« Un miracle à revivre d’urgence » par Soulbag

Le côté patchwork inhérent à toute intégrale est ici largement compensé par la qualité inégalable de la musique. Voici, en ouverture de ce nouveau volume, cinq magnifiques gospel songs écrites par Doris Mae Akers. Enregistrés en juin 1957 avec la fidèle pianiste Mildred Falls, ces titres intègrent parfaitement le répertoire de la reine du gospel. Puis, celle-ci apparaît aux côtés de Nat King Cole et du jeune Billy Preston dans St Louis Blues, un film sur W.C. Handy. Les extraits sont plus anecdotiques, mais il forme comme une respiration avant ce qui va suivre, des chefs-d’œuvre nés de flirts avec le jazz. Dans son livret, Jean Buzelin décrit bien les hésitations de Mahalia à interpréter autre chose que des spirituals ou des gospels songs. En 1958 pourtant, elle franchit la pas : d’abord en participant à l’album « Black, Brown And Beige » de Duke Ellington ; ensuite, en donnant un récital au festival de Newport. A l’écoute du résultat, on ne peut que se réjouir de ces modestes concessions au domaine profane. A chaque fois, la voix de Mahalia semble plus épanouie que jamais, elle paraît au somment de son art. Naturellement, la symphonie de Duke Ellington mérite d’être écoutée dans son intégralité, on ne saurait se contenter des versions incluses ici de Come Sunday et du Psaume 23. Quant à la version du concert de Newport, elle mélange subtilement vraies prises live et réenregistrements réalisés un mois plus tard en studio. Etonnamment, on ne détecte guère de ruptures d’intensité. Un miracle à revivre d’urgence. Julien CRUE-SOULBAG