« Quelle époque ! » par Jazz Hot

Quelle est la réalité d'un jazz belge à cette époque-là ? En Belgique comme en France ou en Allemagne de l'Ouest, les jazzmen se mettaient naturellement dans les courants expressifs américains ce qui n'étouffait ni leur personnalité, ni leur créativité. D'ailleurs Philippe Comoy responsable de cette très utile sélection écrit d'emblée : « sortant de la guerre et accueillant les GI, le pays se met à l'heure américaine ». Rien de spécifique, c'est aussi la réalité notamment en France, où les Etats-Unis en nous sortant, dans leur intérêt, de l'anéantissement économique nous injectent leur société de consommation.  En quoi est-ce ici l'âge d'or du jazz par des musiciens belges ? Peter Packay, David Bee, Alphonse Cox, René Compère, Robert De Kers, Fud Candrix, etc. n'ont-ils pas préparé le terrain ? Pour Philippe Comoy, l'âge d'or commence avec le bop, c'est mieux en le disant. La Belgique est un pays jeune (né en 1830) et avec une particularité. Il y a les Wallons qui adorent les Français et les Flamands qui les aiment moins et qui parlent néerlandais avec une prononciation différente. Dans ce travail, on constate l'importance musicale de Liège, capitale de la Wallonie. Y a-t-il en jazz une suprématie liégeoise sur Bruxelles comme ce fut le cas pour la trompette classique ? On salue ici le sax Raoul Faisant (1917-1969), influence liégeoise. La maitrise de la langue française par les Belges, leur a permis de s'intégrer facilement aux jazzmen français. Pas que pour le bop, déjà Gus Deloof, Jos Breyre, Louis DeHaes jouaient chez Ray Ventura. D'un autre côté, les jazzmen belges ont influencé, par leur excellence, nos nordiques en début de carrière (Henri Van Haeke, Charles Verstraete, Georges Grenu, etc). L'interaction est un fait. (…) Le CD1 est consacré à Bobby Jaspar (1926-1963) et à René Thomas (1927-1975). (…) Le CD2 est consacré aux saxophonistes Jacques Pelzer (1924-1994) et Jack Sels (1922-1970). (…) Le CD3 est consacré à Toots Thielemans (1922-2016) et à Sadi (1927-2009). (…) Quelle époque ! »
Par Michel LAPLACE – JAZZ HOT