Aristide Bruant la sélection définitive 1905-1912
Aristide Bruant la sélection définitive 1905-1912
Ref.: FA5819

ARISTIDE BRUANT • YVETTE GUILBERT • MARC OGERET • STELLO • PATACHOU

Aristide Bruant

Ref.: FA5819

Direction Artistique : JEAN-BAPTISTE MERSIOL

Label : Frémeaux & Associés

Durée totale de l'œuvre : 4 heures 25 minutes

Nbre. CD : 4

Sélectionnez une version :
Grâce à ce pack, vous bénéficiez d’une remise de 20.00 % soit de 9,99 €
Cette œuvre est déjà dans votre panier
Une version numérique de cette œuvre est déjà dans votre panier
Expédié sous 24 à 48h
Présentation

Aristide Bruant est le chansonnier le plus important de la Belle Époque. Inventeur de la chanson réaliste, icone de Montmartre, du Paris gouailleur et populaire ; sa silhouette, avec son chapeau noir et son écharpe rouge, a été immortalisée par Toulouse-Lautrec. Jean-Baptiste Mersiol réalise ici la sélection définitive la plus complète à ce jour des oeuvres enregistrées par le poète. Cette anthologie regroupe notamment 72 enregistrements originaux de 1905 à 1912, et propose les interprétations de son répertoire par les artistes les plus représentatifs de son leg (Yvette Guilbert, Marc Ogeret, Patachou ou Yves Montand). Une rétrospective historique, carte postale sonore du « Paris des faubourgs » du début du XXe siècle.
Patrick FRÉMEAUX

CD 1 - 1905-1909 : À LA VILLETTE • À LA CHAPELLE • À LA BASTILLE • OHÉ ! FERDINAND « CHANSON DE ROUTE AVEC PISTON » • LA FILLE DE GENNEVILLIERS • DESSOUS NAPOLÉON 1ER « LE TROMPETTE » • À LA MADELEINE • COQUETTE • LA VIGNE AU VIN • À LA BASTOCHE • À LA VILLETTE (VERSION ALTERNATIVE 1) • BELLEVILLE MÉNILMONTANT • À MONTMERTE • À SAINT-LAZARE • LE 113E DE LIGNE • LE GRÉVISTE • AUPRÈS DE MA BLONDE • MEETING DE PROTESTATION « SCÈNE RÉALISTE » • CINQ MINUTES CHEZ BRUANT « SCÈNE RÉALISTE » • LA RAFLE « SCÈNE RÉALISTE » • CHEZ LES APACHES « SCÈNE RÉALISTE » • À BIRIBI • LES PETITS JOYEUX « (VERSION 1) - SCÈNE RÉALISTE » • CHEZ CES DAMES « SCÈNE NATURALISTE TRÈS GRIVOISE ».

CD 2 - 1909-1911 : L’ATTAQUE NOCTURNE « SCÈNE RÉALISTE GRIVOISE » • À GRENELLE • À BIRIBI (VERSION ALTERNATIVE) • AUX BAT. DAF • L’ENTERREMENT DE BELLE MAMAN • À SAINT-OUEN • À SAINT-LAZARE • LA NOIRE • BELLEVILLE MÉNILMONTANT (VERSION ALTERNATIVE). À LA VILLETTE (VERSION ALTERNATIVE 2) • AU BOIS DE BOULOGNE • LE CHAT NOIR • MEUNIER, MEUNIER, TU ES COCU • À BATIGNOLLES • À MONTMERTE (VERSION ALTERNATIVE) • MARCHE DES DOS • LA RONDE DES MARMITES • À LA GOUTTE D’OR • À LA PLACE MAUBERT • À PANTRUCHE • DANS LA RUE • SUR L’BOUL’VARD • NINI PEAU D’CHIEN • À LA BASTOCHE (VERSION ALTERNATIVE).

CD 3 - 1911- 1912 : À MONTPERNASSE • À LA ROQUETTE • SUR LA ROUTE DE LOUVIERS • À LA GLACIÈRE • AH ! LES SALAUDS ! • SERREZ VOS RANGS ! • CHANSON DE LA FRANCE • À MONTROUGE • LE TROMPETTE • LE 113E DE LIGNE (VERSION ALTERNATIVE) • À LA BASTILLE (VERSION ALTERNATIVE) • L’INFANTERIE DE MARINE • LES GRANDES MANOEUVRES • HALTE-LÀ ! • À POISSY • TU NE MANIERAS PAS MES TÉTONS • AUX OISEAUX • LE P’TIT GRIS • ROSE BLANCHE (RUE SAINT-VINCENT) • CHANT D’APACHES • LA CHANSON DES MICHETONS • GARDE-À-VOUS ! • LES PETITS JOYEUX « VERSION CHANSON » • BONUS : LE JIU JITSU.

CD 4 - LES INTERPRÈTES (1935-1958) : PHILIPE REGEL : LÉZARD • SOURIS DE MONTMARTRE : BONNE ANNÉE • SONIA NERVAL : LE CHANT DU SOIR • MARTHE LÉONE & RENÉ QUEQUIGNON : MONOME • PAULO : AMOUREUX • L’ASSISTANCE & RENÉ QUEQUIGNON : LES MÈRES D’À PRÉSENT • STELLO : V’LÀ LE CHOLÉRA QUI ARRIVE • GERMAINE MONTERO : RÔDEUSE DE BERGES • PATACHOU : À MAZAS • RENÉ COLIN : LES LOUPIOTS • PICOLETTE : L’SOIR À MONTMARTRE • STELLO : AU BOIS DE VINCENNES • PATACHOU : AUX FRAIS DE LA PRINCESSE (LES 6000 FRANCS) • PAUL BARRÉ : J’SUIS D’L’AVIS DU GOUVERNEMENT • YVETTE GUILBERT : J’SUIS DANS L’BOTTIN • YVES MONTAND : LES CANUTS • PAULO : MARCHAND DE CRAYONS • PICOLETTE : L’OSEILLE • PAUL BARRÉ : CHACUN SON ÉTAT • MARC OGERET : BELLEVILLE MENILMONTANT • MARC OGERET : NINI PEAU D’CHIEN • MARC OGERET : RUE SAINT-VINCENT • MARC OGERET : À LA BASTOCHE.

