? » Elle va à l’encontre de tous les poncifs, y compris celui de l’auteur désintéressé. Vers la fin de sa vie, au moment où elle est promue grand officier de la Légion d’honneur, par Jean Cocteau dresse un bilan dans son journal de l’existence insolite de celle qui fut son amie et voisine au Palais Royal : « Vie de Colette. Scandale sur scandale. Puis tout bascule et elle passe au rang d’idole. Elle achève son existence de pantomimes, d’instituts de beauté, de vieilles lesbiennes dans une apothéose de respectabilité. » »Par LE MAGAZINE LITTERAIRE
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Claudine s’en va est le dernier opus d’une tétralogie qui retrace, de l’enfance au divorce, la vie, romancée, de Colette. Même si cette dernière se refuse à la reconnaître, les coïncidences sont nombreuses qui permettent d’affirmer le caractère autobiographique de cette œuvre. La lecture d’Odette Joyeux est une parole qui se reçoit comme une conversation : avec simplicité et grâce.Lucas FALCHERO - REVUE DES MÉDIATHÈQUES ET DES COLLECTIONS MUSICALES
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Liste des titres
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    Il est parti! il est parti!
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:05:01
    1954
  • 2
    Il a toujours si bien su ce que je devais faire…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:05:05
    1954
  • 3
    Marthe c'est ma belle sœur, la soeur d'Alain…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:04:17
    1954
  • 4
    Marthe est entrée balayant de ses jupes raides…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:04:46
    1954
  • 5
    Quelle robe que madame a besoin…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:04:39
    1954
  • 6
    Comme j'avouais à Alain un jour…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:04:35
    1954
  • 7
    Me Léon Payet est arrivée…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:03:53
    1954
  • 8
    Renaud ferme doucement la porte…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:04:41
    1954
  • 9
    Mon cher Alain, je vous ai promis de montrer…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:04:40
    1954
  • 10
    Après qui court tu Annie…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:04:43
    1954
  • 11
    Je mettrai ce soir ma robe blanche…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:04:31
    1954
  • 12
    L'électricité meurt brusquement…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:04:47
    1954
  • 13
    La lettre d'Alain…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:03:45
    1954
  • 14
    Ma fenêtre au second étage…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:03:01
    1954
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    Arriège…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:04:55
    1954
  • 2
    Calliope Van Langendonck…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:05:01
    1954
  • 3
    Mon cher Alain, je m'accoutume à cette vie d'hôtel…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:05:00
    1954
  • 4
    Il y a encore Marthe
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:04:52
    1954
  • 5
    Ces réfectoires où l'on se rend…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:04:48
    1954
  • 6
    Je reflechis une seconde…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:05:17
    1954
  • 7
    Elle crie et se pâme de joie…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:04:49
    1954
  • 8
    D'où m' est donc venu la lumière…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:04:16
    1954
  • 9
    Alors Marthe, dis-moi…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:04:49
    1954
  • 10
    Nous ne parlons plus que de voyage…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:04:26
    1954
  • 11
    Bayreuth…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:03:48
    1954
  • 12
    Je songe en marchant auprès de cette libre créature...
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:04:21
    1954
  • 13
    Je penche la tête
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:04:02
    1954
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    Le premier acte de Parsifal…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:04:28
    1954
  • 2
    Il écoute, j'écoute aussi…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:04:35
    1954
  • 3
    Je fais un geste d'impatience lasse…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:04:49
    1954
  • 4
    Enfin me voilà seul avec Toby…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:04:43
    1954
  • 5
    Il va revenir et je n'ai pas encore decidé…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:04:57
    1954
  • 6
    Je vais doucement tourner la clef de la porte…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:04:15
    1954
  • 7
    Votre belle soeur est une femme intelligente…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:03:45
    1954
  • 8
    Claudine m'a trompé…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:05:00
    1954
  • 9
    La tendre inquiétude de Claudine…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:05:10
    1954
  • 10
    Je rêve une minute que je suis une mûre demoiselle…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:04:44
    1954
  • 11
    Elle boit sa tasse de thé à deux mains…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:04:55
    1954
  • 12
    Très bas elle repond…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:02:59
    1954
  • 13
    Je viens de lire la dépêche d'Alain…
    Joyeux Odette
    Colette & Willy
    00:02:38
    1954
Livret

