FRANK SINATRA - QUINTESSENCE
FRANK SINATRA - QUINTESSENCE
Ref.: FA243

NEW YORK - HOLLYWOOD 1939-1955

FRANK SINATRA

Ref.: FA243

Artistic Direction : ALAIN GERBER

Label : Frémeaux & Associés

Total duration of the pack : 2 hours 4 minutes

Nbre. CD : 2

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NEW YORK - HOLLYWOOD 1939-1955



“Thank you for letting me sing for you”. Frank Sinatra



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Press
UNE UTOPIE CONCRETE PAR ALAIN GERBER « André Malraux avait rassemblé un musée imaginaire d’œuvres réelles. Le catalogue  des éditions Frémeaux & Associés propose un musée bien réel où les œuvres restent pourtant imaginaires. On y trouve, entre autres choses, des musiques, des chansons, des poèmes, Des romans, des mystères sacrés et des mystères profanes, Des histoires, l’Histoire, La mémoire de l’humanité ou les rumeurs de la natureBref : L’éternelle empoignade du tumulte avec le silence, Qui est son envers et non pas son inverse. Or, la musique demeure une fiction dans la mesure où elle commence là où finit l’objet musical. Or, la voix ajoute au texte à la fois un éclairage et une part d’ombre, un mélange de précision et d’ambiguïté qui échappe à l’auteur. Or, les faits, dès qu’ils sont dits, deviennent des contes. Or, les bruits de notre terre, lorsqu’ils sont isolés les uns des autres, font de cette terre un kaléidoscope dont les images se recomposent sans cesse… Ce qui caractérise ce catalogue, C’est qu’il présente l’une des plus vastes, des plus éclectiques et des plus belles collections de mirages qui se puisse concevoir. A ceci près que ces mirages traduisent les illusions fertiles et promettent à qui s’y laisse prendre quelques révélations fondamentales. Confrontés à eux, nous ne rêvons pas : Nous sommes rêvés. Car ces apparences que l’on dit trompeuses reflètent ce qu’il y a de plus concret et de plus irrécusable au monde : Une utopie de l’Homme, de son désir et de sa destinée. » Alain GERBER© FRÉMEAUX & ASSOCIÉS
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Tracklist
  • Piste
    Title
    Main artist
    Autor
    Duration
    Registered in
  • 1
    ALL OR NOTHING AT ALL
    FRANK SINATRA
    J LAWRENCE
    00:02:56
    1939
  • 2
    EAST OF THE SUN
    FRANK SINATRA
    B BOWMAN
    00:03:17
    1940
  • 3
    I LL NEVER SMILE AGAIN
    FRANK SINATRA
    R LOWE
    00:03:09
    1940
  • 4
    OH LOOK AT ME NOW
    FRANK SINATRA
    J DEVRIES
    00:03:12
    1941
  • 5
    WITHOUT A SONG
    FRANK SINATRA
    E ELISCU
    00:04:26
    1941
  • 6
    LET S GET AWAY FROM IT ALL
    FRANK SINATRA
    T ADAIR
    00:05:11
    1941
  • 7
    THIS LOVE OF MINE
    FRANK SINATRA
    FRANK SINATRA
    00:03:42
    1941
  • 8
    THE SONG IS YOU
    FRANK SINATRA
    J KERN
    00:04:22
    1942
  • 9
    NIGHT AND DAY
    FRANK SINATRA
    COLE PORTER
    00:03:00
    1942
  • 10
    I ONLY HAVE EYES ON YOU
    FRANK SINATRA
    H WARREN
    00:03:54
    1942
  • 11
    KISS ME AGAIN
    FRANK SINATRA
    V HERBERT
    00:05:08
    1943
  • 12
    SATURDAY NIGHT (IS THE LONELIEST NIGHT IN THE WEEK
    RED SOLOMON
    J STYNE
    00:02:43
    1944
  • 13
    THESE FOOLISH THINGS
    JOHN MAYHEW
    H MARVELL
    00:03:07
    1945
  • 14
    THE BROOKLYN BRIDGE
    AXEL STORDAHL
    J STYNE
    00:02:35
    1946
  • 15
    TIME AFTER TIME
    FRANK SINATRA
    J STYNE
    00:03:09
    1946
  • 16
    SWEET LORRAINE
    FRANK SINATRA
    C HURWELL
    00:03:13
    1946
  • 17
    ONE FOR MY BABY
    FRANK SINATRA
    JOHNNY MERCER
    00:03:04
    1947
  • 18
    ALL OF ME
    FRANK SINATRA
    G MARKS
    00:02:44
    1947
  • 19
    IT ALL DEPENDS ON YOU
    FRANK SINATRA
    R HENDERSON
    00:02:43
    1949
  • 20
    THAT LUCKY OLD SUN
    FRANK SINATRA
    B SMITH
    00:03:16
    1949
  • Piste
    Title
    Main artist
    Autor
    Duration
    Registered in
  • 1
    I VE GOT A CRUSH ON YOU
    FRANK SINATRA
    GEORGE GERSHWIN
    00:03:15
    1947
  • 2
    BODY AND SOUL
    FRANK SINATRA
    J GREEN
    00:03:18
    1947
  • 3
    SHOULD I
    FRANK SINATRA
    A FREED
    00:02:24
    1950
  • 4
    IT NEVER ENTERED MY MIND
    FRANK SINATRA
    L HART
    00:03:33
    1947
  • 5
    I VE GOT THE WORLD ON A STRING
    FRANK SINATRA
    T KOEHLER
    00:02:10
    1953
  • 6
    A FOGGY DAY
    FRANK SINATRA
    GEORGE GERSHWIN
    00:02:37
    1953
  • 7
    I GET A KICK OUT OF YOU
    FRANK SINATRA
    COLE PORTER
    00:02:48
    1953
  • 8
    JUST ONE OF THOSE THINGS
    FRANK SINATRA
    COLE PORTER
    00:03:13
    1953
  • 9
    WRAP YOUR TROUBLES IN DREAMS
    FRANK SINATRA
    B MOLL
    00:02:12
    1954
  • 10
    JEEPERS CREEPERS
    FRANK SINATRA
    JOHNNY MERCER
    00:02:24
    1954
  • 11
    GET HAPPY
    FRANK SINATRA
    T KOEHLER
    00:02:22
    1954
  • 12
    TAKING A CHANCE ON LOVE
    FRANK SINATRA
    T JETTER
    00:02:11
    1954
  • 13
    SOMEONE TO WATCH OVER ME
    FRANK SINATRA
    GEORGE GERSHWIN
    00:02:53
    1954
  • 14
    WHAT IS THIS THING CALLED LOVE
    FRANK SINATRA
    COLE PORTER
    00:02:35
    1954
  • 15
    MOOD INDIGO
    FRANK SINATRA
    B BIGARD
    00:03:28
    1955
  • 16
    IN THE WEE SMALL HOURS OF THE MORNING
    FRANK SINATRA
    B HILLIARD
    00:02:58
    1955
  • 17
    I LL BE AROUND
    FRANK SINATRA
    A WILDER
    00:03:01
    1955
  • 18
    LOVE IS HERE TO STAY
    FRANK SINATRA
    GEORGE GERSHWIN
    00:02:42
    1955
  • 19
    LEARNIN THE BLUES
    FRANK SINATRA
    SILVERS D VICKY
    00:03:05
    1955
  • 20
    LOVE IS A TENDER TRAP
    FRANK SINATRA
    S CAHN
    00:02:54
    1955
Booklet

