« On apprécie la complémentarité aussi bien que la complicité» par le Salon Littéraire

« La Section Rythmique propose un nouvel album, « La Section Rythmique + 2, Harry Allen, Luigi Grasso ». Composée du guitariste David Blenkhorn, du contrebassiste Sébastien Girardot et du batteur Guillaume Nouaux, elle a démontré à maintes reprises sa valeur. Probablement le seul trio actuel capable de conjuguer avec brio son ancrage dans la grande tradition du jazz et un idiome plus moderne. C’est qu’ici encore, le swing, dont on ne répètera jamais assez qu’il demeure la vertu cardinale de cette musique, est partie intégrante de son style. La valeur individuelle de ses membres n’est plus à souligner. Pas davantage leur entente. Une idéale piste d’envol pour des solistes de la trempe de ceux qui officient dans ce nouvel album, deux musiciens de réputation internationale. Harry Allen, saxophoniste ténor américain, a fait ses preuves aux côtés de nombre de musiciens de renom, notamment le guitariste Bucky Pizzarelli. Dans la mouvance de Scott Hamilton, il perpétue le style de Coleman Hawkins dont l’influence est sensible dans son phrasé. Quant à Luigi Grasso, saxophoniste italien dont la prédilection reste l’alto, il a plongé très jeune dans le jazz, bénéficiant notamment de l’enseignement du pianiste Barry Harris et de l’adoubement de Wynton Marsalis qui voyait en lui le musicien européen le plus doué qu’il ait rencontré depuis longtemps. Dans son héritage, les acquis de Johnny Hodges aussi bien que de Benny Carter et, bien sûr, de Charlie Parker. Une apparente facilité que traduit la vélocité de ses développements. Un lyrisme qui ne verse jamais dans le pathos. C’est dire combien passionnante se révèle la rencontre de ces deux soufflants dont on apprécie la complémentarité aussi bien que la complicité. En témoigne, entre autres, Blues Up And Down, de Gene Ammons et Sonny Stitt. Le reste du répertoire, emprunté à Hoagy Carmichael, Al Cohn et Wes Montgomery en passant par Billy Strayhorn et Duke Ellington, restitue à merveille le climat de ce jazz classique dont les séductions, loin d’être épuisées, se perpétuent avec bonheur. Cet album en témoigne avec éloquence. »
Par Jacques Aboucaya – LE SALON LITTERAIRE