Une oeuvre brillante par Blues Again

On pourrait dire sans exagération que Hank Williams est un véritable bluesman blanc. Atteint d’une maladie congénitale de la moëlle épinière le spina bifida. Il fut tout au long de sa brève existence handicapé par cette maladie. Il est mort de froid dans une voiture le 1er janvier 1953. Comme l’écrit Gérard Herzhaft dans son admirable livret, « Personne ne symbolise davantage le Country Music de l’après-guerre que Hank Williams. Il a largement contribué à s’inspirer de la tradition pour en redéfinir les éléments et les moderniser. Son influence continue largement à se faire sentir ». Et personne n’a autant fait pour étendre au reste de l’Amérique et au monde entier ce qui était avant lui d’abord un genre régional. Durant sa courte vie, Hank Williams a enregistré une œuvre brillante, connu un moment d’énormes succès et composé certain des plus grands standards de la Country Music repris par d’innombrables artistes bien au-delà de ce domaine. Mais sa vie tourmentée (alcool, déboires conjugaux, drogues, bagarres, violences, rixes) sa figure de loser aux traits tragiques ainsi que l’atmosphère de blues irrémédiable dans laquelle baigne toute son œuvre qui a forgé sa légende. Hank Williams est à juste titre considéré comme l’un des artistes les plus importants de la musique populaire du XXème siècle; il n’en fallait pas plus pour faire entrer dans la légende  un artiste disparu à 29 ans. La musique d’Hank Williams sous l’angle social, voir ethnique, est une musique nonchalante, irrésistible. Musique que l’on appelle Honky Tonk, hillbilly ou country boogie, il s’agit d’un véritable blues blanc. Hank Williams fait ses débuts à l’église  où il apprend à lire et à composer la musique. Il joue ensuite avec un vieux guitariste-chanteur noir des rues, du nom de Rufus Payne, qui lui apprend à jouer le blues. Ensuite il part en tournée avec des medecine shows, et il joue dans des bouges blancs et noirs. Ainsi il se fait remarquer par Roy Acuff, et les producteurs Fred et Wesley Rose qui l’enregistre dans le style Honky Tonk. Dans ces années d’après-guerre, une vedette n’était vraiment consacré qu’en animant un spectacle radiophonique, sponsorisé par d’importants moyens publicitaires. Rose approche à plusieurs reprises le Grand Ole Opry, le programme n°1 de Country Music basé à Nashville. Mais les dirigeants du spectacle rechignent à employer un homme aussi peu ouvertement vertueux que Hank Williams. Fred et Westley Rose proposent alors leur artiste au Louisiana Hayride, un tout nouveau programme de country&Western, diffusé par la station KWKH depuis Shreveport. Le public de cette région – beaucoup d’ouvriers du pétrole de Louisiane et du Texas – est traditionnellement très tourné vers la Country music électrique et dansante et peu regardant sur les mœurs de ses favoris. Le programme démarre modestement en avril 1948 avec Kitty Wells et les Bailes Brothers. C’est Hank qui va en quelques mois faire du Louisiana Hayride le grand concurrent du Grand Ole Opry. Dès les premières apparitions, à la tête de ses Drifting Cowboys, son orchestre régulier, Hank électrise le public et sa réputation se répand comme une traînée de poudre dans toute la région. La suite, on la connaît, une carrière jalonnée de faits divers, de succès, jusqu’à la décadence et la mort en pleine jeunesse. Avec ce coffret on dispose des plus grands moments de l’œuvre de Hank Williams. Au risque de se répéter, chefs d’œuvre et Hits ponctuent les 2 CD que l’on a bien du plaisir à écouter. Jean-Paul CLAVEAU-BLUES AGAIN