Presse
« Quel est l’artiste princeps de la chanson française, son pionnier fondamental ? À défaut d’une réponse satisfaisante, sûrement introuvable, gageons que c’est par l’enregistrement que s’est principalement transmise la ­mémoire des chansons et de leurs interprètes. La maison d’édition Frémeaux Associés s’est fait une spécialité de cette quête archéologique en publiant de nombreux coffrets exhaustifs consacrés à la « défense du patrimoine sonore ». Voici donc, en quatre CD et un copieux ­livret, une anthologie d’Aristide Bruant, figure mythique du chansonnier cabarettiste immortalisée par Toulouse-Lautrec, avec son écharpe rouge et son large couvre-chef de feutre noir. De Bruant subsistent un répertoire passé à la postérité, mais aussi quelques enregistrements originaux, captés entre 1905 et 1912, qui donnent à entendre le style fondateur d’une chanson gouailleuse au crépuscule de la Belle Époque. Bruant, justement, pourrait rafler le titre de pionnier de la chanson, entendue comme un art populaire, contemporain des premiers enregistrements et trouvant des débouchés commerciaux chez les cabaretiers et éditeurs. Né en 1851, il est l’enfant d’une famille fauchée de la bourgeoisie de province, partie chercher fortune à Paris et déménageant à la cloche de bois dans les différents faubourgs. Il y côtoie les titis et les grisettes, les truands et les artistes, se fait un nom en chantant sur les bords de Marne avant d’intégrer le Chat noir, cabaret légendaire de Montmartre dont il devient l’artiste résident. Il y développe un style argotique et volontiers anarchisant, évoquant les enjeux sociaux devant une petite bourgeoisie en goguette : « Ici, c’est moi qui les engueule. Je n’adore pas le veau d’or, je le domestique. » Son langage, célinien avant l’heure, fait fureur. Bruant se présentera aux législatives sous l’étiquette socialiste, mais sans l’investiture. L’échec est cuisant, mais sa fortune est faite. De chanteur, Bruant devient entrepreneur, rachetant plusieurs ­cabarets prestigieux et un château pour loger sa famille. Revêche à l’exercice, Bruant enregistre toutefois 128 chansons, dont seules 72, « interprétées par lui-même » comme il est dit, nous sont parvenues. Captées de manière acoustique, sur cire et face à un pavillon, elles bénéficient ici d’un nettoyage qui préserve miraculeusement la voix. Son répertoire trace la carte du Paris populaire : « À Belleville », « À la Villette », « À la Chapelle », « À la Bastille », « À Montpernasse », « À Montmerte » (à prononcer en appuyant le « é »), chansons de quartiers qui répondent du même moule : la présentation d’un personnage et son histoire tragique ou comique, c’est selon, accompagnée d’un piano, parfois d’un orchestre et souvent d’un clairon hérité de la chanson troupière en vogue. Le dernier disque fait la part belle aux reprises de ses titres les plus fameux (par Yvette Guilbert, Marc Ogeret, Patachou, Germaine Montero, Yves Montand). De Ferré à Renaud en passant par Brassens et Boby Lapointe, voire certaines expressions du rap, l’indécrottable argotier laisse dans la chanson une trace évidente à laquelle ce coffret rend justice. » Par L’HUMANITE
Lire davantage Lire moins
« Nouvelle pierre à notre mémoire sonore, le coffret Aristide Bruant – La sélection définitive (1905-1913) témoigne de la force d’inspiration de ce rebelle qui fut un pionnier de la chanson réaliste. Et qui avait déjà tout compris de la promotion. Difficile de se faire une idée du talent d’Aristide Bruant qui officier à une époque où les enregistrements originaux étaient rares et dont la qualité était à désirer. C’est dire l’intérêt de ce coffret Aristide Bruant (*) qui regroupe 72 prises originales (notamment un surprenant titre bonus, Le Jiu Jitsu, et est accompagné d’un CD avec les principaux interprètes de l’artiste, que ce soit Marc Ogeret, pour Nini Peau d’Chien; Yves Montand dans la célèbre version des Canuts ou encore (et surtout) Patachou dans la réjouissante Aux frais de la princesse et, bien sûr Yvette Guilbert (J’suis dans le bottin).Pour le reste, on prend plaisir à découvrir (ou redécouvrir) comment ce natif du Loiret – il est né le 6 mai 1851 à 25 kilomètres de Montargis - a su vaincre les coups de la vie pour devenir un artiste reconnu et marqué de sa griffe et de sa voix rauque et puissante la chanson, créant ce style réaliste qui allait connaître de beaux jours. Une vocation que sa famille verra d’un très mauvais œil. C’est en 1881, quand des interprètes de renom de l’époque, tels Paulus et Jules Jouy, lui ouvrent les portes du Chat Noir qu’Aristide Bruant va se faire connaître dans ce cabaret de la rue Rochechouart que fréquente les grands poètes du moment. C’est là aussi qu’il met la dernière touche au costume de velours qui le rendra célèbre. Son paiement de l’époque ? Les petits formats que le patron de l’établissement l’autorise à vendre, à défaut de lui donner un cachet… Mais c’est au Mirliton, un local qu’il aménage pour se produire que, malgré les coups du sort et des engueulades célèbres à l’encontre du public, il conquiert ses titres de noblesse et se permet de fumer durant le tour de chant, de se mettre debout sur les tables avec ses bottes ou de lancer à la cantonade aux gens de la bonne société venus s’encanailler : « Tas de cochons ! Gueules de miteux ! Tâchez de brailler en mesure. Sinon fermez vos gueules. » En imposant un Toulouse Lautrec comme affichiste, Bruant devient une véritable star de l’époque. De fait, Aristide Bruant a réussi à célébrer en chansons tout un petit monde de déclassés, de crapules et s’inscrit dans la droite lignée de la mode des écrivains naturalistes qui vont d’Émile Zola à Joris-Karl Huysmans. On le mesure par exemple avec des titres comme Chez les Apaches ou encore le fameux À Biribi sans oublier les couplets grivois de Chez ces dames.Servant aussi de guides dans le Paris de l’époque, ses chansons sont faites de l’encre des rebelles, des insoumis. Portant cheveux longs et un légendaire foulard rouge, Bruant n’hésitait pas aussi à brocarder l’ordre, y compris militaire. Il écrivait : « Partout on flatte les richards. On se met à plat ventre devant eux. On leur passe l’encensoir sous le nez. Ils passent, hautains, méprisants, la revue des petits gens qui s’inclinent, éblouis. » Des propos qui tiennent encore la route aujourd’hui.Et l’on prend un vrai plaisir à réentendre la voix puissante du créateur de Aux Bat. Daf. »Par François CARDINALI – CHANT...SONGS
Lire davantage Lire moins
« Un remarquable travail d’édition » Par L’Humanité Quel est l’artiste princeps de la chanson française, son pionnier fondamental ? A défaut d’une réponse satisfaisante, sûrement introuvable, gageons que c’est par l’enregistrement que s’est principalement transmise la mémoire des chansons et de leurs interprètes. La maison d’édition Frémeaux & Associés s’est fait une spécialité de cette quête archéologique en publiant de nombreux coffrets exhaustifs consacrés à la « défense du patrimoine sonore ». Voici donc, en quatre CD et un copieux livret, une anthologie d’Aristide Bruant, figure mythique du chansonnier cabarettiste immortalisé par Toulouse-Lautrec, avec son écharpe rouge et son large couvre-chef de feutre noir. De Bruant subsistent un répertoire passé à la postérité, mais aussi quelques enregistrements originaux, captés entre 1905 et 1912, qui donnent à entendre le style fondateur d’une chanson gouailleuse au crépuscule de la Belle Epoque. Bruant, justement, pourrait rafler le titre de pionnier de la chanson, entendue comme un art populaire, contemporain des premiers enregistrements et trouvant des débouchés commerciaux chez les cabaretiers et éditeurs. Né en 1851, il est l’enfant d’une famille fauchée de la bourgeoisie de province, partie chercher fortune à Paris et déménageant à la cloche de bois dans les différents faubourgs. Il y côtoie les titis et les grisettes, les truands et les artistes, se fait un nom en chantant sur les bords de Marne avant d’intégrer le Chat noir, cabaret légendaire de Montmartre dont il devient l’artiste résident. Il y développe un style argotique et volontiers anarchisant, évoquant les enjeux sociaux devant une petite bourgeoisie en goguette : « Ici, c’est moi qui les engueule. Je n’adore pas le veau d’or, je le domestique ». Son langage, célinien avant l’heure, fait fureur. Bruant se présentera aux législatives sous l’étiquette socialiste, mais sans l’investiture. L’échec est cuisant, mais sa fortune est faite. De chanteur, Bruant devient entrepreneur, rachetant plusieurs cabarets prestigieux et un château pour loger sa famille. Revêche à l’exercice, Bruant enregistre toutefois 128 chansons, dont seules 72, « interprétées par lui-même » comme il est dit, nous sont parvenues. Captées de manière acoustique, sur cire et face à un pavillon, elles bénéficient ici d’un nettoyage qui préserve miraculeusement la voix. Son répertoire trace la carte du Paris populaire : « A Belleville », « A la Villette », « A la Chapelle », « A la Bastille », « A Montpernasse », « A Montmerte » (à prononcer en appuyant le « é »), chansons de quartiers qui répondent du même moule : la présentation d’un personnage et son histoire tragique ou comique, c’est selon, accompagnée d’un piano, parfois d’un orchestre et souvent d’un clairon hérité de la chanson troupière en vogue. Le dernier disque fait la part belle aux reprises de ses titres les plus fameux (par Yvette Guilbert, Marc Ogeret, Patachou, Germaine Montero, Yves Montand). De Ferré à Renaud en passant par Brassens et Boby Lapointe, voire certaines expressions du rap. L’indécrottable argotier laisse dans la chanson une trace évidente à laquelle ce coffret rend justice. Par Clément GARCIA – L’HUMANITE
Lire davantage Lire moins
« Si, comme nous, vous vénérez Gaston Couté, Boris Vian, Brassens, le Dutronc des sixties, François Béranger, Coluche et le Renaud des seventies (jusqu’aux plus récents VRP, Nonnes Troppo, Garçons Bouchers et Béruriers Noirs), vous n’ignorez sans doute pas où ces grands esprits puisèrent l’inspiration anarcho-libertaire dont ils firent leur miel. Si par contre c’était hélas le cas, voici l’occasion rêvée de réviser vos classiques ! Ce poète et chansonnier de Montmartre (et désormais icône de l’art populaire de la fin du XIXème) demeure de nos jours encore l’un des ferments créatifs de la plupart des mouvements de satire et de revendication qui animèrent le siècle dernier, jusqu’à nos jours encore. Issu d’une très modeste bourgeoisie déclassée du Loiret, Louis Armand Aristide Bruand (avec un “d” qu’il mua en “t”, comme en prémonition des Dupon “d” et “t” de Hergé) fut non seulement le précurseur de la chanson prolétaire et protestataire moderne, mais également celui de la presse satirique (via sa feuille de chou “Le Mirliton”), ainsi que le disciple des grands romans populaires (sorte de chaînon manquant entre Zola et Cavanna). Ne répugnant pas à associer la grivoiserie à l’impertinence, et les saynètes sociales y alternant avec la chanson réaliste, cette compilation propose non seulement 72 enregistrements originaux chantés par leur auteur (dont maintes raretés), mais aussi un plein CD d’interprétations de ses classiques par des artistes majeurs, au rang desquels on relèvera le grand Marc Ogeret, mais aussi Patachou, Yves Montand, Philippe Regel, Yvette Guilbert et Germaine Montero. Si vous aviez apprécié “Le P’tit Bal Du Samedi Soir” d’un Renaud “À Bobino” encore en possession de ses moyens, ruez-vous donc sur cette anthologie (...) » Par Patrick DALLONGEVILLE – PARIS MOVE
Lire davantage Lire moins
Liste des titres
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    À la Villette
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:03:05
    1905
  • 2
    À la Chapelle
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:48
    1905
  • 3
    À la Bastille
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:03:19
    1905
  • 4
    Ohé ! Ferdinand « Chanson de route avec piston »
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:03:06
    1905
  • 5
    La fille de Gennevilliers
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:03:04
    1906
  • 6
    Dessous Napoléon 1er « Le trompette »
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:03:06
    1906
  • 7
    À la Madeleine
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:33
    1906
  • 8
    Coquette
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:15
    1906
  • 9
    La vigne au vin
    Aristide Bruant
    Traditionnel
    00:02:55
    1906
  • 10
    À la Bastche
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:22
    1906
  • 11
    À la Villette « version alternative 1 »
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:29
    1906
  • 12
    Belleville Menilmontant
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:17
    1906
  • 13
    À Montmerte
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:29
    1906
  • 14
    À Saint-Lazare
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:24
    1906
  • 15
    Le 113e de ligne
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:27
    1906
  • 16
    Le gréviste
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:31
    1906
  • 17
    Auprès de ma blonde
    Aristide Bruant
    Traditionnel
    00:02:43
    1906
  • 18
    Meeting de protestation
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:03:03
    1908
  • 19
    Cinq minutes chez Bruant
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:03:06
    1908
  • 20
    La rafle
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:03:24
    1909
  • 21
    Chez les Apaches
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:03:21
    1908
  • 22
    À Biribi
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:03:17
    1909
  • 23
    Les petits joyeux « version 1 - scène réaliste »
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:03:03
    1909
  • 24
    Chez ces dames « Scène naturaliste très grivoise »
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:56
    1909
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    L’attaque nocturne « Scène réaliste grivoise »
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:56
    1909
  • 2
    À Grenelle
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:40
    1911
  • 3
    À Biribi « version alternative »
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:55
    1911
  • 4
    Aux Bat. Daf
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:38
    1911
  • 5
    L’enterrement de belle maman
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:03:06
    1911
  • 6
    À Saint-Ouen
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:43
    1911
  • 7
    À Saint-Lazare 2
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:50
    1911
  • 8
    La noire
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:53
    1911
  • 9
    Belleville Ménilmontant « version alternative »
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:11
    1911
  • 10
    À la Villette « version alternative 2»
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:42
    1911
  • 11
    Au bois de Boulogne
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:43
    1911
  • 12
    Le chat noir
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:03:11
    1911
  • 13
    Meunier, Meunier, tu es cocu
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:38
    1911
  • 14
    À Batignolles
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:03:11
    1911
  • 15
    À Montmerte « version alternative »
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:43
    1911
  • 16
    Marche des dos
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:54
    1911
  • 17
    La ronde des marmites
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:03:06
    1911
  • 18
    À la goutte d’or
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:43
    1911
  • 19
    À la place Maubert
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:58
    1911
  • 20
    À Pantruche
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:40
    1911
  • 21
    Dans la rue
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:46
    1911
  • 22
    Sur l'boul'vard
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:03:07
    1911
  • 23
    Nini peau d’chien
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:58
    1911
  • 24
    À la Bastoche « version alternative »
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:46
    1911
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    À Montpernasse
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:55
    1911
  • 2
    À la Roquette
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:03:10
    1911
  • 3
    Sur la route de Louviers
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:49
    1911
  • 4
    À la Glacière
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:52
    1911
  • 5
    Ah ! Les salauds !
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:40
    1911
  • 6
    Serrez vos rangs
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:46
    1911
  • 7
    Chanson de la France
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:52
    1911
  • 8
    À montrouge
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:58
    1911
  • 9
    Le trompette
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:03:07
    1912
  • 10
    Le 113e de ligne « version alternative »
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:49
    1912
  • 11
    À la Bastille « version alternative »
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:47
    1912
  • 12
    L'infanterie de Marine
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:03:32
    1912
  • 13
    Les grandes manoeuvres
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:04:01
    1912
  • 14
    halte-là !
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:53
    1912
  • 15
    À Poissy
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:03:19
    1912
  • 16
    Tu ne manieras pas mes tétons
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:53
    1912
  • 17
    Aux oiseaux
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:03:16
    1912
  • 18
    Le p'tit gris
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:57
    1912
  • 19
    Rose blanche (Rue Saint Vincent)
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:03:04
    1912
  • 20
    Chant d'Apaches
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:56
    1912
  • 21
    La chanson des michetons
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:51
    1912
  • 22
    Garde-à-vous !
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:03:07
    1912
  • 23
    Les petits joyeux « version chanson »
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:03:01
    1912
  • 24
    Le Jiu Jitsu
    Aristide Bruant
    Aristide Bruant
    00:02:10
    1912
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    Lézard
    Philippe Regel
    Aristide Bruant
    00:01:31
    1958
  • 2
    Bonne année
    Souris de Montmartre
    Aristide Bruant
    00:01:24
    1957
  • 3
    Le chant du soir
    Sonia Nerval
    Aristide Bruant
    00:03:31
    1958
  • 4
    Monome
    René Quequinion
    Aristide Bruant
    00:01:54
    1958
  • 5
    Amoureux
    Paulo
    Aristide Bruant
    00:02:50
    1950
  • 6
    Les mères d'à présent
    René Quequinion
    Aristide Bruant
    00:03:30
    1958
  • 7
    V’là le choléra qui arrive
    Stello
    Aristide Bruant
    00:03:02
    1935
  • 8
    Rodeuse de berges
    Germaine Montero
    Aristide Bruant
    00:03:15
    1954
  • 9
    À Mazas
    Patachou
    Aristide Bruant
    00:03:38
    1958
  • 10
    Les loupiots
    René Colin
    Aristide Bruant
    00:01:28
    1958
  • 11
    L'soir à Montmartre
    Picolette
    Aristide Bruant
    00:02:39
    1958
  • 12
    Au bois de Vincennes
    Stello
    Aristide Bruant
    00:02:39
    1935
  • 13
    Aux frais de la princesse
    Patachou
    Aristide Bruant
    00:02:45
    1958
  • 14
    J'suis d'l'avis du gouvernement
    Paul Barré
    Aristide Bruant
    00:01:40
    1956
  • 15
    J'suis dans l'bottin
    Yvette Guilbert
    Aristide Bruant
    00:02:00
    1934
  • 16
    Les canuts
    Yves Montand
    Aristide Bruant
    00:02:20
    1955
  • 17
    Marchand de crayons
    Paulo
    Aristide Bruant
    00:02:39
    1955
  • 18
    L'oseille
    Picolette
    Aristide Bruant
    00:02:51
    1958
  • 19
    Chacun son état
    Paul Barré
    Aristide Bruant
    00:02:58
    1956
  • 20
    Belleville Ménilmontant 2
    Marc Ogeret
    Aristide Bruant
    00:02:08
    1958
  • 21
    Nini Peau d’Chien 2
    Marc Ogeret
    Aristide Bruant
    00:02:01
    1958
  • 22
    Rue Saint-Vincent
    Marc Ogeret
    Aristide Bruant
    00:02:52
    1958
  • 23
    À la Bastoche 2
    Marc Ogeret
    Aristide Bruant
    00:02:14
    1958
Livret