FRANK SINATRA THE QUINTESSENCE FA 243

FRANK SINATRA
THE QUINTESSENCE
NEW YORK - HOLLYWOOD
1939 - 1955

FRANK SINATRA
New York 1939 – Hollywood 1955

L’une des consultations qui, dans l’histoire du jazz, a laissé le plus de souvenirs est celle qu’organisa Leonard Feather en 1956, pour son Encyclopedia Yearbook of Jazz. Les votants, au nombre de cent vingt, étaient, pour une fois, les artistes eux-mêmes, instru­mentistes ou vocalistes, sélectionnés parmi les plus illustres. Lester Young fut désigné chez les saxophonistes ténors comme le all-time favorite de ce panel. Dans la catégorie des chanteurs, on assista au triomphe de Frank Sinatra, lequel avait réuni à lui seul cinquante-six suffrages, contre treize à Nat King Cole (qui lui avait accordé sa voix) et neuf à Louis Armstrong, - pour citer deux de ses concurrents les mieux placés. Parmi ses plus ardents supporters, outre Young qui, à la fin de sa vie, ne se déplacerait plus sans avoir glissé dans sa valise un exemplaire de Frank Sinatra Sings for Only the Lonely1 : sa consœur Carmen McRae, mais aussi Duke Ellington, Miles Davis, Bud Powell, Stan Getz, Gerry Mulligan, Horace Silver, Oscar Pettiford, Oscar Peterson, Jimmy Raney, Tal Farlow, Benny Goodman ou encore Buck Clayton. Pour tous ces gens, dont on aurait du mal à démontrer qu’ils n’y entendaient rien, il ne faisait aucun doute que “The Voice” était un jazz singer à part entière. Et rappeler qu’aux États-Unis, la frontière entre jazz et variété est plus floue, plus perméable et plus mouvante que dans la vieille Europe n’explique pas tout. Or, de ce côté-ci de l’Atlantique, et dans notre pays singulièrement, Frankie a longtemps incarné aux yeux d’une écrasante majorité d’amateurs, en tant que crooner archétypique, non pas seulement l’étranger, mais l’ennemi : le suppôt de l’anti-jazz par excellence.
La consensualité ambiante, alliée à la rage (si pratique pour le commerce) de tout confondre avec tout, a eu pour effet de chambouler l’ancien cadastre et de rendre très secondaires, voire très ridicules, les problèmes de bornage. L’amateur d’aujourd’hui ne juge plus qu’il soit de la dernière urgence, pour affirmer sa foi, de se brouiller avec le plus de religions possible. Dès lors, qui perdrait encore son temps à se demander si Frank Sinatra s’exprime dans le même idiome que Joe Williams, Ray Charles ou Mel Tormé2 ? Pourtant, cette question est cruciale. La réponse, en effet, n’a guère d’importance, mais le débat lui-même en apprend long sur la nature profonde du jazz et sur ce qui fait sa spécificité, voire sur ce qui constitue son essence. Mais reprenons les choses par le début.“Frankie” était né et avait grandi à Hoboken, une banlieue ouvrière du New Jersey, parmi d’autres descendants d’immigrés italiens. Comme tout un chacun dans cet environnement, il rêvait de devenir célèbre et riche. Et il savait de quoi il était capable. En écoutant le premier chanteur de variété dont la technique n’ait pas été imitée de celle du bel canto, le premier chanteur de salle de bain à se produire sur scène et à enregistrer des disques à succès, il s’était dit : “Cela, je peux arriver à le faire.” D’emblée, il se posait en rival de Bing Crosby, auquel il doit d’ailleurs beaucoup, comme tous ceux qui se sont lancés dans le métier avec une voix, mais sans être des chanteurs à voix pour autant. Du reste, sa voix à lui, celle qui ferait de lui une légende vivante, il n’en disposerait pas tout de suite. Pour les uns, il ne la maîtrise qu’à partir de ses enregistrements Bluebird du 19 janvier 1942 ; pour les autres, il en fera vraiment ce qu’il souhaite une dizaine d’années plus tard seulement, lors de son retour aux affaires après une traversée du désert qui faillit bien lui être fatale.
En janvier 1940, âgé de 24 ans depuis un mois, étoile montante du grand orchestre de Harry James, il se laisse débaucher par le tromboniste et chef d’orchestre Tommy Dorsey, un homme que ses publicités baptisent le “Sentimental Gentleman”, mais qui, affichant la carrure du futur président Lyndon Baines Johnson, possède à peu près le même sens de la poésie et fait preuve d’une sentimentalité proche de celle du tueur d’abattoir. Frank gagnera beaucoup à le fréquenter. Car Dorsey, l’un des suprêmes virtuoses de son instrument en ce temps-là (et admiré de Charlie Parker pour cette raison), détient le précieux secret de la “respiration continue”. En l’observant, sa nouvelle recrue apprend à ne jamais s’asphyxier tout en évitant d’interrompre le fil de son discours. Ainsi Frank va-t-il sensiblement améliorer la flexibilité de son élocution, avantage qui, allié à une diction exceptionnelle et à un sens inné de l’équilibre rythmique, lui permettra d’accomplir de considérables progrès en matière d’articulation et de mise en place. Vint alors le temps des porteuses de socquettes, ces “bobbysoxers” qui traînaient des cartables d’écolières, poussaient des cris d’orfraie, tombaient dans les pommes et aspiraient à devenir les poires du star-system en pleine gestation. Par colonies entières, elles étaient prêtes à se damner pour lui. Ce qui agacerait profondément leurs pères. Par voie de presse, ils se déchaîneraient contre l’élu : “Cet homme est la cause principale de la montée de la délinquance juvénile.” Grâce à quoi, pour les adolescents de tout sexe et de tout âge, celui dont venait tout le mal devint un pourvoyeur de rêves, un leader d’opinion et l’ultime faiseur de mode. Celle des nœuds papillons, par exemple, et celle des manches de vestes retroussées, adoptées par des milliers de garçons, pour qui il représentait une raison inattendue de croire enfin en eux-mêmes.
Un sondage établirait alors, scientifiquement, le fait qu’il était le seul Américain plus célèbre que le président Truman. Néanmoins, comme on l’a dit, le Grand Corrupteur des minettes allait connaître une éclipse au début de la décennie suivante. Ce n’est que par un imprévisible retour de manivelle qu’il a pu faire mentir, in extremis, la remarque de Francis Scott Fitzgerald selon laquelle “il n’y a pas de deuxième acte dans les destinées américaines.” La vedette universelle qu’on applaudirait encore dans les années 90 fut un has been à trente-cinq ans, ce qui n’arrive pas à tout le monde. Toutefois, à l’insu de tous et d’elle-même pour commencer, elle était promise à un brillant avenir, ce qui, chez les has been, est plus rare encore3. Laissé quelque temps sur le quai, “The Voice” ne tarderait pas à prendre la place du chef de gare. Les bobbysoxers se dénicheraient d’autres icônes. D’autres souffre-douleurs, souffre-douceurs. Lui-même prendrait du poids et perdrait ses cheveux. Il prendrait et rendrait des coups4. Il se donnerait à lui-même l’illusion de faire des présidents et, aux autres, l’impression (ni tout à fait fondée, ni tout à fait inexacte) d’être le filleul préféré des parrains de Las Vegas. Il lâcherait des pianos par les fenêtres des palaces et des bordées d’injures à des hommes, compositeurs exquis, paroliers délicieux, qui ne les méritaient sûrement pas. Jamais plus il ne redescendrait de son piédestal. More and more (“Toujours plus”) : ç’avait été sa devise, dans les années 30. De ses premiers best-sellers pour Capitol et jusqu’à Strangers in the Night, qui marqua l’indépassable sommet de sa popularité, ce fut l’histoire de sa vie. Et autant en emporte le vent... On a le sentiment d’avoir eu affaire à un être qui, se sachant fragile, ayant compris que ni la vie ni les hommes n’ont coutume de vous couvrir de cadeaux, a voulu s’endurcir, mais qui a raté son coup. Qui n’est parvenu qu’à se durcir, ce qui n’est pas tout à fait la même chanson.
Un être s’efforçant de ressembler aux durs afin de mieux s’assembler avec les puissants.Sinatra et son Rat Pack, son gang de bambocheurs mal embouchés... Sinatra et les Kennedy... Sinatra et l’Honorable Société... Sinatra, vilain monsieur pour colombes pas très blanches... Que nous importe, au fond ? Que nous importe l’envers du décor, quand nous avons payé pour être dans la salle ? C’est folie que de s’intéresser aux hommes, pauvres hommes, coincés dans les statues à leur effigie comme les mouches dans le châ­teau de l’araignée. “The Voice” pourrait bien avoir cassé le vase de Soissons, il ne nous en resterait pas moins l’essentiel : sa voix. Et comme les choses ne sont pas toujours aussi mal faites qu’on le dit, cette voix est justement ce qui, en cet homme, a toujours parlé en sa faveur.Dès qu’il fut assez célèbre pour que les journalistes lui poussent un micro sous le nez, Frank Sinatra publia sa dette envers Billie Holiday. Et le plus sidérant était qu’il parlait alors, avant tout, de technique. On eût été bien inspiré de mé­diter ses déclarations, avant de colporter le bruit que, de technique, il n’en avait trop, quand sa référence, nouvel avatar de la bonne sauvageonne, n’en avait pas du tout et s’en montrait fière (à bon droit, puisqu’elle pouvait ainsi aborder, sans se départir de son naturel, des rives où nul ne s’était risqué avant elle). Si l’on ne prend en compte que de la tessiture, il est clair que Billie, comparée à Frank, ne dispose que d’un instrument étriqué (une octave et demie, assurent les experts). Mais la technique vocale ne se limite pas plus à l’étendue du registre qu’à la capacité de couvrir cette étendue tout entière avec une aisance égale. La technique est aussi une certaine façon de phraser : d’articuler (et de désarticuler), d’infléchir (et de redresser). Sur ce plan-là, Billie était insurpassable et c’est sur ce plan-là justement qu’il s’est ins­piré d’elle. “Je n’ai rien enseigné à Frank, confiera Lady Day au reporter Earl Wilson, quelques années plus tard.
Je me produisais au cabaret Three Deuces de Chicago et Frank appartenait alors à l’orchestre de Harry James... Je lui ai dit que sa façon de phraser n’était pas correcte. Qu’il devait lier certaines notes. La bonne manière d’y parvenir, c’est toute l’aide que je lui ai apportée.”Billie, Frankie... Toute une critique s’est ingéniée à fantasmer non pas simplement une rivalité mais une haine sourde et venimeuse entre deux des plus grands chanteurs populaires de leur temps. En France (on y revient), assez peu de gens ont résisté à la tentation de dresser l’un contre l’autre la Noire et le Blanc, la femme blessée et le machiste forcené, la victime de toutes les autorités et le protégé de tous les pouvoirs. Dans les faits, Billie Holiday et Frank Sinatra apparaissent comme deux des vocalistes américains (nés à quelques mois de distance, en 1915) susceptibles de coloniser une mélodie dès la première note sans donner le sentiment qu’ils improvisent si peu que ce soit. Leur génie ne consiste pas à remplacer une chanson par une autre, comme le firent si bien Ella Fitzgerald et Sarah Vaughan, mais à l’inter­préter de bout en bout selon leur tempé­rament, la transfigurant ainsi de l’intérieur, au prix d’une série de dépla­cements subtils, de glissements infimes et pourtant radicaux. Cette approche avait été celle de Louis Armstrong ; on la retrouvera chez Ray Charles ou, à l’état le plus pur, chez Joao Gilberto, l’un des fondateurs de la bossa nova avec Antonio Carlos Jobim.
Billie/Frankie : une opposition artificielle. Une opposition qui eut et a encore valeur de dogme, parce que les clichés ont la peau dure. Ayant échappé, de peu il est vrai, au tragique, celui-ci ne pouvait ni se plaindre de l’adversité comme celle-là, ni revendiquer son expérience de la condition humaine. Et pourtant La Voix, j’en suis sûr, enviait Lady Day. En tout bien tout honneur, comme les hommes de tout temps ont demandé la lune, parce que là où Billie avait planté sa tente et mis, à un âge tendre, un pied dans la tombe, c’était un des rares endroits où lui-même ne pouvait pas se rendre. Cependant que, sur sa lune à lui, il n’y avait jamais eu de place pour Lady Day, laquelle pouvait rêver de cet astre en toute impunité, sûre de rêver à fonds perdus. Francis Albert Sinatra s’est éteint le 15 mai 1998. D’un arrêt du cœur, ce qui est la bonne façon de mourir. La seule, pour les hommes qui ont beaucoup chanté les histoires d’amour mais n’ont pas trop bien su les vivre.
Alain Gerber
© 2006 GROUPE FREMEAUX COLOMBINI SAS
1 Un album Capitol, réalisé en 1958 sur des arrangements de Nelson Riddle.
2 Eux-mêmes ayant été accusés d’ailleurs, il faut le rappeler, de ne pas être de “purs” jazzmen.
3 Même s’il existe d’autres cas célèbres : Jean Gabin, par exemple, ou, pour rester dans l’univers de la musique populaire-savante d’Amérique du Nord : Chet Baker et Art Pepper.
4 Au point que, dans un gala, le maître de cérémonie l’accueillerait publiquement par ces mots : “Frank, fais comme chez toi : cogne sur quelqu’un.


