Hillbilly Blues par Libération

« Ainsi que le fait remarquer Gérard Herzhaft, responsable de cette énième compilation countrysante pionnière publiée par le label Frémeaux, le blues n’a pas attendu les sixties et le British Blues Boom londonien orchestré par les Cyril Davies, Duster Bennett, John Mayall et autres Alexis Korner, afin de se blanchir singulièrement et de conquérir les Etats-Unis (un comble !), grâce à l’émergence de quantité de groupes américains dont l’unique vocation consistait à plagier les plagiaires (avoués) que furent leurs équivalents anglais à succès : Rolling Stones, Yeardbirds, Chicken Shack ou encore Fleetwood Mac première manière. ... » Serge LOUPIEN - LIBERATION

« Ainsi que le fait remarquer Gérard Herzhaft, responsable de cette énième compilation countrysante pionnière publiée par le label Frémeaux, le blues n’a pas attendu les sixties et le British Blues Boom londonien orchestré par les Cyril Davies, Duster Bennett, John Mayall et autres Alexis Korner, afin de se blanchir singulièrement et de conquérir les Etats-Unis (un comble !), grâce à l’émergence de quantité de groupes américains dont l’unique vocation consistait à plagier les plagiaires (avoués) que furent leurs équivalents anglais à succès : Rolling Stones, Yeardbirds, Chicken Shack ou encore Fleetwood Mac première manière. Dès les années vingt en effet, des chanteurs comme Jimmie Rodgers, Jimmie Davis, voire Hank Williams, adaptaient à leur façon (grâce notamment à l’introduction, dans leurs vocalises, du yodel tyrolien) un idiome jusque là réservé aux musiciens noirs itinérants, pour donner naissance à la musique hillbillie (traduction approximative "musique de péquenots"), appelée à devenir rapidement (dès l’adjonction de la pédale-steel guitar, en fait) le style country & western. Le "hillbilly blues" ici exploré se résume donc à l’addition d’une quarantaine de titres proto-country, interprétés par les Delmore Brothers, Moon Mullican, Ernest Tubb, T-Texas Tyler, Bill Monroe ou même Chet Atkins (tous figures éminentes du genre), sans oublier les compositions si particulières de Milton Brown, Spade Cooley et Bob Wills, futurs législateurs d’un western swing tonique proche, quant à lui, des œuvres contemporaines de Duke Ellington ou de Tommy Dorsey. Lesquels n’ont jamais dissimulé par ailleurs, ce qu’ils devaient à la source bluesy. » Serge LOUPIEN - LIBERATION