GOLDEN GATE QUARTET (THE)

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Si les ensembles profanes (jazz, pop, soul, rock...) résistent mal à la dispersion de leurs membres, quelques-uns des plus fameux quartettes de negro spirituals (Dixie Hummingbirds, Soul Stirrers, Five Blind Boys, Sensational Nightingales, etc.), qui s’appuient sur un genre musical non sujet aux caprices des modes et du temps, ont su maintenir leur cohésion et leur existence malgré les départs et les décès car chacun a transmis la flamme au suivant, et ainsi de suite. C’est ce qui s’est passé au sein du plus célèbre d’entre eux et l’un des plus anciens, le Golden Gate Quartet où jeunes et plus âgés se sont toujours retrouvés sur des bases communes et dans la plus parfaite harmonie.
La nouveauté et la qualité de leur mode d’expression vocale a cappella parviennent rapidement aux oreilles de la compagnie Victor qui, de passage à Charlotte (Caroline du Nord) organise pour eux une séance d’enregistrement dans un hôtel en octobre 1937. Leur premier disque publié, Golden Gate Gospel Train/Gabriel Blows His Horn connaît un tel retentissement que les “Gates” atteignent en peu de temps une énorme popularité dans tout le pays. Les séances de disques se succèdent, d’abord à Charlotte puis à New York ou encore dans un hôtel de Rock Hill (Caroline du Sud) et, à chaque fois, une quinzaine de titres sont gravés. En décembre 1939, le critique et grand découvreur de talents John Hammond les inscrit au programme de son second concert “From Spirituals to Swing” au Carnegie Hall et, quelques jours plus tard, ils sont engagés au Café Society, le premier club de jazz à New York à pratiquer l’intégration raciale et que fréquente l’élite chic et intellectuelle. Les Gates sont ainsi les premiers à faire entrer la musique religieuse dans un lieu profane même si des chants séculiers figurent aussi à leur répertoire.
En 1954, Clyde Wright entre dans le groupe comme ténor aux côtés de Riddick. Ce chanteur, originaire de Charlotte, la ville même où les Gates avaient gravés leurs premiers disques, a débuté dans les années 40 au sein des Southern Brothers avant d’intégrer, autour de 1950, les fameux Selah Jubilee Singers. Ce prestigieux quartette, formé en 1928, se produit parfois avec Sister Rosetta Tharpe et fait souvent les chœurs derrière Mahalia Jackson ! Autant dire que, pour prendre la suite des Owens, Bradley et Eugene Mumford qui l’ont précédé, ce jeune homme possède des qualités professionnelles vocales et harmoniques accomplies.
En 1971, Paul Brembly, neveu d’Orlandus Wilson, remplace J. C. Ginyard tandis que Wright, à partir de la même année, reprend son indépendance et cède sa place à Calvin Williams. Ainsi, en 1979, il est à l’affiche du spectacle musical “Gospel Caravan” au Théatre de la Porte Saint-Martin à Paris avec le quartette new-yorkais des Mellotones, lequel, devenu le Gospel Caravan Quartet, tourne en France et aux États-Unis. Mais Clyde ne s’éloigne jamais bien longtemps de ses compagnons et est toujours prêt à effectuer un remplacement s’il le faut. En 1984, il est de retour à plein temps chez les Gates où il demeure encore près de dix années. Charles West lui succède alors. C’est aussi vers la fin de l’année 1994 que Clyde Riddick décide de prendre sa retraite — il nous a quitté en 1999 — et est remplacé par Frank Davis, originaire comme Brembly de Portsmouth (Virginie). Puis, la roue du temps tournant inexorablement, Orlandus Wilson a le temps de former son successeur, Terry François, natif de la Martinique, avant de s’éteindre le 31 décembre 1998, léguant à son neveu Paul Brembly les rennes du Golden Gate Quartet.
Et c’est Brembly qui, à l’aube de ce nouveau siècle, a fait appel à son vieux complice Clyde Wright pour reprendre la direction musicale du groupe et tenter de lui imprimer une nouvelle orientation.
Jean Buzelin
© 2006 Frémeaux & Associés Biographie (Bio Golden Gate Quartet)