”A PROPOS DE LA PRESENTE SELECTION“

Cette nuit-là le car s’est éloigné avec le reste des gars. Il était à peu près minuit et demi. J’avais dit au revoir à tout le monde et, je m’en souviens, il neigeait. Il n’y avait personne et j’étais là, debout, ma valise à mes pieds, en train de regarder s’éloigner les feux du véhicule. Des larmes me montèrent aux yeux et je me suis mis à courir après le car. Il y avait tellement d’esprit de corps et d’enthousiasme dans cet orchestre que c’était un déchirement de le quitter. Et durant peut-être cinq mois chez Dorsey, j’ai regretté la formation d’Harry James.” (1) Frank Sinatra entamait dans le remords la seconde étape de sa carrière qui avait démarré officiellement à l’Hippodrome Theatre de Baltimore le 30 juin 1939. En quête d’un chanteur pour son nouvel orchestre, Harry James avait entendu  dans une émission retransmise depuis le Rustic Cabin d’Englewood, quelqu’un qui lui paraissait pouvoir faire l’affaire et l’avait engagé pour soixante-quinze dollars par semaine. En six mois – la durée de son engagement –, Sinatra grava une dizaine de faces dont All Or Nothing At All qui rencontra un énorme succès… trois ans plus tard après que Sinatra ait quitté Tommy Dorsey. Jack Leonard, son chanteur en ins­tance de départ, lui ayant vanté les vertus du vocaliste de All and Nothing At All, le “Sentimental Gentleman of the Trom­bone” avait fait à Sinatra une proposition qu’il lui était difficile de refuser. Bon prince, Harry James le laissa rejoindre Dorsey dont l’ensemble était infiniment plus prestigieux que le sien. Frank Sinatra s’y bâtira une technique vocale exceptionnelle et apprendra à connaître les musiciens en s’affrontant à Buddy Rich et en se liant d’amitié avec Bunny Berigan, le trompettiste que l’on entend à ses côtés dans East of the Sun. Le public et la critique avait fait bon accueil au nouveau “crooner” mais une vraie reconnaissance ne lui viendra qu’avec la chanson I’ll Never Smile Again, composée en 1939 par Ruth Lowe, pianiste de la formation d’Ina Ray Hutton, à la suite du décès de son époux survenu au tout début de leur mariage.
Une œuvre qui avait déjà remporté un prix au Canada et avait été enregistrée par Glenn Miller. Ce qui n’empêcha pas le “Sentimental Gentleman of the Trombone” de présenter Ruth Lowe comme une découverte du “Tommy Dorsey’s Amateur Song Writing Pro­gram”, une émission qui incitait les auteurs / compositeurs amateurs à lui envoyer leurs œuvres. Une supercherie inutile tellement sa version de I’ll Never Smile Again éclipsait celle de Glenn Miller passée inaperçue. Fred Stulce avait conçu un arrangement parfaitement adéquat : sur un tempo très lent, accompagnés par la section rythmique dans laquelle Joe Buskin utilisait un célesta, n’étaient pratiquement sollicités que le trombone de Dorsey et les voix des Pied Pipers et de Sinatra. Boule­versante, cette version se vendit à un demi-million d’exemplaires et son interprète principal accéda au rang de vedette.Pour autant, lorsqu’il devait partager les vocaux avec les Pied Pipers, Sinatra n’en continuait pas moins à travailler sa partie en fonction de celles de ses partenaires, refusant, au contraire de ses pairs placés dans une situation semblable, de se comporter comme “le soliste”. Ce qu’illustrent Oh ! Look At Me Now et Let’s Get Away from It All au long desquels, soutenus par les partitions de Sy Oliver, Sinatra, les Pied Pipers et Connie Haines rivalisent de fantaisie, d’humour et de swing. Deux inter­prétations qui entrèrent au Hit Parade sans toutefois atteindre le record de This Love of Mine – vingt-quatre semaines de présence –, une des rares chansons dans lesquelles Frank ait mis son grain de sel. Esquissé par Sol Parker, dégrossi par Hank Sanicola et Frank Sinatra, corrigé par Matt Denis et Tom Adair, This Love of Mine exaltait la facette romantique du crooner. Pourquoi, dans un registre identique, Without A Song où Sinatra montrait une impressionnante maîtrise ne connut-il pas un succès comparable ? Mystère. En 1941, Frank détrône Bing Crosby au référendum de Down Beat ; l’orchestre Dorsey est second, son chef ne figurant qu’en cinquième position au palmarès des solistes.
Sy Oliver reconnaîtra que “ce n’était plus le spectacle de Tommy mais celui de Frank” (2). Comment ne pas profiter de cette popularité pour voler de ses propres ailes d’autant qu’il serait question que Bob Eberlé entreprenne la même aventure ? Dans ce champ d’activité, il n’y a pas de place pour deux ; Sinatra prit les devants et donna sa démission. Chez Dorsey, il existe une marge entre revendiquer sa liberté et pouvoir en disposer. “Je l’aimais et je l’admirais. C’était un musicien et un chef d’orchestre hors du commun, mais il était possessif : l’idée que l’on puisse quitter sa formation lui était insupportable.” (3) Après une bataille juridique qui coûta fort cher au chanteur  autour d’un contrat n’ayant en fait aucune valeur, celui le liant à Harry James n’ayant jamais été officiellement dénoncé, Frank Sinatra fit ses adieux en public. Le 3 septembre 1942 il présente son successeur Dick Haymes en préambule à The Song is You. Une semaine plus tard, Sinatra quitte définitivement Tommy Dorsey en emmenant Odd “Alex” Stordahl, l’ar­rangeur qui l’avait assisté lorsque, au grand dam de son employeur, il avait enregistré sous son nom quatre morceaux dont Night and Day. Stordahl avait  alors réuni quatorze musiciens en privilégiant bois et cordes. Harry Meyerson, superviseur de la séance : “Frank ne se comportait plus du tout comme un simple chanteur d’orchestre. Il est entré, plein d’assurance et de nonchalance, sachant exactement ce qu’il voulait.” (4) Un comportement dont il ne se départira plus.Le 30 décembre 1942, Frank Sinatra entame un engagement de quatre semaines au Paramount Theater en complément de programme du film “ Star Spangled Rhythm ” (Au pays du rythme) dans lequel figurent Betty Hutton, Bob Hope, Bing Crosby et Veronica Lake. Benny Goodman et son orchestre dont Peggy Lee est la vocaliste, figurent aussi à l’affiche. (5) Le chanteur est annoncé comme “The Voice That Has Thrilled Millions” et, pour faire bonne mesure, son agent George B. Evans a engagé quelques adolescentes chargées de se pâmer sur commande pendant son tour de chant.
Précaution inutile : TOUTES les adolescentes entrèrent en pamoison. Sinatra fut sacré “The Sultan of Swoon”. (6)Depuis l’attaque de Pearl Harbour au mois de décembre 1942, les Etats-Unis sont en guerre. Classé 4 F, Frank Sinatra a été réformé (7). La presse se déchaîna, première manche d’un duel à fleurets non mouchetés que le chanteur entretiendra toute sa carrière avec une bonne partie des journalistes américains. Conscription, taxes sur les dancings, restrictions de carburants, les hostilités portèrent un coup sérieux aux grands orchestres “swing” que les vocalistes étaient en train de supplanter dans les goûts du public. La grève de l’enre­gistrement décrétée par James Cæsar Petrillo, président du syndicat des musiciens à partir du 1er août 1942, leur porta le coup de grâce. Ce boycott ne concernait évidemment pas les fameux V-Discs. Réalisés pour les forces armées, ces 78t 30 cm en vinyl incassable étaient expédiés chaque mois par boîtes de 25 en direction du front - un combattant dira qu’ils constituaient la meilleure chose qui puisse leur parvenir après une lettre du pays. Destiné à l’armée de terre, le V-Disc 72 fut le premier consacré à Sinatra (une bonne centaine de ses interprétations furent éditées sous cette forme). Sur la face A, après une introduction parlée (8) figure une version de I’ve Only Eyes for You bénéficiant d’une somptueuse partition d’Alex Stordhal pour orchestre et chœurs ; en l’occurrence les “Bobby Tucker Singers” qui, pendant la grève des instrumentistes, furent les seuls accompagnateurs de Sinatra sur les disques “civils”. D’une longueur inusitée, elle ne sera pas reprise intégralement dans l’enregistrement Columbia. Sur la face B, à la suite de Kiss Me Again, une bluette romantique composée en 1916 par Victor Herbert, Frank enchaîne avec fougue sur There’ll Be A Hot Time in the Town of Berlin, une œuvre que les auteurs de Oh ! Look At Me Now alors sous les drapeaux avaient conçu en forme de marche militaire.
Une anticipation d’ailleurs démentie par les faits puisque les Alliés laisseront la capitale du IIIème Reich aux bons soins de l’armée soviétique, conduite par le maréchal Georgi K. Joukov.Ces morceaux avaient été gravés durant les répétitions d’une émission de radio, “Broadway Bandbox”. A l’époque de la télévision numérique  et des DVD, il est difficile de réaliser l’importance que revêtait alors ce média. Dans pratique­ment chaque famille américaine trônait un poste – imposant, à l’ébénisterie chantournée - autour duquel parents et enfants se regroupaient pour écouter leurs émissions favorites. Et Frank Sinatra n’était jamais absent longtemps des ondes grâce à “Your Hit Parade”, “Songs by Sinatra” ou “The Frank Sinatra Program”. Conséquence de la grève des musiciens, Sinatra ne pénétra dans un studio d’enregistrement en compagnie d’un orchestre que le 14 novembre 1944. Un moment attendu avec quelque impatience par le label Columbia qui l’avait sous contrat. Furent mis en boîte White Christmas - fêtes de Noël obligent - et trois autres morceaux dont Saturday Night Is the Loneliest Night in the Week, qui remporta un beau succès. Cet “hymne des femmes de soldats” était l’œuvre du tandem Sammy Cahn - Jule Styne qui signèrent aussi The Brooklyn Bridge où Sinatra fait preuve d’une belle décontraction et de Time after Time, une de ses plus belles réussites de l’époque ; deux titres liés au film “It Happened in Brooklyn”. Dans trois registres différents, Sinatra faisait montre d’une parfaite maîtrise. Pour Connie Haines qui avait été sa partenaire chez Harry James et Tommy Dorsey, il s’exprimait vocalement d’une façon entièrement nouvelle, “racontant une histoire, donnant un sens aux mots, les faisant vivre”. Sinatra qui jugeait sa voix de baryton léger un peu trop haut placée et d’une très relative pureté, avait mis au point une technique qui lui procurait la souplesse nécessaire pour servir les moindres nuances d’un texte.
