« La reprise peut devenir un art en soi » par Dernières Nouvelles d’Alsace

« Ils avaient les oreilles dressées en direction des États-Unis où tout bougeait quand l’Hexagone était encore figé dans une musique d’après-guerre : les Yéyés ont abondamment puisé dans le vivier du rock américain, adaptant à tour de bras les tubes qui au même moment faisaient rage outre-Atlantique. L’exemple avait été donné très tôt, par une Édith Piaf pas vraiment de la même génération que les Johnny Halliday, Richard Anthony, Chaussettes Noires ou Chats Sauvages. En 1955, elle enregistrait ainsi L’Homme à la moto qui n’était autre qu’une adaptation d’un hit des Cheers, intitulé "Black denim trousers andmotorcycle". François Jouffa, pour le compte du label Frémeaux & Associés, signe une anthologie qui compile, en trois CD, les principaux titres des yéyés, couvrant la période 1955-1962, faisant suivre chacun d’eux par le titre original (Yéyé VO/VF). On s’aperçoit que la reprise peut devenir un art en soi. Souvenirs de Barbara Evans, devenu avec Johnny Hallyday Souvenirs, souvenirs, adopte un ton plus énergique, les choeurs originaux devenant cette entêtante ligne de guitare qui apporte toute sa coloration à la chanson. Et puis les paroliers français savaient aussi bien s’amuser. Le mythique Shake, Rattle and Roll de Bill Halley devient chez Eddy Mitchell, Faire un chèque en bois c’est drôle ! »
Par SERGE HARTMANN – DERNIERES NOUVELLES D’ALSACE