« Armstrong se donne généreusement » par Saisons de Culture

« Ma chance a été d’entrer dans le monde du jazz par l’intermédiaire de Louis Armstrong, ses disques du Hot Five et du Hot Seven, de 1926 à 1929. (…) On les trouve, ces faces, dans les volumes 3, 4 et 5 de l’indispensable intégrale publiée par Frémeaux & Associés, dont le 15e volume paraît à présent. (…) Le début des années quarante vit la fin des grands orchestres, même celui de Louis Armstrong. Mais le succès de celui-ci ne se démentait pas : ayant formé un All Stars avec des musiciens de premier plan comme le tromboniste Jack Teagarden, son vieux complice blanc, le clarinettiste Barney Bigard, ellingtonien notoire, le pianiste Earl Hines avec qui il avait enregistré à la fin des années vingt un chef d’œuvre en duo, Weather Bird, le grand batteur Sid Catllett, qui s’était aussi frotté aux hip cats du bebop, il multipliait les concerts avec un répertoire traditionnel dans de grandes salles classiques, le Town Hall et le Carnegie Hall de New York, le Symphony Hall de Boston, et pour des stations de radio à Chicago, Philadelphie, Los Angeles. Ce sont ces émissions de 1948 et 1949 qui constituent la plus grande part des trois CD formant le volume 15 « The King of the Zulus » de l’Intégrale The Complete Louis Armstrong. On le recommande fortement : Armstrong se donne généreusement à la trompette et au chant, il a retrouvé une sorte de pureté dans l’entertainment. Certes il veut plaire – il l’a toujours voulu – mais il veut plaire d’abord à ses musiciens et à lui-même, c’est-à-dire à la musique. Plus tard, on accusera Louis Armstrong d’oncle tomisme, à cause de ses mimiques, de son éternel sourire, de ses dents blanches, de ses « ya-ba-daah ». C’était d’autant plus injuste qu’il prenait fait et cause pour les droits civiques. Mais cela ne l’empêchait pas de célébrer en chanson It’s a Wonderful World. Et il fut en effet l’un de ceux qui rendaient ce monde merveilleux. »
Par Michel CONTAT – SAISONS DE CULTURE