« Pour / Contre » par Jazzman

Champagne ! Je trinque à l’intégrale Armstrong entreprise par Daniel Nevers.
-Pour moi, ce sera un verre d’eau. L’intégrale entamée par Irakli chez Masters of Jazz n’avait pas franchi février 1926 après huit volumes dont la publication s’est étalée sur huit ans. Nous serions morts avant d’en voir la fin. 
-Eh bien, en trois livraisons, Nevers atteint déjà novembre 1926 et les Hot Five.
-Avec une présentation à la lance à incendie. Un titre oublié sur le premier disque du volume 3 (Sunshine Baby dont l’absence fausse les crédits à partir de la plage 15). Un Muskrat Ramble qui tourne trop vite. Et cette pingrerie qui consiste à mettre trois CD dans des boîtiers du siècle dernier conçus pour en contenir quatre. Combien de mètres de rayonnages prévoyez-vous pour l’intégrale terminée ? A l’âge de la compression, de la dématérialisation, du retour à la pochette cartonnée, de la crise du logement !
-Nouveau riche ! Qui donc publie aujourd’hui les faces historiques de King Oliver de 1923 ? Les débuts d’Armstrong en studio ! Estimons-nous heureux de pourvoir les entendre. On ne rase pas les églises romanes faute de fonds pour les entretenir !
-Moi, je trinque à Archeophone qui vient de publier « Off the Record : The Complete 1923 Jazz Band Recordings » rassemblant en deux disques l’intégrale des enregistrements de Louis Armstrong avec King Oliver avec une qualité de transfert sonore inégalée. Quant aux Hot Five, ne sont-ils pas disponibles dans un formidable coffret de 4 CD Sony pour un prix proche de celui du coffret de 3 CD de Frémeaux ? Sans m’obliger à acquérir toutes ces chanteuses qui encombrent les premières années d’Armstrong.
-M’enfin ! C’est la loi de l’intégrale.
-L’intégrale Frémeaux n’est même pas intégrale.
-Vous en aviez trop, vous n’en avez plus assez ! Frémeaux nous épargne les alternate identiques à la master take et les séances de chanteuses où Louis est inaudible.
-Il est pourtant très présent sur Thunderstorm Blues ou If I Lose hélas retranchés d’une séance avec Maggie Jones. Quant à l’immense solo de Mandy, Make Up Your Mind, n’est-il pas capital de nous révéler qu’Armstrong « improvise » à l’identique sur les deux prises ? Une telle intégrale s’adresse au collectionneur. Le propre du collectionneur et de collectionner.
-Pisse-vinaigre ! Souhaiteriez-vous que cette intégrale devienne introuvable comme les Masters of Jazz ou qu’elle soit bradée ou mise aux enchères comme les intégrales Classics ?
-Laissez donc ce champagne. Il vous faut un remontant. Garçon, deux Vieux système !
Frankie LABERGE et Brankie FERGEROT - JAZZMAN