“Mon idée fut d’utiliser ma voix à la façon d’un trombone ou d’un violon ; pas de «sonner» comme eux mais de jouer de ma voix comme d’un instrument. Au lieu de chanter deux ou quatre mesures à la fois – ce que font les autres –, je pouvais interpréter six mesures, quelquefois huit dans certaines chansons, sans reprendre mon souffle de manière audible. Ce qui conférait à la mélodie un continu sans césure visible. Et cela m’appartient en propre”.  (9)“Vous savez, j’adore faire des disques. Je préfère ça à n’importe quoi d’autre” (10). De ce fait Sinatra ne prenait pas les choses à la légère, sélectionnant bien avant la séance les morceaux et faisant part de ses idées sur les orchestrations. Joel Friedman : “Un arrangeur n’a qu’à suivre la mélodie originale et la développer un peu, ce qui ne demande pas beaucoup d’imagi­nation. Ce que faisaient les arrangeurs de Sinatra était complètement différent. Si composer est inventer des schémas mélodiques originaux, ils le faisaient. Les introductions et les petits motifs que trompettes et trombones exécutent pour enrichir la mélodie n’existaient pas à l’origine – ils les ont inventé. Même s’il ne s’agit que de trois notes, cela relève de l’écriture. Ils étaient autant compo­siteurs qu’arrangeurs.” (11)Expert dans l’art de traiter les cordes, Axel Stordahl – homme cultivé dont l’un des maîtres était Claude Debussy – ne les utilisait pas à l’instar de nombre de ses confrères, comme des édredons pour vocalistes mais leur confiait de véritables contre-chants. Sans rival lorsqu’il s’agissait d’accommoder une ballade, il n’hésitait pas à adapter les moyens instrumentaux au climat recherché. Pour These Foolish Things et It Never Entered my Mind il utilise une forme d’orchestre de chambre alors qu’il sollicite un grand ensemble ne comprenant qu’un seul cuivre pour One for My Baby ; le parangon de ces “Saloon Songs” que Sinatra savait interpréter comme personne. Stordahl pouvait tout autant signer des partitions “swing”, témoin I’ve Got a Crush on You, mais, chez Columbia, elles revenaient plutôt à George Siravo (Should I, It All Depends on You).
Les séances d’enregistrement suivaient un rituel précis : d’une durée de trois heures, elles débutaient autant que possible aux environs de vingt heures, moment de la journée qui, selon Sinatra, convenait le mieux à sa voix. Dans les conditions d’un concert public, deux ou trois morceaux, rarement quatre,  étaient mis en boîte. Pour un perfectionniste comme Sinatra qui savait qu’un disque est enregistré pour toujours, le nombre de prises n’a pas d’importance. Charles Granata qui eût accès aux archives sonores de Columbia décrivit ainsi les préparatifs qui conduisirent à la version définitive de It All Depends on You.Après avoir pris connaissance de l’arrangement, en l’absence de son auteur, George Siravo, Sinatra s’adressa à Sid Cooper pour faire quelques retouches et à Hugo Winterhalter afin qu’il procède à certains aménagements. A propos de l’introduction, Frank demanda à ce que les trombones jouent plus “tendu” pour donner l’impression qu’il n’y ait qu’un seul instrumentiste puis suggéra à tous de baisser leur puissance sonore. A sa demande, Johnny Guarnieri imagina un petit riff, le bassiste s’éloigna légèrement du micro et le guitariste s’en rapprocha. Sans en revendiquer le titre, Sinatra se compor­tait en véritable chef de studio. Ce qui convenait parfaitement à ses accompa­gnateurs. Johnny Blowers : “Frank respectait les bons musiciens et savait les prendre. Il voulait que chacun donne le meilleur de lui-même et il l’obtenait en les responsabilisant. Tous étaient conviés à l’écoute du “playback”. Il savait que nous étions nos critiques les plus impitoyables et que, tout comme lui fiers de notre travail, nous ne nous satis­ferions que du meilleur. Du coup, il disposait d’un orchestre loyal, dur à la tâche mais détendu.” (12) L’un des rares chanteurs à vraiment s’intéresser à la technique, Sinatra acceptait pourtant difficilement certaines contraintes.
Il entra dans une colère noire lorsqu’il apprit que Columbia n’ayant pas les moyens de faire tenir 3’23 de musique sur un 78t 25 cm, la version de Body and Soul qu’il venait de mettre au point avec Bobby Hackett à la trompette ne pouvait être publiée telle qu’elle. Refusant l’accélération suggérée, il préféra recommencer en se résignant à la suppression de l’intro orchestrale et au déplacement du chorus de trompette. Une seule fois il ne fut pas seul maître à bord. Ayant remporté pour la quatrième fois consécutive le référendum de la revue Metronome, Sinatra avait été invité à rejoindre les autres vainqueurs, tous jazzmen émérites qu’il admirait. Sur Sweet Lorraine, son vocal n’engendra pas la moindre solution de continuité avec leurs interventions. (13) Pour le plaisir, il resta au studio pour assister à l’enregistrement d’un second morceau auquel il ne participait pas, Nat Meets June qui mettait en vedette King Cole et June Christy, la chanteuse de l’orchestre Stan Kenton. En mars 1946, fut publié un album de quatre 78t intitulé “The Voice of Frank Sinatra” qui, plus tard, deviendra son premier LP. Il tranchait au milieu des productions similaires car s’y trouvaient regroupés des enregistrements – nouveaux ou anciens – qui  conféraient à l’ensemble une unité de ton. Le premier de ces “Concept Albums” auxquels Sinatra restera fidèle toute sa carrière. Quatre autres suivront dont “Sing and Dance with Frank Sinatra” qui mettait l’accent sur son côté “jazzy” (Should I en faisait partie). Une des rares bonnes idées du nouvel homme fort de la Columbia, Mitch Miller. Soucieux de rentabilité immédiate donc de séduire le public d’adolescents nouveaux arbitres du marché phonographique, il s’était mis en tête de leur “vendre” Sinatra et quelques autres. Dans le cas de Rosemary Clooney qui, contrainte et forcée, enregistra l’ineffable Come-On-a-My-House et fit un malheur, le flair de Mitch Miller s’était montré payant. Ce fut différent avec Sinatra qui, pourtant, n’avait jamais rechigné à inscrire à son répertoire des succès du jour pourvu qu’ils constituent un matériau hono­rable ; ainsi That Lucky Old Sun popu­larisé par Frankie Laine que Louis Armstrong avait gravé un mois plus tôt. Mais que dire de Tennessee Newsboy ou de Mama Will Bark dans laquelle Sinatra dialoguait avec un chien ?
Mitch Miller prétendait qu’on ne pouvait pas obliger quelqu’un à chanter quelque chose. Peut-être, mais il existe des arguments pour convaincre les plus réticents. Surtout lorsqu’ils découvrent que le public les abandonne. Au début des années 50, la situation de Sinatra est quasiment désespérée. Columbia a fini par lui rendre sa liberté après qu’à titre d’adieu, il ait gravé, non sans ironie, une chanson intitulée Why Try to Change Me Now ? Son show télévisé est interrompu après deux saisons jugées décevantes par les sponsors et la MGM vient de dénoncer son contrat car ses films ne rapportent pas assez. Certes, beaucoup étaient médiocres mais la faute à qui ? Il n’empêche, “On the Town” (Un jour à New York) mis en scène par Gene Kelly et Stanley Donen sur une musique de Leonard Bernstein, reste un chef-d’œuvre de la comédie musicale ; “Anchor Aweigh” (Escale à Hollywood) et “Take Me Out to the Ball Game” (Match d’amour) comportent d’excel­lents moments ; quant à “Meet Danny Wilson” (Quand tu me souris) dans lequel Sinatra interprétait un animateur de cabaret, il  ne manquait pas d’intérêt. Pour parachever, son agence le lâche ; le gouvernement exige $ 100 000 d’arriérés d’impôts et la presse, porte-parole de l’Amérique bien pensante, lui tire dessus à boulets rouges en raison de sa romance – tumultueuse – avec Ava Gardner. Si l’on ajoute les accusations de communisme proférées par le FBI, jointes à une mise au pilori suscitée par sa présence, avec de nombreux autres gens du spectacle, à une soirée donnée par un mafioso célèbre, le tableau est presque complet ; presque, parce qu’en sus, Sinatra à des problèmes avec sa voix qu’il perd complètement au cours d’un engagement au Copacabana. Sammy Davis Jr. : “Il descendait lentement Broadway, sans chapeau, le col relevé, personne ne le remarquait. C’était bien le même qui, quelques années plus tôt, avait créé des embouteillages monstres à Times Square. Des milliers de personnes s’étaient fait piétiner pour le voir. Et le voilà à présent qui descendait cette même avenue sans que personne fasse attention à lui. Comment une pareille chose pouvait-elle arriver ?” (14)
Lorsque l’on est au bas de la pente, on se doit de disparaître – ce n’était pas le genre de Sinatra – ou de remonter. Grand lecteur, il avait apprécié le livre de James Jones From Here to Eternity (Tant qu’il y aura des hommes) qui allait être adapté à l’écran. “Je savais que si ce film se faisait, j’étais le seul à pouvoir jouer le soldat Maggio. J’ai connu Maggio. J’ai été à l’école avec lui à Hoboken. Je me suis battu avec lui. J’aurais pu devenir Maggio.” (15). Restait à convaincre le producteur Harry Cohn. Ce qui se fit, non pas comme l’insinue Mario Puzo dans son roman le  Parrain en décapitant le cheval de course favori du magnat, mais plus simplement grâce à l’intervention d’Ava Garner et au fait que Sinatra, ayant adopté un profil bas, accepta de faire un essai et de se contenter d’un salaire ridicule. Il recevra l’Oscar du meilleur second rôle. Conjointement son nouvel agent, Sam Weisbord, a demandé à Alan Livingstone, l’un  des responsables du jeune label Capitol, si compter Sinatra dans son écurie l’intéresserait. La réponse ayant été affirmative, allait. commencer pour Sinatra une période que d’aucuns considèrent comme le sommet de sa carrière.Frank a trente-huit ans. Il quitte New York pour la Californie et son “look” d’adolescent prolongé en faveur d’une tenue plus adaptée au Sinatra nouveau. Il arbore dorénavant un chapeau qu’il n’abandonne plus guère que sur scène. Son expression vocale a gagné en densité et en force. Nelson Riddle  : “Sa voix est beaucoup plus intéressante maintenant.  Il y a des années, elle était plus régulière, actuellement il exploite au moins trois registres intéressants : grave, médium et aigu. Il va plus au fond des chansons qu’il ne le faisait jusqu’alors. C’est peut-être le résultat des dix ans qui ont passé et de tout ce qu’il a vécu pendant.” (14). Au vrai, jamais encore Sinatra n’avait fait naître autant d’émotion qu’avec In the Wee Small Hours of the Morning ou I’ll Be Around. Jamais non plus il n’était allé aussi loin dans la “jazzification” d’une interprétation qu’au cours de Wrap Your Troubles in Dreams ou de A Foggy Day d’une absolue perfection rythmique.
