« Faire sonner jazz la musique de ses ancêtres » Par Jazz Hot

« Le guitariste Rodolphe Raffalli, avec deux « f » et deux ailles, est corse par son père. On se doutait qu’un jour ce super-doué du swing manouche, du bebop, de la musique brésilienne ou caraïbe, qui a une façon  à lui de sonner jazz et d’improviser comme il respire avec une invention constante, allait se lancer dans un projet de ce genre : faire sonner jazz la musique de ses ancêtres paternels, tant il est vrai que Corse un jour, Corse toujours, même si on n’a pas passé de longues années sur l’Ile. Les donneurs habituels de conseils ont dû le lui déconseiller, pensez donc, de la musique à mandoline en jazz, il allait droit à la catastrophe. C’est mal connaître Rodolphe qui fait ce qu’il a envie de faire et qui joue ce qu’il aime, à l’instar d’un Patrick Saussois. Comme ce magicien transforme tout en musique dès qu’il le touche, tout devient swing manouche, bebop, boléro gitan ou valse tsigane, avec une touche jazz typique de Raffalli. Il se permet même, clin d’œil, de mandoliniser quelques airs, pour la provoc’. Ou de transformer un saucisson comme «  Méditerranée » de Tino ou « Corsica Bella » de Vincent Scotto, en morceaux jazzés à faire des jaloux. Enfin histoire d’enseigner à l’auditeur débutant la différence entre un musicien et un jazz man, il nous donne deux versions de certains airs : « Valse ajaccienne », avec une version swing, «  La Vieille guitare » en valse bop et version swing, ou bien «  U tragulinu » versions samba et swing. Le mieux étant « Chi fa » version swing et surtout «  version latine », qui me console de toutes celles, de Sénèque à Ovide, qui occupèrent ma studieuse jeunesse. »
Par Michèle Bedin — JAZZ HOT