« Un swing manouche d’aujourd’hui, comme on l’aime » Par Django Station

« Premier disque en leader de Mayo Hubert chez Frémeaux, guitariste bien connu des aficionados, accompagnateur entre autres de Tchavolo et Dorado (une de ses compos leur rend hommage), ici à la tête d’un quartet comprenant Laurent Maur à l’harmonica chromatique, instrument plutôt rare dans le style qui apporte une couleur originale bienvenue, et une section rythmique irréprochable :Gino Roman, contrebasse, et Francko Mehrstein, guitare d’accompagnement, encore renforcée par le drive de Mayo quand il ne chorusse pas. Voilà un quartet équilibré où la section rythmique, souple et nerveuse à la fois, déroule le tapis à deux solistestop niveau qui interviennent de manière égale et dialoguent de belle façon : exposé des thèmes à l’unisson, questions réponses enlevées (cf sur Caravan de Santino)…  Mayo, c’est l’école des manouches d’Alsace Lorraine : attaque franche, main droite d’acier, phrasé nerveux à la belle articulation avec de longues suites de notes (cf son chorus sur Gloria forever), la virtuosité n’excluant ni le sentiment (cf ses notes chantantes sur Bossa Dorna) ni la respiration (cf ses chorus aériens tout en finesse sur Chez Michel ou Ballade dans la nuit). A l’harmonica chromatique, dont le son est parfois proche de celui de l’accordina, Laurent Maur, dont je n’ai jamais entendu parler, est un sacré client, comme on dit (cf son solo époustouflant sur Gina).  Mayo signe 11 compos originales d’excellente facture, à la veine mélodique constante (cf One’s way ou le superbe Favieske qui ouvre le disque)et à l’inspiration variée : ballade, boléros (cf Feelings for Dorado et Tchavolo avec Samson Schmitt en invité à la guitare classique ; un peu trop de réverbe, non ?), swings (cf Caravan de Santino qui sonne déjà comme un standard). En bonus, Le soir, de Loulou Gasté : Mayo est ici en duo avec son jeune fils Gino (13 ans), un peu gâché toutefois par une réverbe là encore trop accentuée.  Avec ce disque très réussi, Mayo Hubert perpétue et prolonge la tradition de belle manière et s’affirme comme l’un des solistes de pointe de la génération des Samson et Yorgui ; un swing manouche d’aujourd’hui, comme on l’aime. »
Par Francis COUVREUX – DJANGO STATION