« Des raretés, des curiosités, des drôleries » par Télérama

« Depuis que la très belle compilation de faces 78 t réalisée par Didier Roussin sous le titre Accordéon, Paris 1913-1941a réhabilité la tradition populaire parisienne, voilà que l’on réédite à tour de bras ( et souvent n’importe comment) des faces que personnes n’avait publiées depuis l’apparition du microsillon. Vieil amateur d’accordéon, Jo Milgram a pris la direction d’une compilation concurrente, La Légende du musette, qu’il présente lui-même comme le complément du travail de Roussin. Nous voilà donc en possession de Reproche, Bourrasque, Espoirs perdus, Idylle inconsciente, Mon amant de Saint Jean et bien d’autres pièces légendaire. Le tout, c’est tant mieux pour nous, sans un seul doublon avec la première compilation. Seulement voilà : Didier Roussin préparait déjà une suite à son travail et s’est donc fait couper l’herbe sous le pieds. Comme il a le sens du patrimoine et le respect du public, il a lui aussi voulu éviter les doublons avec La légende du musette. A deux exception près : comment conclure une telle entreprise en faisant abstraction d’Indifférence et Passion par Murena ? Pour le reste il a sorti ses jokers : Nuages et Douce joie par Viseur, Un mauvais garçon par Henri Garat accompagné d’Emile Prud’homme, Reginella par Gardoni, Jour de swing par Richardet… Et comme dans le musette on est un peu voyou, il en a sorti encore d’autres, des raretés, des curiosités, des drôleries : La Czardas de Monti par Joe Rossi à l’âge de treize ans. A la Bastoche par le clown Grock, la Corrida jouée sur accordéon à pédalier de basses, Joyeux Canari par Deprince avec «  effets spéciaux », le Chant du berger, désopilante tyrolienne accompagnée par Marceau. Cela ne vaut pas le « Choc » que méritait le premier volume, mais cela reste exemplaire, notamment pour les dates et personnels indiqués dans le livret, que Milgram préfère garder secrets. »
Par Franck Bergerot — TELERAMA