« Haro sur la modernité! » Par Michel Onfray

« Haro sur la modernité! Sus à l’époque! Guerre à l’art contemporain! (…) On analyse, disons-le ainsi, les productions esthétiques du moment, ou des cinquante dernières années, avec les catégories classiques d’un kantisme de bon aloi : pour ces thuriféraires académiques, le Beau en soi existe toujours comme si, en authentique nietzschéen qu’il fut sur ce terrain, Marcel Duchamp n’avait pas précipité l’esthétique d’hier dans les abîmes où elle peut rester. (…) Un point commun à cette hystérie réactionnaire, au sens étymologique : une incapacité radicale à admettre la révolution esthétique induite par Nietzsche et en vertu de laquelle il n’y a plus de vérité éternelle, ni sur le terrain du Beau ni sur celui du Bien, mais qu’il n’y a que perspectivisme et, conséquemment, que le réel s’inscrit dans un lieu et un temps, donc dans l’histoire. D’où la révolution Duchamp dont participe l’art depuis. Et l’on ne comprendra rien à l’art d’aujourd’hui si on l’aborde avec les catégories kantiennes de la Critique de la faculté de juger. Être d’hier rend improbable voire impossible la compréhension d’aujourd’hui.»
« Globalement, l’art contemporain n’est pas flatteur, il ne récompense pas l’inculture et l’absence de référence. Pas plus il ne fait illusion. Il ne trompe ni séduit.  Dans une époque qui communie dans la facilité, la veulerie de ce qui se donne dans l’immédiat, il revendique la nécessité de l’initiation, de l’apprentissage, de la patience et de l’investissement intellectuel et culturel, (…) du savoir qui, malgré tout, et je le répète, a toujours été nécessaire pour comprendre les œuvres d’art de toutes les époques. »
Par Michel ONFRAY, LE DESIR D’ETRE UN VOLCAN, LE REVISIONNISME ESTHETIQUE