Une des plus grandes chanteuses religieuses par Jazz Magazine

1954 est pour Mahalia Jakson une année de transition. Reconnue comme une des plus grandes chanteuses religieuses par le public afro-américain, elle a signée avec Colombia. Son nouveau producteur Mitch Miller, et le directeur artistique George Avakian entendent maintenant en faire une vedette grand public, sans pour autant qu'elle se renie ni ne perde les faveurs des acheteurs noirs. A partir du 22 novembre 1954, date de son premier enregistrement pour Colombia, Mahalia Jackson va donc devoir élargir son répertoire en incluant des chants qui sont étrangers aux esthétiques des spirituals et des gospels afro-américains. Ce cinquième volume de l'intégrale assemblée par Jean Buzelin fait entendre les divers registres sur lesquels elle doit désormais jouer, et démontre aussi la grandiose adaptabilité de sa voix. Avec ses accompagnateurs habituels, elle interprète aussi bien des cantiques pop (dont Y'll Never Walk Alone de Rodgers et Hammerstein vet un très country A Rusty Old Halo où elle se donne la réplique par la magie du re-recording) que des spirituals et gospels classiques (comme I'm Going to live the life I Sing About In My Songs de Thomas Dorsey et une superbe version de Amazing Grace). Sa voix se joue de toutes les médiocrités mélodiques que contiennent les chansonnettes religieuses et Colombia atteint d'emblée son objectif puisque A Rusty Old Halo se place en tête du Top 40. Le pire ne tarde pas à s'engouffrer dans la brêche du succès: le 1er juin 1955, Mahalia Jakson enregistre avec un grand orchestre dirigé par Ray Ellis et plonge dans une guimauve dont elle devra s'accomoder de plus en plus souvent.La voix reste souveraine mais la fantaisie rythmique qui anime véritablement son art est bridée, quand elle n'est pas annihilée. Heureusement sur 20 plages de ce CD, seules 3 sont navrantes, et encore peut-on considérere qu'elle sont "intéressantes" à titre de document historique... Denis-Constant Martin-JAZZ MAGAZINE