Il n’hésite pas à modifier les mélodies de Get Happy et Just One of Those Things pour les reconstruire à la façon d’un improvisateur. Quant à What Is This Thing Called Love ? l’historien et critique Will Friedwald écrira dans son ouvrage Sinatra ! The Song is You – A Singer’s Art que son interprétation constitue l’un des sommet de son art. L’environnement musical de Sinatra a évolué. Le pianiste Bill Miller est devenu son collaborateur le plus proche – et le restera jusqu’au bout – depuis que Frank l’a engagé en 1951 après l’avoir entendu au bar du Desert Inn de Las Vegas. Selon le vibraphoniste Emil Richards, personne ne savait jouer du “piano-bar” comme lui. Sinatra s’est attaché aussi les services du trompettiste Harry “Sweets” Edison auquel, en studio, un micro est réservé car il joue en dehors de la section des cuivres. Lors de ses prestations en public, Frank s’appuie sur le batteur Irv Cottler doué d’un sens métronomique du tempo. Aucun de ces changements ne fut aussi déterminant que l’arrivée de l’arrangeur Nelson Riddle.Pour sa première séance “Capitol”, Sinatra s’était fait accompagner d’un orchestre dirigé par le fidèle Axel Stordahl. Rien d’exceptionnel n’en était sorti, néanmoins, arrangé par Heinie Beau dans le style de Billy May, Lean Baby avait rencontré un petit succès. L’idée concomitante d’organiser une séance réunissant Sinatra et Billy May profita à un troisième larron. A la date prévue, Nelson Riddle arriva au studio avec deux arrangements attribués à May – ce dernier étant indisponible, il avait fort habilement pastiché son style – et deux, écrits à sa façon. Celui concernant I’ve Got the World on a String fut trouvé “magnifique” par Sinatra qui s’enquit sur le champ de l’identité de son auteur. Il allait devenir son arrangeur d’élection. Nelson Riddle avait commencé sa carrière en tant que tromboniste – un instrument qui aura toujours la part belle dans ses partitions – et étudié avec Bill Finnegan et le compositeur Mario Castelnuovo-Tedesco. Capitol avait recours à ses services en tant qu’arrangeur indépendant car il faisait preuve d’un don inné pour “habiller” les  parties vocales, Nat King Cole bénéficiant tout particulièrement de ses bons offices. Le travail que Riddle accomplit pour Sinatra fut d’une tout autre complexité par son jeu de textures d’accompa­gnement sollicitant la juxtaposition d’instruments ou de sections  en alliage ou en opposition.
Le tromboniste-basse George Roberts, ami de Riddle, raconta : “Il me dit un jour vouloir disposer d’une sorte de signature sonore. Je lui ai dit de prendre une flûte, une trompette avec sourdine Harmon, un trombone-basse, des cordes et de voir ce qu’il pouvait tirer de cette combinaison. Il le fit et sa signature fut validée.” (14). “J’estime que Frank et moi avions les mêmes aspirations musicales.” dira Nelson Riddle. De leur collaboration naquit nombre de réalisations remar­quables. L’élaboration de “Concept Albums” trouva là son plus parfait accomplissement. Chacun d’entre eux possédait un ton spécifique comme le montre l’écoute de A Foggy Day et I Get a Kick Out of You extraits de “Songs for Young Lovers”, de Just One of those Things, Wrap Your Troubles in Dreams, Jeepers Creepers, Get Happy et Taking a chance on Love qui proviennent de “Swing Easy”, de Mood Indigo, What Is This Thing Called Love ? I’ll Be Around et In the Wee Small Hours of the Morning extraits de l’album éponyme.Si la participation de Nelson Riddle à “Songs for Young Lovers” se résuma à réviser et “gonfler” les arrangements que George Siravo avait écrit pour la petite formation qui avait accompagné Sinatra en tournée au début des années 50, le ton de “Swing Easy” et de “In the Wee Small Hours of the Morning” lui revient en propre. Ses partitions y accompagnent les vocaux de Sinatra avec un si parfait naturel que l’on en oublie le travail mi­nutieux qui a présidé à l’élaboration de “In the Wee Small Hours of the Mor­ning”. Y sont sollicités alternativement trois ensembles : une petite formation (I’ll Be Around), une de taille moyenne mêlant cuivres, anches et cordes (Mood Indigo, What Is This Thing Called Love) et un grand orchestre à cordes (In the Wee Small Hours of the Morning). Vis-à-vis des musiciens, l’attitude de Sinatra n’a pas changé. Ainsi, à l’occasion d’un morceau au cours duquel il désirait que le solo de guitare soit joué plus lentement, il en prévint l’instrumentiste concerné, George Van Eps, avant de faire part de sa volonté à Nelson Riddle. Il demeurait évidemment le même perfectionniste. Le 23 mars 1955, au KHJ Studios, entre 19h30 et 21h30, ne fut mis en boîte qu’un seul morceau… à la 31ème prise.
A ce moment seulement Sinatra entérina son interprétation de Learnin’ the Blues qui constitua son plus gros succès public de la période Capitol : la chanson de Dolores Silver figura durant vingt et une semaines au classement du Billboard. Tout comme Someone To Watch Over Me, Learnin’ the Blues n’avait pas été conçu pour entrer dans la composition d’un album précis. L’un et l’autre furent publiés sous forme de “singles”, des 45 t deux titres - Capitol s’en était fait une spécialité - qui faisaient le bonheur des juke-boxes. Plus d’une centaine de titres gravés par Sinatra à cette époque bénéficièrent de cette diffusion. Parallèlement aux enregistrements phonographiques, la collaboration Sinatra / Nelson Riddle s’étendit parfois aux studios de cinéma dont Frank était un hôte assidu ; pour incarner aussi bien Frankie Machine, apprenti batteur de jazz drogué dans le film d’Otto Preminger The Man with a Golden Arm que Charlie Reader, un agent théâtral volage qui se fait piéger par Debbie Reynolds au cours de la comédie The Tender Trap. A la toute fin de la chanson-titre, la partition de Sammy Cahn comportait sur les mots “and Love” un fa dans l’aigu. Le compositeur insistant, après avoir temporisé Sinatra s’exé­cuta. Une seule fois, à la douzième et dernière prise, celle qu’il savait être la bonne…L’aventure Capitol s’acheva à la fin de 1960. Commença alors une longue collaboration avec Reprise, le label que Sinatra avait créé. En 1971, au cours d’un concert donné au Los Angeles Music Center, Frank Sinatra annonça sa retraite ; trois ans plus tard, il revenait sur la scène du Cæsar Palace de Las Vegas. Il ne se retirera définitivement que le 25 février 1995. A soixante-dix-neuf ans. Frank Sinatra disparut le 14 mai 1998. “Certes vous ne vivez qu’une fois mais de la façon dont je vis, une fois est suffisante” avait-il reconnu.
Alain Tercinet
© 2006 GROUPE FREMEAUX COLOMBINI SAS
(1) Frank Sinatra, In his Own Words, Londres, Omnibus Press, 1982.
(2) Arnold Shaw, Sinatra, W. H. Aleen and Co ldt, 1968.
(3) Nancy Sinatra, Frank Sinatra, mon père, trad. E. Daguillon, Paris, Michel Lafon, 1989.
(4) Henry Pleasants, The Great American Popular Singers, NYC, Simon and Schuster, 1974.
(5) Benny Goodman dont la distraction était légendaire aurait demandé “Frank Sinatra, qui c’est ?”. Des liens d’amitié et une admiration mutuelle réuniront Peggy Lee et Frank Sinatra.
(6) To Swoon : entrer en pâmoison.
(7) Frank Albert Sinatra est physiquement et / ou mentalement inapte au service armé pour : 1- perforation du tympan (droit), 2 – mastoïdite chronique. Etait ajouté qu’il ne pesait qu’une cinquantaine de kilos et souffrait d’instabilité psychologique.
(8) “Hiya men, this is Frank Sinatra. I hope you like these tunes that I’ve chosen to do for you on these wonderful V-Discs, and I hope you get as much of a kick hearing them as I do out of singing them for you.”
(9) comme (1).
(10) Livret de “Frank Sinatra – The Best of the Columbia Years 1943-1952”, un recueil de 4 CD, Columbia Legacy.
(11) Charles L. Granata, Sessions with Sinatra – Frank Sinatra and the Art of Recording, Chicago, A Cappella Books, 1999.
(12) Warren V. Vaché, Back Beats and Rim Shots - The Johnny Blowers  Story, Maryland, The Scarecrow Press, 1997.
(13) Il y eût deux prises qui, par erreur ou volon­tairement, furent publiées à l’époque sous la même référence…
(14) Sammy Davis Jr. - Jane et Burt Boyar, Yes, I Can, trad. Alain Coblence et Helen Seyrès, Paris,  Flammarion, 1967.
(15) comme (1)
(16) (17) comme (11).
english notes
“Thank you for letting me sing for you”
Frank Sinatra
Harry James was on the lookout for a singer for his new band and, having heard Frank Sinatra in a show broadcast from the Rustic Cabin roadhouse in Englewood, hired him for seventy-five dollars per week.  During his six-month contract starting in summer 1939, Sinatra cut some ten sides including All or Nothing at All which was to become highly successful three years after Sinatra left Tommy Dorsey.  Indeed, with the departure of his singer Jack Leonard, the ‘Sentimental Gentleman of the Trombone’ made Frankie an offer he could not refuse, and Harry James kindly let him leave to join Dorsey.  It was with him the artist built his exceptional vocal technique and became acquainted with musicians, befriending Bunny Berigan, the trumpeter beside him in East of the Sun.The new crooner was warmly welcomed by the public and critics but he only gained true recognition with the song I’ll Never Smile Again, composed in 1939 by Ruth Lowe, pianist in Ina Ray Hutton’s band.  This title had already been awarded a prize in Canada and had been recorded by Glenn Miller but the ‘Sentimental Gentleman of the Trombone’ nonetheless presented Ruth Lowe as a discovery made by ‘Tommy Dorsey’s Amateur Song Writing Program’ and this version sold half a million of copies, raising its main interpreter to the realms of stardom.  However, when Sinatra shared the vocals with the Pied Pipers (as was the case in this song), he continued to work along with his partners, refusing to act as a soloist.  Oh! Look at Me Now and Let’s Get Away from it All display Sinatra, the Pied Pipers and Connie Haines with fantasy, humour and swing, and both tunes entered the Hit Parade, though didn’t beat This Love of Mine which stayed in the charts for twenty-four weeks and which demonstrated the crooner’s romantic streak. 