Aristide Bruant – La sélection définitive

Par Jean-Baptiste Mersiol


Nombreux ont été les artistes à rendre hommage à Aristide Bruant, l’ambassadeur chansonnier de l’ancien Montmartre Parisien et à proposer leur version, leur regard et leur sensibilité d’une œuvre inestimable dans des enregistrements sur mesure. On dit que lorsqu’un Africain meurt c’est toute une bibliothèque qui brûle, ainsi, ces interprètes ne sont ils pas en quelque sorte les héritiers et les conservateurs de l’art d’Aristide Bruant ? Artiste d’une époque où l’enregistrement était quasi inexistant et bien rudimentaire : Fort heureusement, il en existe de ces enregistrements originaux avec sa voix, mais ils demeurent bien peu réédités, peu diffusés, ainsi, ce que vous tenez en main est certainement l’anthologie la plus complète le concernant, notre but ayant été de retrouver le maximum de documents originaux possible. Une partie d’entre eux ont été perdus, hélas. Ainsi cette collecte reconstituée nous permet de dévoiler ici 72 enregistrements originaux s’étalant de 1905 à 1912 et répartis sur trois CD. Le quatrième disque apporte un regard complémentaire sur l’œuvre d’Aristide Bruant parmi les artistes les plus représentatifs de son esprit. Nous vous proposons ici une immersion dans le monde de la fin du dix-neuvième et le début du vingtième siècle.

