« Les orchestres des meilleurs jazzmen français » par Django Station

« Un triple CD consacré aux trois premières années (1937 à 1939) du label Swing, créé par Charles Delaunay et Hugues Panassié, la première marque en Europe à enregistrer exclusivement des musiciens de jazz ; 1937 est l’année de la grande exposition universelle ; les deux patrons profitent de la présence à Paris de quelques jazzmen américains de premier plan pour les enregistrer ; on retrouve ici Dicky Wells (6 titres), Bill Coleman (7) ou Fletcher Allen (2) dont les orchestres mêlent musiciens américains et français ( Grappelli et Joseph Reinhardt sont présents sur 5 titres de B Coleman, Roger Chaput dans l’orchestre de D.Wells), et les pianistes Teddy Weatherford(7), Herman Chittison (6) et Garland Wilson (6) ; les orchestres des meilleurs jazzmen français sont bien entendus présents : Alix Combelle (7 titres dont deux avec son Hot four au sein duquel évolue Joseph Reinhardt), Eddie Brunner (là c’est un certain Oscar Aleman à la guitare), Pierre Allier (3 titres dont l’énergique Jamman avec un chorus de guitare de Marcel Bianchi), le trio de Philippe Brun, Gus Viseur, le Hot club swing star ou le Dupont Durand quintet ; tout ce petit monde interprétant en général les grands standards et quelques compos personnelles. Pour ne pas faire doublon avec de nombreux coffrets du catalogue Frémeaux, Pierre Lafargue a privilégié les titres absents d’autres anthologies et minimisé la place de certains musiciens, particulièrement Django Reinhardt (un seul titre du quintet ici) déjà bien représentés dans le catalogue ; On y trouve aussi quelques raretés comme Fonds secret, poème de Pierre Reverdy récité par son auteur en compagnie de P Brun et J Reinhardt, ou quelques swing tests : Garland Wilson-Michel Warlop en duo pour un limehouseblues au swing ravageur, Philippe Brun-Joseph Reinhardt pour un blues en duo… Outre la sélection, ce qui compte, c’est bien sûr le texte de Pierre ; on y retrouve son érudition (ah ses citations !), son humour très particulier et ses exquis mots. Son anthologie se termine par tristesse bleue (mood indigo), une tristesse qui nous envahit à la pensée que Pierre n’est plus. Merci Mr Lafargue ! »
Par Francis COUVREUX - DJANGOSTATION