La fine fleur des jazzmen français de l'époque par Etudes Tsiganes

Ce volume 3 de l'intégrale Yves Montand sous la direction avisée de Daniel Nevers comprend les sessions Odéon de 1953 et 1954 (janvier à avril) et les deux parties du légendaire récital à l'étoile en octobre 53. Sous la direction du fidèle pianiste arrangeur Bob Castella, Yves Montand a réuni la fine fleur des jazzmen français de l'époque : Emmanuel Soudieux, contrebasse, Roger Paraboschi, batterie, Hubert Rostaing, clarinette, arrangements, tous trois ex compagnons de route de Django Reinhardt (qui disparaît brutalement cette même année 1953), Freddy Balta, accordéon et surtout l'immense Henri Crolla à la guitare, qui signe aussi 7 musiques des 25 titres interprétés (de jolies mélodies, souvent des valses comme " car je t'aime "). Pas mal de chansons signées Francis Lemarque (" A Paris ", " les Routiers ", " comme un soldat ") ou Jacques Prévert pour les textes. A signaler " le flamenco de Paris " de Léo Ferré où Montand est uniquement accompagné (le mot est faible!) par la guitare inspirée d'Henri Crolla; mais tous ces formidables musiciens sont sous employés, uniquement au service du one man show (la formule est explicite!) de l'interprète Yves Montand ; sur scène ils sont d'ailleurs dissimulés par un rideau de tulle! A l'écoute des deux instrumentaux joués au début de chaque partie, on regrette presque de voir ensuite la vedette débouler ! Montand fait ce que le public attend ; il fait son numéro, récite du Prévert... tout est réglé comme du papier à musique; l'accompagnement haut de gamme lui déroule le tapis (cf. "c'est si bon", "A Paris", "Mon pote le gitan" et la guitare très poétique de Crolla, "Cœur de mon cœur" ou "dis-moi Jo" blues signé par le guitariste avec là encore une guitare de rêve). Cette conception du music hall a quelque peu vieilli mais il faut replacer ces enregistrements dans leur contexte : qu'avait-on à se mettre sous la dent à l'époque ?
Francis Couvreux - Etudes Tsiganes