FAVRE PATRICK

PATRICK FAVRE

"Le son, la mélodie, l’harmonie, l’intensité, l’émotion sont au cœur des préoccupations de Patrick Favre comme en témoignent trois magnifiques albums en trio salués par la presse. Portrait d’un musicien exigeant qui a toujours vécu pour la musique." par PIERRE DE CHOCQUEUSE

La famille de Patrick Favre compte de nombreux musiciens. Son arrière-grand-père jouait de plusieurs instruments. Son oncle Michel Favre est violoniste et sa sœur, Laure Favre Khan, une pianiste classique réputée. Son père pratique également le piano en amateur. « C’est comme ça que j’ai découvert l’instrument. J’en ai toujours vu un à la maison. » Patrick commence à en jouer à six ans et étudie le piano classique au conservatoire d’Avignon. « J’y ai appris la technique, la lecture et acquis une rigueur dans ma méthode de travail. » A quinze ans, il découvre les maîtres du swing et abandonne le conservatoire. « Attiré par le jazz, j’ai continué à jouer du piano en relevant d’oreille certains thèmes de Fat Waller, du boogie. J’ai eu la chance de rencontrer des musiciens auprès desquels j’ai commencé à improviser, ce qui m’a fait approcher différemment la musique. » Sa découverte des disques de Bill Evans cinq ans plus tard lui ouvre de nouvelles perspectives musicales : « J’aime la musique intimiste, profonde. Je ne pouvais que découvrir Bill Evans, ses disques avec Scott LaFaro bien sûr, et puis j’ai écouté « You Must Believe In Spring », une révélation. Il y a eu comme un déclic, un univers s’est révélé à moi et je me suis investi complètement dans la musique et la composition. »
 

En 1989, Patrick commence à se produire en duo et en trio avec le contrebassiste Louis Petrucciani et le batteur Marc Mazzillo et en duo avec le saxophoniste Charles Tyler. « J’ai eu la chance de jouer avec lui pendant trois ans, ce qui a orienté ma musique vers plus d’énergie et de spontanéité. Après sa mort, j’ai joué et enregistré avec le clarinettiste Perry Robinson. Tous deux sont des musiciens très libres, ils m’ont aidé à me libérer de la grille et à explorer les différentes facettes de mon jeu. » En 2003 Patrick enregistre « Danse Nomade » au studio La Buissonne avec Eric Surménian et Frédéric Jeanne. « Jean-Louis Wiart d’Axolotl Jazz a eu un coup de cœur pour cette bande que j’avais envoyée à plusieurs labels. Notre rencontre a été déterminante pour la suite de ma carrière. » Ce dernier les deux autres albums en trio : « Intense » en 2006 avec Guillaume Séguron et Marc Mazillo et « Humanidade » (Choc en février 2010) avec Gildas Boclé à la contrebasse et Karl Jannuska à la batterie. « Je suis entré sereinement en studio après avoir répété avec eux, pas trop pour garder de la fraîcheur, laisser de la place à l’improvisation. J’aime l’imprévu, provoquer des variations dans la musique pour qu’elle s’élargisse et qu’elle vive. » Patrick joue également en quintette avec la chanteuse Do Montebello dont le répertoire tourne autour du jazz et de la musique brésilienne. « Deux des thèmes d’« Humanidade » sont nés de textes que Do a écrits et portés à son répertoire. Nous serons en mars au Brésil. Ce pays m’enchante. J’y vais le plus souvent possible et lorsque je reviens en France, j’ai du mal à quitter mes tongs. J’aimerai les garder toute l’année. »


Par Pierre de Chocqueuse

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