« Les brass bands actuels les plus en vue » par Le salon littéraire

(…) Quoi qu'il en soit, il aura fallu la tragédie de l'ouragan Katrina, en août 2005, pour que les projecteurs se braquent à nouveau sur une ville dévastée, décimée, laissée exsangue et que l'on découvre, ou redécouvre, la vitalité de sa musique. Le feuilleton d'une télévision américaine, Treme, dont quelques épisodes furent diffusés en France, ne contribua pas peu à faire connaître l'ampleur de la catastrophe et, surtout, le courage, l'opiniâtreté des habitants acharnés à maintenir en vie leur cité. Singulièrement ceux des quartiers les plus pauvres, les plus ravagés, essentiellement des Noirs. Ainsi fut révélé le rôle fédérateur de la musique et son pouvoir de catalyseur. Car, au contraire de ce qui était communément admis, on s'aperçut que nombreux étaient les orchestres, souvent amateurs ou semi professionnels,  perpétuant la tradition caractéristique de La Nouvelle-Orléans, parvenue jusqu'à nous en dépit des vagues successives de diaspora et de l'évolution du jazz dont les centre actifs se situent désormais sous d'autres cieux. Ce fameux New Orleans Sound, irréductible à nul autre, mélange de blues et de negro spiritual, de rhythm'n'blues, de soul, de funk, de cadences et de mélodies caribéennes, se perpétue surtout grâce aux orchestres de parades, les marching bands, ou brass bands, dont l'importance ne s'est jamais démentie dans une ville où les activités quotidiennes, profanes ou religieuses, fêtes, carnaval, pique-niques, mariages, enterrements ont de tout temps été prétexte à musique.
Spectaculaire, le renouveau de ce jazz populaire. Tout comme son succès auprès des jeunes générations. C'est qu'à un matériau déjà fort riche, il a su intégrer des influences actuelles, celle du jazz moderne, celle du rap ou du hip hop, sans pour autant y perdre de sa substance ni de son originalité. Tel est le miracle néo-orléanais. Un bon exemple de cette musique et de sa vigueur est fourni par le coffret intitulé Modern Brass Bands. First & Second Line in New Orleans, 1990-2005 (1).  Emprunté au catalogue SONO, label louisianais spécialisé dans la musique vivante, il vient compléter une riche série d'enregistrements consacrée par Frémeaux et Associés à la musique de La Nouvelle-Orléans. Trois disques (La tradition, Du  Dixieland au Jazz Swing, enfin Soul, Funk et Mardi Gras) pour balayer un vaste panorama illustré par les brass bands actuels les plus en vue, Coolbone, Algiers, Treme et autres Mahogany. Un livret dû à Jean Buzelin, remarquablement documenté, fournit, outre un historique, tous les détails de dates et de personnel. (…) »
Par Jacques ABOUCAYA – LE SALON LITTERAIRE