Louis-Armand-Aristide Bruand est né le 6 mai 1851 à Courtenay dans le Loiret (à vingt-cinq kilomètres de Montargis). Il est le fils d’Adèle-Nathalie née Carboudin et de Louis-Pierre-Edme Bruand qui était lui-même originaire de Chantecoq où son arrière grand père y était notaire. Dès ses premiers pas, Aristide goûte aux joies de la nature et apprend très vite le latin auprès du curé de la paroisse. Le petit garçon est très studieux contrairement à ce que l’on pourrait supposer ; ses professeurs le trouvent excellent en composition française mais les calculs et autres mathématiques ne semblent pas du tout l’intéresser. Hélas il ne sera pas possible pour le jeune Aristide de poursuivre de longues études, car son père qui se prétend agent d’affaires, ne semble pas être un très bon gestionnaire ; ainsi la situation familiale devient vite financièrement fragile. C’est dans ce climat économiquement tendu que ses parents prennent la décision de s’installer à Paris, dans l’espoir de prendre un nouveau départ et d’y faire fortune. Aristide Bruand a douze ans en 1863 lorsqu’il prend conscience de la grave situation financière qui touche sa famille. Tandis que son père se réfugie dans l’alcool, lui, découvre les quartiers de Paris. La famille est contrainte de déménager régulièrement, allant de la place Dauphine au Boulevard Richard Lenoir, puis quittant à nouveau les lieux pour s’installer à Ménilmontant, puis rue Basfroy et encore rue Sedaine, tout en prenant soin de ne pas payer les derniers loyers. Tant de lieux et de quartiers habités qui inspireront plus tard le poète ! À dix-sept ans, son père lui apprend qu’il ne pourra plus poursuivre ses études à Sens et qu’il doit trouver un travail, mais le jeune Aristide ne se laisse pas démonter pour autant et obtient très rapidement une place comme apprenti dans la bijouterie de la Maison Lenormand, rue du Vieux Temple. Il y deviendra ouvrier deux ans plus tard. À l’âge de dix-neuf ans le voici installé, dans un métier confortable. Il souhaiterait gérer une librairie mais la guerre éclate en 1870, ainsi il craint l’invasion allemande et ses dangers. Dans ses heures libres, le jeune Aristide parfait ses connaissances des poètes, fréquente les truands et les originaux. Il apprend la musique, il compose, il chante. Ses amis l’encouragent à aller plus loin, à présenter ses chansons à un patron de guinguette dans le but d’y être engagé. Le jeune Aristide qui en secret rêvait de gloire était sans doute loin d’imaginer qu’il serait là, aux Concert des Amandiers à présenter sa première chanson face à un jury impitoyable. Ainsi Monsieur Rollot de l’agence artistique Lavigne et Rollot se présente à lui et lui fixe un rendez-vous dès le lendemain. C’est ainsi qu’il se voit proposer un stage d’un mois dans une guinguette réputée à Nogent. Dès les premiers soirs, le public est séduit, la presse est également conquise. Désormais le nom d’Aristide Bruant est en pleine ascension : En effet ce sera Bruant avec un t. Le jeune auteur-compositeur interprète a troqué le D pour le T. La consécration va suivre de près, avec la visite régulière de Paulus, le chanteur préféré des Parisiens qui lui demande de lui écrire plusieurs chansons puis Yvette Guilbert. Aristide est comblé, mais sa famille voit d’un très mauvais œil cette entreprise trop précaire à leurs yeux. Il annonce à ses parents que sa vie sera désormais celle d’un artiste de cabaret, au grand désespoir de sa mère qui voit là la sécurité d’une retraite tranquille s’envoler.

En 1880, Aristide doit effectuer son service militaire durant vingt-huit jours : C’est dans le régiment du 113e de ligne qu’il officiera, régiment qu’il glorifiera plus tard dans sa chanson du même nom. Bien qu’il suscite la vigilance de son adjudant qui n’aime pas du tout ses libertés vestimentaires et son langage peu soutenu, Aristide s’est toutefois attiré les sympathies de tout le régiment et y vit d’agréables moments. À son retour il se produit à L’Époque, puis sur la scène de La Scala (Boulevard de Strasbourg) et à l’Horloge (sur les Champs-Elysées). Son répertoire constitué d’une centaine de chansons fait sa réputation d’auteur anarchiste et argotique. À ce moment là il se lie d’amitié avec Jules Jouy, qui le guide vers le cabaret Le Chat noir en 1881. Ancien bureau de poste, ce lieu a été racheté par Rodolphe Salis pour en faire un antre qui du comptoir, à l’atelier puis de l’estrade propose chants, poésies et spectacles d’ombres. Il existe plusieurs légendes concernant le nom de ce lieu mythique. On dit que Le Chat Noir est un hommage au poète Edgar Allan Poe et l’une de ses Histoires Extraordinaires. Une autre légende plus plausible raconte que la veille de l’ouverture, Rodolphe Salis, qui cherchait désespérément un nom pour son lieu, aurait trouvé un petit chat noir avant de fermer la porte. Celui-ci aurait été abandonné et aurait surgi en équilibre sur un réverbère. Rodolphe Salis l’aurait alors adopté et aurait décidé d’appeler les lieux Le Chat noir, ainsi le petit animal hanta le cabaret durant de nombreuses années. Ce cabaret atypique compte des adeptes de renom tels que : Jules Jouy, Alphonse Allais, Maurice Donnay, Maurice Boukay et Henri de Toulouse-Lautrec. Les artistes défilent tour à tour sur l’estrade, accompagnés par un pianiste. C’est Jules Jouy qui présente Artistide Bruant à Rodolphe Salis, qui va alors succéder à Charles Cros sur l’estrade, malgré l’avarice du patron des lieux qui ne lui autorise qu’à vendre ses partitions en petits formats en guise de cachet. En mai 1885, Le Chat Noir déménage rue de Laval, ainsi Aristide Bruant saisi l’occasion d’acquérir ce lieu situé boulevard Rochechouart pour en faire son propre cabaret et le rebaptise Le Mirliton. Il aménage les lieux pour les rendre plus commodes, hélas le premier soir ne voit que la venue de trois personnes, Bruant vexé les a alors chahutées, et découvre que son public semble apprécier qu’on le malmène. Ainsi naît un style bien particulier qui vise à « engueuler » le client. Tous les coups son permis : Aristide Bruant n’hésite pas à fumer pendant son tour de chant, à se mettre debout sur les tables avec ses bottes et quand vient l’heure de la fermeture, ordre est donné à l’unique serveur « Maxime » de mettre tout le monde à la porte dans des propos virulents. Aristide Bruant et son cabaret deviennent légendaires, il fait fortune, et n’hésite pas à soutenir son ami Frédé en le sortant de la faillite, en lui rachetant Le Lapin Agile (tout en lui laissant l’exploitation du lieu). Dans le même temps Aristide Bruant a installé sa famille au premier étage du Mirliton. En 1888 le voici père de famille, propriétaire de plusieurs cabarets et d’une maisonnette au coin de la rue Corot et une ferme rue de Saule dans laquelle il s’installe l’été. Nous sommes en plein Paris mais on se croirait à la campagne. Hélas l’homme d’affaire et artiste sera bientôt veuf. Pour autant Aristide Bruant doit encore se produire au Concert des Ambassadeurs qui souhaite transporter le décor du Mirliton dans ses lieux. Ainsi il négocie un très bon contrat en imposant comme affichiste Toulouse-Lautrec alors inconnu du grand public. C’est un succès considérable, bien plus qu’à Montmartre, Aristide Bruant est applaudi aux Champs-Elysées. Il part ensuite en tournée à Lyon, Bordeaux et Marseille et se dirige ensuite vers l’Algérie pour se produire à Oran. Il revient en France pour chanter à Sète, Narbonne, Toulouse, Nimes, Aix-en Provence pour revenir enfin à Paris. À l’Opéra Comique il y rencontre Mathilde Tarquini d’Or, chanteuse avec qui il entretiendra une relation de trente ans, jusqu’à son décès. Avec sa fortune il achète un château à Courtenay, c’est là qu’il passera désormais la majorité de son temps. Il a abandonné Le Mirliton et a racheté l’Époque, le cabaret de ses débuts. N’appréciant pas l’absence de Mathilde partie en permanence en province pour ses tournées, il lui confie la gérance de l’Époque en lui promettant de consacrer les matinées du lieu à la musique classique. Tout cela pour qu’ils puissent passer davantage de temps ensemble. Mathilde se plaît à Courtenay mais insiste pour que leur carrière parisienne ne soit pas mise de côté. Bien qu’Aristide Bruant se produise toujours avec succès dans ce nouveau lieu (il est d’ailleurs le seul artiste populaire à ne pas s’y faire dézinguer), cette vie le lasse car il ne prend plus de plaisir à chanter du music-hall. C’est à ce moment là qu’il retourne à Coutenay, où il ne chôme pas puisqu’il y écrit des romans, entreprend l’enregistrement de ses chansons alors qu’il y était jusqu’ici réticent. Chose étrange il donne à son fils une éducation religieuse et stricte, lui qui semblait jusqu’ici anti clérical et lui laisse le soin de préparer Saint-Cyr puis veut le faire « officier ». Aristide Junior est un brillant garçon mais il est atteint d’une balle sous le bras et s’en remet toutefois sans grande difficulté. Le véritable drame survient trois ans plus tard, lorsqu’il meurt au commandement de son bataillon à l’attaque de Craonne. Aristide Bruant ne se remettra jamais de la mort de son fils. Aristide et Mathilde se réfugient dans leur Moulin en attendant la construction d’une maison moins austère que le château de Courtenay dans lequel les hivers sont froids et interminables. Le nom d’Aristide Bruant n’est pas oublié pour autant dans la capitale, la presse ne cesse de parler de lui et déjà en juin 1911, le couturier Paul Poiret avait fait le déplacement depuis la capitale pour proposer au chansonnier de remonter sur les planches. Dans un premier temps il refuse catégoriquement mais à force d’insistance et l’intervention d’Yvette Guilbert, celui-ci hésite désormais. Paul Poiret se déplace à nouveau et devant une telle demande, Aristide Bruant accepte enfin face à une proposition de vingt dates. On croyait alors qu’Aristide Bruant s’arrêterait définitivement de chanter mais treize ans plus tard Henri Varna proposa un contrat de 35 000 francs pour deux semaines de concert à l’Empire. Aristide Bruant se montre beaucoup moins hésitant qu’en 1911 et dès le 23 novembre 1924, durant une durée de 15 jours, le tout Paris se précipite avenue de Wagram pour les adieux du chanteur « Montmartrois ». Après un triomphe qui réunit toutes les générations autour d’une époque déjà révolue, Aristide Bruant s’octroie un repos bien mérité du côté de Nice avant de regagner son domicile parisien. Bien qu’il se sente un peu fatigué, cela ne l’affole guère mais dans la soirée du 11 février 1925, après avoir chanté en famille, il se sent faible. Une sensation d’étouffement le réveille en pleine nuit, il perd connaissance. Son médecin diagnostique une angine de poitrine, et c’est dans l’après midi du 12 février 1925 qu’Aristide Bruant s’éteint.

