« La contribution apportée au jazz par les Européens » par Le Salon littéraire

« (…) Dans la collection « The Quintessence » dirigée par Alain Gerber, un repère important concernant la contribution apportée au jazz par les Européens : le coffret consacré au saxophoniste et flûtiste belge Bobby Jaspar. Si tout le monde connaît, au moins de nom, Django Reinhardt, en revanche ce Wallon qui fut l’égal des meilleurs musiciens d’Outre-Atlantique et fit rayonner en France le jazz que l’on disait, à son époque, moderne, demeure très largement ignoré. Pourtant, son talent éclate sur maintes plages de ce triple CD dont le maître d’œuvre fut le regretté Alain Tercinet. Le copieux livret témoigne, une fois encore, de la minutie et de l’érudition de ce dernier. Ce coffret regroupe des enregistrements réalisés à Paris, New York et diverses villes d’Europe entre 1953 et 1962 dans des contextes divers. Des deux côtés de l’Océan, Jaspar rencontre des partenaires dignes de lui. Parmi les Français, Henri Renaud, Bernard Peiffer, Christian Chevallier, Jef Gilson, Michel Hauser, Jean-Louis Chautemps, Roger Guérin, ou encore André Hodeir, à la tête de son Jazz Groupe de Paris, porte-drapeau de la recherche la plus avancée. Et aussi, entre autres guitaristes, Sacha Distel qui, à l’époque, se consacrait encore au jazz. Ailleurs, on le retrouve partenaire de musiciens de la stature de J.J. Johnson, Milt Jackson, Wynton Kelly, Miles Davis, Chet Baker, Toshiko Akiyoshi, des vocalistes Helen Merrill et Blossom Deary, laquelle fut son épouse, ou co-leader, avec son compatriote René Thomas, d’un quintette enregistré à Rome en1962. Dans toutes les plages, éclate le talent de soliste et d’improvisateur d’un saxophoniste marqué par Stan Getz, dont il retrouve avec bonheur la suavité dépourvue de toute mièvrerie. Intéressé aussi par le cool façon Miles Davis et son nonette de l’album « Birth Of The Cool ». Bref, une anthologie digne de celui qui, durant toute la décennie explorée ici, fut considéré comme un maître par nombre de jazzmen européens et dont le rayonnement s’étendit au-delà des frontières du vieux continent. »
Par Jacques ABOUCAYA – LE SALON LITTERAIRE