« Il porte au plus haut l’art du trois temps à danser » par Jazz Magazine

Marcel Azzola aura toujours défendu la réputation de son instrument face au mépris du classique et du jazz pour lequel il éprouvait la plus grande considération. À lecture de « Marcel Azzola, parcours d’un musicien atypique » de Claude Lemire que vient de publier l’Harmattan, on ne cesse de croiser le jazz, Dizzy Gillespie qu’il entendit à Pleyel à Richard Galliano et Antonello Salis avec qui il croisa le fer en trio. Bien que menant une carrière aux cadences infernales, dans les studios où les directeurs artistiques des séances d’accordéon invitaient leurs poulains à faire de l’abattage, comme sur la route et les scènes de bal, où il fallait tenir la cadence, il a assumé les exigences du métier tout en tenant la vulgarité à distance. Écoutez la mazurka « Rue de la Chine » qu’il cosignait en 1951 avec son ami guitariste Didi Duprat (seul signataire du délicieux « Douce Réflexion »), ses reprises des valses de Jo Privat et Baro Ferret, Michel Péguri ou Gus Viseur. Il y porte au plus haut l’art du trois temps à danser et l’on surprend l’influence du jazz dans les harmonies de « Délicatesse » (1957), l’accent bluesy de « Valses Blues » (1960) qu’il reprit plus tard avec le duo Caratini-Fosset, ou encore « Pich’nette » (inédit parmi d’autres tirés ici de sa collection) qu’il jouait récemment avec Dany Doriz. Le jazzmaniaque sera plus sensible aux valses du premier de ces trois disques qu’aux deux autres (reprises de chanson et classiques légers) mais s’il est curieux d’accordéon, il ne boudera par deux inédits morceaux de bravoure à deux accordéons avec le trop rare Joe Rossi.
Par Franck BERGEROT – JAZZ MAGAZINE