COLETTE & Willy

COLETTE & Willy
CLAUDINE S’EN VA

ENREGISTREMENT HISTORIQUE DE 1954 LU PAR ODETTE JOYEUX
© Editions Albin Michel
Sidonie Gabrielle Colette naît à Saint-Sauveur-en-Puisaye (Yonne) le 28 janvier 1873. C’est la dernière enfant de Sido (Sidonie Landoy) et du capitaine Colette. Elle fait la connaissance adolescente d’Henry Gauthier-Villars, dit Willy, avec qui elle se marie le 15 mai 1893 à Châtillon-Coligny. Les cercles littéraires et musicaux de la capitale lui sont alors ouverts. Claudine s’en va fut sans doute rédigé en 1902 dans la maison des Monts-Boucons, propriété que Willy avait achetée deux ans plus tôt. Le manuscrit, composé de six cahiers avait pour titre initial “Je s’évade” ; Colette s’en explique : “je crois que je l’ai changé pour qu’il ne puisse pas y avoir de confusion et qu’on ne puisse prendre ce livre pour une autobiographie (Mes Vérités, entretiens avec André Parinaud pour la radiodiffusion française)”.

La Prisonnière
Claudine s’en va est le quatrième et dernier volet d’une “Tétralogie” – c’est le mot de Willy – retraçant, de l’enfance au mariage (Claudine à l’école, Claudine à Paris), et du mariage au divorce (Claudine en ménage, Claudine s’en va), une vie romancée de Colette. C’est ce qu’elle reconnaît de mauvaise grâce. Ainsi, à la question de savoir si Claudine s’en va reflète le moment où elle pense se séparer de son mari Willy, Colette répond : “Oh ! si peu. Je veux bien vous dire qu’il y a dans ce mince volume une coïncidence avec des circonstances de ma vie personnelle, mais elles sont de peu de poids, du moins de peu de poids littéraire (Mes Vérités)”. L’association de la femme et du personnage “Colette/Claudine” est tellement passée dans les mœurs qu’on réduit souvent Colette l’écrivain à ses premiers romans – aux Claudines comme on les appelle. C’est oublier que ses débuts littéraires ne furent pas libres, qu’elle était le nègre d’un mari qui profita de son talent en signant ses œuvres à sa place. Dans ces conditions, on comprend que Colette rechigne à se reconnaître dans Claudine : sa première autobiographie lui fut commandée ; elle s’y peint de l’extérieur, sans prendre réellement part à l’histoire qu’elle ra­conte. Claudine, c’est elle vue par Willy. Donc, ce n’est pas vraiment elle : “Claudine sourit et s’écrit : “Bonjour, mon Sosie!” Mais je secoue la tête et je réponds : “Je ne suis pas votre Sosie… Vous êtes Claudine, et je suis Colette. Nos visages, jumeaux, ont joué à cache-cache assez longtemps (Les Vrilles de la vigne)”.
Trop de mauvais souvenirs sont liés à cette période de sa vie où la femme fut trompée et l’auteur exploité par le même homme – “C’est à Claudine à Paris, et à Claudine s’en va que ma mémoire fait mauvais visage (Mes Apprentissages)”. Colette se juge autant que Claudine s’en va, sévèrement : “Il vaut mieux que je n’en prononce aucun pour l’œuvre et aussi pour l’idée que je me fais de moi-même (Mes Vérités)”. Elle se voit dans cette œuvre comme sur les photographies de l’époque, avec : “une expression tout ensemble soumise, fermée, mi-gentille, mi-condamnée, dont j’ai plutôt honte (Mes Apprentissages)”. La peur de Willi explique ses lâchetés : aussi bien sa “désinvolture un peu grosse”, “courage lent et buté”, façon bureaucratique qu’elle avait d’écrire en renâclant – “il ne me plaît guère de re­trouver… ma souplesse à réaliser ce qu’on réclamait de moi, une obéissance aux suggestions et déjà une manière adroite d’éviter l’effort (ibid.)” ; que son dessaisissement des Claudines qu’elle cède, poussée par son mari, à deux éditeurs (Ollendorff et le Mercure de France). En fait, Colette fait moins son portrait que celui de Willy : le personnage de Maugis, qui apparaît dans Claudine à Paris “est peut-être la seule confidence que M. Willy nous a faite sur lui-même… ce Maugis-là n’est pas de moi… Je crois que M. Willy céda, en créant “le gros Maugis”, à l’une de ses mégalomanies, l’obsession de se peindre, l’amour de se contempler (ibid.)”. Les Claudines sont des “Willis”, l’œuvre d’un homme atteint d’une “syncopes de la volonté” qui l’empêchait d’écrire – “Le «cas Willy» présente une singularité unique : l’homme qui n’écrivait pas avait plus de talent que ceux qui écrivaient en son lieu et place (ibid.)”, exception  faite de sa femme à qui il faisait peu de louanges, plutôt des réprimandes directes, brèves, coupantes dans les marges des cahiers d’écolier aux feuillets vergés, rayés de gris, à barre marginale rouge, avec un dos en toile noire et une couverture à médaillon et titre orné “Le Calligraphe” sur lesquels elle s’exécutait. L’autobiographie de Colette sert de prétexte à ses parades mondaines sur la scène littéraire parisienne.
