« Ce volume vaut vraiment le détour » par Jazz Magazine

Si Bergerot nous apprend par ailleurs dans ces pages qu’en 1949 Charlie Parker avait tout dit, force est de reconnaître ici qu’il continua à nous raconter des histoires d’autant plus merveilleuses qu’il s’ y révèle en pleine forme. Certes, il ne semble plus avoir de quintette régulier, même si celui de la merveilleuse séance Clef/Verve du 8 août 1951 nous en donne l’illusion : Red Rodney (tp), John Lewis (p), Ray Brown (b), Kenny Clarke (dm) pour les fameux « Blues For Alice, Si Si, Swedish  Schnapps, Back Home Blues » et la revanche d’un nouveau « Lover Man » sur la tristement célèbre version de 1946. Auparavant, on le croise au Birdland en mars 1951, olympien avec un Dizzy et un Bud qui ne le sont pas moins, plus Tommy Potter et Roy Haynes (l’autre grand complice-batteur de Bird après Max Roach). A quelques jours d’intervalle au même endroit, on retrouve les mêmes (sauf Billy Taylor à la place de Bud) pour une captation de moindre qualité sonore (mais boude-t-on une ènième version « d’Embraceable You » par Bird et Diz ?). En avril 1951, Bird tape généreusement le bœuf avec Wardell Gray dans un club du Massachusettes. Puis grand moment, Charlie Parker se produit le 22 juillet au Municipal Arena de Kansas City en guest star du big band de Woody Herman…ça barde ! Rare : en août 1951, Bird est dans le studio privé de Lennie Tristano avec Kenny Clarke pour deux standards en trio. Viennent ensuite les faces Clef en grand orchestre dirigées par Joe Lippman, la séance latine du 23 janvier 1952 (« La Cucaracha », etc.) et un « Hot House » télévisé avec Dizzy que vous feriez aussi bien de (re)voir sur You Tube. N’empêche que, vu les raretés ici rassemblées, l’état du catalogue Verve chez Universal et l’érudition du livret, ce volume vaut vraiment le détour.
Par Alfred SORDOILLET – JAZZ MAGAZINE