« "Toots" était doté d’un talent consommé » Par jazz Magazine

Pas plus que son grand frère l’accordéon, l’harmonica n’occupe, parmi les instruments dédiés spécifiquement au jazz, une place éminente. Pourtant, tout au long de l’histoire, des pionniers du blues à nos contemporains Richard Galliano pour le premier, Olivier Ker Ourio ou Jean-Jacques Milteau pour le second, de brillantes individualités ont conféré à ces instruments un lustre incontestable. « Toots » était doté d’un talent consommé de soliste, d’une imagination fertile et d’un lyrisme constant à l’harmonica, d’un swing aérien et d’un phrasé délié à la guitare. De surcroît, c’était un compositeur inspiré, comme en témoigne, entre autres, son « Bluesette », thème entraînant sur un rythme de valse. Composé en 1962, il a fait le tour du monde et reste indissociable du nom de son auteur. S’il ne figure pas, et pour cause, dans ces albums, ceux-ci offrent en revanche, avec des standards signés Duke Ellington, Charlie Parker, son idole, voire Charles Trénet, nombre de compositions originales dont « Harmonica Rag, Toot’s Blues, Cool And Easy ou Brother John ». L’ensemble permet de retrouver ou de découvrir une période faste du jazz et du cool. Parmi les partenaires du guitariste-harmoniciste, figurent, au gré des formations successives, quelques vedettes de l’époque. Ainsi apparaissent le pianiste Ray Bryant et son trio, les bassistes Wilbur Ware et Jimmy Woode, Pepper Adams (bars) ou Art Taylor (dm) et le fait que leurs noms soient malencontreusement estropiés dans le livret n’enlève rien à la qualité de leurs prestations.

Jacques ABOUCAYA – JAZZ MAGAZINE