« Mettre en doute tout ce que l’on croit connaître » par Le Journal du Médecin

« Je pense donc je suis », nous clame le comédien Jacques Bonnaffé, avec une telle conviction et un tel timbre que l’on croirait Descartes s’adressant à nous depuis cette chambre en Allemagne (rappelons que l’expo Richelieu se déroule à Cologne) où « tout le jour enfermé seul dans un poêle » (rassurons nous à l’époque il s’agit d’une petite chambre…n’empêche ça chauffe là dedans !), il a la révélation des « fondements d’une science admirable »… Jacques Bonnaffé traduit à merveille le ton impérieux de Descartes que la modestie n’étouffe apparemment pas, et qui s’est peut être tourné vers la philosophie faute de mieux. Il est vrai que le penseur s’était méchamment fait moucher dans le domaine de l’algèbre par Blaise Pascal (Jacques Attali, Blaise Pascal ou le génie français – le livre de poche). Ce texte charnière pour l’histoire de la pensée dans la sphère francophone est repris ici dans sa version intégrale et originale, ce qui, avouons-le, ne facilite pas vraiment la compréhension : le français utilisé auquel nous ne sommes pas habitués n’aide en rien à l’éclaircissement des concepts. Un peu comme si c’était Molière qui nous déclamait les lois de la relativité…Mais c’est ce qui fait le charme de l’entreprise justement, celui d’écouter discourir (car ce texte est étonnamment oral) le fondateur de la pensée cartésienne, d’entendre sa prudence vis-à-vis de la religion (dans un siècle qui a vu brûler Bruno, condamner Copernic puis Galilée) au fil d’un texte au fait peu méthodique mais dont l’une des vertus principales est d’énoncer le principe qu’il faut commencer par mettre en doute tout ce que l’on croit connaître…Une maxime qui, au contraire de la langue et de certains aspects développés, est intemporelle « car ne rien savoir est la base de toute connaissance » a dit quelqu’un bien avant René Descartes. 
B.R. - LE JOURNAL DU MEDECIN