« Un recueil qui mérite le détour » par Jazz Magazine

Passé le hors d’œuvre assez quelconque de la musique du film « Deux Hommes dans Manhattan » (à la confection duquel Martial Solal vint prêter main forte) et les quatre titres assez bridés du EP 45-tours « Musique pour deux » en quintette avec Bobby Jaspar (fl) et « Fats » Sadi (vib), on passe au plat de résistance avec le LP 25cm « Big And Small » où, d’une face à l’autre, se succèdent big band et quartette (le quintette précédent, moins Jaspar). Si le quartette met mieux en valeur les talents individuels, notamment celui de Chevallier pianiste, ce sont les qualités d’arrangeur de ce dernier qui méritent un détour récompensé par la qualité des pupitres, soit la crème du bop français de l’époque, de Roger Guérin à Jean-Louis Chautemps. Se succèdent sur les deux premiers de ces trois CD les albums « Formidable », « Prince du Jazz Français » (tel que Jean Cocteau surnomma Chevalier) et « 6+6 » où l’on voit le compositeur et arrangeur tutoyer l’héritage de Stan Kenton et ses collègues de la West Coast. Changement de registre avec le troisième CD où, à grand renfort de cordes et de voix (les Angels), on sent poindre l’attrait de la variété qui dominera la suite de la carrière de Chevallier. On serait tenté d’en rester au recueil en 2CD, mieux présenté et documenté, du label Fresh Sound (« Le Prince du Jazz », 2016), s’il n’y avait ici en bonus l’EP 45-tours « Kenny Clarke joue Christian Chevallier » de 1958.

Par Franck BERGEROT – JAZZ MAGAZINE