« George Sand comme un phare » par Télérama

C'est l'un des effets collatéraux de l'inquiétude écologique contemporaine : on lui (re)découvre une histoire, une profondeur de champ qu'on ne soupçonnait pas, ou qu'on avait enterrée, au profit du récit de la modernité et du progrès. Car non, l'écologie ne date pas de ces cinquante dernières années.

[…] Et puis, il y eut George Sand. Amoureuse et sensible connaisseuse de la forêt de Fontainebleau, elle fut, aux côtés et après la mort de Rousseau, fer de lance de la défense des arbres et des roches, pionnière parmi les pionniers.

[…] Il faut lire, parmi les pépites qui composent ce recueil, son manifeste militant, paru dans Le Temps, en 1872, quand la forêt de Fontainebleau est à nouveau menacée. Tout est dit, dans ce texte rageur et ô combien prophétique : les ravages de la déforestation ; la surexploitation de la forêt vierge ; l'épuisement des combustibles et des ressources ; l'assèchement de la terre par la faute de l'homme ; l'étalement urbain ; l'avidité sans limite des plus riches… et la revendication du droit à la beauté. ◦ L'homme a besoin de l’Éden pour horizon. Je sais bien que beaucoup disent : "Après nous la fin du monde ! C’est le plus hideux et le plus funeste blasphème que l’homme puisse proférer. C’est la formule de sa démission d'homme, car c’est la rupture du lien qui unit les générations et qui les rend solidaires les unes des autres. George Sand comme un phare, à écouter, à réécouter, sans modération.

Weronika Zarachowicz - Télérama