« Toujours aussi plaisant, et précis » par Jazz Mag-Jazzman

Pourquoi acquérir une simple anthologie d’un artiste que l’on aime de longue date et dont on possède de nombreux albums ? La collection « The Quintessence » nous apporte, une nouvelle fois, la réponse par le sérieux de sa présentation et par l’intelligence de la sélection proposée. La présence d’un livret détaillé constitue bien sûr la plus-value attendue : Alain Gerber (directeur de la collection) pour ses impressions sur Art Pepper – que l’on partage ou non ses vues, on ne reste jamais indifférent -, Alain Tercinet pour le parcours biographique et musical – toujours aussi plaisant, et précis. La période 1950-1960 est la plus féconde pour Art Pepper. Les engagements auprès de musiciens aussi exigeants que Stan Kenton, Shorty Rogers et Marty Paich, et l’extraordinaire à-propos de l’altiste (parfois ténor) dans chacune de ses interventions au sein de ces formations, rappellent qu’on ne saurait réduire Pepper à un simple personnage « junkie » juste bon à se traîner de club en club, mais qu’il est à l’époque, avant tout, un très grand professionnel, certes imprévisible, mais aussi précis et exigeant que ses employeurs. Gravés en duo avec le contrebassiste Ben Tucker, Blues Out et Blues In résument le talent peu commun de Pepper : une élasticité rythmique totale, une audace harmonique sans aucune faute de goût, et une propension à réellement jouer le blues qui rend, au moins dès 1957, caduque toute tentative de distinction « blanc/noir » quant à la manière d’exprimer le jazz. Eric QUENOT – JAZZ MAG-JAZZMAN