« Rendons grâce au compilateur » par Soul Bag

Les anthologies compilées par Bruno Blum pour le label Frémeaux & Associés se comptent par dizaines. Ce spécialiste des musiques jamaïcaines et caribéennes est aussi un fin connaisseur des musiques américaines plus ou moins métissées. Après les excellentes compilations « Slavery en America », « Voodoo in America », « Race Records » et celles consacrées aux « roots » de la soul, du funk… ou du punk rock, il se concentre maintenant sur les origines de la soul de La Nouvelle-Orléans. Sa quête est articulée en trois volets d’un CD chacun. Le premier s’attache aux racines proprement dites, puisant dans le blues, le gospel, le jazz avec des enregistrements ne remontant guère au-delà des fifties. Le deuxième se consacre aux précurseurs des années 1950 qui ont codifié une forme de rhythm and blues propre à la Cité du croissant. (Même si curieusement Blum semble préférer le terme rock and roll à celui R&B). Avec le dernier CD, c’est l’avènement de la soul qui s’impose avec des titres des années 1959 – 1962. La sélection offre son lot de faces attendues et bienvenues (Pr. Longhair et Fats Domino sont bien là), mais on peut s’étonner aussi de certains choix (Slim Harpo et Clifton Chenier, plus louisianais que néo-orléanais ; « Mack the knife » par Armstrong), comme on peut se régaler de certaines découvertes (ce Little Mr. Midnight bien proche de Roy Brown, un blues chanté par Armstrong avec Ellington au piano – « I’m just a luck so and so). Il est évident que Blum a ses chouchous, il privilégie Art Neville e t Larry Williams (5 titres chacun) ou Irma Thomas (6), mais néglige Bobby Marchan, Bobby Mitchell, Barbara George ou Aaron Neville. Enfin, rendons grâce au compilateur de n’avoir pas oublié Snooks Eaglin, Alvin Robinson, Willie Tee ou Benny Spellman.
Par Jacques PERIN – SOUL BAG