« Du Pré-Saint-Germain à Saint-Germain-des-Prés » par Enseignement catholique

S’ « il n’y a plus d’après à Saint-Germain-des-Prés », comme l’a chanté Guy Béart, il y a eu un avant. Un pré-Saint-Germain-des-Prés, en quelque sorte. Et c’est le premier atout de cette anthologie que de souligner combien les chanteuses réalistes des années 20 et 30 ont marqué les auteurs phares des deux décennies suivantes. Telle Nane Cholet, interprète de Jean Tranchant, précurseur du « réalisme poétique ». Ou Marianne Oswald que l’on entend d’abord en 1933 (Complainte de Kesoubah) puis en 1947 au temps d’un Saint-Germain-des-Prés peuplé d’artistes qui se succèdent au fil des 65 plages réunies ici. On croise Boris Vian jouant de la trompinette lors d’une émission de radio en vrai faux direct du Tabou, Jean-Paul Sartre, auteur pour Juliette Greco, ou Jaques Prévert, fournisseur d’à peu près tout le monde : d’Agnès Capri à Cora Vaucaire, en passant par les Frères Jacques dont la rare version de Barbara proposée ici est « la plus belle de cette œuvre tendre, sombre et vengeresse » écrit Daniel Nevers, qui q l’érudition communicative, dans les copieux livret de ce triple CD. Citons encore Stéphane Goldmann (La Marie-Joseph), aujourd’hui injustement oublié, qui mériterait l’une de ces intégrales comme on sait les concocter chez Frémeaux & Associés.
René TROIN – ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE