« L’émotion se faufile partout entre les notes, les mots, les silences. » par Cu

« Une comptine légère et douce, comme un air de vacances. Le sentiment délicieux tout à coup, de bifurquer, de quitter le chemin de la promenade, l’appel de l’ école buissonnière… • Satie, on le sait, aimait beaucoup les enfants, il les a initiés à son art, et aujourd'hui, cent ans après sa mort, sa musique charme toujours les adultes qui se souviennent avoir été des enfants « ni trop grands ni trop petits. »
François Marthouret et Christiane Gugger nous proposent donc de revisiter une œuvre qualifiée par le comédien « d ’incroyablement originale ». Musique sur l’eau, Sports  et divertissement, lettres à son ami Debussy, Cahiers d’un Mammifère : l’émotion se faufile partout entre les notes, les mots, les silences.
Le rythme est fluide, onirique, comme dans la composition des Gnossiennes, les mots virevoltent, crépitent, font des têtes-à-queue car Satie, entre autres curiosités, s’ est intéressé à l’absurde et au dadaïsme. 
Mystique, touche- à-tout , inclassable, il sera méprisé par le système musical de son époque. Solitaire, incompris, il finira ses jours dans la pauvreté de son petit studio à Arcueil. 
Un spectacle musical à la fois léger et profond, deux artistes au diapason et un formidable lecteur, sensible, passionné, avec une pianiste délicate et talentueuse. 
Penché sur sa table, François Marthouret empoigne goulument son texte, parfois il tourne la tête à gauche, à droite, avec un regard d’enfant mi-rêveur, mi-rieur. 
Après sa rupture avec l’artiste Suzanne Valadon, Satie, très affecté, a écrit une pièce musicale intitulée Vexations : la répétition d’ une courte phrase musicale plus de huit cent fois, illustration du  minimalisme qui touchera d’ autres mouvements artistiques. 
Avec tact le comédien reprend ce mot de Satie: « je suis devenu terriblement raisonnable.» »
par Pascal VERDEAU - CULTURE TOPS