« La magie des contes des Milles et une nuits » par Classica

On sait tout ce que les contes des Mille et une nuits doivent à la traduction et aux ajouts d’Antoine Galland : sans eux, ils n’auraient pas connu le même rayonnement en Occident et seraient amputés du désormais indispensable Ali Baba et les quarante voleurs. Dans son adaptation destinée aux enfants de quatre à huit ans, Eric Herbette a été bien inspiré de retenir cette version si évocatrice menée au début du XVIIIe siècle qui, de la Bible, rappelle les dialogues limpides et le style d’une pureté d’airain. En 54 minutes ventilées sur huit plages, les histoires, à l’instar de Jacques Le Fataliste, s’encastrent les unes dans les autres : à celles de Shéhérazade jouant sa vie devant le roi Schahriar s’ajoutent ses propres récits, en l’occurrence « Le marchand et le génie », « Le vieillard et les deux chiens noirs » et « Le pêcheur et le génie ». La comédienne Rachida Brakni prête sa voix suave à la fille du grand vizir avec ce qu’il faut de souplesse entre les différents registres, de la neutralité du narrateur aux accents passionnés des protagonistes prenant la parole. Elle est accompagnée par le musicien et improvisateur irakien Fawzy Al-Aiedy. Son instrument à cordes pincées, le oud, dispense l’atmosphère sonore ad hoc qui doit beaucoup à son impossibilité de faire entendre des accords, mais une succession de notes rapides collant au plus près aux inflexions du récit. Jérémie BIGORIE – CLASSICA