Le rêve du créateur de Satin Doll est enfin exaucé par Biblionline

"D’un côté, l’un des musiciens-compositeurs de jazz et directeurs de big band les plus célèbres du monde avec Michel Legrand. Pour le profane, il est l’auteur de la musique du film « Borsalino ». Pour les amateurs de jazz, c’est la certitude d’assister à chacun de ses concerts en grande formation à un flamboyant répertoire alliant le swing, le stride, le dixieland et le rag time. Soit les styles majeurs du début du jazz américain entre 1900 et 1950 avant la révolution « be bop ».
Tout à tour pianiste soliste et chef d’orchestre accompagnateur à la manière d’un Count Basie ou d’un Duke Ellington. Justement la passion de Claude Bolling pour ce compositeur majeur du XX ème siècle l’a amené à reprendre l’un des plus importantes compositions du répertoire jazz avec « Porgy and Bess » quoique bien moins connue que cette dernière. En effet, Black, Brown and Beige » n’a jamais généré de « hit » tel que « Summertime ». Pourtant cette pièce musicale de près d’une heure est à la fois une prouesse de composition puisque qu’elle en appelle à différents styles de la musique négro-américaine mais est également une histoire musicale du peuple noir esclavagisé dont est issu « The Duke ». Les trois triptyques « Black, Brown and beige », eux-mêmes divisés en plusieurs mouvements, racontent en musique l’évolution de la condition des noirs aux USA. L’esclavage, la ségrégation, l’accès difficile à la religion chrétienne malgré les aspirations à une pratique religieuse intense qui donneront le Gospel, Puis l’émancipation, les métissages avec le monde latino (West Indian dance »), l’implication dans la guerre mondiale en 1917 et l’accès aux couches sociales aisées qui verront naître un certain Miles Davis. On pourrait s’étonner toutefois de ce portrait un peu naïf et angélique sachant que Duke Ellington fut surtout considéré comme un amuseur pour fêtes de Blancs au Cotton Club où on ségrégationnait le public en deux parties, qu’il fallu les émeutes des années 60 pour que les noirs obtiennent de meilleurs droits civiques et qu’encore aujourd’hui le lumpen-prolétariat américain est à majorité noire. Les films tels que « Bird » ou «Ray » sont à ce sujet bien édifiants ainsi que les autobiographies de Mingus et de M. Davis !
Il n’en demeure pas moins que ce « B, B &B » est l’illustration des qualités uniques de compositeur du Duke à qui l’on doit une foule de standards encore joués de nos jours et à celui d’orchestrateur de C. Bolling qui a su redonner à la partition originale toute la densité de ses couleurs harmoniques. Du vivant du Duke, « B,B &B » ne fut joué de deux fois intégralement. Avec la tournée puis ce disque, le rêve du créateur de « Satin Doll » est enfin exaucé." Albi Bop - biblionline.com