« Une référence en matière d'identité culturelle » par France Musique

« Du Bal Nègre en 1930 à la biguine wabap en 1954 : les sons perdus et retrouvés de l’âge d’or de la biguine à l’époque du 78 tours. Parution de « Biguine, Vol 4 » chez Frémeaux, admirablement conçu par Jean-Pierre Meunier (pianiste classique, archéologue et historien de musique traditionnelle antillo-guyanaise, collectionneur de disques, de partitions, de photos et de commentaires de musiciens des îles, éditeur de cette musique). C’est en jouant du jazz avec des Américains que vont débuter les premiers musiciens antillais à Paris. Albert Refurt sera engagé dans le "Savoy’s Syncops Band" du trompettiste Arthur Briggs pour une tournée en Allemagne et en Autriche en 1923. Abel Beauregard (1902-1958) et Jean Degrace feront partie de l’orchestre du trompettiste Edgar E. Thompson en 1924. Pollo Malahel (1898-1984) et André Matou (1896-1988) débuteront également avec des Américains… Tous ces musiciens ne manquent pas de travail. Royalement payés, élégamment habillés, ils jouissent d’une situation enviée et ne comptent pas leurs succès auprès de la clientèle féminine. La biguine, danse originaire des Antilles Françaises, a connu un extraordinaire engouement auprès du public parisien durant toutes les années 1930. Cette vogue de la biguine attira à Paris de nombreux musiciens antillais espérant y trouver une position sociale et une vie meilleure. Mais dès les années 1920, bon nombre de leurs compatriotes les avaient déjà précédés. Certains d’entre eux étaient d’anciens combattants de la guerre de 1914-18 établis en métropole une fois la guerre finie. D’autres étaient étudiants, militaires, travailleurs de modeste condition… qui aimaient se retrouver pour jouer de la musique ensemble. Quelques uns de ces exilés devinrent professionnels. Parmi ces musiciens de l’avant-garde antillaise à Paris figurent des Guadeloupéens : le guitariste Pollo Malahel arrivé en 1919, le guitariste et saxophoniste Félix Valvert venu en 1921, le trompettiste Abel Beauregard et le tromboniste Jean Degrace arrivés en 1924, les batteurs Albert Refurt, André Matou, Léonard Nadys, Pierre Jean-François, Christian Jean-Romain, Bernard Zélier, le guitariste Vincent Ricler… et des Martiniquais comme les batteurs Florius Notte et Paul Delvi, le clarinettiste Robert Clais ou le banjoïste Robert Charlery. (source : La Biguine à Paris par Jean-Pierre Meunier) Autres héros, le tromboniste Al Lirvat, les altistes et clarinettistes Félix Valvert, Sylvio Siobud, Robert Mavounzy, le violoniste Ernest Léardée, le pianiste Bernard Sardaby (père de Michel), le guitariste chanteur Pierre Louiss (père d’Eddy Louiss)… Le volume 4 d'un formidable travail documentaire en passe de devenir une référence en matière d'identité culturelle. Le service public assuré par le privé !
Par Alex DUTILH - FRANCE MUSIQUE