« Georges façon Django » par Le Soleil (Québec)

Rodolphe Raffalli donne un cachet jazz manouche aux chansons de Brassens. Le Rodolphe Raffalli quartet fait un tabac en France en 2001 en reprenant une douzaine de chansons de Georges Brassens dans le style de Django Reinhardt. Le succès critique et populaire de l’album débouche, quatre ans plus tard, sur une seconde sortie également couronnée d’éloges. La formule, d’abord cantonnée au disque, fait maintenant son chemin jusqu’à la scène. Invités du Carrefour Mondial de l’accordéon, Raffalli et son quartette – trois guitares et une contrebasse – seront au Palais Montcalm le 30 Août. Ils y retrouveront Ludovic Beier, virtuose du piano à bretelles. Au programme, que de la musique de Brassens, offerte dans une relecture jazz manouche et portée par un tout nouveau souffle. Entrevue.
Q. Rodolphe Raffalli, interpréter les chansons de Brassens sans les paroles représente t-il uner difficulté en soi ?
R. quand j’interprète Brassens, je pense à ses textes parce que c’est la seule façon de garder son esprit. Je pense globalement à la thématique de sa poésie et j’essaie de la transformer musicalement. Et là, ça devient intéressant. Des gens m’ont dit : « On a l’impression d’entendre Georges Brassens qui chante, dans le fond ». Ça le laisse très présent et c’est ce qui fait qu’on ne massacre pas son œuvre.
Q. On dirait plutôt que vous donnez une deuxième vie à ses chansons…
R. Voilà. C’est comme si Georges Brassens avait une rosace à la place de la bouche, quoi. Au lieu des mots, il en sort des notes. Mais je ne peux pas le faire avec toutes (ses chansons). J’ai vraiment choisi les morceaux que je ressentais. Sur les 292, j’en ai sélectionné une cinquantaine à peu près.
Q. Votre choix d’enregistrer en analogique reflète t-il cette volonté de retrouver un son plus authentique, près de celui de Django Reinhardt ?
R. Oui, c’est pour la sonorité d’antan. Ça correspond un peu aux rouleaux de cire, avant les disques en vinyle. C’est le même résultat. On a l’impression que la guitare est présente dans la pièce. Alors que le numérique enlève toutes les nuances et la chaleur. Après, c’est une question de goût. D’ailleurs, tout le monde n’aime pas.
Q. On sent surtout le côté très « en direct » de la prise de son.
R. tous mes disques sont enregistrés en live, comme si c’était un concert. Si on rate, on recommence. On fait la prise d’un bloc. Autrement, ça enlève de l’authenticité. C’est une sorte de concert privé enregistré, pas du tout remanié. C’est ce que l’auditeur perçoit en premier. Je préfère cette formule là au re-recording. C’est autre chose pour les oreilles. Django Reinhardt faisait comme ça. Sauf que lui, à la première prise, c’était généralement déjà dans la boîte. Nous, il nous en faut parfois sept pour y arriver.
Q. Avez vous l’intention de réaliser un troisième album Brassens ?
R. Je ne pense pas. Ça prend beaucoup de temps. J’ai bientôt 50 ans et j’ai autre chose à exprimer. Beaucoup de gens m’ont collé l’étiquette jazz manouche parce qu’ils ne connaissent que ça de moi. Je suis aussi très Sud-Américain et ça, je ne l’ai pas encore exploité sur disque. J’ai aussi des compositions classiques que j’aimerai enregistrer.
Richard BOISVERT – LE SOLEIL (QUÉBEC)