« Une évolution en douceur avec deux livres consacrés au jazz » par Vinyle Audio

Jusqu’alors on écoutait des disques de musique (en dernière production, un fort quadruple coffret consacré à deux années - sublimes – dans la vie de Duke Ellington), ou des portraits sonores (une biographie, avec des sons dedans, du poète et romancier Edouard Glissant). Après trente années de bons et loyaux services, l’évolution se fait en douceur, avec la parution de deux premiers livres, consacrés au jazz (what else ?). Dans « Deux petits bouts de bois », Alain Gerber (romancier, homme de radio, journaliste, biographe, directeur de collection et toutes ces sortes de choses), consacre, en batteur amateur (qui aime…) mais authentique fou de musique, une autobiographie à la batterie de jazz, où il évoque naturellement quelques-uns de ceux qui frappent sur des tambours de Christian Vander à Art Blakey, et d’Aldo Romano à Max Roach. Mais, largement au-delà du simple catalogue de savoir prédigéré, il fait vibrer ces pages à la baguette, emporté dans une monographie de l’intime, ou la batterie ne résume pas la vie, mais tente pourtant la gageure furieusement. Un chant d’amour à contempler avec respect, « Ko-Ko », quant à lui, constitue la réédition d’un texte nécessaire, de celui que l’on préfèrera considérer comme le chant d’amour à destination d’Ellington, plutôt que le chant du cygne d’un spécialiste. Alain Pailler attache donc ses pas aux mesures d’un thème (sommet de l’esthétique jungle), enregistré en 1940 (et sans rapport avec une partition du même titre signée Charlie Parker). En son temps prix du livre de jazz 2011, l’ouvrage, tout sauf aride, joue plaisamment avec les provocations (Ellington aussi grand que Mozart… et pourquoi pas l’inverse ?), et surtout aborde la création sous l’angle triple, et propre du jazz, de la composition, des arrangements et de l’interprétation. Là encore, un parcours qui ne se concevra pas sans un viatique très personnel.

Par Christian LARREDE – VINYLE AUDIO