So why wasn’t Without a Song rated in the same manner when Sinatra boasted impressive mastery in the number?In 1941, Frank superseded Bing Crosby in the Down Beat referendum, the Dorsey band came second and Dorsey himself only came fifth among the soloists.  But as arranger Sy Oliver admitted, it was now Frank’s show and no longer that of Tommy.  Enjoying such public acclaim, Sinatra decided to pursue a solo career and, following a costly legal battle, left the band in autumn 1942, taking with him arranger Odd ‘Alex’ Stordahl who assisted him in the recording of four titles including Night and Day.  Frank no longer acted as a mere singer of a band, but showed self-assurance, knowing exactly what he wanted.On 30 December 1942, Frank Sinatra began a four week gig at the Paramount Theater where the movie ‘Star Spangled Rhythm’ was being shown, starring Betty Hutton, Bob Hope, Bing Crosby and Veronica Lake.  Benny Goodman and his band with vocalist Peggy Lee were also billed.  The singer was presented as ‘The voice that has thrilled millions’ and his agent George B. Evans had hired a few teenagers to swoon when required during his performance, but they were joined by all youngsters present.  Sinatra was consequently tagged ‘The Sultan of Swoon’.After the Pearl Harbour attack in December 1942, the US were at war, but Frank was invalided from service. 
The ensuing restrictions and taxes on dance halls curbed the work of the big swing bands.  This was followed by the recording strike as from 1 August 1942.  However this boycott did not concern the famous V-Discs, made by the armed forces and sent each month to the front.  Intended for the land army, V-Disc 72 was the first featuring Frank Sinatra, with a spoken introduction (“Hiya men, this is Frank Sinatra.  I hope you like these tunes that I’ve chosen to do for you on these wonderful V-Discs, and I hope you get as much of a kick hearing them as I do out of singing them for you.”)  and a version of I’ve Only Eyes for You, featuring the ‘Bobby Tucker Singers’ who, during the musicians’ strike, were Sinatra’s sole accompanists on ‘civil’ discs.  On the flipside, after the old romantic Kiss Me Again, Frank heats up with There’ll Be a Hot Time in the Town of Berlin, a sort of military march signed by the creators of Oh! Look at Me Now.  These titles had been recorded during the rehearsals of the radio show, ‘Broadway Bandbox’.Due to the strike, Sinatra only returned to the recording studios, accompanied by a band, on 14 November 1944.  Under contract for Columbia, he came out with White Christmas and three other pieces including Saturday Night is the Loneliest Night in the Week, a ‘hymn for soldiers’ wives’ written by Sammy Cahn and Jule Styne who were also behind The Brooklyn Bridge and Time After Time, both associated with the movie ‘It Happened in Brooklyn’.  For Connie Haines with whom he had teamed up while with Harry James and Tommy Dorsey, he adopted a totally new form of vocal expression, telling a story and giving life to the lyrics.  His breathing techniques enabled him to produce a greater continuity in the melody.Sinatra took particular pleasure in making discs, selecting the titles well before the session and giving his ideas concerning the orchestration.  String expert Axel Stordahl truly had the knack of dressing a ballad and adapted the instruments according to the desired ambience. 
For These Foolish Things and It Never Entered My Mind he used a form of chamber music whereas he called for a big band with but one piece of brass for One for My Baby.  Stordahl could also sign swing scores, such as I’ve Got a Crush on You but for Columbia they were usually dealt with by George Siravo (Should I, It All Depends on You).The recording sessions followed a set pattern, lasting three hours and beginning at around 8 pm.  Two, three and rarely four tunes were thus put to disc as being a perfectionist Sinatra made as many takes as necessary.  He was one of the few singers to be really interested in technique and expected each musician to do his utmost, but was known for being quick-tempered when harried, as was the case when his Body and Soul had to be trimmed in order to fit on the Columbia 78.  Only once he found he wasn’t the sole captain on board.  Winning the Metronome referendum for the fourth time running, Sinatra was invited to team up with the other victors for Sweet Lorraine.  However his vocal participation did nothing to enhance the continuity of the other artists.In March 1946 an album, ‘The Voice of Frank Sinatra’, comprising four 78s was released which was to later become his debut LP and his first ‘Concept Album’ reuniting tunes which were compatible in tone.  Four others followed including ‘Sing and Dance with Frank Sinatra’, leaning towards his jazzy side (one track being Should I).  In the early fifties, Sinatra was no longer so comfortable.  Columbia had set him free after the ironically parting title Why Try to Change Me Now?  His TV show came to a halt after two seasons, failing to please the sponsors and his contract with MGM was terminated as his films weren’t making enough money.  Indeed many could be considered as mediocre. 
Nevertheless ‘On the Town’ remains a master-piece and others boasted some excellent moments such as ‘Anchors Aweigh’, ‘Take Me out to the Ball Game’ and ‘Meet Danny Wilson’.  And to add to his worries, he was being pursued by the taxman, lambasted by the press due to his affair with Ava Gardner and criticized for his political stance and connections with the Mafia.After such a decline, Frank had to fight his way back up top.  Having read and enjoyed ‘From Here to Eternity’ which was to be adapted for the screens, he persuaded producer Harry Cohn to offer him a part and was awarded an Oscar for the best second role.  Moreover, his new agent, Sam Weisbord, asked Alan Livingstone, one of the managers of the young label Capitol, if Frank could join the company.  Being accepted, Sinatra was to launch upon what was considered as the zenith of his career.Frank was thirty-eight.  He left New York for California and began sporting a hat which he was to never forget on stage.  His vocal expression had also gained in density and strength and had learnt to inject such emotion in tunes such as In the Wee Small Hours of the Morning and I’ll Be Around.  He equally mastered the jazzing up of titles including Wrap Your Troubles in Dreams and A Foggy Day and modified as an improviser Get Happy and Just One of Those Things.  As for What is This Thing Called Love?, the song was rated as the singer’s best rendition by the historian and critic Will Friedwald.Sinatra’s musical entourage had also changed.  Pianist Bill Miller became his closest collaborator – and was to remain so – and Frank also favoured the talent of trumpeter Harry ‘Sweets’ Edison.  During his live performances, Frank called upon drummer Irv Cottler, a master of tempo.  However, the greatest change came about with the arrival of arranger Nelson Riddle.For his first Capitol session, Sinatra was backed by a band led by the faithful Axel Stordahl, but the date engendered nothing exceptional – Lean Baby met with limited success. 
Then a session was organized reuniting Sinatra and Billy May when Nelson Riddle came out with a few arrangements including I’ve Got the World on a String which Frank found ‘magnificent’.  Riddle consequently became his prized arranger.  Nelson Riddle, who had debuted as a trombonist and studied with Bill Finnegan and composer Mario Castelnuovo-Tedesco worked for Capitol as a free-lance arranger.  Nat King Cole in particular benefited from his talent.  His intricate work for Sinatra corresponded with the singer’s own aspirations and their collaboration gave birth to many remarkable pieces and the idea of the ‘Concept Albums’ was perfected.  Each boasted its specific tone as can be heard in A Foggy Day and I Get a Kick out of You, taken from ‘Songs for Young Lovers’, and Just One of Those Things, Wrap Your Troubles in Dreams, Jeepers Creepers, Get Happy and Taking a Chance on Love in ‘Swing Easy’ or from Mood Indigo, What is This thing Called Love?, I’ll be Around and In the Wee Small Hours of the Morning from the album bearing the title of the latter tune.  Riddle’s participation in ‘Songs for Young Lovers’ was to review and expand the arrangements written by George Siravo for the small band which accompanied Sinatra on tour in the early fifties, but the tone of ‘Swing Easy’ and ‘In the Wee Small Hours of the Morning’ comes uniquely from him.  The scores accompanying Frank’s vocals flow so naturally that one tends to overlook the meticulousness behind ‘In the Wee Small Hours of the Morning’.  Three groups are used in alternation – a small band (I’ll Be Around), a medium-sized one including brass, wind and strings (Mood Indigo, What is This Thing Called Love) and a big string band (In the Wee Small Hours of the Morning).Sinatra’s attitude towards his musicians had not changed.  If he preferred a slower guitar solo, he spoke directly to the instrumentalist in question before conveying his ideas to Nelson Riddle. 
And obviously his perfectionism still reigned.  On 23 March 1955, in the KHJ Studios, from 7 pm to 9.30 pm, but one tune was accepted – after the 31st take!  Indeed, this fine achievement was Learnin’ the Blues, his biggest hit during his time spent with Capitol – this song signed by Dolores Silver remained in the Billboard charts for twenty-one weeks.In the same way as Someone to Watch over Me, Learning’ the Blues had not been composed for a particular album. Both were released as singles – Capitol’s speciality when juke-boxes were all the rage – and over one hundred of Sinatra’s titles during this period were issued similarly.The Sinatra/Nelson Riddle collaboration sometimes extended beyond phonographic recordings – they also teamed up in the movie studios.  He thus stepped in the shoes of Frankie Machine in Otto Preminger’s film ‘The Man with a Golden Arm’ and Charlie Reader in ‘The Tender Trap’.His adventure with Capitol came to a close in late 1960 to be followed by a long collaboration with Reprise, the label created by Sinatra.  In 1971, during a concert held in Los Angeles’ Music Center, ‘The Voice’ announced his retirement.  Three years later he made a come-back in the Caesar Palace in Las Vegas.  He finally retired on 25 February 1995 at the age of seventy-nine.  Frank Sinatra passed away on 14 May 1998.
English adaptation by Laure WRIGHT
© 2006 GROUPE FREMEAUX COLOMBINI SAS
DISCOGRAPHIE
CD 1
1. ALL OR NOTHING AT ALL (A. Altman, J. Lawrence)          Columbia CO 25288-1       2’56
HARRY JAMES AND HIS ORCHESTRA : Harry James (tp, ldr), Jack Schaeffer, Claude Bowen, Jack Palmer (tp), Russell Brown, Truett Jones, Dalton Rizotto (tb), Dave Matthews (as), Claude Lakey (as, ts, tp), Drew Page, Bill Luther (ts, bs), Jack Gardner (p), Red Kent (g), Thurman Teague (b), Ralph Hawkins (dm), Frank Sinatra (voc), Andy Gibson (arr). New York City, 31/8/1939.
