« Pertinence dans la passion » par Le Figaro

Quelle que soit la manière dont on aborde la musique argentine de la première moitié du XXe siècle, on a envie de faire taire celle de ce siècle qui commence. Oh, bien sûr, il y avait là beaucoup de manœuvres commerciales, la franche exploitation d’un sentimentalisme sans frein et pas mal de roublardise dans le travail musical. Il s’agissait de faire danser, pleurer et rêvasser le gaucho à moustaches, le fils d’immigré éperdu de nostalgie et la fille-mère évadée d’Europe (du genre de cette blanchisseuse Toulousaine qui arriva à Buenos Aires avec le futur Carlos Gardel dans son berceau). Donc cette première compilation débute par les payadores, équivalent des poètes folk américains, l’âme créole en plus. Puis suivent tangos, milongas, jotas, estillos, valses ou canciones au charme étourdissant. Trente-six titres choisis avec une exemplaire pertinence dans la passion : la houle de Los ojos de mi Moza par Carlos Gardel (1935), l’étourdissant Carlos dante chantant Lunes (1947), Vieja Carreta en duo par Charlo et Angel Ramos (1931)…sublime ? Ce n’est pas un mot trop fort.
LE FIGARO