Il faut voir en Aristide Bruant un précurseur en bien des matières, et dans son œuvre : la nouveauté. Non seulement il est le premier à avoir imaginé être bien davantage qu’un simple artiste chansonnier : il a écrit de nombreux romans et recueils de poésie, et même un dictionnaire d’argot puis il s’est mêlé à la vie politique et inventa pour ainsi dire le « star-system ». Pour la première fois, un chansonnier libère autant la parole, créant un style qui ouvrira la voie aux générations futures (Léo Ferré ou Renaud). Bruant a pratiqué la chanson à boire, bien autant qu’il a décrit les quartiers de Paris. Toutefois il a souvent été dit qu’il n’aimait guère Paris, trouvant que la capitale était souvent le terroir de la misère et de la laideur. On sait aujourd’hui qu’il clama à la fin de sa vie avoir « instruit des idiots » qu’il méprisait, ainsi son jeu qui consistait à insulter l’aristocratie et la bourgeoisie n’était peut-être pas autant mis en scène qu’on ne le prétend, il y demeure visiblement un fond de vérité déconcertant. Pourtant Aristide Bruant ne cacha pas son goût pour les bonnes choses et le confort notamment dans son château de Courtenay. Il y a derrière le poète anarchiste, le gauchiste engagé, un homme d’intérêt, un entrepreneur. Toute sa vie il ne visa qu’un seul but, celui de s’enrichir afin de revenir chez lui à Courtenay en châtelain. Il pourrait alors par la suite profiter de ses chiens pour lesquels il voue une affection particulièrement profonde (Il ne se déplaçait jamais sans ses deux chiens que ce soit à Montmartre et Courtenay).

Au niveau stylistique, on remarque que l’amour est peu présent dans son œuvre, l’émoi sexuel y est peu évoqué, ce qui est rare dans pour un artiste qui est souvent guidé par les thèmes de l’amour et de la mort. En revanche, la mort est omniprésente dans son œuvre : Cette mort brutale, opérée soit par violence, soit par une maladie incurable et inéluctable. Elle est évoquée toujours dans la description du réalisme, d’une mise en scène d’autrui, qui est à l’opposé du futur Léo Ferré qui passera la majeure partie de sa carrière à utiliser la métaphore et le surréalisme. À l’exception de quelques unes des premières chansons écrites avec Jules Jouy, Aristide Bruant les a composées seul ce qui ne sera pas le cas de ses romans. Tout comme Le chat noir a eu son journal, il en fera de même pour Le Mirliton dans lequel Aristide Bruant pourra avec ses collaborateurs, exprimer ses idées et développer son style, ainsi il travaillera avec Alphonse Allais, Jehan Rictus, Jean Caillou mais surtout Steinlen et Henri de Toulouse-Lautrec. Outre les journaux, Aristide Bruant fait imprimer des médaillons à son effigie, preuve qu’il souhaite diffuser au maximum son image en dehors de ses murs. La création de ce business n’a pas été sans conséquence. Nous parlions auparavant de son unique serveur « Maxime » au Chat noir, qui était aussi sa doublure. Celui-ci, en vint à économiser assez d’argent avec ses salaires pour ouvrir son propre cabaret rue Pigalle. Ce dernier continua à se produire en imitant son ancien patron mais en revendiquant la paternité des chansons ce qui agaça fortement Aristide Bruant qui l’assigna en justice. Aristide Bruant gagna son procès face à son ancien serveur qui ne tardera pas à être ruiné. Ce n’est que plus tard, qu’Aristide Bruant accepta d’enregistrer ses disques, la technique de l’enregistrement étant rudimentaire, il ne mesura pas d’emblée l’impact à venir d’une telle entreprise.

Aristide Bruant a été en avance sur son temps : indéniablement. À l’âge de vingt ans, il avait déjà les cheveux longs comme les jeunes de mai 1968 qui construiront des barricades cent ans plus tard. Aristide Bruant demeure toutefois élégant avec sa cravate et son costume de gilet sévère qui laissera place plus tard à son légendaire foulard rouge. Par la suite le style grossier s’exprimera visuellement à travers ses grandes bottes. Muni de cette image, c’est à partir de cela qu’il a entrepris la description du petit peuple des quatre coins de la capitale française. Il attirera ainsi les « apaches » dans son cabaret, les laissés pour compte seront défendus, Bruant s’attaquant aux bourgeois : tous ces éléments vont établir son style et construire son succès. Dans son cabaret, Bruant insulta les bourgeois qui se disaient ravis d’être ainsi traités, prenant cela comme un jeu. Il ira jusqu’à défier l’ordre militaire et les hommes de pouvoir :

« Partout on flatte les richards. On se met à plat ventre devant eux. On leur passe l’encensoir sous le nez. Ils passent, hautains, méprisants, la revue des petites gens qui s’inclinent, éblouis. Les repus, les arrogants, las de cette adoration perpétuelle, veulent parfois du changement. Au moins pour se détendre. Et ici, c’est moi qui les engueule. Je n’adore pas le veau d’or, je le domestique. Méprisant, insolent, même grossier si ça me plait… Je porte des bottes sans exiger qu’on les lèche, mais je n’hésite pas à le mettre moralement dans le séant de mes épateurs épatés. »

Sa femme confia un jour qu’Aristide lui avoua qu’il était tellement timide qu’il préférait gueuler que de parler, ainsi il combattait sa timidité, le trac qui fait défaut à tant d’artistes. Le petit peuple, Aristide Bruant s’en est inspiré très largement dans ses chansons mais en a fait les héros de son livre Les bas-Fonds de Paris : « Je considère les gens qui font le mal comme des infirmes ; j’ai de la commisération pour eux ; jamais de la haine ! » C’est certainement ce raisonnement qui amena l’anarchiste de conviction socialiste à s’orienter vers la politique. Cet épisode malheureux et maladroit est rarement évoqué dans sa carrière pourtant il tient une place importante dans sa vie. À l’âge de 47 ans il s’engage dans la politique, tel Clovis Hugues, autre poète qui s’était présenté contre un certain Aristide Briand. La confusion s’était alors déjà imposée, Clovis Hughes étant bien conscient de la chose et que cela pourrait lui apporter des suffrages, il joua même sur cette confusion. Aristide Bruant, lui, se lance dans la course le 6 mai 1898. Après des débuts laborieux, il semble réunir autour de lui, le peuple démuni, profitant de ses tournées du Chat noir à Paris et en province. Aristide Bruant se présente comme le candidat du peuple, à deux jours des législatives et rédige son programme en vers. Pourtant le 8 mai l’élection est manquée, Aristide Bruant voulant être candidat socialiste avait simplement oublié de demander au parti portant le même nom de soutenir son investiture. Ainsi Dejean a été réélu avec 7064 voix. Caron : 2014. Nourry 514. Bruant n’obtiendra que 502 voix. Si cette élection est perçue comme un échec, elle aura toutefois permis à Aristide Bruant d’agrandir sa réputation auprès du peuple mais aussi de la bourgeoisie. L’homme intrigue certes, mais ne laisse pas indifférent. Bien que se proclamant de gauche, Aristide Bruant était profondément antisémite, mais en ces temps anciens cela était moins surprenant qu’aujourd’hui de la part d’un socialiste. N’oublions pas que nous sommes en pleine affaire Dreyfus, et que les anti-dreyfusards sont nombreux parmi les socialistes, tout simplement parce que ces derniers ne se sentent pas concernés par cette affaire qui oppose les juifs à la fonction militaire. Il serait dommage toutefois aujourd’hui d’en tenir rigueur à l’œuvre d’Aristide Bruant qui n’en demeure pas moins sublime, telle celle que Louis Ferdinand Céline nous a livrée.

Les enregistrements d’Aristide Bruant présentés ici ont été réalisés de 1905 à 1912, soit en l’espace de moins de dix-ans. Ils sont postérieurs à sa période de gloire Montmartroise, et sont bien éloignés de la période du Mirliton. Ces enregistrements correspondent à la période du premier « retour » d’Aristide Bruant dans le milieu de la chanson. Les mois précédents, il était remonté sur les planches du Little-Palace. Cette époque correspond à celle des débuts de l’enregistrement, et le procédé électrique n’existe pas, Aristide Bruant est un contemporain de l’enregistrement acoustique, il doit pour cela chanter en direct face à un pavillon qui transcrit directement dans la cire son art. Ainsi, le bruit de surface a été difficile à effacer, il fait partie intégrante de l’enregistrement, et bien que cela ne semblait aucunement dérangeant pour l’époque, cela paraît relativement inconcevable aujourd’hui. Nous avons isolé les fréquences de ces grésillements afin de les réduire, toutefois nous n’avons pas voulu abimer la voix d’Aristide Bruant, ainsi nous avons pensé qu’il ne fallait pas trop pousser le procédé de réduction de bruit. La qualité des supports et leur usure parfois différente ont amené à traiter certains titres autrement. Ainsi certaines fréquences générales peuvent varier d’un titre à l’autre. Quoi qu’il en soit, nous entendrons ici Aristide Bruant tel qu’il chantait autrefois dans son cabaret et à cette époque, aucun truquage n’était possible, il s’agit donc d’enregistrements authentiques. À l’âge de 54 ans, Aristide Bruant enregistre enfin son répertoire, et si certains spécialistes avancent le fait qu’il avait sans doute perdu de sa voix, cela ne semble guère poser un problème.
Aristide Bruant a enregistré pour plusieurs marques de disques qui présentent chacune leur particularité et leur « son ». Rien ne destinait le chansonnier à enregistrer autant de faces, il faut dire qu’il était très réticent à l’art phonographique qui en était encore à ses balbutiements. Aristide Bruant refusa longtemps d’enregistrer lui-même ses œuvres, cédant à d’autres interprètes cette ingrate tâche. Au départ il produit ses propres disques sous la marque Disques Bruant de fabrication Orphée. Nous sommes en 1905. L’étiquette et l’introduction indiquent que les chansons sont interprétées par « Lui-même ». Il semblerait qu’Aristide Bruant ait enregistré 56 titres à compte d’auteur avant d’enregistrer l’année suivante 14 titres pour la marque allemande Beka/Ideal. Il signa ensuite un contrat chez Odéon pour 8 titres, la plupart des mises en scènes réalistes, alors vint le temps de la riche période chez Pathé où 50 enregistrements devenus les plus emblématiques et célèbres virent le jour. Cela fait au total 128 enregistrements d’Aristide Bruant, hélas une partie d’entre eux semble encore égarée dans la nature, mais nous avons pu en retrouver 72 que nous présentons ici dans l’ordre que nous pensons être chronologique à l’exception d’un titre. Le Jiu jitsu est présenté en Bonus du troisième disque car il n’est pas composé par Aristide Bruant, nous avons pensé qu’il serait judicieux de l’isoler. Cet ordre met aussi en évidence l’évolution de ses enregistrements. Au départ les moyens semblent réduits, Aristide Bruant se faisant accompagner par un unique piano, il ne va pas tarder à recourir à des musiciens d’orchestre. Chez Odéon, les scènes de la vie réalistes, vont être exécutées avec des complices, recréant ainsi l’ambiance d’un cabaret tel que Le Mirliton. Chez Pathé, l’orchestre et le clairon vont devenir l’accompagnement de rigueur. Fort heureusement Aristide Bruant n’a jamais simultanément enregistré pour deux marques différentes, ainsi nous aurons le plaisir d’entendre pleinement ces changements de son. D’anciennes éditions (notamment chez EMI) semblent vanter le transfert de cylindres, toutefois il semblerait que cela relève du mythe. En effet, seuls des disques plats semblent avoir été retrouvés ici. Les premiers disques Bruant sont étonnement de meilleure qualité que ceux de Pathé. Les faces des disques commençant autrefois par le centre, les débuts des enregistrements sont de moins bonnes qualités que la fin (la qualité étant meilleure au bord, le sillon étant moins rapproché). Il a donc fallu normaliser et compresser ces enregistrements selon leur état d’avancement et cela sans dénaturer le son d’origine, ainsi vous entendrez Aristide Bruant comme vous ne l’avez jamais entendu. Certaines distorsions de l’époque ont pu être atténuées et équilibrées avec l’ensemble, tout en réduisant le bruit de surface. Un autre problème s’est posé durant la réalisation de cette anthologie : la vitesse des disques. En effet, chaque marque disposait autrefois de ses caractéristiques (vitesse du disque, commencement par le centre ou le bord du disque). Il n’a pas été évident de reconstituer la bonne vitesse entre les 76, 78 et 80 tours minutes. Ainsi, si Aristide Bruant semble avoir une voix plus rauque sur certaines chansons, cela est certainement dû à un problème de gravure à l’époque ou rappelons-le, une marge d’erreur concernant la vitesse n’était pas impossible et ne semblait pas préoccuper l’auditeur : gardons ici l’authenticité de la vitesse d’origine proposée par l’éditeur. Il a été difficile d’établir un ordre précis des disques, déjà parce que certains numéros de matrice n’étaient pas évidents à reconstituer, mais aussi parce qu’il semblerait qu’ils ne se suivent pas forcément par rapport à la numérotation des faces. Certains disques monofaces n’ont pas été difficiles à placer dans la chronologie mais les disques ultérieurs à deux faces ont connu des éditions et numérotations chaotiques. Il n’est pas rare de retrouver la même chanson en deuxième face de différents titres et sous des références différentes. Nous avons tenté de reconstituer au maximum l’ordre chronologique des chansons selon leur numéro de matrice.
Dans les enregistrements que nous avons pu retrouver, il sera possible de comparer différentes versions de la même chanson. Aristide Bruant a par exemple enregistré à trois reprises À la Villette : une première version avec accompagnement de piano sous sa propre marque et qui semble être son premier enregistrement, une version l’année suivante pour la firme Béka et enfin une version orchestrée pour Pathé. Cela est d’autant plus intéressant que cette chanson pose les bases du style Bruant : ses nombreuses chansons de « quartier » sont construites avec uniquement des couplets, où une situation initiale est donnée en lui donnant une conclusion. Aristide Bruant, justifie toujours son propos d’introduction, il décrit son personnage dans un premier temps pour ensuite raconter son histoire.