2. EAST OF THE SUN (B. Bowman)  Bluebird BS048939-1      3’17
TOMMY DORSEY AND HIS SENTIMENTALISTS : Bunny Berigan (tp), Tommy Dorsey (tb, ldr), Johnny Mince (cl), Fred Stulce (as), Joe Bushkin (p), Clark Yocum (g), Sid Weiss (b), Buddy Rich (dm), Frank Sinatra (voc). New York City, 23/4/1940.
3. I’LL NEVER SMILE AGAIN (R. Lowe)      RCA Victor BS048942-4     3’09
TOMMY DORSEY AND HIS ORCHESTRA : Tommy Dorsey (tb, ldr), Johnny Mince (cl, as), Hymie Schertzer, Fred Stulce (as), Paul Mason, Don Lodice (ts), Joe Bushkin (cel), Clark Yocum (g, voc), Sid Weiss (b), Buddy Rich (dm), Frank Sinatra, The Pied Pipers (Jo Stafford, Billy Wilson, Chuck Lowry, Clark Yocum, John Huddleston) (voc), Fred Stulce (arr). New York City, 23/5/1940.
4. OH ! LOOK AT ME NOW (J. Bushkin, J. DeVries)   RCA Victor BS058760-1    3’12
TOMMY DORSEY AND HIS ORCHESTRA : Ziggy Elman, Bob Alexy, Lee Castle, Jimmy Blake (tp), Tommy Dorsey (tb, ldr), Les Jenkins, George Arus, Dave Jacobs (tb), Johnny Mince (cl, as), Fred Stulce, Bill Shine  (as), Paul Mason, Don Lodice (ts), Joe Bushkin (p), Clark Yocum (g, voc), Sid Weiss (b), Buddy Rich (dm), Frank Sinatra, Connie Haines, The Pied Pipers (Jo Stafford, Clark Yocum, Chuck Lowry, John Huddleston) (voc), Sy Oliver (arr). New York City, 6/1/1941.
5. WITHOUT A SONG (V. Youmans, B. Rose, E. Eliscu)         RCA Victor CS060349-2     4’26
TOMMY DORSEY AND HIS ORCHESTRA : Ziggy Elman, Ray Linn, Chuck Peterson, Jimmy Blake (tp), Tommy Dorsey (tb, ldr), Les Jenkins, George Arus, Lowell Martin (tb), Johnny Mince (cl, as), Fred Stulce, Heinie Beau (as), Paul Mason, Don Lodice (ts), Joe Bushkin (p), Clark Yocum (g, voc), Sid Weiss (b), Buddy Rich (dm), Frank Sinatra (voc), Sy Oliver (arr). New York City, 20/1/1941.
6. LET’S GET AWAY FROM IT ALL (part I & II) (M. Dennis, T. Adair)  RCA Victor BS060902-1, BS060903-1       5’11
TOMMY DORSEY AND HIS ORCHESTRA :  idem supra plus Connie Haines, The Pied Pipers (Jo Stafford, Clark Yocum, Chuck Lowry, John Huddleston) (voc). New York City,  17/2/1941.
7. THIS LOVE OF MINE (S. Parker, H. Sanicola, F. Sinatra) RCA Victor BS065917-1    3’42
TOMMY DORSEY AND HIS ORCHESTRA : Ziggy Elman, Shorty Sherock, Chuck Peterson, Jimmy Blake (tp), Tommy Dorsey (tb, ldr), Walter Mercurio, George Arus, Lowell Martin (tb), Manny Gershman (cl, as), Hymie Schertzer (as), Heinie Beau, Paul Mason, Don Lodice (ts), Joe Bushkin (p), Clark Yocum (g), Jack Kelleher (b), Buddy Rich (dm), Frank Sinatra (voc), Axel Stordahl (arr). New York City,  28/5/1941.
8. THE SONG IS YOU (J. Kern)  RCA Victor USRC142-00570, 142-00571     4’22
TOMMY DORSEY AND HIS ORCHESTRA : Ziggy Elman, Jimmy Zito, Danny Vanelli, Jimmy Blake (tp), Tommy Dorsey (tb, ldr), Dave Jacobs, George Arus, Jimmy Skiles (tb), Harry Schuchman (as, bs), Fred Stulce (as),  Bruce Snyder, Heinie Beau, Don Lodice (ts), Bernard Tinterow, Seymour Miroff, William Ehrenkrantz, Leonard Posner, Paul Poliakine (vln), Sam Ross, Leonard Atkins (vla), Harold Bemko (cello), Ruth Hill Berman (harp), Milt Raskin (p), Clark Yocum (g, voc), Phil Stevens (b), Buddy Rich (dm), Frank Sinatra (voc). New York City, 3 /9/1942.
9. NIGHT AND DAY (C. Porter) Bluebird PBS 072045-1     3’00
FRANK SINATRA WITH ORCHESTRA CONDUCTED BY AXEL STORDAHL : Charles Strickfaden (oboe), Manny Gershman, Fred Stulce (as), Don Lodice, Heinie Beau (ts), Harry Bluestone, Mischa Russell, Nicolas Pisani, Sam Freed Jr. (vln), Cy Bernard (cello), Skitch Henderson (p), Clark Yocum (g), Henry Stern (b), Ann Mason Stockton (harp), Axel Stordahl (arr). New York City, 19 /1/1942.
10. I ONLY HAVE EYES ON YOU (A. Dubin, H. Warren)     V-Disc 72 A          3’54
11. KISS ME AGAIN (H. Blossom, V. Herbert) / THERE’LL BE A HOT TIME IN THE TOWN OF BERLIN   (J. Buskin, J. De Vries)        V-Disc 72 B  5’01
FRANK SINATRA, THE BOBBY TUCKER SINGERS, ORCHESTRA CONDUCTED BY AXEL STORDAHL : unidentified musicians, Alex Stordahl (arr). “Broadway Bandbox”, New York City, 17/10/1943.
12. SATURDAY NIGHT (IS THE LONELIEST NIGHT IN THE WEEK)   (S. Cahn, J. Styne) Columbia CO 33809-1    2’43
Red Solomon, Carl Poole, Sammy Shapiro (tp), Charlie Small, Anthony Russo, John D’Agostino (tb), Karl Chlupsa (frh), Bernie Kaufman, Pete Pumiglio, Hank Ross, Harry Feldman, Artie Baker (s, wwd),  Billy Rowland (p), Matty Golizio (g), Ward Lay (b), Johnny Blowers (dm) + 1 harp, 12 violins, 3 violas, 3 cellos, George Siravo (arr).  New York, City, 14 /11/1944.
13. THESE FOOLISH THINGS (J. Strachey, H. Link, H. Marvell)  Columbia HCO 1501-1 3’07
FRANK SINATRA WITH ORCHESTRA CONDUCTED BY AXEL STORDAHL : John Mayhew (fl), Mischa Russell, David Frisina (vln), Samuel Freed Jr. (vla), Fred Goerner (cello), Mark McIntyre (p), George Van Eps (g), Jack Ryan (b), Ray Hagan (dm), Axel Stordahl (arr). Hollywood, 30/7/1945.
14. THE BROOKLYN BRIDGE (S. Cahn, J. Styne)       Columbia HCO 2121-1      2’35
FRANK SINATRA WITH ORCHESTRA CONDUCTED BY AXEL STORDAHL : Mannie Klein, Ray Linn, Zeke Zarchy, Paul Geil (tp), Ed Kusky, William Schaefer, Si Zentner, Charlie Coolidge (tb), Richard Perissi (frh), Jack Dumont, Harry Klee, Morris Bercov, Babe Russin, Harry Shuchman (s, wwd), Milt Raskin (p), Allan Reuss (g), Phil Stephens (b), Ray Hagan, Sam Weiss (dm) + 1 harp, 15 violins, 4 violas, 4 cellos. Hollywood, 31/10/1946.
15. TIME AFTER TIME (S. Cahn, J. Styne)          Columbia  HCO 2116-1     3’09
FRANK SINATRA WITH ORCHESTRA CONDUCTED BY AXEL STORDAHL : Ray Linn, Zeke Zarchey, Donald Anderson (tp), William Schaefer, Les Jenkins, Dave Hallett (tb), Fred Fox (frh), Fred Stulce, Herbie Haymer, Jules Kinsler, Fred Dornbach, Heinie Beau (s, wwd), Mark McIntyre (p, cel), Allan Reuss (g), Phil Stephens (b), Ray Hagan (dm) + 1 harp, 15 violins, 4 violas, 4 cellos. Hollywood, 24 /10/1946.
16. SWEET LORRAINE (M. Parrish, C. Hurwell)        Columbia CO 37177-2       3’13
THE METRONOME ALL STARS : Charlie Shavers (tp), Lawrence Brown (tb), Johnny Hodges (as), Coleman Hawkins (ts), Harry Carney (bs), Nat King Cole (p), Bob Ahern (g), Eddie Safranski (b), Buddy Rich (dm), Frank Sinatra (voc), Sy Oliver (arr). New York City, 15 /12/1946.
17. ONE FOR MY BABY (AND ONE MORE FOR THE ROAD) (H. Arlen, J. Mercer)          Columbia HCO 2522-1      3’04
FRANK SINATRA WITH ORCHESTRA CONDUCTED BY AXEL STORDAHL : Zeke Zarchy (tp), Heinie Beau, Herbie Haymer, Jules Kinsler (s, wwd), Mischa Russell, Felix Slatkin (vln), David Sterkin (vla), Fred Goerner (cello), Mark McIntyre (p), Allan Reuss (g), Phil Stephens (b), Ray Hagan (dm), Axel Stordahl (arr). Hollywood, 11/8/1947.
18. ALL OF ME (S. Simons, G. Marks)       Columbia CO 38271-1       2’44
FRANK SINATRA WITH ORCHESTRA CONDUCTED BY AXEL STORDAHL : Andy Ferretti, Red Solomon, Chris Griffin (tp), William Pritchard, George Arus, Anthony Russo (tb), Milt Yaner, Toots Mondello, Wolfe Taninbaum, Harry Feldman), Ernie Caceres (s, wwd), Bernie Leighton (p), Matty Golizio (g), Trigger Alpert (b), Bunny  Shawker (dm), George Siravo (arr). New York City, 19/10/1947.
19. IT ALL DEPENDS ON YOU (B. G. deSylva, R. Henderson)     Columbia CO 40951 2’43
FRANK SINATRA WITH ORCHESTRA CONDUCTED BY HUGO WINTERHALTER : Carl Poole, Red Solomon, Yank Lawson (tp), Buddy Morrow, John D’Agostino, William Pritchard (tb), Sidney Cooper, Wolfe Taninbaum, Toots Mondello, Hank Ross (s, wwd), Johnny Guarnieri (p), Al Caiola (g), Trigger Alpert (b), Terry Snyder (dm), George Siravo (arr). New York City, 10/7/1949.
20. THAT LUCKY OLD SUN (H. Gillespie, B. Smith)       Columbia HCO 3903-1      3’16
FRANK SINATRA WITH ORCHESTRA CONDUCTED  BY JEFF ALEXANDER : George Seaberg, Mickey Mangano, Ziggy Elman (tp), Lou McGarrity, George Arus, Paul Weigand (tb), Emmett Callen (oboe), Robert Maxwell (harp), Ken Lane (p), Phil Stephens (b), Jeff Alexander (arr). Hollywood, 15/10/1949.
CD 2
1. I’VE GOT A CRUSH ON YOU (G. & I. Gershwin)      Columbia CO 38333-1       3’15
FRANK SINATRA WITH ORCHESTRA CONDUCTED BY AXEL STORDAHL : Bobby Hackett (tp), Raoul Poliakin, Zelly Smirnoff (vln), Harold Coletta (vla), George Ricci (cello), Bob Kitsis (p), Matty Golizio (g), Trigger Alpert (b), Johnny Blowers (dm), Axel Stordahl (arr). New York City, 5/11/1947.
2. BODY AND SOUL (E. Heyman, R. Sour, F. Eyton, J. Green)   Columbia CO 38369-2       3’18
FRANK SINATRA WITH ORCHESTRA CONDUCTED BY AXEL STORDAHL : Bobby Hackett, Andy Ferretti, Yank Lawson, Red Solomon (tp), George Arus, William Pritchard, Anthony Russo (tb), Joseph Singer (frh), Harry Feldman, Toots Mondello, Milt Yaner, Wolfe Taninbaum, Ernie Caceres (s, wwd), Bob Kitsis (p), Matty Golizio (g), Triggert Alpert (b), Johnny Blowers (dm) + 1 harp, 12 violins, 3 violas, 3 cellos, Axel Stordahl (arr). New York City, 9 /11/1947.
3. SHOULD  I ? (N. Herb Brown, A. Freed)     Columbia CO 43126 2’24
FRANK SINATRA WITH ORCHESTRA CONDUCTED BY GEORGE SIRAVO : Billy Butterfield, Carl Poole, Pinky Savitt (tp), George Arus, Billy Rauch (tb), Hymie Schertzer, Emmett Callen, Leonard Hartman, Babe Russin, Ernie Caceres (s, wwd)), Ken Lane (p), Allan Reuss (g), Phil Stephens (b), Johnny Blowers (dm), George Siravo (arr). New York City, 14 /4/1950.
4. IT NEVER ENTERED MY MIND (R. Rogers, L. Hart)          Columbia CO 38332-1       3’33
FRANK SINATRA WITH ORCHESTRA CONDUCTED BY AXEL STORDAHL : Mitch Miller (oboe), Bernie Kaufman (fl), Raoul Poliakin, Zelly Smirnoff (vln), Harold Coletta (vla), George Ricci (cello), Bob Kitsis (p), Matty Golizio (g), Trigger Alpert (b), Johnny Blowers (dm), Axel Stordahl (arr). New York City, 5-6/11/1947.
5. I’VE GOT THE WORLD ON A STRING (H. Arlen, T. Koehler)         Capitol  11504-10      2’10
FRANK SINATRA WITH ORCHESTRA CONDUCTED BY NELSON RIDDLE : Conrad Gozzo, Mannie Klein, Mickey Mangano, Zeke Zarchy (tp), Si Zentner, Joe Howard, Jimmy Priddy, Milt Bernhart (tb), Skeets Herfurt, Jack Dumont, Ted Nash, Ted Romersa, Joe Koch (s, wwd), Bill Miller (p), Al Hendrickson (g), Phil Stephens (b), Alvin Stoller (dm), Nelson Riddle (arr). Hollywood, 30/4/1953.
6. A FOGGY DAY (G. & I. Gershwin)    Capitol 11846-17     2’37
FRANK SINATRA WITH ORCHESTRA CONDUCTED BY NELSON RIDDLE : Skeets Herfurt, Mahlon Clark (s, wwd), Felix Slatkin, Paul Shure (vln), Paul Robyn (vla), Eleanor Slatkin (cello), Kathryn Julye (harp), Bill Miller (p), Al Hendrickson, Allan Reuss (g), Joe Comfort (b), Alvin Stoller (dm), George Siravo (arr). Hollywood, 5/11/1953.
7. I GET A KICK OUT OF YOU (C. Porter) Capitol 11859-12         2’48
Idem supra. Hollywood, 6 /11/1953.

