« Dans la langue limpide et recherchée qui le caractérise, Alain Gerber livre une œuvre d’anthologie, et ce à plus d’un titre. Non content de narrer par le menu la genèse de l’un des genres musicaux majeurs de la seconde moitié du siècle dernier, l’auteur se risque ici à dépeindre et décortiquer l’essence même d’un art dont l’évanescence n’en fut pas moins revendiquée pour qualité cardinale par ses initiateurs même. Les quelques 18 pages qu’il consacre à l’immense (bien qu’énigmatique) João Gilberto comptent ainsi parmi les analyses les plus pertinentes de l’art et de la personnalité de cet artiste notoirement fuyant. Les autres figures emblématiques qu’il énumère ne sont pas en reste (du fantasque Vinicius de Moraes à Tom Jobim, Marcos Valle, Caetano Veloso, Gilberto Gil, Chico Buarque, Baden Powell et Nara Leào). Le dernier tiers de cet ouvrage se consacre à l’imprégnation de la bossa par le gotha du jazz à l’orée des sixties, via des ambassadeurs tels que Dizzy Gillespie, Dave Brubeck, Shorty Rogers, Sonny Rollins, Miles Davis, Gil Evans, Bud Shank, Charlie Byrd, Zoot Sims, Quincy Jones, et bien entendu, Stan Getz. Une exégèse de référence pour qui souhaiterait explorer les arcanes d’un courant essentiel, qui irrigua jusqu’à la pop (“No Return” et “Monica” par les Kinks) et la variété internationale (de Sinatra à Henri Salvador et Georges Moustaki, sans oublier Nino Ferrer, Pierre Vassiliu, Claude Nougaro et Pierre Barouh). »
Par Patrick DALLONGEVILLE – PARIS MOVE