« Il avait pas encore vingt ans
Il connaissait pas ses parents
On l’appelait Toto Laripette
À la Villette »
Ce type de construction fera la part belle à de nombreuses chansons qu’il choisira d’enregistrer : À Batignolles, À Montpernasse, À Montrouge, À la Glacière, À la Bastille, À Grenelle, À la Chapelle, À Montmerte etc. Aristide Bruant a choisi de composer des musiques différentes pour chacune de ces chansons (quoique proche au niveau de la mélodie et de la suite des accords), mais il aurait pu employer la même tant il utilise à chaque fois le même type de structure et le même nombre de vers. Pourtant il peut aussi construire des couplets dans des questions réponses systématiques à chaque vers comme il le propose dans À Saint Lazare :

« C’est de d’la prison que j’t’écris
Mon pauvre Polyte,
Hier je n’sais pas ce qui m’a pris
À la visite ;
C’est des maladies qui s’voient pas
Quand ça déclare
N’êmpêche qu’aujourd’hui j’suis dans l’tas…
À Saint-Lazare ! »

Cette manière de construire des couplets est aussi employée dans À la Roquette ou encore À Biribi, où l’on pourrait aisément utiliser la même mélodie. Il s’agit d’un système d’écriture dans lequel Aristide Bruant semble être à l’aise. Mais il ne faut pas penser pour autant qu’il ne s’adonne pas à une écriture de chansons couplet/refrain : c’est le cas avec Les petits Joyeux, Aux Bat.d’Af, ou encore Nini Peau d’Chien ou Le chat noir. Là nous sommes confrontés à des chansons de type traditionnel qui d’ailleurs ne figureront pas toutes dans ses recueils de chansons et monologues, car il faut relever que la majeure partie des ses enregistrements sont extraits des livres Dans la rue, essentiellement le premier volume, un peu moins du deuxième. Puis quelques rares enregistrements sont extraits du recueil Sur la route, ce dernier livre proposant essentiellement des monologues, Aristide Bruant n’a peut-être pas jugé bon des les inscrire dans la cire, mais ils seront largement repris et adaptés par les interprètes durant tout le vingtième siècle. Il y a cependant deux éléments curieux qui se manifestent lorsque l’on écoute l’ensemble des faces présentées ici. Les enregistrements réalisés pour la firme allemande Béka, ne proposent pas d’introduction parlée, ni avec la mention « interprété par lui-même ! » qu’on trouve dans les productions Bruant, ni « interprété par Aristide Bruant » chez Pathé. Ces introductions ont elles été coupées au montage ou non enregistrées ? Voilà une réponse que nous n’obtiendrons certainement jamais. Pour continuer, les enregistrements Odéon sont également surprenants, car ils proposent certains textes que l’on ne retrouve pas en recueil, mais qui sont également non construits en vers, du moins pour une partie. On peut donc supposer que la firme Odéon fit une « commande » à l’artiste pour ces scènes réalistes dans le but de recréer l’ambiance qui régnait autrefois au Mirliton. Fermons alors les yeux et imaginons que nous remontons le passé, il est donc aisé de se projeter en compagnie des artistes du cabaret. C’est certainement là toute la magie de ces enregistrements qui à l’inverse des productions réalisées aujourd’hui, sont à l’image de la réalité sans aucun truquage. En y réfléchissant, le bruit de surface des disques originaux, dénature bien moins la voix d’Aristide Bruant que ne le ferait l’auto-tune des années 2010-2020. Enfin Aristide Bruant n’ayant pas enregistré la totalité de ses œuvres, il ne faut pas négliger le travail des interprètes, et devrions-nous peut-être dire, des adaptateurs car tout au long du vingtième siècle les artistes ont su mettre Aristide Bruant au goût du jour sans jamais le dénaturer. Nous reproduisons dans le quatrième CD plusieurs chansons du 33 tours 25 centimètres Au caveau de la Bolée pour leur authenticité. Sans compter les magnifiques interprétations de Picolette, Patachou, Yves Montand, Souris de Montmartre. Nous sommes allés à l’essentiel sans toutefois proposer des enregistrements de Buffalo et Paulus qui sont contemporains à ceux de Bruant, il était important de proposer un regard posthume sur l’œuvre de Bruant, même si Yvette Guilbert est présente mais dans un enregistrement tardif. Il convient à chacun de se faire une opinion sur le contenu de ces interprétations, bien évidemment, le charisme et l’appropriation que Bruant donnait dans ses propres œuvres ne peut être égalé mais c’est l’occasion d’imaginer ce qu’auraient donné ces chansons par lui-même. Il nous a paru important de publier quatre reprises par l’interprète qui a été considéré comme son fils spirituel dans les années cinquante : Marc Ogeret. Nous y trouvons dans des tempi certes plus rapides les chansons de Bruant mais sa version de Rue saint Vincent a longtemps été le seul enregistrement disponible, puisque la version originale interprétée par Aristide Bruant a été retrouvée il y a peu de temps.
Jean-Baptiste Mersiol – mai 2018 / novembre 2021.
© Frémeaux & Associés 2022


Liste des romans écrits par Aristide Bruant
• Les Bas-Fonds de Paris, 4 tomes, (1897).
• La Loupiote, 1908.
• Aux Bat’ d’Af, 1911.
• Les Trois Légionnaires, 1912. Écrit avec Arthur Bernède.
• Serrez les rangs, 1913. Écrit avec Arthur Bernède.
• L’Alsacienne, 1920.
• Tête de Boche, 1919.
• Madame Tête de Boche, 1919.
• Fleur de Pavé, 1920.
• Captive, 1921.
• Le Cœur cassé, 1921.
• Les Princesses du trottoir, 1925.
• La Loupiote, 1935.
• Le Père La Loupiote, 1929.
• Serrez vos rangs ! édité en 1936.
• La Fiancée de Lothringen, 1920.
• Aux Bat. d’Af. Les Amours de la Pouliche 1910.

Liste des recueils de poésie et dictionnaires
écrits par Aristide Bruant
• Dans la rue (1889-1895), 2 volumes.
Chansons et monologues.
• Sur la route rue (1889-1895) 1 Volume.
Chansons et monologues.
• L’Argot au xxe siècle, dictionnaire français-argot,
réalisé avec Léon de Bercy. 1901.


Aristide Bruant
La sélection définitive


CD 1 : Aristide Bruant - 1905-1909

1. À la Villette (A. Bruant) 3’05
Disques Bruant, Orphée 4. 1905.
2. À la Chapelle (A. Bruant) 2’48
Disques Bruant, Orphée 11. 1905.
3. À la Bastille (A. Bruant) 3’19
Disques Bruant, Orphée 13. 1905.
4. Ohé ! Ferdinand « Chanson de route avec piston » (A. Bruant) 3’06
Disques Bruant, Orphée 26. 1905.
5. La fille de Gennevilliers (A. Bruant) 3’04
Disques Bruant, Orphée 29. 1906.
6. Dessous Napoléon 1er « Le trompette » (A. Bruant) 3’06
Disques Bruant, Orphée 32. 1906.
7. À la Madeleine (A. Bruant) 2’33
Disques Bruant, Orphée 42. 1906.
8. Coquette (A. Bruant) 2’15
Disques Bruant, Orphée 43. 1906.
9. La vigne au vin (Traditionnel) 2’55
Disques Bruant, Orphée 51. 1906.
10. À la Bastoche (A. Bruant) 2’22
Disque « Idéal » Symphonie Béka 9049. 1906.
11. À la Villette « version alternative 1 » (A. Bruant) 2’29
Disque « Idéal » Symphonie Béka 9051. 1906.
12. Belleville Menilmontant (A. Bruant) 2’17
Disque « Idéal » Symphonie Béka 9052. 1906.
13. À Montmerte (A. Bruant) 2’29
Disque « Idéal » Symphonie Béka 9053. 1906.
14. À Saint-Lazare (A. Bruant) 2’24
Disque « Idéal » Symphonie Béka 9056. 1906.
15. Le 113e de Ligne (A. Bruant) 2’27
Disque « Idéal » Symphonie Béka 9059. 1906.
16. Le gréviste (A. Bruant) 2’31
Disque « Idéal » Symphonie Béka 9076. 1906.
17. Auprès de ma blonde (Traditionnel) 2’43
Disque « Idéal » Symphonie Béka 9077. 1906.
18. Meeting de protestation « Scène réaliste » (A. Bruant) 3’03
Disque Odéon 60843. Matrice : XP 4166. 1908.
19. Cinq minutes chez Bruant « Scène réaliste » (A. Bruant) 3’06
Disque Odéon 60854. Matrice : XP 4167. 1908.
20. La rafle « Scène réaliste » (A. Bruant) 3’24
Disque Odéon 97149. 1909.
21. Chez les Apaches
« Scène réaliste » (A. Bruant) 3’21
Disque Odéon 97150. Matrice : XP 4446. 1908.
22. À Biribi (A. Bruant) 3’17
Disque Odéon 97638. 1909.
23. Les petits joyeux « version 1 - scène réaliste » (A. Bruant) 3’03
Disque Odéon 97642. Matrice : XP 5044. 1909.
24. Chez ces dames « Scène naturaliste très grivoise » (A. Bruant) 2’56
Disque Odéon 97347. 1909.


