Par Patrick Frémeaux

Un vignoble dé-carboné et bio en même temps :
-La forêt et la Campagne comme puits de séquestration carbone pour tenter de freiner (insuffisamment) le réchauffement climatique à 40 ans.
-La conversion en bio pour la protection du vivant, la non utilisation de la chimie en "Cide", la valorisation de la biodiversité, la sanctuarisation du naturel tant que possible dans un monde anthropisé tant pour la Forêt que pour la Campagne (agriculture et résilience alimentaire). La non rupture du naturel entre les territoires enchevêtrés de la forêt et de l'agriculture.

Deux réponses :
-Un vignoble décarboné
La conversion en bio s'effectue sans faire de labour afin qu'il n'y ait pas de libération de carbone mais au contraire que des allées d'herbes folles et de fleurs captent et séquestrent dans la terre le carbone. Donc à l'heure actuelle, l'herbe est conservée entre les rangs, et coupée sous les vignes pour qu'elle ne gâche pas les raisins en la laissant sécher sous les ceps pour faire un paillage.
-Un vignoble bio pour la biodiversité
Ne pas labourer permet d'empêcher l'érosion des sols et leurs dessèchements, de conserver la matière organique, et ses vers de terre, les racines qui permettent à l'eau de pluie d'avoir des conduits racinaires, d'avoir toujours autant de micro-organismes décomposeurs, et en surface d'avoir tous les organismes vivants, insectes, abeilles etc sur ces mini prairies de 60 cm de large et 80 mètres de long.
Ne pas utiliser de produits phytosanitaires (contrairement à la viticulture conventionnelle) qui est le pré requis de la conversion biologique en 3 ans (début écocertification en Janvier 2021) permet aussi de conserver cette biodiversité en surface et sous le sol (que l'on appelle hypogée avec le mycélium des champignons et les bactéries, plus toute la faune des décomposeurs, les organes souterrains des végétaux (racines, bulbes...) et la litière (feuilles mortes et débris végétaux) et animaux divers (l'endo-faune).
Enfin la conversion biologique garantit de ne pas polluer les sols, nappes phréatiques et la Loire (la partie sud du vignoble est à 300 mètres du fleuve). Il faut rappeler que les intrants chimiques décelés dans la Loire depuis des décennies sont importants, en particulier cadmium et arsenic.
Par ailleurs, pour la santé du consommateur, il n'y a plus d'intrants chimiques et un tiers de sulfite en moins (max 120 mlg de So2 sulfites pour le bio contre 200 pour le conventionnel).
Patrick Frémeaux (Propriétaire viticole de Bourgueil AOP à Côteaux sur Loire, Gérant Editions Frémeaux & Associés et Président du Conseil d'administration de Forêts et Campagnes d'Avenir).