« Un monde sonore homogène » par Jazz Hot

Curieux projet qui a pour thème la religion vaudou ouest-africaine. Le livret délivre des informations extramusicales sur le sujet Voodoo, alias Hoodoo, dont certes on trouve trace dans les titres et paroles de musiques diverses. Ce qui ne donne pas, sauf si l’imaginaire remplace les réalités acoustiques, un monde sonore homogène. D’ailleurs on trouve ici la démonstration objective que les univers de Bo Diddley et de John Coltrane ne sont pas intimes. Ce qui ne veut pas dire que nous n’aimons pas ce « Bo Diddley » par l’auteur du même nom ou ce délicieux « Thirty Days » de/par Chuck Berry qui ont bercé un instant de notre déjà lointaine jeunesse. Ni ce « Dahomay Dance » de Trane avec Freddie Hubbard et Eric Dolphy, également un souvenir d’adolescent. Par contre nous ne connaissions pas l’excellente Terry Timmons, bluesy à souhait dans « Evil Eyed Woman » (1952) soutenue par Rene Hall (g) de La Nouvelle-Orléans et un Jimmy Crawford (dm) sobre. Ni Josephine Premice dont « Song of the Jumbies » (1957) relève des variétés. C’est peut-être l’intérêt des compilations. En dehors de Jelly Roll Morton (« Grandpa’s Spells »), Art Blakey (« The Witch Doctor » avec Lee Morgan, 1961) et du titre de Coltrane, on trouve l’amusant « Marie Laveau » par Papa Celestin (version 1954) au cœur du sujet pour les paroles et la leçon d’expressivité de Billie Holiday dans « Day i, day out » (1957) pris sur un tempo balancé idéal (solo sobre et pertinent d’Harry Edison, sensuel et massif de Ben Webster). Ailleurs, en plus de « I Put a Spell on You » par l’excentrique Screamin’ Jay Hawkins (bon solo de Sam Taylor, ts, 1956), les moments blues et R’n B de qualité ne manquent pas : « Hoodoo Lady » par Memphis Minnie (1963), « Goofer Dust Swing » par Li’l Johnson (avec Mr Sheik, tp, 1937), « Somebody done Hoodooed  the Hoodoo Man » par Louis Jordan (1940), « Voodoo Man » par Jimmy Witherspoon avec Jay McShann (1946, bon solo de trompette), « Black Cat Bone » par Lightnin’ Hopkins (1950/1), « Who do you love » par Bo Didley (1956), « Got My Mojo Working » de Muddy Waters (avec James Cotton, hca, 1956), »You Got Your Mojo Working » du méconnu Eddie Bo (1959, avec Edgar Blanchard, g)… Nous proposons que la prochaine compilation soit consacrée à « l’amour » ce qui devrait permettre de très nombreux volumes dans un paroxysme d’hétérogénéité expressive de premier ordre. Michel LAPLACE-JAZZ HOT