CD 2 : Aristide Bruant – 1909-1911

1. L’attaque nocturne « Scène réaliste grivoise » (A. Bruant) 2’56
Disque Odéon 97346. 1909.
2. À Grenelle (A. Bruant) 2’40
Disque Pathé 3101. Matrice : 181. 1911.
3. À Biribi « version alternative » (A. Bruant) 2’55
Disque Pathé 3101. Matrice : 185. 1911.
4. Aux Bat. Daf (A. Bruant) 2’38
Disque Pathé 3102. Matrice : 180. 1911.
5. L’enterrement de belle maman (A. Bruant) 3’06
Disque Pathé 3102. 1911.
6. À Saint-Ouen (A. Bruant) 2’43
Disque Pathé 3103. Matrice : 176. 1911.
7. À Saint-Lazare (A. Bruant) 2’50
Disque Pathé 3103. Matrice : 186. 1911.
8. La noire (A. Bruant) 2’53
Disque Pathé 3104. Matrice : 174. 1911.
9. Belleville Ménilmontant « version alternative » (A. Bruant) 2’11
Disque Pathé 3104. 1911.
10. À la Villette « version alternative 2» (A. Bruant) 2’42
Disque Pathé 3106. 1911.
11. Au bois de Boulogne (A. Bruant) 2’43
Disque Pathé 3106. Matrice : 179. 1911.
12. Le chat noir (A. Bruant) 3’11
Disque Pathé 3107. Matrice : 188. 1911.
13. Meunier, Meunier, tu es cocu (A. Bruant) 2’38
Disque Pathé 3108. 1911.
14. À Batignolles (A. Bruant) 3’11
Disque Pathé 3110. Matrice : 164. 1911.
15. À Montmerte « version alternative » (A. Bruant) 2’43
Disque Pathé 3110. Matrice : 183. 1911.
16. Marche des dos (A. Bruant) 2’54
Disque Pathé 3112. Matrice : 349. 1911.
17. La ronde des marmites (A. Bruant) 3’06
Disque Pathé 3112. Matrice : 346. 1911.
18. À la goutte d’or (A. Bruant) 2’43
Disque Pathé 3114. Matrice : 364. 1911.
19. À la place Maubert (A. Bruant) 2’58
Disque Pathé 3118. 1911.
20. À Pantruche (A. Bruant) 2’40
Disque Pathé 3120. 1911.
21. Dans la rue (A. Bruant) 2’46
Disque Pathé 3120. Matrice : 528. 1911.
22. Sur l’boul’vard (A. Bruant) 3’07
Disque Pathé 3122. Matrice : 554. 1911.
23. Nini peau d’chien (A. Bruant) 2’58
Disque Pathé 3123. Matrice : 656. 1911.
24. À la Bastoche « version alternative » (A. Bruant) 2’46
Disque Pathé 3358. 1911.


CD 3 : Aristide Bruant – 1911- 1912

1. À Montpernasse (A. Bruant) 2’55
Disque Pathé 3358. 1911.
2. À la Roquette (A. Bruant) 3’10
Disque Pathé 3359. 1911.
3. Sur la route de Louviers (A. Bruant) 2’49
Disque Pathé 3361. Matrice : 193. 1911.
4. À la Glacière (A. Bruant) 2’52
Disque Pathé 3362. Matrice : 182. 1911.
5. Ah ! Les salauds ! (A. Bruant) 2’40
Disque Pathé 3362. Matrice : 189. 1911.
6. Serrez vos rangs ! (A. Bruant) 2’46
Disque Pathé 3363. Matrice : 187. 1911.
7. Chanson de la France (A. Bruant) 2’52
Disque Pathé 3363. Matrice : 196. 1911.
8. À Montrouge (A. Bruant) 2’58
Disque Pathé 3365. 1911.
9. Le trompette (A. Bruant) 3’07
Disque Pathé 3367. 1912.
10. Le 113e de ligne « version alternative » (A. Bruant) 2’49
Disque Pathé 3367. 1912.
11. À la Bastille « version alternative » (A. Bruant) 2’47
Disque Pathé 3368. Matrice : 347. 1912.
12. L’infanterie de Marine (A. Bruant) 3’32
Disque Pathé 3368. Matrice : 352. 1912.
13. Les grandes manœuvres (A. Bruant) 4’01
Disque Pathé 3369. Matrice : 428. 1912.
14. Halte-là ! (A. Bruant) 2’53
Disque Pathé 3369. Matrice : 367. 1912.
15. À Poissy (A. Bruant) 3’19
Disque Pathé 3371. Matrice : 427. 1912.
16. Tu ne manieras pas mes tétons (A. Bruant) 2’53
Disque Pathé 3373. Matrice : 542. 1912.
17. Aux Oiseaux (A. Bruant) 3’16
Disque Pathé 3373. Matrice : 553. 1912.
18. Le P’tit gris (A. Bruant) 2’57
Disque Pathé 3375. 1912.
19. Rose blanche (Rue Saint Vincent) (A. Bruant) 3’04
Disque Pathé 3401. Matrice : 646. 1912.
20. Chant d’Apaches (A. Bruant) 2’56
Disque Pathé 3402. Matrice : 658. 1912.
21. La chanson des michetons (A. Bruant) 2’51
Disque Pathé 3402. Matrice : 653. 1912.
22. Garde-à-vous ! (A. Bruant) 3’07
Disque Diamond1221. Matrice : 366. 1912.
23. Les petits joyeux « version chanson » (A. Bruant) 3’01
Disque Pathé Disque Pathé 4824. 1912.

BONUS :
24. Le Jiu Jitsu (A. Bruant / A. Moriaz)
Disque « Idéal » Symphonie Béka 9058. 1906.


CD 4 : Les interprètes (1935-1958)

1. Philipe Regel : Lézard (A. Bruant) 1’31
Disque Pacific « Au caveau de la Bolée » A-235. 1958.
2. Souris de Montmartre : Bonne année (A. Bruant) 1’24
Disque RCA 130107. 1957.
3. Sonia Nerval : Le chant du soir (A. Bruant) 3’31
Disque Pacific « Au caveau de la Bolée » A-235. 1958.
4. Marthe Léone & René Quequignon : Monome (A. Bruant) 1’54
Disque Pacific « Au caveau de la Bolée » A-235. 1958.
5. Paulo : Amoureux (A. Bruant) 2’50
Disque Pathé « Au Lapin Agile » PG 411. Matrice CPT 7670-1. 1950.
6. L’assistance & René Quequignon : Les mères d’à présent (A. Bruant) 3’30
Disque Pacific « Au caveau de la Bolée » A-235. 1958.
7. Stello : V’là le choléra qui arrive (A. Bruant) 3’02
Disque Polydor 524.049. Matrice : 1658 WPP. 1935.
8. Germaine Montero : Rôdeuse de Berges (A. Bruant) 3’15
Disque Pathé 1T 1033. 1954.
9. Patachou : À Mazas (A. Bruant) 3’38
Disque Philips Réalité V9. 1958.
10. René Colin : Les loupiots (A. Bruant) 1’28
Disque Pacific « Au caveau de la Bolée » A-235. 1958.
11. Picolette : L’soir à Montmartre (A. Bruant) 2’39
Disque Fontana 460.584.ME. 1958.
12. Stello : Au bois de Vincennes (A. Bruant) 2’39
Disque Polydor 524.049. Matrice : 1659-1/2WPP. 1935.
13. Patachou : Aux frais de la princesse (Les 6000 francs) (A. Bruant) 2’45
Disque Philips Réalité V9. 1958.
14. Paul Barré : J’suis d’l’avis du gouvernement (A. Bruant) 1’40
Disque Le chant du monde LDY 4199. 1956.
15. Yvette Guilbert : J’suis dans l’bottin (A. Bruant) 2’00
Disque Gramophone K 7328 (OPG 1524-1). 1934.
16. Yves Montand : Les canuts (A. Bruant) 2’20
Disque Odéon MOE 2157. 1955.
17. Paulo : Marchand de crayons (A. Bruant) 2’39
Disque Ducretet Thomson 260 V 052. 1955.
18. Picolette : L’oseille (A. Bruant) 2’51
Disque Fontana 460.584.ME. 1958.
19. Paul Barré : Chacun son état (A. Bruant) 2’58
Disque Le chant du monde LDY 4199. 1956.
20. Marc Ogeret : Belleville Menilmontant (A. Bruant) 2’08
Disque GEM 4531. 1958.
21. Marc Ogeret : Nini Peau d’Chien (A. Bruant) 2’01
Disque GEM 4531. 1958.
22. Marc Ogeret : Rue Saint Vincent (A. Bruant) 2’52
Disque GEM 4544. 1958.
23. Marc Ogeret : À la Bastoche (A. Bruant) 2’14
Disque GEM 4544. 1958.


Transferts à partir des disques 90, 80 et 78 tours, Restauration et Mastering : JBM Studio (Saverne).

commander les produits Frémeaux ?

par

Téléphone

par 01.43.74.90.24

par

Courrier

à Frémeaux & Associés, 20rue Robert Giraudineau, 94300 Vincennes, France

en

Librairie ou maison de la presse

(Frémeaux & Associés distribution)

chez mon

Disquaire ou à la Fnac

(distribution : Socadisc)

Je suis un(e) professionnel(le)

Librairie, disquaire, espace culturel, papeterie-presse, boutique de musée, médiathèque…

Contactez-nous