8. JUST ONE OF THOSE THINGS
(C. Porter)        Capitol 12431          3’13
9. WRAP YOUR TROUBLES IN DREAMS (H. Barris, T. Kœhler, B. Moll)     Capitol 12433          2’12
FRANK SINATRA WITH ORCHESTRA CONDUCTED BY NELSON RIDDLE : Harry Edison (tp), Tommy Pederson, Ray Sims (tb), George Roberts (b-tb), Skeets Herfurt, Mahlon Clark (as), Babe Russin, Eddie Miller (ts, cl), Joe Kock (bs), Bill Miller (p), Allan Reuss (g), Joe Comfort (b), Alvin Stoller (dm), Frank Flynn (vib). Nelson Riddle (arr). Hollywood, 7/4/1954.
10. JEEPERS CREEPERS (H. Warren, J. Mercer)          Capitol 12565   2’24
11. GET HAPPY (H. Arlen, T. Koehler)    Capitol 12566          2’22

12. TAKING A CHANCE ON LOVE
(V. Duke, J. Latouche, T. Jetter)Capitol 12567-5      2’11
FRANK SINATRA WITH ORCHESTRA CONDUCTED BY NELSON RIDDLE : Harry Edison (tp), Tommy Pederson, Ray Sims (tb), George Roberts (b-tb), Skeets Herfurt, Abe Most (as), Babe Russin, Eddie Miller (ts, cl), Joe Kock (bs), Bill Miller (p), Bob Bain (g), Joe Comfort (b), Alvin Stoller (dm), Frank Flynn (vib). Nelson Riddle (arr). Hollywood, 19/4/1954.
13. SOMEONE TO WATCH OVER ME (G. & I. Gershwin)            Capitol 12703-20          2’53
FRANK SINATRA WITH ORCHESTRA CONDUCTED BY NELSON RIDDLE : Milt Bernhardt (tb), George Roberts (b-tb), Vince DeRosa, John Cave (frh), Harry Klee, Champ Webb, John Hacker, Mahlon Clark, Julius Kinsler (s, wwd), Bill Miller (p), Allan Reuss (g), Joe Comfort (b), Alvin Stoller (dm) + 1 harp, 8 violins, 3 violas, 2 cellos, Nelson Riddle (arr). Hollywood, 23 /9/1954.
14. WHAT IS THIS THING CALLED LOVE ? (C. Porter)       Capitol 13457-12       2’35
15. MOOD INDIGO (D. Ellington, I. Mills, B. Bigard)      Capitol 13523   3’28
FRANK SINATRA WITH ORCHESTRA CONDUCTED BY NELSON RIDDLE : Harry Edison (tp), Mahlon Clark, Skeets Herfurt, Champ Webb, Babe Russin, Ted Nash (s, wwd),Bill Miller (p), Paul Smith (celesta),  George Van Eps (g), Phil Stephens (b), Alvin Stoller (dm) + 1 harp, 4 violins, 2 violas, 1 cello,. Hollywood, 16/2/1955.
16. IN THE WEE SMALL HOURS OF THE MORNING (D. Mann, B. Hilliard)         Capitol 13461-13       2’58
FRANK SINATRA WITH ORCHESTRA CONDUCTED BY NELSON RIDDLE : Bill Miller (p), George Van Eps (g), Mike Rubin, Morty Corb (b), Lou Singer (dm) + 1 harp, 12 violins, 4 violas, 4 cellos. Hollywood, 17/2/1955.
17. I’LL BE AROUND (A. Wilder)      Capitol 13559   3’01
FRANK SINATRA WITH RHYTHM SECTION CONDUCTED BY BILL MILLER : Bill Miller (p), Paul Smith (celesta), George Van Eps (g), Phil Stephens (b), Alvin Stoller (dm). Hollywood, 8/2/1955.
18. LOVE IS HERE TO STAY (G. & I. Gershwin)       Capitol 14633          2’42
FRANK SINATRA WITH ORCHESTRA CONDUCTED BY NELSON RIDDLE : Harry Edison, Shorty Sherock, Johnny Best, Zeke Zarchy (tp), Dick Noel, Paul Tanner, Jimmy Priddy (tb), George Roberts (b-tb), Willie Schwartz, Mahlon Clark, Justin Gordon, Champ Webb, Robert Lawson (s, wwd), Bill Miller (p), George Van Eps (g), Joe Comfort (b), Irv Cottler (dm), Frank Flynn (perc) + 1 harp, 10 violins, 3 violas, 3 cellos. Hollywood, 17/10 /1955.
19. LEARNIN’ THE BLUES (D. Vicky Silvers)      Capitol 13628-31     3’05
FRANK SINATRA WITH ORCHESTRA CONDUCTED BY NELSON RIDDLE : Harry Edison, Mickey Mangano, Conrad Gozzo, Mannie Klein (tp), Ed Kusby, Walter Benson, Joe Howard (tb), George Roberts (b-tb), Willie Swartz, George Smith, Plas Johnson, Babe Russin, Chuck Gentry (s, wwd), Bill Miller (p), Al Hendrickson (g), Joe Confort (b), Max Albright (dm), Frank Flynn (marimba). Hollywood, 23/3/1955.
20. LOVE IS A TENDER TRAP (J. Van Heusen, S. Cahn)        Capitol 14429-12      2’54
FRANK SINATRA WITH ORCHESTRA CONDUCTED BY NELSON RIDDLE : Mannie Klein, Frank Beach, Pete Candoli, Mickey Mangano (tp), Dick Noel, Joe Howard, Jimmy Priddy (tb), George Roberts (b-tb), Harry Klee, Mahlon Clark (as), Champ Webb, Ted Nash (ts), Chuck Gentry (bs),Bill Miller, Nick Bonney (g), Joe Comfort (b), Max Allbright (dm) + 1 harp,  8 violins, 3 violas, 3 cellos,. Hollywood, 13/9/1955.

CD Frank Sinatra - The Quintessence © Frémeaux & Associés (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, albums, rééditions, anthologies ou intégrales sont disponibles sous forme de CD et par téléchargement.)
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