« Pour notre plus grand plaisir » par Soulbag

Ce disque en duo devrait forcément sortir un jour mais il fallait le réussir et c’est chose faite. Mélangeant habilement originaux, reprises de leurs répertoires respectifs et trois classiques, Patrick et Steve évitent de tomber dans le trou béant du blues acoustique pre-war servile et privilégient leur propre univers, fait d’humanisme, de gouaille, dans un contexte qu’on devine urbain, une sorte de no man’s land hors du temps, ce n’est pas pour rien que le disque s’appelle «La P’tite Ceinture». Le père n’abuse pas de la slide et est plus leader que le fils, l’harmonica d’icelui étant du coup constamment présent, majoritairement non amplifié, pour notre plus grand plaisir. Les deux voix se marient souvent, en alternance ou en harmonie, les aspérités de l’une gommant la jeunesse de l’autre. Swing par-ci, mélancolie par-là, désabusement et regard philosophique un peu plus loin, l’ambiance reste intimiste et on pense bien sûr à une passation d’expérience entre l’ancien et le nouveau. Ce n’est pas un cliché, c’est un constat de succès. Christophe MOUROT-SOULBAG