« L’une de nos grandes plumes contemporaines » par Culture Jazz

« Alain Gerber est non seulement l’une de nos grandes plumes contemporaines, mais également un historien du jazz de référence
Alain Gerber (Belfort 1943) a d’abord été pour moi un chroniqueur de disques dans les premiers Jazz-Mag que j’ai achetés en mai 1965 : "Bill Evans, Trio 64" et en juin 65 : "Lee Konitz, Subsconcious Lee", disques que j’ai achetés et qui me sont toujours chers. En juin 65, il publiait un article sur Anthony Williams qui montrait que son auteur pratiquait sans doute la batterie. Plus tard, ce fut une voix à la radio (p.82).
Gerber nous entraîne à la recherche de la baguette parfaite, de la cymbale idéale, de la batterie qui sonne toute seule, du jeu miraculeux. Au fil du livre, il évoquera des batteurs - ainsi Philly Jo Jones (p.98), des disques, l’ambiance jazzistique du Pigalle des années 60/ 70, où il habitait. On trouvera des esquisses d’autobiographie -comment il vécut au hasard des contributions dans la presse-, son opinion sur sa propre littérature -il n’a pas trouvé son propre être d’écrivain avant l’âge de 55 ans, ce qui correspond à son changement d’éditeur, passant de Grasset à Fayard, et à l’écriture de ses romans de jazz.
La batterie est un instrument un peu ingrat à jouer seul. Le batteur est le soutien de l’orchestre et sans orchestre que soutient-il ? Ses illusions ... jusqu’à son installation à Toulon où il a pu aménager un cabanon dans lequel il peut jouer tout à sa guise.
(...) Sans doute cet ouvrage intéressera d’abord les lecteurs de l’auteur amateurs de jazz, mais aussi, comme toute autobiographie, les contemporains plus ou moins exacts qui verront s’y refléter leur vie ou leurs regrets. Le livre est composé certainement avec soin, d’une manière non totalement chronologique, il y a beaucoup de digressions et de retour dans tous les sens. Le ton est souvent d’un humour un peu teinté de mélancolie, comme il sied à la douteuse expérience de l’âge. Un portrait de l’écrivain en batteur de jazz. »
Par Philippe TASCHEL – Culture Jazz