Une vie après la vie... par Jazz Magazine

"Malgré tous les ouvrages consacrés à ce sujet, on ne sait toujours pas s’il existe une vie après la vie. Heureusement, il existe des certitudes auxquelles on peut se raccrocher. Ainsi, on est certain qu’il existait un Armstrong avant Armstrong. Qu’on ne se méprenne pas : il n’est nullement question ici de (p)réincarnation ou d’homonymie. Plus simplement, Armstrong a enregistré des dizaines et des dizaines de plages publiées sous d’autres noms que le sien (et pour lesquels il n’était parfois même pas crédité). Les deux premiers volumes de cette intégrale en présentent pas moins de 135… Parmi ses principaux employeurs, King Oliver, bien sûr, Fletcher Henderson, Clarence Williams, mais aussi une poignée de chanteuses, dont Ma Rainey et Bessie Smith. A côté de titres qui passionneront surtout les spécialistes, quelques curiosités et surtout de bons, voire de grands morceaux. On pourra ainsi citer, pour le volume 1, "Chimes Blues", "Mabel’s Dream" et "Tears" avec King Oliver, "Shangaï Shuffle" avec Fletcher Henderson, "Texas Moaner Blues" et deux autres titre avec Clarence Williams et Sidney Bechet, ou encore les quatre seuls titres sur lesquels Louis accompagne Ma Rainey. Le volume 2 rassemble deux des trois séances d’enregistrement avec Bessie Smith (soit dix titres, dont une des plus belles versions de "Saint-Louis Blues" jamais enregistrées, suivie d’un superbe "Reckless Blues"), mais aussi "Cake Walking Babies From Home" et "Pickin’ On Your Baby", ainsi que cinq autres titres en compagnie de Bechet avec le Clarence Williams’ Blue Five, ou encore "When You Do What You Do" avec l’orchestre de Fletcher Henderson dans lequel, pour la petite histoire, jouait aussi un certain Coleman Hawkins. Largement de quoi patienter, donc, en attendant la sortie du volume 3 de cette intégrale (avis aux amateurs : profitez donc des soldes pour acquérir un nouveau meuble de rangement…). Abordant l’année 1926, il nous proposera les chefs-d’œuvre enregistrés par le premier Hot Five. Un dernier détail concernant cette collection : Daniel Nevers, dans un des copieux livrets accompagnant ces disques, précise avec quelque coquetterie qu’il s’agira plus d’une "large sélection" que d’une véritable intégrale, quelques titres ayant été omis, pour différentes raisons : qualité technique médiocre, prises indiscernables de celles présentées ou encore enregistrements sur lesquels Armstrong, bien que "probablement présent" est inaudible… Quoi qu’il en soit, cette collection, nous promet son (sérieux) éditeur, proposera "la sélection la plus complète jamais éditée de l’œuvre du géant de la musique américaine du XXème siècle". Une excellente nouvelle, non ?"
Patrick Pommier - Jazz Magazine