DUMUR GUY

Écrivain et critique dramatique (1921-1991)

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Jeune romancier, Guy Dumur publia Les Petites Filles modèles (1952) et Le Matin du jour (1954). Il consacra cependant toute sa carrière au théâtre en collaborant, en tant que critique dramatique, à la revue Combat, dès 1946; à l'hebdomadaire France-Observateur, dès sa création, en 1950 ; puis au Nouvel Observateur auquel il resta attaché jusqu'à sa mort. Fondateur, en 1953, de la revue Théâtre populaire aux côtés de Bernard Dort et de Roland Barthes, Guy Dumur accompagna, par son travail critique, quelques-unes des plus belles expériences théâtrales contemporaines. Excellent connaisseur de la langue anglaise, il traduisit et adapta pour la scène les œuvres de Tom Stoppard et de Virginia Woolf; critique d'art, il publia notamment des ouvrages sur Eugène Delacroix et Nicolas de Staël. » (notice de l'IMEC)


"La vie posthume est généralement douloureuse pour les critiques. Ils n'ont pressenti que de très loin le jugement de la postérité ! Guy Dumur, mort il y a dix ans, passe bien l'épreuve du temps, à lire les articles réunis par sa sœur Colette Dumur, présentés par Armelle Héliot et Jean Daniel, L'Expression théâtrale. D'abord acteur (quand il était enfant, mais acteur régulier, professionnel !), romancier et dramaturge, il a, sans doute guidé par une blessure secrète, renoncé à la création et exercé la critique théâtrale pour France-Observateur et Le Nouvel Observateur, tout en animant avec Roland Barthes et quelques autres Théâtre populaire. Aujourd'hui, ses analyses savent nous conter le théâtre moderne, de 1944 à 1991.
Quel styliste élégant et sensible il était ! Il l'est immédiatement quand, dans l'un de ses premiers articles, il commente la disparition de l'auteur d'Ondine, en s'impliquant dès le titre du texte : Adieu d'un jeune homme à Giraudoux. Ce jour de 1944, il écrit : " Giraudoux aurait-il eu encore sa place dans ces lendemains qui s'annoncent déjà lourds de désordres et de catastrophes ? J'en doute... Il était, avec quelques autres, le voile léger qui recouvrait nos malheurs déjà en puissance. " En effet, d'autres théâtres arrivent, que Dumur va savoir comprendre et aimer. Celui de Camus (dont il est assez proche) et Sartre, puis -; ça bifurque plus violemment -; celui de l'absurde. Godot laisse tout le monde interloqué, Dumur adore ça !
Les autres conquistadors de la scène de la fin du siècle, il les salue tous : Strehler, Vilar, Grotowski, Kantor, Chéreau... Il devient un spécialiste de Pirandello, traduit Stoppard et Peter Brook, qu'il regarde grandir tout en leur donnant un éclat français. Chaque nouveauté a droit à un regard d'une confondante finesse. Colette Dumur a parfois intercalé des lettres des auteurs concernés, qui remercient : courts textes inédits d'Audiberti, Camus, Ionesco... C'est un livre de références, avec en plus ce mystère sans réponse : pourquoi cet écrivain doué s'est-il peu à peu limité à l'exercice modeste de la critique ?" Gilles Costaz - © Le Magazine Littéraire