Willy commercialisa à fond les succès de librairies des Claudines : il s’exhibait ainsi au Bois de Boulogne, flanqué de Colette et de Polaire, jeune danseuse de music-hall, Sosie de sa femme qu’il habillait à l’identique et à qui il fit jouer le rôle de Claudine dans l’adaptation qu’il fit des Claudines au théâtre. D’innombrables produits dérivés – le col Claudine, une lotion Claudine, un parfum Claudine, un chapeau Claudine, des cravates, des cigarettes, du papier photographique, des cure-dents dont l’annonce est surmontée du portrait de Colette – témoignent du génie de Willy, orchestrateur d’un phénomènes de société à fort rendement – “acquérir, thésauriser, voilà ce qui, même dans la correspondance torrentielle qui lui survit, prend la première place (ibid.)”. L’écriture, ici, est secondaire au regard de la personnalité de son promoteur, de son auteur. C’est Willy qui s’expose au détriment des supports qu’il utilise pour sa publicité (le roman, le théâtre, les produits de consommation). L’écriture, dans ce contexte, n’est guère plus que la photographie de la manière très particulière que Colette a de parler : “Au moment de son mariage, elle n’avait ni le métier, ni la connaissance nécessaire à l’établissement d’un texte publiable. En revanche, elle avait, sur le ton rosse, le don de la conversation, toute de verve et d’esprit cocasse. On l’écoutait, et elle aimait être écoutée (Sylvain Bonmariage, Willy, Colette et moi)”. Pour elle, comme pour Willy, le besoin de se montrer en société résume tout le projet littéraire : les Claudines ne sont qu’un moyen parmi d’autres pour rendre public l’exotisme bourguignon d’une Colette transformée par Willy en bête de foire.
Le premier style de Colette s’en ressent : s’y décèle un ton mondain sous des aspects faussement campagnards. L’important est moins de “jeter sur le papier des souvenirs d’école primaire” que d’insister sur les “détails piquants” qui peuvent émoustiller le lecteur. Willy ne retient de Colette que son côté tape-à-l’œil ; le reste ne l’intéresse pas. D’où l’impression, en particulier quand on lit Claudine s’en va, d’être confronté par erreur à un nouveau roman avant la lettre : Colette, à défaut d’aimer sa vie, en aime son décor, la cage de sa prison dorée ; elle ne se raconte pas, mais se décrit – se regarde écrire, parler, ressentir – comme elle décrit le quotidien qui l’entoure, indifféremment, « étrangère à l’histoire », comme le dit Aragon. Écrire ne diffère pas des gestes les plus quotidiens : “j’allai reprendre mon poste au bord d’une table bureau, d’où mes yeux de femme suivirent… une courte et dure main de jardinier, qui écrivait (Le Pur et l’impur)”.  Colette ne participe pas à son écriture. Son absence a pour effet de gommer la distance traditionnelle établie entre le romancier omniscient et son récit. La narratrice, dans Claudine s’en va, n’a pas la liberté d’échapper à sa description ; elle en fait partie, la vit sans recul : “il y avait, dans cette figure triangulaire à nez pointu et à bouche en accent circonflexe, en chapeau de gendarme, les yeux d’une de ces lionnes du Zoo qui de spectacle devinrent spectatrices, observant qui les observe, les pattes croisées l’une sur l’autre, immobiles, avec un souverain dédain (portrait que Cocteau fait de Colette dans son Discours de réception à l’Académie Royale de langue et de littérature française)”. L’auteur, s’il y en a un, c’est Willy, omniscient certes, mais impuissant. Reste une écriture abandonnée à elle-même, seulement formelle, sans héros obligé (Claudine laisse sa place à Annie dans ce quatrième roman), sans histoire véritable, faite de plusieurs épisodes rassemblés (le drame d’Annie, Bayreuth, les apparitions de Claudine…).

Alexandre Wong
© 2007 Frémeaux & Associés – Groupe Frémeaux Colombini SAS

ODETTE JOYEUX
Odette Joyeux naît le 5 juillet 1914 à Paris (14e). Elevée par sa mère, son père ne l’ayant pas reconnue, elle étudie le violon puis la danse avant de devenir petit rat de l’opéra. Elle débute dans Istar dont la musique est due au compositeur Vincent d’Indy et poursuit dans Aida, Brocéliande et Faust. Enfant turbulente, Odette Joyeux est renvoyée pour indiscipline mais réintégrée 2 ans plus tard. Entre-temps, elle découvre le théâtre et se produit au Théâtre de l’Odéon. C’est en 1933 qu’Odette Joyeux obtient son premier grand rôle au théâtre dans Intermezzo de Jean Giraudoux grâce à Louis Jouvet, impressionné par le talent de la novice. Parallèlement, elle débute au cinéma en 1930 dans deux films de Charles de Rochefort. En 1934, elle donne la réplique à Jean-Pierre Aumont dans Lac aux dames qui obtient un gros succès commercial. En 1935, elle joue au théâtre dans Grisou, pièce écrite et jouée par Pierre Brasseur qu’elle épouse la même année. Leur fils, Claude, futur comédien, voit le jour en 1936. Sa réussite dans le cinéma français s’effectue véritablement 4 ans plus tard avec Entrée des artistes où la qualité de son interprétation lui assure l’estime des professionnels et un avenir tout tracé. Elle tourne ensuite avec Robert Péguy dans Notre-Dame de la Mouise (1939) puis pendant la Guerre, avec Claude Autant-Lara dans Le mariage de Chiffon (1941) et avec Serge de Poligny dans Le baron fantôme. Elle poursuit également sa carrière théâtrale. En 1945, Odette Joyeux divorce. Elle poursuit sa carrière au théâtre et au cinéma pendant une dizaine d’années. Elle retrouve Claude Autant-Lara pour Sylvie et son fantôme en 1945 et tourne également avec Max Ophuls pour La ronde ainsi qu’avec avec Sacha Guitry dans Si Paris nous était conté. Cependant, les producteurs ont du mal à voir l’actrice autrement qu’en femme-enfant romanesque bien qu’elle possède un talent d’écrivain que Jean Giraudoux lui reconnaissait alors qu’elle avait à peine 15 ans. Son premier roman Agathe de Nieul est édité alors qu’elle fête son 27e anniversaire. C’est pourquoi, elle décide de s’essayer à cet exercice avec succès pour La mariée était trop belle (1956) ou Rencontres (1960) que son récent mari, Philippe Agostini réalise. Le couple entame une collaboration fructueuse avec notamment L’âge heureux (1966) où elle décrit le monde de son enfance. Elle poursuit alors une activité littéraire soutenue composée de romans et recueils de mémoires. Odette Joyeux meurt soudainement le 26 août 2000 à l’âge de 85 ans.
Ecouter CLAUDINE S’EN VA de COLETTE & Willy (ENREGISTREMENT HISTORIQUE DE 1954) LU PAR ODETTE JOYEUX  (livre audio) © Frémeaux & Associés. Frémeaux & Associés est l'éditeur mondial de référence du patrimoine sonore musical, parlé, et biologique. Récompensés par plus de 800 distinctions dont le trés prestigieux "Grand Prix in honorem de l'Académie Charles Cros", les catalogues de Frémeaux & Associés ont pour objet de conserver et de mettre à la disposition du public une base muséographique universelle des enregistrements provenant de l'histoire phonographique et radiophonique. Ce fonds qui se refuse à tout déréférencement constitue notre mémoire collective. Le texte lu, l'archive ou le document sonore radiophonique, le disque littéraire ou livre audio, l'histoire racontée, le discours de l'homme politique ou le cours du philosophe, la lecture d'un texte par un comédien (livres audio) sont des disques parlés appartenant au concept de la librairie sonore. (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, cours sur CD, entretiens à écouter, discours d'hommes politiques, livres audio, textes lus, disques parlés, théâtre sonore, création radiophonique, lectures historiques, audilivre, audiobook, audio book, livre parlant, livre-parlant, livre parlé, livre sonore, livre lu, livre-à-écouter, audio livre, audio-livre, lecture à voix haute, entretiens à haute voix, etc...). Les livres audio sont disponibles sous forme de CD chez les libraires, dans les fnac et virgin, en VPC chez La librairie sonore, Audio-archives, Livraphone, Lire en tout sens, Livre qui Parle, Mots et Merveilles, Alapage, Amazon, fnac.com, chapitre.com etc.....Enfin certains enregistrements de diction peuvent être écouté par téléchargement auprès d'Audible (Audio direct - France loisirs) et d'iTunes (iStore d'Apple) et musicaux sur Fnacmusic.com., Virginméga et iTunes.

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