« Le trio est royal » par Jazz Magazine

Ce disque rassemble les extraits de trois concerts. Trois salles, trois pianos, trois prises de son différentes, durant l’une des périodes phares du trio. Energie, virtuosité, réponses immédiates aux propositions mutuelles, lyrisme débridé, coups de fouet d’une musique qui jubile de sa liberté, le trio est royal. La basse est parfois un peu lointaine et on tend l’oreille pour apprécier les glissandos de « J.F. » comme d’ailleurs la diversité de la batterie. Le disque commence au beau milieu d’un morceau avec un solo de Daniel Humair, mais on a le plaisir d’entendre des pièces longues dans la joie du live. Le pianiste assume clairement le rôle de leader, dans le jeu comme dans la composition mais l’égalité des partenaires est respectée : quelques duos remarquables, dans « Guylène » notamment, où, au-dessus des cymbales d’Humair, Jean-François Jenny-Clark offre un exercice à deux voix, une ligne dans le grave, et une autre faite d’harmoniques. La liberté débridée n’empêche pas une solidarité sans faille : on court le long de la falaise pour s’arrêter au bord du précipice. « Summertime » doit autant à John Coltrane qu’à Gershwin, avec tout ce que Kühn a puisé chez McCoy Tyner, spirales différentes mais parenté évidente. Et la vélocité, l’invention, le naturel, la maîtrise sont hallucinants.

Par Yvan AMAR – JAZZ MAGAZINE