« Un véritable témoignage à disque ouvert » Par CinéSérénade

« En 2011, soit cinquante ans après son premier court métrage, et comme d'autres compositeurs avant lui (notamment Michel LEGRAND) le grand Claude BOLLING se lance dans un projet ludique et rétrospectif, à savoir associer sur un même album son statut de pianiste renommé à celui de compositeur pour l’image. Ce qui lui permet de laisser libre cours à la fois à son inspiration de pianiste, ses qualités de mélodiste et improvisateur. L'album commence par le thème de FLIC STORY, le film de Jacques DERAY, cinéaste pour lequel a énormément composé Claude BOLLING. Celui-ci nous propose un thème à la mélodie relativement simple mais coulante, classieuse sur le personnage de flic que ne quittera quasiment jamais Alain DELON et qui se développe allègrement au piano, contrepoints à l'appui. Dans la même verve, et avec le même duo en tête d'affiche, Claude BOLLING enchaine avec le thème plus grave, en particulier dans le contrepoint, mais aussi romantique dans la mélodie, de TROIS HOMMES A ABATTRE. Vient ensuite plusieurs thèmes de l'illustre BORSALINO, à commencer par le motif doucement joliment chantant et mélancolique Prends-moi Matelot, écrit en collaboration avec Jean-Claude CARRIÈRE ; puis La réussite, excellent thème de ragtime qui symbolise le talent de Jean-Paul BELMONDO et d'Alain DELON, et enfin le Borsalino thème, dont la mélodie, très célèbre, démarre lentement, s'étend dans des improvisations jazzy et qui font de cette revisite un régal. Claude BOLLING continue sur sa lancée avec La Complainte Des Apaches , l'inusable thème de la série LES BRIGADES DU TIGRE, remarquablement revisité dans cette version pianissimo. Du même réalisateur, encore une curiosité avec le thème rythmé et doucement swing Raner tiré de L’ETRANGE MR DUVALLIER (1979). On entend un thème moins connu, plus sentimental, profond dans sa couleur comme son développement, écrit pour le film LA MANDARINE réalisé par Édouard MOLINARO tout comme la série LES CLAUDINE (1978) et son thème principal délicat et sensible. Vient ensuite un classique, et même un des plus beaux thèmes de Claude BOLLING, à savoir la Louisiana Waltz du LOUISIANE de Philippe de BROCA, dont on entend aussi un Old New Orléans, plus jazzy, traditionnel du 19eme siècle, répétitif mais tout autant charmant, et plus nostalgique. Du même réalisateur, on trouve aussi un autre sommet de la carrière de Claude BOLLING pour le cinéma avec quelques extraits de la partition de la comédie LE MAGNIFIQUE, à commencer par le thème sentimental et comme sortant d'orient ou plutôt de Russie Tatiana puis, celui, féminin et sensuel, très plaisant et au charme rétro, de Christine. On arrive à une autre rareté, le thème Dors Bonhomme, plutôt lent, de couleur sombre et à la mélodie délicatement efficace, tiré du film de Serge LEROY LES PASSAGERS (récemment édité par Music Box Records). Viennent ensuite plusieurs extraits des partitions de Claude BOLLING pour les films animés LUCKY LUKE : d'abord le motif plutôt enlevé et rythmé Far West Cho Cho, le thème mélodique et mélancolique aux parfums américains I'm A Poor Lonesome Cow Boy et, enfin, le très ragtime Daisy Town Saloon. On entend encore le très beau Nostalgie tiré de la musique de la série LE CLAN réalisée en 1988 par Claude BARMA. Puis, celui, particulièrement mélodique et enjoué, à l’allure très britannique, God bless rugby, du film de Marcel CAMUS LE MUR DE L’ATLANTIQUE, le thème plus grave mais en même temps nostalgique, Le Labyrinthe de L’HOMME EN COLÈRE réalisé par Claude PINOTEAU. L'album se termine en sorte d'exercice de style avec un extrait de la partition du film muet FIANCES EN FOLIES réalisé par Buster KEATON. Comme souvent, ce genre de disque multiplie les avantages : d'abord, comme le titre l'indique indirectement, il fait office de best of puisqu'on y retrouve 21 classiques du compositeur. Ensuite, s'agissant d'un enregistrement récent, on peut le considérer comme un nouvel album; ce qui n'est pas rien pour Claude BOLLING, qui ne compose plus ou presque pour l'image. Enfin, et c'est sans doute le plus important, il offre un nouvel éclairage sur l'essence, notamment mélodique des thèmes; une dimension renforcée par les qualités d'interprète qui ne sont plus à prouver chez Claude BOLLING, pianiste qui officie encore certains dimanches au Sofitel de la Porte Maillot avec son Big Band. Au final, ce disque succulemment pianissimo constitue un véritable témoignage à disque ouvert de la story du génial Claude BOLLING. »
Par Pascal HENRY - CINESERENADE